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Cantique 4
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Te voilà belle, mon amie ! Te voilà belle ! Tes yeux sont des colombes derrière ton voile. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres suspendues à la montagne de Galaad.

Sulammith arrive, assise dans ce palanquin magnifique, entourée de la garde royale et acclamée par la foule. Salomon la contemple, plein d’admiration et célèbre sa beauté.

Te voilà belle ! Ce mot renferme toute la description qui va suivre.

Tes yeux sont des colombes : par leur expression de simplicité, de pureté et de douceur (Cantique 1.15).

Un troupeau de chèvres… à la montagne de Galaad. Les touffes ondoyantes de la chevelure sont comparées aux riches troupeaux de chèvres paissant et gambadant sur le versant des monts de Galaad ; comparez Nombres 32.1.

2 Tes dents sont comme un troupeau de [brebis] fraîchement tondues qui remontent du lavoir : toutes portent des jumeaux, et aucune n’est stérile.

Tes dents… Par leur blancheur et leur régularité, elles ressemblent à des brebis tondues qui remontent du lavoir, ayant chacune ses deux agneaux.

3 Tes lèvres sont comme un fil d’écarlate et ta bouche est charmante. Ta joue est comme une moitié de grenade, derrière ton voile.

Tes lèvres… Elles ressemblent, par leur riche coloration et leur fine découpure à un ruban d’écarlate.

Ta joue… Chaque joue apparaît, à travers le voile brillant, comme une moitié de grenade.

4 Ton cou est comme la tour de David, bâtie pour les armures. Mille boucliers y sont suspendus, tous armes d’hommes forts.

Ton cou… Le cou élancé et fièrement porté est comparé à une tour, spécialement à celle de David, l’une des nombreuses tours des murailles de Jérusalem, qui se distinguait par les boucliers d’or qui y étaient suspendus, mais que le roi d’Égypte Sisak emporta dans sa patrie sous Roboam, successeur de Salomon. C’étaient les trophées de la victoire de David sur les deux rois syriens du nord (2 Samuel 8.3-7). Ces boucliers, suspendus à la tour, Salomon les compare aux ornements précieux et aux plaques d’or dont est paré le cou de Sulammith.

Armes d’hommes forts. Ils avaient tous été conquis sur de vaillants guerriers.

5 Tes deux, seins sont comme deux faons jumeaux de gazelle, qui paissent parmi les lis. 6 Jusqu’à ce que fraîchisse le jour et que fuient les ombres, je m’en irai à la montagne de la myrrhe et à la colline de l’encens.

Sulammith interrompt cette description emphatique de sa beauté, en souhaitant qu’avant la fin du jour elle puisse s’échapper sur la montagne où son bien-aimé paît son troupeau.

Que fraîchisse le jour : voir à Cantique 2.17.

7 Tu es toute belle, mon amie, et il n’y a point en toi de défaut.

Salomon reprend sa description, interrompue par cette exclamation de celle qui en est l’objet.

8 Avec moi, viens du Liban, ô fiancée, avec moi [viens] du Liban ! Descends du sommet de l’Amana, du sommet du Sénir et du Hermon, des antres des lions, des montagnes des panthères.

Avec moi, viens. Tout dans ce verset est image et en quelque sorte énigme.

Le trône portatif, fait de cèdre du Liban, sur lequel arrive Sulammith, est comparé au Liban.

Du sommet de l’Amana. Amana est le nom de la rivière appelée aujourd’hui Barada, qui descend de l’Anti-Liban et arrose la plaine de Damas. Peut-être donnait-on aussi ce nom à la montagne où elle prend sa source. Salomon en fait l’image du palanquin élevé où est portée Sulammith.

Sénir et Hermon. Sénir est le nom amorrhéen de la même montagne que les Juifs nomment Hermon (comparez Ézéchiel 27.5, note). Dans 1 Chroniques 5.23, ils sont distingués comme deux montagnes différentes. Peut-être étaient-ce deux sommets du même massif, qui termine au sud la chaîne de l’Anti-Liban.

Antres des lions, montagnes des panthères. Allusion plaisante aux soixante guerriers bien armés dont est entouré le trône portatif sur lequel siège Sulammith (Cantique 3.7).

