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Galates 5
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Galates 5

Tenez-vous fermes dans la liberté en Christ et gardez-vous des séducteurs

Si vous vous remettez sous le joug de la loi et que vous acceptiez la circoncision, Christ vous devient inutile, vous devez observer toute la loi et vous êtes déchus de la grâce (1-4).

Voilà pourquoi nous, apôtres et chrétiens, nous n’espérons d’autre justice que celle qui vient de la foi ; car en Christ rien n’a de puissance et de valeur que la foi produisant la charité (5, 6).

Vous couriez bien, qui vous a détournés de la vérité ? Ce n’est pas Celui qui vous a appelés ; mais il suffit d’une erreur pour détruire toute la vérité et troubler la vie ; j’espère que vous en serez convaincus (7-10).

On prétend que je prêche encore la circoncision ? Pourquoi alors serais-je persécuté par les adversaires de la croix ? Puissent-ils être retranchés de l’Église (11, 12) !

1 C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Tenez donc ferme et ne vous remettez pas de nouveau sous le joug de la servitude.

Tenez-vous fermes dans la liberté en Christ et gardez-vous des séducteurs (1-12)

La liberté par Christ et en Christ (Jean 8.36), la servitude sous la loi et dans toute propre justice de l’homme, voilà le contraste qui fait le mieux comprendre l’Évangile de la grâce de Dieu.

Ces paroles sont à la fois la conclusion de tout ce qui précède (Galates 4.21-31), et une transition toute naturelle à l’exhortation suivante (versets 2-6).

Il y a pour ce verset diverses variantes dans les manuscrits. Le texte reçu, avec plusieurs anciens manuscrits, lit : « Dans la liberté, dans (ou par) laquelle Christ nous a affranchis, demeurez fermes ». Le sens reste au fond le même.

2 Voici, moi Paul, je vous déclare que si vous vous faites circoncire, Christ ne vous servira de rien. 3 Et je proteste encore à tout homme qui se fait circoncire, qu’il est obligé d’observer toute la loi. 4 Christ vous devient inutile, à vous tous qui êtes justifiés par la loi ; vous êtes déchus de la grâce.

Ces trois versets (versets 2-4) se complètent et s’expliquent mutuellement.

Pour comprendre comment Christ devenait inutile (Grec : vous avez été rendus vains loin de Christ) à ceux qui se faisaient circoncire, il faut bien remarquer dans quelle vue ils agissaient ainsi ; c’était afin d’être justifiés par la loi (verset 4), c’est-à-dire, pour chercher un moyen de salut dans la circoncision et les obligations légales qu’elle imposait. En dehors de cette funeste aberration, Paul n’aurait attaché aucune importance à la circoncision (comparer Galates 2.3, note ; Actes 16.3, note).

Mais cette erreur rend Christ inutile, elle fait déchoir l’homme de la grâce (verset 4), parce qu’il abandonne Christ et sa grâce pour chercher ailleurs son salut. Et alors, une fois engagé par la circoncision dans la voie légale, il n’a plus à choisir, la loi ne fait aucune concession, il doit l’accomplir tout entière (verset 3), et dans son sens moral et dans toutes les observances qu’elle prescrit (Galates 3.12, note).

5 Car pour nous, c’est par l’Esprit de la foi que nous attendons l’espérance de la justice.

Voilà directement l’opposé du système légal combattu dans les versets précèdent et ces paroles en donnent la raison : car nous, nous avons une tout autre espérance ; cette raison suppose chez l’apôtre et ceux qui partagent sa foi la certitude de posséder la vérité.

Non seulement nous attendons de la foi et de la foi seule, sans les œuvres de la loi l’espérance de la justice ; mais celle-ci est encore une œuvre de l’Esprit de Dieu dans le fidèle.

L’apôtre dit ici : « nous attendons l’espérance de la justice », c’est-à-dire le plein accomplissement de cette espérance. D’ordinaire il représente cette justice comme une possession actuelle du croyant.

Ce sont les deux faces de la même vérité : d’une part, le chrétien possède dès ici-bas le don de la justice, avec la paix et tous les biens qui en découlent (Romains 5.1 et suivants) ; et d’un autre côté, la plénitude de cette justice et de ses fruits est encore l’objet de son espérance et de son attente (comparer Romains 8.23-25, note).

