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Actes 18
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Actes 18

Paul travaille de ses mains après s’être associé avec Aquilas et Priscille

D’Athènes Paul se rend à Corinthe. Il y trouve un couple de Juifs originaires du Pont, chassés de Rome par Claude. Comme ils exerçaient le même métier, Paul se joint à eux et travaille avec eux à faire des tentes. Les jours de sabbat il parle dans la synagogue (1-4).

Paul s’adonne à la prédication ; rupture avec la synagogue

L’arrivée de Silas et de Timothée lui permet de se vouer tout entier à l’évangélisation. Les Juifs faisant opposition, il leur déclare qu’il est innocent de leur sang et qu’il va s’adresser aux païens. Il se rend chez un prosélyte, dont la maison était contiguë à la synagogue. Cependant Crispus, chef de la synagogue, parvient à la foi avec tous les siens. De nombreux Corinthiens deviennent croyants et sont baptisés (5-8).

Le Seigneur encourage l’apôtre dans une vision

Il lui apparaît de nuit, en vision et lui ordonne de parler sans crainte, lui promettant sa protection ; un grand peuple, à Corinthe, appartient au Seigneur. Paul reste dix-huit mois à prêcher l’Évangile aux Corinthiens (9-11).

Paul devant Gallion

Les Juifs s’unissent contre l’apôtre et le traînent devant Gallion, proconsul d’Achaïe, en l’accusant d’enseigner un culte contraire à la loi. Gallion les renvoie, en déclarant que les questions de cet ordre ne sont pas de son ressort. La foule bat Sosthène, chef de la synagogue, sans que Gallion intervienne (12-17).

1 S’étant après cela éloigné d’Athènes, il vint à Corinthe.

Paul à Corinthe (1-17)

Voir, sur Corinthe et sur le ministère de Paul dans cette ville, l’introduction à la première épître aux Corinthiens. Corinthe était située sur l’isthme qui relie le Peloponèse à l’Hellade.

Elle avait été détruite en 146 avant Jésus-Christ par le proconsul Mummius ; mais rebâtie cent ans plus tard par Jules César, qui y établit une colonie de vétérans, elle avait reconquis et surpassé son antique splendeur.

Son commerce, florissant grâce à son double port qui la mettait en relation avec l’Orient et l’Occident, lui valait une grande prospérité. Elle se distinguait aussi par ses mœurs corrompues.

2 Et ayant trouvé un Juif, nommé Aquilas, originaire du Pont, récemment arrivé d’Italie avec Priscille, sa femme, parce que Claude avait ordonné à tous les Juifs de s’éloigner de Rome, il alla à eux.

Le Pont était une province romaine de l’Asie Mineure au bord du Pont Euxin ou mer Noire.

Originaires de cette province, Aquilas et Priscille habitaient Rome, quand ils en furent expulsés avec les Juifs, par l’édit de l’empereur Claude ; ils y retournèrent plus tard (Romains 16.3).

Les exégètes diffèrent sur la question de savoir si ces époux étaient déjà chrétiens avant leur rencontre avec Paul, ou si c’est par lui qu’ils furent amenés à la foi.

Cette dernière supposition est la plus probable, bien que notre texte n’oblige pas à l’admettre, car le nom de Juif pouvait être donné à un chrétien d’origine juive (Galates 2.13-14).

Quoi qu’il en soit, l’apôtre se lia étroitement avec eux, fit avec eux des voyages (verset 18), leur envoya des salutations dans ses lettres, où il leur rend le plus beau témoignage (Romains 16.3-4 ; 2 Timothée 4.19 ; 1 Corinthiens 16.19).

Dans notre chapitre même (verset 26), nous les voyons exercer une grande influence sur l’éloquent Apollos.

L’édit de l’empereur Claude, qui expulsa les Juifs de Rome et que mentionne aussi Suétone, fut provoqué, selon cet historien, par des troubles dont un certain Chrestus fut l’instigateur.

