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Apocalypse 3
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Apocalypse 3

Suscription

Le Seigneur s’annonce comme Celui qui a l’Esprit dans sa plénitude et qui est le maître des Églises (1a).

Blâme et avertissement. Approbation à quelques membres

Sardes, en dépit de sa réputation, est morte. Que, par sa vigilance, elle ranime son reste de vie, sinon le Seigneur viendra comme un voleur. Une petite minorité s’est préservée de la corruption : elle triomphera avec Christ (1b-4).

Promesses et invitation

Le vainqueur sera vêtu de vêtements blancs ; son nom sera conservé dans le livre de vie et confessé par Christ devant Dieu. Écouter ce que dit l’Esprit ! (5, 6).

À l’Église de Sardes

1 Et à l’ange de l’Église qui est à Sardes, écris : Voici ce que dit Celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles. Je connais œuvres : tu as le renom de vivre, et tu es mort. et affermis le reste qui s’en allait mourir

À l’Église de Sardes (1-6)

Autrefois capitale des rois de Lydie, dont Crésus fut le dernier ; ville célèbre par ses richesses et son luxe, assise dans une plaine arrosée par le Pactole, à environ cinquante kilomètres au sud de Thyatire. Presque détruite par un tremblement de terre, sous le règne de Tibère, elle fut rebâtie avec des subsides de l’empereur. Au second siècle, elle eut pour évêque Méliton, l’apologète. C’est aujourd’hui un hameau de bergers, avec quelques belles ruines, seuls restes de son ancienne splendeur.

Le premier attribut avec lequel apparaît le Seigneur, les sept esprits de Dieu, est tiré de Apocalypse 1.4 (comparez Apocalypse 5.6) ; il symbolise toutes les perfections divines et les dons divers du Saint-Esprit. Le second attribut les sept étoiles, est emprunté à Apocalypse 1.16 (comparez Apocalypse 1.20, note) et le représente comme le Maître tout-puissant de l’Église et du ministère dans l’Église (comparer Apocalypse 2.1). Le Seigneur devait mettre en activité l’un et l’autre de ces attributs pour sauver l’Église de Sardes (versets 1 et 2) ; Il les déploie encore pour toute Église et toute âme qui a besoin d’une résurrection d’entre les morts.

Spirituellement mort (Éphésiens 2.1, note ; comparez Romains 6.13, note ; Jacques 2.17). Ce qui donne encore à une telle Église le renom de vivre, c’est la conservation de certaines doctrines évangéliques, la continuation des exercices du culte, la régularité extérieure dans la conduite, etc. Mais toutes ces choses ne sont que des formes d’où a disparu peu à peu la vie, la vie de la foi de l’amour, de l’Esprit de Dieu. C’est le pire état que l’on puisse concevoir pour une Église ou pour une âme.

Mieux valent les combats, même avec quelques défaites, les tentations, même avec quelques chutes ; les saintes douleurs de la repentance, avec leurs effets de retour à Dieu et de régénération. Car là où les âmes souffrent et combattent, là il y a encore de la vie. On a remarqué qu’il n’est pas parlé d’affliction (Apocalypse 2.3) pour Église de Sardes ; sa conformité au monde l’avait sans doute préservée de la persécution. Aucun de ceux qui sont gisants sur un champ de bataille, après l’action ne s’aperçoit de la mort des autres. Mais lorsqu’un vivant vient à traverser ce lieu désolé il frémit. Ce vivant, c’est ici le Seigneur, qui fait entendre un cri de réveil (versets 2 et 3). Tous ses fidèles serviteurs l’ont imité en ceci dans les Églises semblables à celle de Sardes : de là, les rénovations successives dans les troupeaux et dans les âmes.

C’est un grand mal qu’une grande réputation, quand elle est mal fondée. Que sert d’être estimé de celui qui ne voit que l’œuvre extérieure, si l’on est condamné par Celui qui voit les œuvres du cœur ? Combien y a-t-il de ces faux vivants et de ces véritables morts entre les pasteurs mêmes, puisque Jésus-Christ en trouve dans les premiers temps de l’Église ?
— Quesnel
2 Sois vigilant, et affermis le reste qui s’en allait mourir ; car je n’ai point trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu.