On a proposé des traductions différentes de ce verset. Ainsi : « C’est en esprit (esprit de l’homme, opposé à la chair), par la foi, que nous attendons l’espérance de la justice ». Ainsi encore : « Par l’Esprit (de Dieu), c’est par la foi que nous attendons…  » Ou bien : « Nous attendons par l’Esprit l’espérance de la justice qui vient de la foi ».

La première de ces versions n’est pas heureuse.

Les deux autres maintiennent également ces deux vérités évangéliques :

  1. l’espérance de la justice devant le tribunal de Dieu, s’obtient par la foi (Galates 2.16 ; Romains 1.17 ; Romains 3.22 ; Romains 9.30 ; Romains 10.6, etc.) ;
  2. cette foi qui justifie et qui est la racine de l’espérance est en nous l’œuvre de l’Esprit de Dieu (Galates 3.2-5 ; Galates 4.6).
6 Car en Jésus-Christ il ne sert de rien d’être circoncis, ou de ne l’être pas ; mais il faut avoir la foi qui est agissante par la charité.

Grec : « Car en Christ Jésus ni la circoncision ne peut rien, ni le prépuce, mais la foi opérante (ou agissante, ou efficace) par l’amour ».

Rien d’extérieur n’assure le salut, ni les privilèges des Juifs, ni la moralité de quelques païens, mais uniquement la foi, dont l’énergie et la vie se montrent par la charité, qui est, à son tour, l’âme de la vie chrétienne.

Ici la foi est la racine, la charité est le fruit et non l’inverse, comme le prétend l’Église romaine en traduisant : « la foi qui est opérée par la charité ». Le mot employé par l’apôtre a toujours un sens actif et non passif (comparer Romains 7.5 ; 2 Corinthiens 1.6 ; 2 Corinthiens 4.12 ; Éphésiens 3.20 ; 1 Thessaloniciens 2.13 ; 2 Thessaloniciens 2.7).

Et d’où viendrait la charité si elle devait exister avant la foi qui seule peut la produire ? N’est-il pas clair d’ailleurs que l’apôtre motive (car) par ce verset la vérité du précédent, la justice par la foi ?

Ce passage, bien compris, indique clairement quel est le vrai rapport de la foi et de l’amour. La foi est le germe de la vie divine dans l’homme ; elle s’approprie Christ et son œuvre de rédemption et elle ouvre au croyant l’accès à l’amour de Dieu (Romains 5.1 suivants). Cet amour pouvant dès lors se répandre dans le cœur du fidèle, y devient la source de son amour pour Dieu et pour ses frères : or, cet amour, c’est l’accomplissement de la loi, c’est l’obéissance, c’est la sanctification, ce sont, en d’autres termes, les bonnes œuvres.

Ainsi, tout ce que le pécheur a reçu par la foi se manifeste, agit efficacement par l’amour ; la foi est opérante par l’amour, l’amour est fondé dans la foi. Il est vrai qu’il y a une foi morte qui ne produit rien de pareil (Jacques 2.14-17) ; il est vrai encore que l’amour est plus grand que la foi, parce que celle-ci doit être changée en vue lorsque le chrétien sera parvenu à la perfection, tandis que l’amour est la vie même du ciel (1 Corinthiens 13.13).

Aussi retrouvons-nous dans ces deux versets les trois grandes vertus chrétiennes :

Au verset 5, il unit à la foi l’espérance et maintenant la charité. C’est là tout le christianisme.
— Bengel
7 Vous couriez bien : Qui vous a arrêtés pour vous empêcher d’obéir à la vérité ? 8 Cette persuasion ne vient point de Celui qui vous appelle. 9 Un peu de levain fait lever toute la pâte.

L’apôtre adresse de nouveau directement la parole à ses lecteurs pour leur appliquer les doctrines qu’il vient d’exposer et ramener encore une fois leur attention sur l’origine de leurs erreurs. Ils étaient dans la bonne voie ; qui les en a détournés ?

Ce n’est pas Celui qui les appelle, Dieu, puisque son appel se fonde uniquement sur l’Évangile de sa grâce. Ce n’est pas de Lui que provient cette influence qui s’exerce sur eux, cette persuasion dont ils sont l’objet.

Elle a beau être encore à ses débuts et porter sur des points secondaires, elle menace leur foi chrétienne tout entière, comme le prouve le proverbe cité par Paul (verset 9. Comparer 1 Corinthiens 5.6 ; Matthieu 16.11 ; Matthieu 16.12).