9 Tu m’as ravi le cœur, ô ma sœur, [ma] fiancée, tu m’as ravi le cœur par un seul [regard] de tes yeux, par une seule chaînette de ton collier.

Tu m’as ravi le cœur. D’autres traduisent : Tu m’as mis hors de moi, ou : Tu m’as fait perdre la tête.

10 Que de charme dans ton amour, ma sœur, [ma] fiancée ! Combien ton amour est meilleur que le vin, et l’odeur de tes parfums [plus suave] que tous les aromates ! 11 Tes lèvres distillent du miel, ô [ma] fiancée ; il y a sous ta langue du miel et du lait, et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban. 12 [Tu es] un jardin fermé, ô ma sœur, [ma] fiancée, une source fermée, une fontaine scellée,

Un jardin fermé : un endroit ombragé, fermé à tout autre que son propriétaire.

Une fontaine scellée. Sur l’usage de fermer les puits, comparez Genèse 29.2-3. Ce n’est peut-être pas là une seconde image, mais plutôt un nouveau trait complétant la première, celle du jardin ; un puits est la condition de la fertilité d’un jardin.

13 tes jets [sont] un paradis de grenadiers aux fruits excellents : le henné avec le nard ;

La description de la beauté de Sulammith continue avec un luxe de figures tout orientales. Ces figures sont toutes des développements de l’image du jardin.

Un paradis. Ce terme est probablement d’origine persane (pairidaësa), langue dans laquelle il désigne un parc planté d’arbres, donnant dans ce climat brûlant un ombrage délicieux. De là le mot grec paradeisos, qui s’est conservé dans notre mot paradis. Comparez Ecclésiaste 2.5 ; Néhémie 2.8.

14 le nard et le safran, le roseau odorant et le cinnamome, avec tous les arbres qui donnent de l’encens ; la myrrhe et l’aloès, avec tous les plus excellents aromates ;

Roseau odorant, cinnamome : voir Exode 30.23 ; Ézéchiel 27.19.

15 tu es une source de jardin, une source d’eaux vives, des ruisseaux du Liban.

Une source de jardin : la source de la maison, qui donne sans cesse une eau rafraîchissante, est dans la poésie orientale une image fréquente désignant la jeune épouse (Proverbes 5.15-19).

16 Lève-toi, aquilon !
Et viens, autan ! Souffle sur mon jardin, [et] que ses parfums se répandent !

Sulammith

Que mon bien-aimé vienne à son jardin, et qu’il mange de ses fruits excellents !

Le début du verset doit être placé encore dans la bouche de Salomon.

L’aquilon : le vent frais du nord ; l’autan : le vent tiède du sud. Il n’appelle ni le vent d’orient, qui est impétueux et brûlant (Ésaïe 27.8), ni le vent d’occident, qui amène la pluie (1 Rois 18.44-45). Cette première partie du verset est la continuation de l’appel passionné de Salomon.

Les mots : Que mon bien-aimé vienne…, doivent être placés dans la bouche de Sulammith ; c’est ce que montre l’appellation : mon bien-aimé (Dodi), qui est celle par laquelle Sulammith désigne son ami dans tout le Cantique. Elle coupe subitement la parole à Salomon et oppose hardiment au paroxysme de la passion du monarque un cri d’amour à son bien-aimé absent ; ce cri est ici l’engagement sacré de n’appartenir jamais à aucun autre. Nous avons déjà trouvé une interruption semblable Cantique 1.12 ; nous en trouverons une plus brusque encore Cantique 7.9. Un grand nombre d’interprètes pensent trouver ici l’expression du consentement de Sulammith aux désirs de Salomon. Mais cet appel à Salomon présent serait d’une naïveté par trop grossière. Le terme mon bien-aimé ne s’adresse pas une seule fois dans le Cantique à Salomon et ce consentement serait en contradiction directe avec la teneur du drame tout entier ; comparez la parole de Sulammith Cantique 8.6, où elle compare sa résistance à l’inflexibilité du sépulcre et Cantique 8.10, où elle se représente comme une forteresse imprenable, devant laquelle l’assiégeant a dû se retirer en lui accordant la paix.