Grec : Deviens veillant ! Cette mort spirituelle est envisagée comme un sommeil qui laisse encore l’espérance et la possibilité d’un réveil (Éphésiens 5.14).

Le reste, ce sont les membres les moins déchus du troupeau (verset 4), plutôt que le reste de vie qu’il y avait encore dans les âmes. C’est là ce qui s’en allait mourir. Le Seigneur exhorte l’Église à affermir, par une sincère repentance, par un redoublement de zèle ce reste menacé (comparer Luc 22.32 ; Ézéchiel 34.4 ; Ézéchiel 34.16).

Tes œuvres, toutes les manifestations de ta vie ne sont pas selon l’ordre divin ; malgré les apparences (verset 1), elles ne sont pas parfaites (Matthieu 5.48 ; Colossiens 4.12) au jugement de mon Dieu.

3 Rappelle-toi donc comment tu as reçu et entendu la parole, et garde-la, et repens-toi. Si donc tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur, et tu ne sauras point à quelle heure je viendrai te surprendre.

Comparer Apocalypse 2.5, note.

Grec : comment tu as reçu et entendu et garde et te repens. Jésus-Christ rappelle à l’Église de Sardes comment elle a reçu et entendu l’Évangile (comparer 1 Thessaloniciens 1.5 et suivants ; 1 Thessaloniciens 2.1 et suivants ; 1 Corinthiens 2.1 et suivants). L’accueil empressé que les hommes font à l’Évangile garantit qu’ils le saisissent en son entier et selon la vérité et qu’ils le garderont (Éphésiens 4.20 ; Colossiens 2.6).

C’est peut-être trop presser cette parole que de lui faire dire :

À l’origine l’Église avait entendu proclamer le salut par la foi seule et l’abolition de la loi, sans que la liberté chrétienne servit de prétexte à une vie déréglée ?
— Spitta.

Si donc, malgré l’urgence qu’il y a pour toi à veiller, tu t’y refuses, je viendrai et tu ne sauras pas à quelle heure (grec) je viendrai sur toi. La menace du Seigneur s’accomplit dans chacun des jugements qu’il exerce, car alors il vient. Elle s’accomplira définitivement à sa dernière venue, dont l’heure est toujours incertaine (comparer Matthieu 24.43). Il en avertit Sardes dans sa miséricorde, afin de lui laisser le temps de se repentir.

4 Cependant tu as à Sardes un petit nombre de personnes qui n’ont point souillé leurs vêtements, et qui marcheront avec moi en vêtements blancs, parce qu’elles en sont dignes.

Le mot vêtements est pris les deux fois dans un sens figuré : c’est l’image de la justice dont Dieu revêt ses enfants en Jésus-Christ, la sainteté, la pureté de la vie nouvelle (Ésaïe 61.10 ; Matthieu 22.11 ; Matthieu 22.12 ; Romains 13.14, etc.).

Souiller ce vêtement-là par des péchés volontaires, en retombant dans la mort spirituelle (verset 1), est d’autant plus dangereux qu’il ne s’agit plus ici du vieil homme, mais de l’homme nouveau, qui abuse des grâces qu’il a reçues. C’est contre ce terrible danger que sont dirigés des avertissements tels que ceux-ci : Hébreux 6.4-6 ; Hébreux 10.26-29 ; Hébreux 12.25.

Le petit nombre de personnes (grec : de noms) qui, à Sardes, n’avaient pas été atteintes de ce mal, sont l’objet d’une glorieuse promesse : ils seront revêtus de vêtements blancs (versets 4 et 5). Jean verra plus d’une fois dans ses visions de la vie future (Apocalypse 6.11 ; Apocalypse 7.9 ; Apocalypse 7.13-14) les rachetés parés de ces vêtements blancs, qui distinguaient les vainqueurs et étaient le symbole de la pureté et de la sainteté parfaites.

