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Esaïe 63
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Qui est celui-là qui vient d’Édom, qui vient de Botsra en habits éclatants, magnifique dans son vêtement, se redressant dans la grandeur de sa force ? C’est moi, qui parle avec justice, qui suis puissant pour sauver.

Au salut d’Israël se lie nécessairement le châtiment de ses ennemis ; le jour de la vengeance ne peut se séparer de l’année de la rédemption (Ésaïe 61.2). C’est pourquoi nous voyons succéder aux tableaux du salut, chapitres 60 à 62, la description du jugement des peuples ; et entre eux tous nous trouvons ici Édom désigné comme le premier et principal objet du courroux divin (Ésaïe 63.1-6). La prophétie revêt la forme d’une vision. L’Éternel se présente au prophète sous la figure d’un guerrier qui arrive du pays d’Édom, où il vient d’exécuter son jugement. On remarquera l’analogie entre ce morceau, du caractère le plus dramatique et plusieurs prophéties de la première partie, par exemple celles sur Édom et l’Arabie Ésaïe 21.14-17, celle sur Jérusalem Ésaïe 22.1-14.

Parmi les interprètes, les uns voient ici tout simplement la prédiction du jugement futur des Édomites (Calvin, par exemple) ; d’autres prennent Édom comme nom symbolique, soit qu’ils l’appliquent au peuple juif (en ce cas, Botsra représenterait Jérusalem ; ainsi Luther), ou à Rome, ou même à la terre en entière. Il est certain que le nom d’Édom (qui signifie rouge) et celui de Botsra (qui signifie lieu de vendange) ont un caractère emblématique, en rapport avec la suite du tableau et qu’Ésaïe aime ces sortes de jeux de mots (comparez le désert de la mer Ésaïe 21.1 ; Duma, Ésaïe 21.11 ; Ariel Ésaïe 29.1. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour dire qu’ici Édom n’est pas Édom. Ce passage doit, selon nous, s’expliquer de la même manière que le passage parallèle Ésaïe 34.6. Dans l’un et l’autre, Édom et Botsra (voir Ésaïe 34.6, note) sont pris au sens propre, mais de telle sorte que leur jugement est un échantillon et un prélude du sort qui attend les autres peuples (Ésaïe 34.2-3 ; Ésaïe 63.3 ; Ésaïe 63.6). Édom est choisi par Ésaïe pour jouer ici ce rôle d’exemple à cause de la haine jalouse qui l’animait envers Israël (Ésaïe 34.5, note), haine dont la dernière preuve fut sa joie non déguisée lors de la prise de Jérusalem par les Chaldéens (Psaumes 137.7). Il réussit en ce moment-là à s’emparer de tout le midi de Juda, qui demeura en sa possession jusqu’au temps des Maccabées (1 Maccabées 5.63).

La réponse que fait le mystérieux personnage à la question du prophète, ne permet pas de douter que ce héros ne soit l’Éternel lui-même : lui seul possède la justice, lui seul a le pouvoir de sauver.

2 Pourquoi y a-t-il du rouge à ton vêtement et tes habits sont-ils comme quand on foule au pressoir ?

Cette question montre que la couleur éclatante (rouge), signalée au verset précédent, n’est pas la teinte naturelle du vêtement, mais l’effet d’une cause extraordinaire.

Quand on foule au pressoir. Les raisins étaient foulés dans la cuve par les pieds des pressureurs ; ceux-ci s’aidaient dans ce travail au moyen de cordes auxquelles ils se tenaient suspendus. Le moût s’écoulait de la première cuve dans une seconde, située au-dessous. Voilà l’image de l’acte de justice que vient d’accomplir le héros qui apparaît à Ésaïe.

3 J’ai été seul à fouler au pressoir ; parmi les peuples, personne n’a été avec moi ; et je les ai foulés dans ma colère, piétinés dans ma fureur ; le jus a jailli sur mes habits, et j’ai souillé tout mon vêtement ;

Le sang des peuples broyés a jailli sur lui, comme le jus de la grappe sur les vêtements des travailleurs. Comparez Joël 3.13 ; Apocalypse 19.13-15.

