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Esaïe 17
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Sentence de Damas. Voici, Damas va cesser d’être au nombre des villes, et ne sera plus qu’un monceau de ruines !

Damas et Éphraïm (1-11)

Ce discours est un développement des deux courtes prophéties Ésaïe 7.16 et Ésaïe 8.4. Le sujet en est la chute des deux royaumes de Syrie et d’Éphraïm. Damas sera saccagée, le pays de Galaad dévasté, Samarie détruite, les dix tribus menés en exil ; ainsi sera châtiée l’idolâtrie d’Israël. Cette prophétie est évidemment antérieure à l’expédition de Tiglath-Piléser contre Retsin et Pékach (Ésaïe 8.4, note) et appartient à l’époque de l’alliance d’Éphraïm et de la Syrie contre Juda (chapitre 7). Bien qu’il y soit question des dix-tribus plus que de Damas, ce morceau figure parmi les prophéties concernant les peuples étrangers, parce qu’Éphraïm s’est placé lui-même au rang des païens par son alliance avec eux et son idolâtrie.

Versets 1 à 3 — Un même sort est réservé à Damas et à Samarie, à la Syrie et à Éphraïm

De Damas. C’est proprement contre Damas qu’est dirigé l’oracle ; car des deux alliés, la Syrie est le plus important ; Éphraïm, qui s’est mis à sa remorque, se trouvera enveloppé dans la catastrophe.

La prophétie a été accomplie par Tiglath-Piléser (2 Rois 16.19). Dans l’inscription très mutilée, où il parle de son expédition, il dit avoir détruit le palais du père de Retsin, réduit en monceaux de décombres 518 villes du royaume de Damas, etc. Damas se releva plus tard ; au temps de Jérémie elle était de nouveau une cité importante (Jérémie 49.23-27).

2 Les villes d’Aroër sont abandonnées ; elles sont livrées aux troupeaux, et ils y coucheront sans que personne les en chasse.

Les villes d’Aroër : Aroër et les villes voisines, c’est-à-dire tout le district dont elle est le chef-lieu. Il y a plusieurs Aroër ; il s’agit sans doute ici d’Aroër en Galaad, située près de Rabbath-Ammon (Josué 13.25). Aroër et ses villes sont donc le pays de Galaad en général. Voir l’accomplissement 2 Rois 15.29.

3 La forteresse sera ôtée à Éphraïm, et la royauté à Damas ; il en sera du reste de la Syrie comme de la gloire des fils d’Israël, dit l’Éternel des armées.

La forteresse d’Éphraïm : Samarie, forteresse naturelle, située sur une montagne (voir à 1 Rois 16.24). Comparez Ésaïe 28.1 ; Amos 5.9.

Il en sera du reste de la Syrie… Les habitants qui survivront à la ruine de Damas auront le même sort que les fiers citoyens d’Éphraïm ; ils seront comme eux déportés en Assyrie. Voir 2 Rois 16.9.

La gloire des fils d’Israël : l’élite des guerriers israélites.

J’ai emmené en Assyrie les principaux habitants de la maison d’Omri (du royaume des dix tribus) avec leurs biens… ; j’ai reçu d’eux dix talents d’or, mille talents d’argent…, dit Tiglath-Piléser. La destruction de Samarie elle-même fut accomplie, comme on le sait, par Sargon.

4 Il arrivera en ce jour-là que la gloire de Jacob sera diminuée, et la graisse de son corps sera amaigrie.

Trois images pour décrire la ruine d’Éphraïm : il est anéanti jusqu’à un tout petit reste (4-6)

Première image

Jacob (ici le royaume des dix tribus) est comparé à un homme fort, qui dépérit rapidement. Le peuple sera extrêmement réduit par la guerre et la déportation. Comparez Ésaïe 10.16-18.

5 Il en sera comme lorsque le moissonneur rassemble les tiges et que son bras coupe les épis, comme lorsqu’on ramasse les épis dans la vallée des Réphaïm.

Deuxième image

Le peuple est comparé à des épis que l’on moissonne : ils seront fauchés en masse par l’ennemi.

La vallée des Réphaïm : plaine fertile qui s’étend au sud-ouest de Jérusalem ; cet exemple se présente très naturellement à l’esprit d’un habitant de la capitale. Voir sur cette localité Josué 15.8 et 2 Samuel 5.22 ; et sur le mot réphaïm Ésaïe 14.9, note.

6 Il restera un grappillage, comme lorsqu’on secoue l’olivier, deux, trois olives au haut de la cime, quatre, cinq aux branches des meilleurs arbres, dit l’Éternel, le Dieu d’Israël.

Troisième image

Qui corrige la précédente en montrant que la destruction ne sera pas totale comme celle-ci semblait le dire : un reste, faible, il est vrai, demeurera, gage du salut. Cette pensée consolante est développée dans la strophe suivante.

7 En ce jour-là, l’homme regardera vers son Créateur, et ses yeux se tourneront vers le Saint d’Israël.

Le reste d’Éphraïm regardera à son Créateur et abandonnera les idoles (7-8)

En ce jour-là : au jour du jugement, dont la conversion du peuple sera le fruit (comparez Ésaïe 4.2) ; il faut qu’Éphraïm, aussi bien que Juda, ait été réduit à un petit reste, pour qu’il se convertisse à Dieu (comparez Ésaïe 10.21-22).