Le mot traduit (verset 8) par persuasion a été rendu et expliqué de diverses manières (Il ne se trouve qu’ici dans le Nouveau Testament). Le sens en est indiqué par ce terme du Galates 5 : précédent : « obéir à la vérité ».

En grec obéir et être persuadé s’expriment par le même mot. Or, vous n’obéissez plus à la vérité, vous n’êtes plus persuadés ; et cette obéissance, ou cette persuasion nouvelle qu’on vous à imposée, ne vient pas de Dieu. De là, la version de M. Rilliet : cette influence.

10 Pour moi, j’ai cette confiance envers vous, dans le Seigneur, que vous n’aurez point d’autre sentiment ; mais celui qui vous trouble en portera le jugement, quel qu’il soit.

Plus l’apôtre avance dans sa lettre, plus il se livre à l’espoir que ces Églises de Galatie, qui lui étaient si chères, seraient ramenées de leurs erreurs (et cela même était un puissant moyen de persuasion) ; mais aussi il exprime toujours plus fortement son indignation contre ceux qui étaient venus troubler ces troupeaux (verset 12).

On s’est demandé si, par ce mot au singulier : celui qui vous trouble, quel qu’il soit, l’apôtre avait en vue spécialement un des faux docteurs et lequel. Il est probable que ces expressions ont plutôt, dans sa pensée, un sens général. Il dit celui pour les désigner tous.

Par le jugement qui les atteindra et que leur dénonce l’apôtre, il ne faut pas entendre, comme on l’a fait, quelque peine prononcée par l’Église, telle que l’excommunication, mais le jugement de Dieu.

11 Et pour moi, frères, si je prêche encore la circoncision, pourquoi suis-je encore persécuté ? Le scandale de la croix est donc aboli !

C’était précisément ce scandale de la croix qui excitait les faux docteurs contre Paul et lui attirait la persécution de la part des Juifs.

À cette époque, en effet, les chrétiens n’étaient encore persécutés que de la part des Juifs, qui les dénonçaient aux autorités païennes. Ce qu’ils ne pouvaient souffrir dans l’Évangile, ce qui scandalisait leur orgueil, c’est que Paul prêchait le salut de tous, Juifs ou païens, par la foi seule en un Crucifié, dont le sacrifice d’expiation sur la croix avait obtenu aux pécheurs la seule justice par laquelle ils pussent subsister devant Dieu.

Si du moins l’apôtre avait en même temps prêché la nécessité de la circoncision et de l’observation de la loi pour être sauvé, alors le scandale de la croix aurait cessé et les Juifs, au lieu de le persécuter, l’eussent approuvé comme un propagateur de leur religion.

D’où vient ici à Paul cette pensée ? Il ne le dit pas, mais ces paroles ont fait supposer avec raison que ses adversaires l’accusaient de prêcher encore dans d’autres Églises la circoncision. Par là, ils minaient son influence en le mettant en contradiction avec lui-même. Sa réponse, puisée dans les tristes expériences de sa vie, est sans réplique.

De nos jours encore, aucune doctrine de l’Évangile ne choque autant la propre justice et la sagesse humaine que ce mystère de réconciliation et de justification devant Dieu par le sacrifice de la croix. Affaiblir, effacer cette doctrine, c’est le plus sûr moyen de rapprocher le christianisme de la philosophie et de l’esprit du monde. Par là, le monde recommence à « aimer ce qui est à lui ».

12 Puissent-ils même être retranchés ceux qui mettent le trouble parmi vous !

Grec : « Être coupés », éloignés du corps de l’Église par une opération violente (Il y a peut-être dans ces mots une allusion à l’opération de la circoncision qu’ils voulaient imposer aux croyants). L’apôtre parle ailleurs encore de cette exclusion sévère qu’il désire ici (1 Corinthiens 5.5, note ; 1 Timothée 1.20).

D’autres pensent qu’ils doivent être retranchés par Dieu.

D’autres enfin, insistant sur ce que le verbe n’est pas au passif, mais au moyen, qui a un sens réfléchi, traduisent : « Qu’ils se mutilent » !

13 Frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement, ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair ; mais soumettez-vous les uns aux autres par la charité.

Cette liberté consiste à vivre, non selon la chair, mais selon l’esprit, dans la charité.