Le prophète distingue deux actes successifs de jugement : le premier, contre Édom ; Jéhova l’a exécuté à lui seul, aucun des peuples n’a voulu l’aider, car tous lui étaient hostiles. Le second, contre ces peuples eux-mêmes ; il l’a accompli également par sa seule force.

Les peuples : tout le inonde païen. Israël (Israël fidèle tout au moins) est laissé en dehors du tableau.

Les Pères de l’Église ont en général cru qu’il était question ici du Christ et de son sacrice expiatoire. Cette idée est absolument étrangère au contexte. Il est très clair qu’il s’agit ici de jugement, non de salut et que le sang dont les vêtements du guerrier sont couverts n’est pas le sien propre, mais celui des peuples.

4 car un jour de vengeance était dans mon cœur, et l’année de ma rédemption était venue.

Voyez Ésaïe 61.2 et Ésaïe 34.8.

5 Et j’ai regardé : personne pour m’aider ! Je me suis étonné : personne pour me soutenir ! Mais mon bras m’a sauvé, et c’est ma fureur qui m’a soutenu.

Reproduction de l’idée du verset 3. Comparez Ésaïe 59.16.

6 J’ai écrasé les peuples dans ma colère, et je les ai enivrés de ma fureur, et j’ai fait couler leur sang à terre !

Je les ai enivrés : la même idée sous une autre image. Dieu leur a donné à boire une coupe remplie de sa colère (voir Ésaïe 51.21-23).

Leur sang. Nous sommes forcés de rendre ainsi le terme employé par le prophète, le même par lequel il a désigné, au verset 3, le jus du raisin.

Quand et comment s’est accomplie la prophétie de la ruine d’Édom ? Voici ce que histoire nous apprend à cet égard. Édom eut à subir, aussi bien que la Palestine, l’invasion des Chaldéens (Jérémie 27.3 et suivants ; Jérémie 49.7 et suivants). Mais Nébucadnetsar ne fit pas encore disparaître l’État et le peuple iduméens. Plus tard, Malachie 1.3-4 fait allusion à une dévastation nouvelle dont le pays d’Édom ne s’était pas encore relevé de son temps ; nous ignorons qui en fut l’auteur. Nous savons que, plus tard encore, vers 300 avant Jésus-Christ, les Nabatéens (voir Ésaïe 60.7, note) s’emparèrent de l’Idumée proprement dite et de sa capitale, Pétra ; il ne resta dès lors aux Édomites que le midi de Juda qu’ils avaient précédemment conquis (voir au verset 1). Leur hostilité persévérante contre Israël rétabli aboutit enfin, à l’époque des Maccabées, à leur complet assujettissement. Le prince Jean Hyrcan (vers 426 avant Jésus-Christ) les incorpora à la nation juive et leur imposa la circoncision (Josèphe, Antiquités 13.9). Dès lors Édom n’a plus existé comme peuple ; ses restes, soumis à Israël, ont partagé le sort que les Romains ont fait subir à ce dernier. Le nom même d’Édom a disparu de l’histoire depuis l’époque de la guerre romaine.

7 Je célébrerai les miséricordes de l’Éternel, les louanges de l’Éternel comme il convient pour tout ce que l’Éternel a fait pour nous, et sa grande bonté envers la maison d’Israël, qu’il leur a témoignée selon ses compassions et selon la grandeur de ses miséricordes.

Versets 63.7 à 64.12

Dans les morceaux qui précèdent, le prophète a contemplé deux tableaux : celui de la gloire réservée à Sion (chapitres 60 à 62) et celui du jugement final dont Dieu frappera les peuples (Ésaïe 63.1-6). Cette vue de l’avenir est complète. Mais quel contraste entre cet avenir et le présent, réel ou idéal, dans lequel se meut l’esprit du prophète, celui de la captivité ! C’est à ce présent qu’il revient maintenant. Il offre à Dieu une requête fervente, en faveur et au nom du peuple de l’exil, dont il expose les misères matérielles et morales. Cette prière est contenue dans le morceau suivant Ésaïe 63.7 à 64.12. La réponse divine, qui est en même temps l’application de toute la prophétie des chapitres 40 à 66, sera le sujet de la conclusion renfermée dans les chapitres 65 et 66.

