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Esaïe 26
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 En ce jour-là, ce cantique sera chanté dans la terre de Juda : Nous avons une ville forte ! Il mettra le salut dans ses murs et ses avant-murs.

Ce cantique a un caractère à la fois intime et mystérieux. Les fidèles y célèbrent la justice et la fidélité inébranlables des voies de Dieu envers son peuple. Les souffrances qu’ils ont traversées sont devenues pour eux le sujet d’une parfaite joie. Ils savent que c’est Dieu seul qui a tout fait pour leur délivrance ; eux-mêmes ont été impuissants à se sauver. Et ce salut, déjà opéré, Dieu le couronnera par la résurrection de leurs morts.

En ce jour-là. Voir Ésaïe 25.9, note. Le jour du jugement du monde est pour le peuple de Dieu celui de la délivrance.

Dans la terre de Juda : où l’Israël fidèle est réuni avec les convertis d’entre les Gentils. Ils s’avancent avec des chants de triomphe vers la résidence que Dieu leur a préparée en Sion (Ésaïe 35.10 ; Ésaïe 49.8-13, Ésaïe 49.22).

Une ville forte : la nouvelle Jérusalem, la cité glorieuse du chapitre 60. Contraste avec les citadelles ruinées de Moab (Ésaïe 25.12) et la ville superbe renversée (Ésaïe 26.5).

Il mettra le salut… Ostervald traduit : La délivrance y sera mise pour muraille et pour avant-mur…

Ce qui signifierait que la ville n’a pas de murs, parce que la protection divine lui en tient lieu (comparez Zacharie 2.4-5). Ce sens est peu naturel. La nouvelle Jérusalem est décrite comme ayant des murs (Apocalypse 21.12 ; comparez Ésaïe 60.18).

2 Ouvrez les portes ; laissez entrer la nation juste et qui garde la fidélité !

Ouvrez les portes, laissez entrer la nation juste (comparez Psaumes 118.19-20) : Qu’on ouvre les portes de la ville forte, de la nouvelle Jérusalem, au peuple qui doit l’habiter ! Ce peuple est le saint reste d’Israël uni aux Gentils qui viendront y adorer l’Éternel avec lui (Ésaïe 2.2 ; Ésaïe 66.23 ; Zacharie 14.16 ; comparez Apocalypse 22.14).

Juste et qui garde… comparez Ésaïe 1.26.

3 Au cœur constant tu assures la paix, la paix, parce qu’il se confie en toi.

Au cœur constant. Le mot hébreu rendu par cœur désigne la disposition morale, le caractère. La décision pour Dieu et la confiance en lui assurent à l’âme la paix (Psaumes 27.14).

L’Éternel, l’Éternel : en hébreu deux mots voisins, mais non identiques : Jah et Jéhova. Jah est une forme poétique de Jéhova ; comparez Ésaïe 12.2 (où elle est empruntée à Exode 15.2).

Rocher : voir Ésaïe 17.10, note.

4 Confiez-vous en l’Éternel à perpétuité ; car l’Éternel, l’Éternel, est le rocher des siècles ! 5 Car il a humilié ceux qui trônaient bien haut ; il abaisse la ville élevée, il l’abaisse jusqu’en terre, il lui fait toucher la poussière ;

Comparez Ésaïe 25.12.

La ville élevée : la capitale ennemie, celle dont la ruine est annoncée Ésaïe 24.10.

6 elle est foulée aux pieds, sous les pieds des humbles, sous les pas des misérables !

Des humbles, des misérables : tous ceux qui ont été eux-mêmes foulés aux pieds. Comparez Ésaïe 3.14-15 ; Ésaïe 25.4.

7 Le chemin du juste est uni ; tu aplanis parfaitement la voie du juste.

Comparez Proverbes 3.5-6 ; Psaumes 23.2-3, etc.

8 Aussi t’avons-nous attendu, ô Éternel, sur le sentier de tes jugements ; ton nom et ton souvenir étaient tout le désir de nos âmes.

L’attente patiente est à toutes les époques le trait caractéristique des enfants de Dieu. Comparez Ésaïe 8.17 ; Ésaïe 25.9 et de nombreux passages des psaumes. Les fidèles de l’Ancien Testament soupirent après la manifestation de la justice de Dieu par le jugement qui délivrera la terre de la domination des méchants. Comparez Luc 18.7-8 ; Luc 21.28.