La liberté exige que vous vous soumettiez les uns aux autres par la charité, car toute la loi qu’on veut vous imposer est accomplie par l’amour, mais si vous vous haïssez les uns les autres, vous détruirez mutuellement votre, vie spirituelle (13-15).

Vivez donc selon l’Esprit et vous serez libres à l’égard de la chair ; ces deux vies sont absolument opposées l’une à l’autre ; la vie de l’Esprit affranchit à la fois de la chair et de la loi (16-18).

Nul ne peut s’y méprendre, les œuvres de la chair sont manifestes : ce sont tous ces péchés et ces vices qui règnent dans le monde ; et les fruits de l’Esprit ne sont pas moins évidents : ce sont les vertus de la vie chrétienne, qui seules accomplissent réellement la loi (19-23).

Donc, point d’illusions : dans le chrétien, la chair est crucifiée ; il vit et marche selon l’Esprit, et, dès lors, dans l’humilité et la charité (24-26).

Exhortation à ne pas abuser de la liberté chrétienne

Cette liberté consiste à vivre, non selon la chair, mais selon l’Esprit, dans la charité (13-26)

Jusqu’ici, l’apôtre a combattu la loi comme moyen de salut et prêché la liberté par la grâce ; maintenant (jusqu’à Galates 6.10) il prêche la loi et combat la fausse liberté.

Mais il s’agit de la loi accomplie par amour (verset 14), librement et surtout comme un fruit vivant de l’Esprit de Dieu dans le croyant (verset 22 et suivants).

Une telle conclusion : Vous êtes libres, soumettez-vous les uns aux autres (et avant tout à Dieu), une telle conclusion appartient exclusivement à l’esprit de l’Évangile ; le monde ne la soupçonne point et ne la comprend point. Un seul mot l’explique : la charité.

Le chrétien est libre, car il sait que son Sauveur l’a affranchi le la servitude du péché, de la loi, de la mort et lui a rendu tous ses privilèges d’enfant de Dieu ; mais le chrétien est esclave, parce qu’il reconnaît qu’il n’y a point pour l’homme de destination plus glorieuse que de servir par amour et son Dieu et ses frères (comparer Romains 6.16-23, notes).

La liberté chrétienne ne consiste donc pas à faire sa propre volonté (ce qui serait, à des degrés divers, vivre selon la chair), mais à pouvoir y renoncer par amour pour Dieu et pour ses enfants (comparer 1 Corinthiens 8).

L’apôtre, en insistant avec tant de sérieux sur ces principes, dans la partie de sa lettre qui va suivre, savait bien qu’ils étaient connus de ses lecteurs, de ceux en particulier qui n’étaient point tombés dans l’erreur jusqu’ici combattue. Mais il savait aussi que, tant que le vieil homme existe chez le chrétien, celui-ci court le danger de se relâcher dans sa foi, et, par suite, dans sa vie.

Cette foi, d’abord vivante au sein d’une Église, devient avec le temps une froide orthodoxie, trop faible pour opposer une digue à la puissance de la chair et alors la liberté spirituelle se transforme par degrés en une liberté charnelle et mondaine.

C’est pourquoi ces parties toutes pratiques et si sérieuses des épîtres et de l’Évangile entier ne sont pas moins indispensables à l’Église de Dieu dans tous les temps que les parties qui nous révèlent la doctrine. La vérité est la vie, voilà ce que la prédication ne doit jamais séparer.

14 Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

Et telle est la seule vraie observation de la loi (voir même pensée plus développée dans Romains 13.8-10).

Par cette citation de la loi dans ce qui en est l’âme et la vie, aimer, l’apôtre atteignait à la fois ceux qui étaient dans la liberté par l’Évangile et ceux qui s’attachaient aux observances de la loi. Aux uns il disait : cette loi spirituelle, expression de la sainte volonté de Dieu, n’est pas abolie, elle subsiste éternellement ; aux autres il rappelait qu’ils ne l’accompliraient jamais par rien d’extérieur, mais par le cœur, auquel Dieu regarde.

La pensée de l’apôtre est celle du Seigneur lui-même (Matthieu 22.39), mais il ne rappelle ici qu’un côté du grand commandement de l’amour, celui qui concerne le prochain, parce que tel était le sujet de son exhortation.

15 Mais si vous vous mordez et vous mangez les uns les autres, prenez garde que vous ne soyez détruits les uns par les autres.