Elles en sont dignes, dit le Seigneur des personnes auxquelles il promet cette gloire, non qu’elles l’eussent méritée par leurs œuvres, car leur fidélité était une grâce de Celui qui seul nous rend et nous conserve purs ; mais elles avaient fait valoir ce don de la grâce avec humilité et conscience et devaient d’après l’ordre de Dieu, recevoir davantage (Matthieu 25.14-30).

5 Celui qui vaincra sera ainsi revêtu de vêtements blancs, et je n’effacerai point son nom du livre de la vie ; et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges.

Il n’est pas dit : « J’inscrirai son nom » car l’inscription est faite de toute éternité (Apocalypse 13.8) ; mais l’homme a le pouvoir de refuser son élection et d’obliger par sa conduite le Seigneur à effacer son nom du livre de la vie.

Cette dernière expression se trouve déjà dans l’Ancien Testament (Ésaïe 4.3 ; Psaumes 69.29 ; Exode 32.32 ; Daniel 12.1) ; Jésus fait allusion à ce livre de la vie (Luc 10.20) ; Paul le nomme (Philippiens 4.3) ; il est fréquemment mentionné dans l’Apocalypse (Apocalypse 13.8 ; Apocalypse 17.8 ; Apocalypse 20.12-15 ; Apocalypse 21.27).

Comparer Matthieu 10.32 ; Luc 9.26. Le Seigneur nomme les anges, à côté de son Père, parce qu’ils font partie de la Jérusalem céleste (Hébreux 12.22), qu’ils s’intéressent au salut des pécheurs (Luc 15.10) et qu’ils seront les témoins de son triomphe.

6 Que celui qui a des oreilles, écoute ce que l’Esprit dit aux Églises. 7 Et à l’ange de l’Église qui est à Philadelphie, écris : Voici ce que dit le Saint, le Véritable, Celui qui a la clef de David ; Celui qui ouvre et personne ne fermera, et qui ferme et personne n’ouvrira :

Suscription

Le Seigneur s’annonce comme le Saint, le Véritable qui seul donne entrée dans le royaume messianique (7).

Bénédictions promises en récompense de la fidélité de l’Église

Parce que, dans sa faiblesse, elle a gardé la parole du Seigneur, le Seigneur lui ouvre une porte : les Juifs de la synagogue de Satan viendront lui rendre hommage et le Seigneur la gardera à l’heure de la tentation universelle. Il vient bientôt : que personne ne prenne à l’Église sa couronne (8-11).

Promesses et invitation

Le vainqueur sera une colonne dans le temple de Dieu. Trois noms seront écrits sur lui par Jésus. Écouter ce que dit l’Esprit (12, 13) !

À l’Église de Philadelphie (7-13)

Petite ville de l’ancien royaume de Lydie, fondée par le roi de Pergame Attale Philadelphe, dont elle portait le nom. Philadelphie était à quarante-cinq kilomètres au sud-est de Sardes. Elle existe encore sous le nom d’Alla-Schahr et compte des habitants appartenant à l’Église grecque.

Ces qualificatifs sous lesquels le Seigneur s’annonce à Philadelphie ne sont pas empruntés à la vision de Apocalypse 1. Ils désignent des attributs appropriés à la situation et aux besoins de cette Église.

Ainsi, les noms divins de Saint, de Véritable, sont un encouragement et une consolation pour cette fidèle Église, qui était exposée aux calomnies des adversaires (verset 9) et devait subir l’épreuve qui allait venir sur le monde entier (verset 10) ; ils sont en même temps une menace à l’adresse de ceux qui se complaisent dans le mensonge et dans la souillure, car pour eux la vérité souveraine, la sainteté absolue, qui sont l’essence du caractère divin, deviennent un feu dévorant.

On a aussi expliqué ces noms de Jésus comme certifiant sa qualité de Messie, contestée par les Juifs : il est le véritable, l’authentique Messie ; il l’est, parce qu’il est le saint. Sa sainteté est donnée de même comme preuve de sa messianité dans Actes 3.14 ; Actes 4.27-30 ; Actes 7.52.