Versets 7 à 9 — Ce que Dieu a été autrefois pour son peuple

La prière commence par l’action de grâces ; car ce que Dieu a fait dans le passé est un gage de ce qu’il fera dans l’avenir. Le souvenir de ses bienfaits anciens sert de base à l’appel qu’Israël fait ici à sa pitié. Comparez le début du Psaume 89.

8 Il a dit : Certainement ils sont mon peuple, des fils qui ne me tromperont pas !
Et il a été leur Sauveur.

Il a dit : lorsqu’il fit alliance avec eux, au Sinaï (Exode 19.5-6).

Des fils. C’est sur cette qualité de fils, donnée à Israël lors de la conclusion de l’alliance (Deutéronome 14.1), que se fonde la prière suivante (verset 16 ; Ésaïe 64.8).

Qui ne me tromperont pas. Dieu a traité Israël avec la confiance qu’un père témoigne à ses enfants. Mais Israël n’a pas répondu à cette conduite généreuse ; voir Ésaïe 1.2 ; Ésaïe 30.9, où l’Éternel se plaint de l’infidélité de ses enfants. Il a été, comme on le dirait d’un simple homme, trompé dans son attente. Cependant la parole divine doit conserver sa vérité. Et, en effet, malgré ses révoltes, Israël demeure le peuple de Dieu. Maintenant même, il reste fidèle à sa foi monothéiste et à l’attente de son Messie ; et nous savons (Romains 11.12 ; Romains 11.26) que sa réjection actuelle aboutira à sa conversion nationale, qui sera pour les peuples déjà chrétiens la source des plus riches bénédictions.

9 Dans toute leur angoisse il a été en angoisse ; et l’ange de sa face les a sauvés ; dans son amour et son support, il les a rachetés lui-même ; il les a soutenus et les a portés pendant tous les jours d’autrefois.

Dans toute leur angoisse il a été en angoisse. C’est le sens qu’offre une forme du texte fort ancienne, connue déjà de saint Jérôme et admise par les docteurs Juifs et par la plupart des traducteurs modernes. Le texte actuel des manuscrits ne présente que des sens peu acceptables. Celui, qu’adopte M. Segond : Dans toutesleurs détresses, ils n’ont pas été sans secours, fausse le sens des mots. Avec la construction qu’il admet, il faut traduire :Dans toute leur angoisse, ils n’ont pas été en angoisse, ce qui n’a pas de sens. L’idée qu’exprime notre traduction est celle de l’angoisse de Dieu, qui partage toutes les souffrances de ses enfants (Psaumes 103.13). Plus l’amour est grand, plus vive devient cette souffrance de la sympathie (voir Ésaïe 42.14 une saisissante image pour peindre cette divine douleur). En s’exprimant, de la sorte, le prophète avait proprement en vue les angoisses de la servitude égyptienne, comme le prouve la suite du passage.

L’ange de sa face.Allusion à Exode 33.14, où Dieu dit à Moïse (qui lui demande quel est celui qu’il enverra avec Israël) : Ma face ira. L’être ainsi désigné est celui qui apparaissait aux patriarches sous le nom d’Angede l’Éternel. C’est l’agent suprême des interventions divines dans l’Ancien Testament, l’être dans lequel Dieu se rend visible aux créatures et qu’il caractérise en disant : Mon nom (la révélation de mon être) est en lui (Exode 23.21).

Soutenus : comme l’enfant faible ou fatigué ; portés : comme l’enfant malade. Exode 19.4 : Je vous ai portés sur des ailes d’aigle. Comparez Ésaïe 46.3-4.

10 Mais eux furent rebelles et offensèrent son Esprit saint ; et il se changea pour eux en ennemi ; lui-même leur fit la guerre.

Voilà ce que Dieu a été pour eux (versets 7 à 9). Mais Israël a été infidèle et l’Éternel a changé de conduite à son égard. Et où est maintenant leur Dieu Sauveur ?

Résumé de l’histoire d’Israël depuis le temps de Moïse jusqu’à l’exil.