L’apôtre, en empruntant ces images aux mœurs des bêtes féroces, veut exprimer, avec la dernière énergie, l’odieux des mauvaises passions et le danger de voir la foi et la vie périr, lorsqu’il n’y a pas l’amour.

16 Je dis donc : Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez point les désirs de la chair ; 17 car la chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à ceux de la chair, et ces deux choses sont opposées l’une à l’autre ; afin que vous ne fassiez point les choses que vous voudriez. 18 Que si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes point sous la loi.

Voir sur cette opposition absolue, ce combat à mort entre la chair et l’esprit, Romains 7.14 et suivants, note ; Romains 8.1 et suivants, note et sur la notion de la chair et de l’esprit, en particulier, Romains 1.4, note.

Ces passages et les notes qui les accompagnent décideront la question qu’on s’est souvent posée, savoir si l’apôtre entend par esprit, opposé à la chair, l’Esprit de Dieu, ou l’esprit de l’homme, ou l’un et l’autre dans une vivante communion. C’est ce dernier sens qui nous paraît le vrai.

Ceux-là sont sous la loi, dans lesquels la chair convoite contre l’esprit et l’esprit contre la chair (c’est ainsi qu’il faut traduire verset 17), de manière qu’ils ne font pas ce qu’ils veulent.

Car, sentir cette résistance de la chair n’est point encore condamnable ; mais bien être asservi à la chair. C’est pourquoi l’apôtre n’a pas dit auparavant : (verset 16) « Marchez selon l’esprit et vous n’éprouverez aucun désir de la chair », mais bien : « vous ne les accomplirez pas ».

Ne pas les éprouver, ce n’est plus le combat, c’est la récompense du combat ; et nous y parviendrons quand nous aurons remporté la victoire, en persévérant dans la grâce jusqu’à la fin.
— Augustin

Entre la convoitise et le péché actuel il y a des degrés marqués par Jacques 1.14 ; Jacques 1.15 : d’abord, la convoitise elle-même, ensuite l’acte de la volonté qui y cède, puis l’acte extérieur du péché et enfin son salaire, la mort.

19 Or les œuvres de la chair sont manifestes, savoir : l’impudicité, l’impureté, la dissolution,

Manifestes, évidentes pour le chrétien, en sorte qu’il ne peut pas s’y tromper. L’apôtre désigne cependant ici un grand nombre de ces œuvres, afin de les signaler à la vigilance de ses lecteurs et de les condamner (verset 21 fin).

On retrouve fréquemment dans les Écritures de semblables catalogues des déplorables misères de notre humanité déchue (Matthieu 15.19 ; Romains 1.19 et suivants ; 2 Corinthiens 12.20 et suivants ; Éphésiens 5.3 et suivants ; 2 Timothée 3.1 et suivants ; 3.3).

20 l’idolâtrie, la magie, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les divisions, les sectes, 21 les envies, les meurtres, l’ivrognerie, les débauches, et les choses semblables à celles-là, dont je vous prédis, comme je vous l’ai déjà dit, que ceux qui commettent de telles choses n’hériteront point le royaume de Dieu.

Après les premiers de ces vices qui sont des actes grossiers de la chair, l’apôtre en nomme beaucoup d’autres qui, au premier abord, ne paraissent point émaner de la même source, parce qu’ils proviennent plutôt des passions de l’âme.

Il faut conclure de là que le mot chair n’indique pas seulement les penchants et les actions de la sensualité, mais aussi les péchés qui ont leur siège dans les facultés de l’esprit.

En effet, les vices les plus spirituels sont encore des œuvres de la chair, parce que l’homme, dans son état de chute, séparé de Dieu, est l’esclave des sens, du monde, de la nature qu’il ne peut dominer que par l’Esprit de Dieu. Le mouvement le plus caché d’égoïsme ou d’orgueil cherche au dehors son objet et nous force à reconnaître que l’esprit est asservi à la chair.

On peut, si l’on veut, résumer tous ces péchés sous ces quatre chefs :

  1. sensualité (ici le mot adultère du texte reçu n’est pas authentique) ;
  2. superstition ;
  3. péchés inspirés par la haine ;
  4. excès dans le boire et le manger (ivrognerie et orgies ou débauches).

Tous ces péchés, non pardonnés par la grâce, tous ces vices, non détruits par la régénération du cœur, excluent absolument du royaume de Dieu, qui est la communion avec le Saint et le Juste.