Cette image est empruntée à Ésaïe 22.22. Comme les clefs de la forteresse de Sion, du palais de David, furent confiées à Eliakim, en signe du pouvoir qu’il devait exercer, de même, dans le royaume de Dieu, toute puissance a été donnée à Jésus-Christ (Matthieu 28.18).

Quand il ouvre une porte (verset 8) dans le monde et dans les âmes pour y faire pénétrer l’Évangile de sa grâce, personne ne peut la fermer ; mais aussi quand il ferme, pour rendre vains tous les efforts des adversaires, personne n’ouvre. Avec cette double conviction, son Église ne saurait être découragée ; elle est invincible. D’autres entendent par ouvrir et fermer, admettre dans le royaume de Dieu ou en exclure (comparez Apocalypse 1.18), ce qui est moins en harmonie avec l’ensemble de la pensée (verset 8).

8 Je connais tes œuvres ; voici, j’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer ; parce que tu as peu de force et que tu as gardé ma parole, et que tu n’as pas renié mon nom.

Ici la pensée : Je connais tes œuvres, n’a rien de menaçant, elle prépare une approbation. En effet, le Seigneur a mis (grec donné) devant cette Église une porte ouverte, c’est-à-dire, dans le sens indiqué au verset 7, l’occasion de répandre l’Évangile (1 Corinthiens 16.9 ; 2 Corinthiens 2.12 ; Colossiens 4.3).

Pourquoi ? Parce que cette Église, avec peu de force (grec une petite force), peu nombreuse, limitée dans ses moyens, était restée fidèle, avait gardé la parole du Seigneur et confessé son nom dans l’épreuve (comparer Apocalypse 2.13).

9 Voici, j’amène des membres de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs et ne le sont point, mais qui mentent ; je ferai qu’ils viennent et qu’ils se prosternent à tes pieds, et qu’ils connaissent que moi je t’ai aimé.

J’amène, grec je donne. Nos versions portent : je te donne. Mais le pronom te n’est pas dans le texte. Ce verbe est repris et expliqué par le verbe synonyme : Je ferai qu’ils viennent. Ce sont ici les mêmes circonstances qu’à Smyrne. Comparer Apocalypse 2.9. Les adversaires n’étaient pas des judéo-chrétiens, comme le pensent quelques interprètes, mais des Juifs inconvertis et persécuteurs de l’Église.

Comparer Ésaïe 60.14 ; Ésaïe 49.23 ; Ésaïe 45.14 ; Ésaïe 43.4. Ces Juifs seront vaincus enfin par la fidélité de l’Église, persuadés, convertis et en se prosternant pour lui rendre hommage (Genèse 23.7) et pour adorer le Dieu Sauveur qu’elle confesse (1 Corinthiens 14.25), ils reconnaîtront que ces chrétiens, loin d’être des ennemis de Dieu, sont les objets de son amour.

10 Parce que tu as gardé ma parole de la patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui doit venir sur le monde entier pour éprouver les habitants de la terre.

La parole de la patience ou de la constance, que Jésus-Christ prononce, c’est tout le message que le Seigneur adresse à l’Église en vue des persécutions à venir et par lequel il l’exhorte à prendre patience, à tenir bon, à persévérer dans la profession de la foi et dans l’attente de son retour prochain.

Garder cette parole, c’est vivre dans une vigilance constante et renoncer à soi-même, à porter la croix en suivant le Sauveur crucifié. Ainsi, les disciples de Jésus deviennent « participants de sa patience » (Apocalypse 1.9).

Il faut probablement entendre, par cette épreuve qui doit venir sur le monde entier pour éprouver les habitants de la terre, le jugement suprême, que l’auteur, avec toute l’Église primitive, croyait imminent et qui devait « commencer par la maison de Dieu » (1 Pierre 4.17 ; 1 Pierre 4.18).

Ce jugement devait être précédé d’une série de bouleversements physiques et de fléaux qui constitueraient des épreuves pour tous les habitants de la terre (Apocalypse 8 et Apocalypse 9).