Ils offensèrent son Esprit Saint. Dieu avait averti Israël et dit à l’égard de l’ange : Prends garde à sa présence et écoute sa voix et ne lui résiste point ; car il ne pardonnera pas votre péché (Exode 23.21). Le terme d’Esprit Saint ne se rencontre que trois fois dans tout l’Ancien Testament. L’ange (verset 9), c’est Jéhova dans sa manifestation extérieure ; l’Esprit c’est Dieu dans son habitation spirituelle et permanente au sein de la communauté israélite. Il est remarquable de voir l’Ancien Testament préluder ainsi aux deux grandes formes de la manifestation divine dans le Nouveau, en la personne du Christ et par le Saint-Esprit. Cet Esprit est présenté ici comme un être personnel, qu’ont attristé les péchés d’Israël, ses nombreuses révoltes au désert et, plus tard, ses incessantes chutes dans l’idolâtrie. Comparez Éphésiens 4.30.

Se changea en ennemi, leur fit la guerre : en envoyant contre eux les peuples païens et les livrant à l’exil. Comparez Ésaïe 28.21 ; Ésaïe 29.2-3.

11 Alors son peuple se souvint des anciens jours de Moïse : Où est celui qui les fit sortir de la mer avec le berger de son troupeau ? Où est celui qui mit au milieu d’eux son Esprit saint,

La traduction d’Ostervald : Alors il (Dieu) s’est souvenu des jours anciens de Moïse… est grammaticalement possible, mais elle est en contradiction avec ce qui suit. C’est le peuple qui, livré à ses ennemis, se souvient des jours d’autrefois et se plaint que Dieu ne lui fasse plus voir ses délivrances.

Le berger : Moïse (Psaumes 77.21). Ostervald, Sacy, traduisent : les pasteurs, d’après plusieurs anciens manuscrits et traductions (la Vulgate, par exemple) ; ce seraient, dans ce cas, Moïse, Aaron et Marie (Michée 6.4).

Qui mit au milieu d’eux son Esprit Saint : en tant que cet Esprit agissait en Moïse, Aaron, les soixante-dix anciens, puis en Josué. Comparez Nombres 11.17 ; Néhémie 9.20.

12 qui fit marcher son bras glorieux à la droite de Moïse, qui fendit les eaux devant eux, pour se faire un nom éternel ?

Ces deux versets se rapportent encore au passage de la mer Rouge, ce prodige type, que les écrivains de l’Ancien Testament ne se lassent pas de célébrer et auquel Ésaïe lui-même revient si souvent. D’autres voient dans les versets 11 à 14 une récapitulation complète de l’histoire du peuple au temps de moïse : verset 11, le passage de la mer Rouge ; verset 12, le séjour au désert, l’eau jaillissant du rocher ; verset 13, le passage du Jourdain ; verset 14, l’entrée en Canaan. Ainsi Reuss. Cette explication ingénieuse ne se soutient pas quand on serre de près le texte. L’expression devant eux et les mots : pour se faire un nom éternel, ne conviennent guère au miracle de l’eau sortant du rocher, mais s’appliquent bien au passage de la mer (comparez 2 Samuel 7.23, le verbe fendit est celui-même qu’emploie le récit, Exode 14.24.

13 qui les fit marcher à travers les abîmes sans trébucher, comme un cheval dans la plaine ?

Le terme les abîmes, s’applique mal au Jourdain ; il désigne dans Exode 15.5 ; Exode 15.8 les profondeurs de la mer ; de même Psaumes 106.9, où l’on retrouve la comparaison de la plaine (le psalmiste a sous les yeux notre texte d’Ésaïe).

14 Semblables au bétail qui descend dans la vallée, l’Esprit de l’Éternel les conduisit au repos. Ainsi tu guidas ton peuple, pour te faire un nom glorieux.

Belle image pour peindre le voyage au désert et l’arrivée au repos, en Canaan (Deutéronome 12.9 ; Josué 1.13). Pour la comprendre, il faut se représenter un troupeau qui traverse d’abord une contrée rocailleuse et aride et qui arrive enfin aux pâturages situés le long des eaux, dans la vallée.

Ainsi : c’est ainsi que tu as agi dans le passé ! Et maintenant, ne nous secourras-tu pas ?

15 Regarde des cieux, et vois, de ta demeure sainte et magnifique ! Où sont ton zèle et ta puissance ? Le frémissement de tes entrailles et tes compassions envers moi se sont arrêtés !