Ton souvenir, littéralement : ton mémorial. Cette expression désigne ici le nom sous lequel Jéhova s’était révélé à Israël comme Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Comparez Exode 3.14 ; Exode 34.5-6. C’était sous ce nom qu’ils l’invoquaient ; leur ardent désir était que Dieu se manifestât comme tel, en opérant la délivrance de son peuple.

9 Mon âme t’a désiré pendant la nuit, et mon esprit en moi te recherche ; car lorsque tes jugements frappent la terre, les habitants du monde apprennent la justice. 10 Fait-on grâce au méchant, il n’apprend pas la justice ; au pays de la droiture il agira en pervers, et il ne verra pas la majesté de l’Éternel.

S’ils ont soupiré après le jugement, ce n’est pas par esprit de vengeance, mais parce que l’expérience leur a prouvé que le méchant ne fait que mépriser la grâce et que s’endurcir en y voyant un signe de faiblesse (Romains 2.4). Le châtiment est donc nécessaire.

Il ne verra pas… comparez Ésaïe 5.12.

11 Éternel, ta main est levée ; ils ne la voient point … Ils verront, avec confusion, ton zèle pour ton peuple ; le feu dévorera tes adversaires.

Ta main est levée : pour punir. Comparez Exode 14.8.

Ils verront, dans le jugement encore attendu.

Avec confusion. Comparez Michée 7.16.

Ton zèle pour ton peuple : c’est le zèle de l’Éternel pour le salut de son peuple, qui est en même temps un feu dévorant pour ses adversaires. Comparez Ésaïe 9.6 ; Sophonie 1.18 ; Sophonie 3.8.

12 Éternel, tu nous accorderas la paix ; car même toute notre œuvre, c’est toi qui l’as faite pour nous.

Les fidèles attendent avec confiance le jugement qui leur donnera la paix ; car toute leur œuvre a été inspirée par la volonté de Dieu et accomplie dans sa force.

13 Éternel, notre Dieu, d’autres seigneurs que toi ont dominé sur nous. C’est par toi seul que nous célébrons ton nom.

Avec ce verset commence une seconde strophe du cantique. Le prophète contemple d’avance les terribles expériences que le peuple devra faire encore ; et, se transportant comme au milieu de cette suprême épreuve, il élève l’esprit du peuple à l’espérance de la résurrection des fidèles, qui réparera tous les maux qu’Israël a précédemment soufferts.

D’autres seigneurs que toi : les puissances païennes qui ont usurpé le droit du seul souverain légitime d’Israël ; cet asservissement était une juste rétribution de l’infidélité d’Israël à son vrai maître.

C’est par toi seul… C’est au support de Dieu qu’Israël doit d’exister et de pouvoir le louer encore.

14 Morts, ils ne vivront plus ; ombres, ils ne se relèveront point. C’est pourquoi tu les as visités et exterminés, et tu as anéanti tout souvenir d’eux.

Les oppresseurs (verset 13) sont morts ; ce ne sont plus que des ombres ils ne remonteront pas du schéol pour revenir jouer sur la terre leur rôle malfaisant (comparez Ésaïe 14.21-22 ; Job 7.9-10, etc.)

Ces mots ne prouvent rien contre une résurrection des injustes pour le jugement final ; il s’agit de l’histoire du règne de Dieu sur la terre, à laquelle ils restent désormais étrangers.

15 Tu as accru la nation, Éternel ; tu as accru la nation ; tu t’es glorifié ; tu as étendu toutes les limites du pays !

Tu as accru… : parfait prophétique.

La nation : Israël ; voir Ésaïe 9.2, note ; Ésaïe 49.19-20 ; Ésaïe 54.1-3 ; Abdias 1.19-20

16 Éternel, dans la détresse ils t’ont recherché ; ils ont répandu leur plainte, quand tu les frappais.

Comparez la prière d’Ézéchias dans la détresse, Ésaïe 37.15-20.

17 Comme une femme enceinte et prête à enfanter se tord et crie dans ses douleurs, ainsi nous avons tremblé devant ta face, ô Éternel !

Image de l’angoisse de Sion attendant la délivrance et s’efforçant en vain de la procurer par ses propres efforts. Comparez pour l’image Michée 4.9-10.

18 Nous avons conçu, nous avons été en travail ; quand nous avons enfanté, c’était du vent ; nous ne donnerons pas le salut à la terre, et il ne naîtra pas d’habitants du monde.

Comparez Ésaïe 33.11 et les paroles d’Ézéchias Ésaïe 37.3. Sens : Nous avons tout essayé pour échapper aux conséquences de ton courroux et rendre au pays la population dont tes jugements l’ont privé. Rien n’a réussi ni ne réussira ; c’est toi seul qui nous sauves.