L’apôtre exprime cette vérité d’une manière solennelle, afin d’ôter tout prétexte, d’une part, à ceux qui professent une fausse liberté et de l’autre, à ceux qui accusent la vraie liberté chrétienne de conduire au relâchement moral

22 Mais le fruit de l’Esprit, c’est la charité, la joie, la paix, la patience, la douceur, la bonté, la fidélité, la bénignité, la tempérance.

Par opposition aux « œuvres de la chair » (verset 19) on attendait ici le mot « œuvres de l’Esprit », mais l’apôtre dit : le fruit de l’Esprit, pour montrer ce qu’il y a d’intérieur et d’organique dans le développement de la vie nouvelle, dont la source, la racine est l’Esprit de Dieu en l’homme et dont ces vertus chrétiennes sont les fruits. Ce mot, dans son sens figuré, est du Seigneur lui-même (Matthieu 7.17 ; comparez Matthieu 3.8 ; Romains 6.22 ; Éphésiens 5.9 ; Philippiens 1.11).

Ces fruits de l’Esprit sont en tout l’inverse des œuvres de la chair, sans que pourtant l’apôtre les oppose à ces dernières dans un ordre parallèle. La racine de cet arbre magnifique, chargé de si riches fruits, c’est la charité, l’amour, par où l’apôtre reprend la pensée du verset 14. C’est la charité qui produit tout le reste.

23 Contre ces choses-là, il n’y a point de loi.

Elles sont, au contraire, à l’égard du prochain (verset 14), l’accomplissement de la loi, de cette loi qui jamais ne sera accomplie par les forces naturelles de l’homme, puisqu’elle ne fait qu’ordonner et condamner, sans jamais produire ces beaux fruits.

D’autres traduisent : « la loi n’est point contre ces choses », ce qui revient à peu près au même (comparer 1 Timothée 1.9).

Par cette remarque, l’apôtre indique la vraie conciliation de la controverse qui l’occupe. Aux partisans de la loi, il montre qu’elle n’est point violée par l’Évangile ; aux hommes de la liberté par la grâce, il rappelle vivement ce qu’ils doivent être pour se trouver en harmonie avec la volonté de Dieu (comparer Romains 3.30).

24 Or ceux qui sont à Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. 25 Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi selon l’Esprit.

Ces deux versets sont la conclusion de ce qui précède (verset 10 et suivants).

Le vieil homme, qui produisait les œuvres de la chair (versets 19-21), a été crucifié en ceux qui sont à Christ.

Bien que ce crucifiement dure pendant toute notre vie terrestre, l’apôtre le considère comme un fait accompli, parce que, dans le chrétien, cette puissance de la corruption ne règne plus (Romains 6.11-14), et qu’elle est destinée à périr entièrement.

« S’il en est ainsi, ajoute Paul, si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit ».

Quelle est la différence de ces deux termes ? L’un indique la source, l’autre les eaux qui en découlent : si réellement l’Esprit de Dieu a créé en nous une vie nouvelle, ce n’est pas pour la renfermer en nous-mêmes par une jouissance égoïste ou par un quiétisme béat, mais afin que toute notre conduite manifeste et produise les fruits de cet Esprit (verset 22) ; qu’en un mot nous suivions ses directions dans nos pensées, nos paroles, nos œuvres. C’est ainsi que toujours l’Écriture nous représente la grâce comme venant de Dieu seul et l’exercice de cette grâce comme tenant en éveil la responsabilité de l’homme.

26 Ne recherchons point la vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres, et en nous portant envie les uns aux autres.

Cette exhortation particulière se rattache à celles qui ouvrent le chapitre 6 de Galates ; elle n’est pas cependant sans lien avec ce qui précède : l’apôtre proscrit la vaine gloire (Philippiens 2.3), vaine (sans fondement et sans valeur), par cela seul que l’homme veut se glorifier lui-même, au lieu de glorifier Dieu (1 Corinthiens 1.31 ; 2 Corinthiens 10.17).

La recherche de cette vaine gloire a eu toujours pour résultat que les forts provoquent les faibles au combat, aux mauvaises controverses (verset 20) et que les faibles portent envie aux forts, à ceux qui leur paraissent doués de dons plus grands.

L’apôtre dit (grec) « Ne devenons pas amateurs de vaine gloire », ce qui suppose que le mal n’existe pas encore chez tous.