On ne saurait voir dans cette épreuve qui doit venir sur le monde entier les persécutions exercées par les empereurs romains, car celles-ci ne furent pas générales et il serait très peu naturel de voir dans les habitants de la terre, auxquels cette épreuve est destinée les chrétiens seuls. Le Seigneur ne promet pas à l’Église de Philadelphie de lui épargner tout à fait cette épreuve, mais de la garder de manière à l’en faire sortir indemne. C’est le sens exact de la préposition grecque (comparer Jean 17.15 ; Apocalypse 7.14).

11 Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne.

Parole d’encouragement, de consolation, d’espérance en vue de l’épreuve finale (Luc 21.28).

La couronne du vainqueur (comparer Apocalypse 2.10 ; 1 Corinthiens 9.25 ; 2 Timothée 4.8).

Le Seigneur promet aux siens de les garder dans la tentation (verset 10) et pourtant il les exhorte à tenir ferme : sainte harmonie de la fidélité de Dieu et de la fidélité de ses enfants.

12 Celui qui vaincra, je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n’en sortira plus ; et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu et le nom de la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem, qui descend du ciel, d’auprès de mon Dieu, et mon nom nouveau.

Le vainqueur ne deviendra pas seulement une « pierre vive » dans le temple spirituel (1 Pierre 2.4 et suivants), mais une colonne (comparez Galates 2.9), c’est-à-dire qu’il y occupera une place d’honneur, qu’il en sera un appui et que rien ne pourra jamais l’en exclure (comparer Ésaïe 22.23 ; Ésaïe 22.24 ; Sapience 3.14).

Les termes de colonne et de temple sont pris au figuré. La mention de ce temple n’est donc pas en contradiction avec Apocalypse 21.22. Si ici-bas le chrétien est méconnu, calomnié, alors il portera sur son front (d’après Apocalypse 14.1 ; Apocalypse 22.4 ; d’autres traduisent : j’écrirai sur elle, la colonne) trois noms qui feront sa gloire et sa joie éternelles : le nom du Dieu de Jésus-Christ, en signe qu’il l’a reconnu pour son enfant (Apocalypse 1.8, 2e note), le nom de la cité de Dieu que le croyant avait attendu (Hébreux 11.10 et suivants), de la nouvelle Jérusalem (Apocalypse 21.2 ; Ézéchiel 48.35), comme preuve qu’il en est citoyen ; le nom nouveau de Jésus qui l’a racheté et qu’il a confessé dans le monde au milieu des adversaires (verset 8). Ce nom de Jésus sera nouveau, parce qu’alors il aura paru dans toute sa gloire (comparer Apocalypse 19.12-16 ; Apocalypse 2.17 ; Ésaïe 56.5 ; Ésaïe 63.2).

Les mots : mon Dieu, sont quatre fois répétés dans ce verset. Que d’assurance et de consolation il y a dans cette promesse et quelle gloire pour ceux qui sortiront vainqueurs de la grande épreuve !

13 Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux Églises. 14 Et à l’ange de l’Église qui est à Laodicée, écris : Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le principe de la création de Dieu :

Suscription

Le Seigneur se présente comme Celui dont la parole est absolument certaine et qui est la source de la vie (14).

Menaces, appel, promesse

Parce que l’Église est tiède, le Seigneur la vomira. Parce qu’elle est pauvre, tout en se disant riche, il lui conseille d’acheter de lui de l’or, des vêtements blancs, un collyre. Il reprend ceux qu’il aime ; qu’elle ait donc du zèle et se repente. Il se tient à la porte ; il entrera chez qui lui ouvre et soupera avec lui (18-20).

Promesse et invitation

Le vainqueur s’assiéra avec Christ sur son trône. Écouter ce que dit l’Esprit ! (21, 22)

À l’Église de Laodicée (14-22)

Ville considérable par sa population et par son commerce, située à 80 kilomètres au sud-est de Philadelphie, près de Colosses, en Phrygie, sur la rivière du Lycus. Elle fut renversée par un tremblement de terre en 60 après Jésus-Christ et se releva, au dire de Tacite, sans le secours des Romains, par ses seules ressources. Aujourd’hui, il n’en reste guère que des ruines qui portent le nom de Eski-Hissar. L’Église de Laodicée, fondée par des disciples de Paul, avait été aussi l’objet des soins de cet apôtre (Colossiens 2.1 ; Colossiens 4.13 et suivants). Archippe (Colossiens 4.17) est désigné dans les Constitutions apostoliques (VIII, 46) comme évêque de Laodicée.