Ce nom a porté plusieurs historiens (Weizsäcker, Schürer, Ramsay) à supposer qu’il s’agissait de discussions entre les Juifs et les chrétiens et que Suétone, entendant parler du Christ, l’avait pris pour un agitateur juif et avait transformé son nom en Chrestus. Il paraît que l’édit de Claude fut bientôt rapporté, ou qu’on renonça bientôt à l’exécuter, car nous venons de voir qu’Aquilas et Priscille retournèrent à Rome et il y avait dans cette ville des Juifs et des chrétiens quand Paul y arriva (Actes 28).

3 Et parce qu’il était du même métier, il demeura chez eux, et il travaillait ; car, de leur métier, ils étaient faiseurs de tentes.

D et une ancienne version latine omettent les mots : car, de leur métier, ils étaient faiseurs de tente.

Codex Sinaiticus, B, portent : ils travaillaient, ce qui est peut-être une correction occasionnée par le pluriel qui suit.

Les tentes étaient faites, soit en toile, soit en cuir, soit surtout en étoffe de Cilicie. La patrie de Paul produisait un tissu imperméable, de poils de chèvre, dont on faisait aussi des manteaux, des rideaux, des couvertures. De ce drap grossier de Cilicie dérive le mot de cilice.

Il était d’usage que les rabbins juifs apprissent un métier, tout en faisant leurs études.

Paul pratiqua assidûment le sien, afin de n’être pas à charge aux Églises, partout où ses adversaires auraient pu lui attribuer des vues intéressées (Actes 20.34 ; 1 Corinthiens 4.12 ; 1 Corinthiens 9.14-18 ; 2 Corinthiens 11.9 ; 1 Thessaloniciens 2.9 ; 2 Thessaloniciens 3.7-9).

Mais, en principe, il enseignait que les Églises doivent pourvoir aux besoins de ceux qui leur annoncent la Parole (1 Corinthiens 9.14) et lui-même était assez humble pour recevoir les dons de ses frères (Philippiens 4.14-18).

4 Or il discutait dans la synagogue chaque sabbat, et il persuadait Juifs et Grecs.

5 Mais quand Silas et Timothée furent venus de Macédoine, Paul était tout entier à la Parole, rendant témoignage aux Juifs que Jésus était le Christ.

Au lieu de il était tout entier à la Parole (grec étreint par la Parole), le texte reçu, avec quelques majuscules récents, porte : étreint par l’Esprit.

Cette indication est opposée à celle des versets 3 et 4, qui nous montrait Paul travaillant à son métier avec Aquilas et Priscille et ne prêchant l’Évangile que les jours de sabbat.

Dès ce moment, il se voua tout entier à son activité missionnaire. Par l’arrivée de ses compagnons d’œuvre, qu’il avait laissés en Macédoine, il fut déchargé sans doute du soin de pourvoir à son entretien (Actes 17.14-15).

Les bonnes nouvelles qu’ils lui apportaient de l’Église de Thessalonique le remplirent de joie et l’engagèrent à prolonger son séjour à Corinthe (1 Thessaloniciens 3.4-8).

Il ressort de Actes 17.15, comparez 1 Thessaloniciens 3.1-2, que Silas et Timothée rejoignirent Paul à Athènes déjà.

Le récit de Luc présente une lacune : il ne mentionne pas cette première réunion de l’apôtre avec ses collaborateurs et laisserait croire que ceux-ci, malgré l’invitation pressante qui leur était adressée (Actes 17.15), ne se rendirent auprès de Paul qu’après son départ d’Athènes pour Corinthe.

Mais l’indication de 1 Thessaloniciens 3.1-2, nous oblige à admettre que Timothée en tout cas et probablement aussi Silas vinrent trouver Paul à Athènes.

L’apôtre les renvoya de nouveau en Macédoine, Timothée à Thessalonique et Silas peut-être à Philippes (Philippiens 4.15) et de là, ils le rejoignirent à Corinthe, où il s’était rendu entre temps. M. Ramsay estime, d’après ces allées et venues, que Paul passa trois à quatre semaines à Athènes et qu’il fut cinq ou six semaines à attendre ses amis à Corinthe.