19 Que tes morts revivent ; que mes cadavres se relèvent ! Réveillez-vous, éclatez de joie, vous qui êtes couchés dans la poussière ; car ta rosée est une rosée de l’aurore, et la terre mettra au jour les trépassés !

Les mots : la terre mettra au jour…, sont le pendant de la peinture de l’enfantement manqué (verset 18) : Nous avons enfanté du vent et toi, tu as donné le salut ; nous n’avons pu mettre des enfants au monde et la terre, vivifiée par toi, a enfanté tout un peuple de ressuscités !

Tes morts, les morts qui sont à toi (Jéhova) ; l’opposé de ceux du verset 4. Un mort qui est à Dieu doit revivre ; car Dieu n’est pas le Dieu des morts (Matthieu 22.32).

Mes cadavres. Le prophète parle ici au nom de toute la communauté des élus ; ces morts n’ont pas cessé de lui appartenir.

Réveillez-vous… comparez Daniel 12.2 : Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront.

Ta rosée est une rosée de l’aurore. La rosée : la puissance bienfaisante qui fait renaître les plantes (Ésaïe 44.8). La lumière est souvent, dans l’Écriture, identifiée avec la vie.

La rosée de l’aurore désigne donc la force vivifiante de Dieu qui renouvellera la terre et lui fera rendre vivants les morts qu’elle cachait dans son sein. Les termes dont se sert le prophète ne permettent pas d’entendre cette résurrection dans un sens figuré. Mais, ici comme en général dans l’Ancien Testament, la résurrection des morts n’est pas donnée sous la forme d’un enseignement positif ; le prophète l’entrevoit comme une conséquence nécessaire de la fidélité de Dieu. Ce n’était point assez pour les fidèles de savoir que, comme l’avait promis le morceau précédent (Ésaïe 25.8), il viendrait un jour où la mort ne sévirait plus ici-bas ; Ésaïe leur donne l’assurance que ceux-là mêmes qui sont déjà devenus la proie du sépulcre, reparaîtront pleins de vie pour participer au bonheur du temps messianique (comparez 1 Thessaloniciens 4.13 et suivants). La foi d’Israël s’élève hardiment à cette pensée sublime : Le Dieu vivant étant donné, ses morts doivent revivre.

Le cantique se termine ici, au moment où il atteint le faîte des voies de Dieu. Le prophète a commencé par l’expression générale d’une confiance inébranlable en la fidélité divine ; puis, se plaçant par la pensée au milieu des épreuves qui attendent encore les fidèles, il les a consolés en leur montrant toute l’histoire terrestre aboutissant à ce grand contraste : les ennemis du règne de Dieu jetés dans le schéol et le peuple fidèle glorifié ; ses morts eux-mêmes revivant pour avoir part au triomphe.

20 Va, mon peuple, entre dans tes chambres, et ferme tes portes sur toi ; cache-toi pour un instant jusqu’à ce que la colère ait passé.

Ces deux versets sont une conclusion pratique ajoutée au second discours (Ésaïe 25.9 à 26.19) : Israël doit se placer sous l’aile de son Dieu, jusqu’à ce que le jugement ait passé et dans l’attente paisible de la glorieuse fin qui lui est promise. Le prophète termine ainsi, comme c’est le cas souvent dans les tableaux bibliques et de même chez les classiques, par un mot qui repose et le cœur et l’esprit.

Entre dans tes chambres… comme Noé dans l’arche (Genèse 7.16), c’est-à-dire : recueille-toi et tiens toi tranquille. Ésaïe 30.15 : C’est en revenant au repos que vous serez sauvés. Comparez Psaumes 27.5.

Pour un instant. Le jugement se déchaînera avec la violence d’une tempête (comparez Ésaïe 30.27 ; Jérémie 23.19), mais sera de courte durée (Ésaïe 10.25). Comparez Psaumes 57.2.

21 Car voici, l’Éternel sort de sa résidence pour visiter l’iniquité des habitants de la terre, et la terre découvrira le sang qu’elle a bu et ne cachera plus ses tués !

Les premiers mots se retrouvent Michée 1.3.

La terre découvrira le sang… Comme la terre a ouvert sa bouche pour recevoir le sang du premier juste (Genèse 4.11), elle garde en tout temps le sang répandu et elle rendra, au jour du jugement, les cadavres de ceux qu’on a mis à mort, comme d’irrécusables témoins contre les coupables. Comparez Ézéchiel 24.7-8 ; Apocalypse 6.9-10 ; Apocalypse 20.13.