Le sens de ce mot se trouve exprimé dans le titre qui suit : le témoin fidèle et véritable. C’est celui dont toutes les promesses et toutes les menaces sont oui et amen en lui-même (2 Corinthiens 1.20). Nom bien approprié aux paroles que le Seigneur adresse dans cette lettre à l’Église de Laodicée (verset 15 et suivants, versets 20 et 21) : elles sont, quoique sévères, l’absolue vérité.

Voir Apocalypse 1.15.

Le principe ou commencement ; ce mot ne doit pas se prendre au sens passif, comme si Jésus-Christ avait été créé et créé le premier des êtres ; mais au sens actif, en tant qu’il est lui-même l’origine, l’auteur de la création, comme Jean nous le dépeint ailleurs (Jean 1.1-3 ; comparez Colossiens 1.15-18).

L’adoration dont il est l’objet de la part de toutes les créatures (Apocalypse 5.13) et de la part de Jean lui-même (Apocalypse 1.17 ; comparez Apocalypse 22.8 ; Apocalypse 22.9) et toute la caractéristique de Christ dans l’Apocalypse montrent que c’est bien ainsi qu’il faut entendre ce terme. À la vérité souveraine, Christ joint la toute-puissance sur la création de Dieu pour exécuter toutes ses paroles, celles en particulier Qu’il va prononcer ici.

15 Je connais tes œuvres, que tu n’es ni froid ni bouillant. Plût à Dieu que tu fusses froid ou bouillant ! 16 Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche.

Terrible menace faite à une Église qui se trouvait dans l’état religieux le plus triste et le plus dangereux !

Être froid, c’est la condition de l’homme naturel, inconverti, étranger à la vie de l’Esprit de Dieu ; être bouillant, c’est être tout entier pénétré du feu de cet Esprit qui sanctifie (comparer Romains 12.11).

Le tiède est celui qui connaît l’Évangile, mais que tous les moyens de grâce, tout l’amour du Sauveur n’ont pu gagner assez pour l’arracher à lui-même et au monde (Matthieu 6.24 ; Matthieu 12.30 ; Jacques 4.4 ; 1 Jean 2.15). Il n’y a en lui ni force, ni activité, ni progrès, ni sentiment de ce qui lui manque (verset 17), c’est un état stationnaire de paresse morale, d’impuissance, de langueur.

On pourrait être surpris, au premier abord, que le Seigneur préfère le froid au tiède ; mais cela est parfaitement fondé dans la nature des choses. Le premier ne peut se faire illusion en se persuadant qu’il est chrétien et reçu en grâce, le second vit dans cette funeste erreur, l’un pourra sentir un jour vivement sa pauvreté, sa misère, ses péchés et se convertir au Sauveur, lorsqu’il s’offrira à lui (Matthieu 21.31) l’autre connaît tout ce qui aurait dû opérer cette œuvre en lui et l’Évangile est devenu pour lui un sel qui a perdu sa saveur.

C’est pourquoi il inspire au Seigneur, non pas cette indignation qui provoque les jugements terribles, mais ce dégoût que nous cause l’eau tiède et de là ces paroles, pires que les menaces les plus sévères : Je te vomirai de ma bouche.

17 Parce que tu dis : Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que c’est toi le malheureux et misérable et pauvre et aveugle et nu ;

Les paroles du verset 17 ne doivent pas se lier à celles qui précèdent, comme si elles contenaient la raison de la menace : « je te vomirai » ; mais avec celles qui suivent, comme indiquant la raison du conseil (verset 18).