8 Il ne regardera plus vers les autels, œuvre de ses mains ; il ne se tournera plus vers ce que ses doigts ont façonné, les idoles d’Astarté et du Soleil.

Comparez Ésaïe 1.29 ; Ésaïe 2.20.

Le mot hébreu aschérim désigne les statues d’Aschéra (Astarté), la grande déesse des Phéniciens, qui est probablement la lune ou Vénus, ou peut-être l’une et l’autre à la fois. La divinité masculine était Baal (le soleil). C’est depuis Achab que le culte de Baal et d’Astarté était venu s’ajouter, dans le royaume d’Éphraïm, à celui du veau d’or.

9 En ce jour-là, ses villes fortes seront comme les ruines dans les bois et les montagnes, qui furent abandonnées devant les enfants d’Israël : ce sera un désert.

Explication du châtiment annoncé versets 4 à 6 : Israël est frappé parce qu’il a délaissé son Dieu pour adorer les idoles.

Les villes fortes d’Éphraïm seront abandonnées par leurs habitants, comme le furent celles des Cananéens à l’approche d’Israël. C’est dire que les Israélites subiront le même sort que les Cananéens ; ils fuiront comme ceux-ci ont fui devant eux (Lévitique 26).

Dans les bois… Parmi les villes abandonnées lors de la conquête, ce sont celles qui se trouvaient dans des endroits reculés ou peu accessibles (au fond des bois ou dans la montagne) qui sont demeurées en ruine ; les autres ont été rebâties et repeuplées.

10 Car tu as oublié le Dieu de ton salut, et tu ne t’es point souvenue du rocher de ta force ; c’est pourquoi tu plantais des plantations agréables, et tu y mettais des ceps étrangers ;

Le rocher de ta force : le Dieu qui est ton refuge, ta forteresse. L’image est empruntée au cantique de Moïse (Deutéronome 32.4 ; Deutéronome 32.15 ; Deutéronome 32.18 ; comparez Ésaïe 26.4 ; Ésaïe 30.29 ; Psaumes 18.3).

Des plantations agréables, des ceps étrangers : emblème des mœurs et des cultes païens adoptés par les Israélites (comparez Ésaïe 2.6, note). L’image est d’autant plus naturelle que c’était dans des bocages sacrés que l’on célébrait les fêtes idolâtres.

11 au jour où tu les plantais, tu y mettais une clôture, et le matin tu faisais fleurir tes semences ; la moisson t’échappe au jour de la maladie et de la douleur mortelle !

Tu y mettais une clôture, le matin tu faisais fleurir… Toute cette culture païenne (verset 10) a rapidement prospéré en Éphraïm, grâce aux soins empressés qu’elle y a rencontrés, surtout de la part des chefs du peuple.

La moisson t’échappe… : mais tout cela, au jour du jugement, ne sert de rien ; l’appui de l’étranger, sur lequel on avait compté, fait défaut.

Maladie : image du jugement ; voyez la même figure sous une forme plus précise au verset 4.

12 Ha ! Mugissement de peuples nombreux ! Ils mugissent comme mugissent les mers. Grondement de nations ! Elles grondent comme grondent les grandes eaux.

De puissants ennemis envahissent la Palestine, semblables à une mer débordée. Mais d’un mot Dieu les disperse. Du soir au matin, la terreur des habitants de Jérusalem fait place à la joie de la délivrance. Cette prophétie se rapporte, comme Ésaïe 14.24-27, à la destruction de l’armée de Sanchérib et paraît avoir été composée fort peu de temps avant cet événement. Elle est rattachée ici à la prophétie Ésaïe 17.1-11, parce que ce sont précisément les Assyriens qui ont accompli le jugement de Dieu sur Damas et Éphraïm.

L’image d’une inondation a déjà été employée Ésaïe 8.7-8, pour décrire l’invasion assyrienne. Comparez également Ésaïe 5.30. Une harmonie imitative, d’un grand effet dans la langue originale, sert à peindre ce débordement de peuples qui s’annonce déjà par de sinistres grondements.

Peuples nombreux. Voyez Ésaïe 5.26, note.

13 Les nations grondent comme grondent les grosses eaux ! Il les tance ; elles fuient au loin ; elles sont dispersées comme la balle sur les hauteurs au souffle du vent, comme un tourbillon de poussière devant l’ouragan.

Il les tance… : l’Éternel, qui dissipe l’armée assyrienne. Comparez Psaumes 104.7 ; Psaumes 65.8.

Elles fuient au loin…. Comparez Ésaïe 29.5 et suivants et l’accomplissement Ésaïe 37.36-37.

14 Au soir, voici l’épouvante ; avant le matin, ils ne sont plus. Voilà la part de ceux qui nous dépouillent, et le sort de ceux qui nous pillent !

Le soir, Jérusalem est dans l’épouvante en voyant le flot irrésistible approcher de ses murs ; au matin, plus d’ennemis. Voyez 2 Rois 18.17 et 2 Rois 19.35 : Il arriva cette nuit-là qu’un ange de l’Éternel sortit et tua 185 000 hommes au camp des Assyriens ; et quand on fut levé de bon matin, voilà c’étaient tous des corps morts.

C’est au moment de la plus grande détresse que Dieu fait éclater sa délivrance ; plus tôt, on ne reconnaîtrait pas sa main ; plus tard, il serait trop tard.