Israël prie l’Éternel de se souvenir de lui et se plaint qu’il l’ait traité comme s’il n’était pas son peuple.

Regarde des cieux… Le tabernacle de Moïse et le temple de Salomon avaient été jadis le sanctuaire où Dieu habitait et d’où il agissait. Il a délaissé maintenant sa résidence et l’a livrée aux Gentils (reviens, verset 17 ; foulé aux pieds, verset 18) ; il s’est retiré dans son séjour céleste (Ésaïe 57.15). Israël l’invite à se manifester de nouveau pour le secourir. Comparez le cri du psalmiste décrivant la vigne ravagée par les païens (Psaumes 80.15).

Ton zèle : ton amour jaloux pour ton peuple (Ésaïe 26.11).

Le frémissement de tes entrailles : l’expression de la sympathie la plus profonde (Ésaïe 16.11) ; comparez le : il a été en angoisse, verset 9.

Moi : le peuple.

16 Car tu es notre père ; car Abraham ne sait rien de nous, et Israël ne nous reconnaît pas, toi, Éternel, tu es notre père ; ton nom est : Notre Rédempteur de tout temps !

Dieu les a appelés ses fils (verset 8) ; il est donc leur père ; c’est le fondement de l’assurance avec laquelle ils le prient. Ce passage et Ésaïe 64.8 sont les seuls de l’Ancien Testament où Dieu soit appelé notre père dans une prière ; l’Esprit d’adoption, qui a fait de ce titre le nom habituel de Dieu dans le Nouveau Testament (Galates 4.4-6), n’avait pas encore été donné (comparez cependant cette expression dans la bouche de Dieu, Jérémie 3.4). C’est de ce Dieu seul, père à toujours (Ésaïe 9.5), qu’Israël peut attendre du secours ; sans doute il a pour pères Abraham et Jacob ; mais ils ne veulent plus reconnaître leurs enfants dans ce peuple dégénéré, qui leur fait honte (Ésaïe 29.22).

17 Pourquoi, ô Éternel, nous ferais-tu égarer loin de tes voies, endurcirais-tu notre cœur pour qu’il ne te craigne pas ? Reviens, pour l’amour de tes serviteurs et des tribus de ton héritage !

Israël est menacé d’un jugement plus terrible que l’exil : d’un endurcissement pareil à celui dont fut châtié l’orgueil de Pharaon. Il le sent, il en tremble et il demande lui-même de n’être pas livré à cet aveuglement, quoiqu’il l’ait mérité (Comparez Ésaïe 6.9-10). Romains 11.7-10, Romains 11.25 prouve que ce châtiment n’a pu lui être épargné plus tard.

Reviens (voir verset 15). La venue de Dieu est le grand objet de l’espérance d’Israël, le salut même (Ésaïe 64.1 ; Ésaïe 57.8, etc.).

Le motif invoqué pour obtenir l’exaucement est l’élection de grâce qui a fait d’Israël l’héritage spécial de Dieu : il se doit à lui-même de venger et de délivrer ses serviteurs (Deutéronome 32.9 ; Deutéronome 32.43).

18 Ton peuple saint a possédé le pays bien peu de temps ; nos ennemis ont foulé aux pieds ton sanctuaire.

Peuple saint, c’est-à-dire mis à part, consacré à l’Éternel (Deutéronome 7.6).

Bien peu de temps : en comparaison de la possession perpétuelle qui lui était promise.

Foulé aux pieds. Cette expression renferme l’idée d’une profanation du saint lieu par les païens. Comparez Jérémie 12.10 et la prophétie de Jésus : Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations (Luc 21.24), reproduite Apocalypse 11.2.

19 Nous sommes depuis longtemps un peuple que tu ne gouvernes pas, qui ne porte point ton nom !

Depuis longtemps : la durée de l’exil. Le temps est long à celui qui souffre. Comparez Ésaïe 59.9-11.

Un peuple… ton nom. Israël n’a plus de sanctuaire ; son Dieu s’est retiré de lui. Rien ne le distingue plus des païens ; il ne porte plus le titre de peuple de Jéhova (Ésaïe 43.7) ; car il n’est plus même un peuple ! C’est de cette situation désespérée que sort le cri sublime qui ouvre le chapitre 65.