Une des principales causes de la tiédeur, c’est l’orgueil qui porte l’homme à se croire riche, il se vante de s’être enrichi (Osée 12.9), de n’avoir besoin de rien, expressions qui doivent s’entendre non des richesses matérielles, mais des grâces spirituelles dont le tiède est rassasié et dont il se glorifie, oubliant celui à qui il les doit.

Et il ne sait pas combien il est malheureux et misérable (Romains 7.24) ; pauvre en vraie richesse ; aveugle, privé de la lumière céleste qui l’éclairerait sur les conditions du salut (Jean 9.39) ; nu, dépourvu de la justice de Christ, seule valable devant Dieu (2 Corinthiens 5.3).

Tous ces termes sont accumulés pour convaincre le tiède de sa profonde misère et pour l’effrayer sur les dangers qu’elle lui fait courir.

18 je te conseille d’acheter de moi de l’or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche ; et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse point ; et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies.

Puisque le Seigneur ajoute ici un conseil, plus tard une exhortation (verset 19) enfin des promesses (versets 20 et 21), il faut que la condition de l’Église de Laodicée ne soit pas absolument désespérée et que la menace du verset 16 ait encore pour but de la réveiller.

Ce qui lui manque, elle peut l’acheter du Seigneur « sans argent et sans aucun prix » (Ésaïe 55.1), mais cependant l’acheter, car il lui faudra pour cela sacrifier sa prétendue richesse et ses illusions. Le Seigneur lui offre trois choses indispensables : de l’or éprouvé par le feu, c’est-à-dire une foi qui résiste à la tentation (1 Pierre 1.7) ; des vêtements blancs, c’est-à-dire la justice de Christ et la sainteté qu’elle produit dans l’âme qui s’en revêt réellement (versets 4 et 5) ; le collyre qui seul rend la vue aux aveugles, c’est-à-dire l’onction du Saint-Esprit qui enseigne toutes choses (1 Jean 2.27).

19 Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime : aie donc du zèle et repens-toi.

Proverbes 3.12 ; Hébreux 12.6 ; 1 Corinthiens 11.32 L’homme ne peut comprendre, au premier abord, que la répréhension vient de l’amour. Mais, plus tard, il en bénit Dieu.

Si le Seigneur reprend et châtie cette Église tiède dans des intentions miséricordieuses, il en résulte (donc) que l’Église doit avoir du zèle et se repentir.

Ce qui manque aux Laodicéens, c’est de s’être approprié l’Évangile de la grâce d’une manière vivante, profonde, complète ; ils n’y parviendront que par une repentance sérieuse.

20 Voici, je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi.

Par cette touchante image, qui exprime si vivement son amour des âmes, le Seigneur veut gagner tout à fait ceux qu’il a réveillés par ses reproches et ses exhortations. Il se tient à la porte du cœur, s’y arrête, y frappe, par les mouvements de son Esprit, y fait entendre sa voix par sa Parole.

À celui qui reconnaît sa voix (Jean 10.4) et qui lui ouvre avec amour il fait éprouver comme un avant goût de ce souper céleste, de cette nouvelle cène de l’Église des rachetés célébrant « les noces de l’Agneau » (Apocalypse 19.6-9 ; Luc 22.16 ; Luc 22.30).

C’est par de telles expériences que le Seigneur se fait connaître et aimer toujours plus et qu’il prépare les âmes fidèles à la jouissance parfaite de sa présence dans le ciel.

Les interprètes qui entendent cette parabole uniquement du retour du Seigneur à la fin des temps, en se fondant sur des expressions analogues dans les discours eschatologiques de Jésus (Matthieu 24.33 ; Luc 12.36 ; Luc 12.37), méconnaissent ces traits qui peignent une intime communion de l’âme individuelle avec son Sauveur : Si quelqu’un entend ma voix, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui (Jean 14.23).

21 Celui qui vaincra, je lui donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, comme moi-même j’ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône.

Le sens de cette glorieuse promesse est déjà exprimé par le Seigneur dans sa dernière prière (Jean 17.21-24), c’est le triomphe complet sur le péché et sur le monde par l’union du fidèle avec Dieu en Christ (comparer Matthieu 19.28 ; Apocalypse 22.5).

22 Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux Églises.