6 Mais comme ils s’opposaient et qu’ils blasphémaient, il secoua ses vêtements et leur dit : Que votre sang soit sur votre tête ! Moi j’en suis net ; dès à présent j’irai vers les païens.

Moment tragique pour ces Juifs qui rejettent la grâce ! Les paroles de l’apôtre rendent plus émouvante encore cette scène, qui s’était déjà produite ailleurs (Actes 13.45-46).

Secouer ses vêtements, en rejeter même la poussière contre quelqu’un, était une action symbolique, figurant la rupture absolue de toutes relations (comparer Actes 13.51 ; Matthieu 10.14).

Le sang de ces hommes rebelles, c’est-à-dire la responsabilité de leur ruine, de leur mort, retombera sur leur tête.

Paul s’en déclare net parce qu’il leur a annoncé le salut (comparer Actes 20.26).

Cette image terrible est empruntée à l’Ancien Testament (2 Samuel 1.16 ; 1 Rois 2.32-33 ; Ézéchiel 33.4) ; elle se retrouve dans la bouche de Jésus-Christ lui-même (Matthieu 23.35).

Voir aussi l’horrible imprécation des meurtriers du Sauveur (Matthieu 27.25).

7 Et étant parti de là, il entra dans la maison d’un nommé Titius Justus, homme craignant Dieu, dont la maison était contiguë à la synagogue.

Paul part de la synagogue, comme pour confirmer d’une manière visible les paroles qu’il vient de prononcer.

Il se rend, pour y continuer son enseignement, chez un prosélyte (c’est ce que signifie craignant Dieu), dont la maison était voisine et qui n’est pas connu d’ailleurs dans l’histoire.

Les manuscrits portent : Titius Justus (B), Titus Justus (Codex Sinaiticus), Justus (A, majuscules, texte reçu).

Luc ne veut point dire, comme l’ont pensé quelques exégètes, qu’il alla dans cette maison pour y demeurer et qu’ainsi il quittait celle d’Aquilas et Priscille (verset 3). Il y établit seulement le lieu de ses prédications et des assemblées de l’Église naissante.

Tout en se séparant de la synagogue, il continuait à offrir l’occasion d’entendre l’Évangile aux Juifs disposés à le recevoir ; mais il s’exposait à des conflits, qui ne manquèrent pas de se produire (verset 12 et suivants).

8 Mais Crispus, chef de la synagogue, crut au Seigneur avec toute sa maison, et beaucoup de Corinthiens, entendant Paul, croyaient et étaient baptisés.

La conversion de Crispus, chef de la synagogue et de toute sa maison fut un grand triomphe de l’Évangile au milieu du combat que soutenait l’apôtre. Aussi voulut-il, contre son habitude, baptiser lui-même cette famille (1 Corinthiens 1.14).

En outre, beaucoup de Corinthiens qui entendaient la parole de Paul croyaient et étaient baptisés.

Ces verbes à l’imparfait indiquent que l’œuvre divine de la conversion des âmes se continuait par le ministère de l’apôtre.

Le participe entendant est sans régime en grec.

Plusieurs traduisent : entendant parler de la conversion de Crispus et de la rupture de Paul avec la synagogue.

9 Et le Seigneur dit à Paul, pendant la nuit, en vision : Ne crains point, mais parle et ne te tais point ; 10 car je suis avec toi, et personne ne mettra les mains sur toi pour te faire du mal, car j’ai un grand peuple dans cette ville.

Malgré les succès qu’il remportait à Corinthe, Paul avait sans doute besoin d’être encouragé par ces divines paroles, car il était entouré de dangers et pénétré du sentiment de sa faiblesse (1 Corinthiens 2.3).

C’est pendant la nuit (ces mots se lisent avant en vision dans Codex Sinaiticus, B, après dans d’autres manuscrits Blass les retranche en se fondant sur A) dans une vision où lui apparut le Seigneur, que Paul entendit ces paroles (comparer Actes 16.9 ; Actes 23.11).

Elles lui donnaient deux raisons puissantes de ne point craindre, de ne point se taire, mais de parler : Je suis avec toi, lui dit le Seigneur (comparer Ésaïe 41.10 ; Jérémie 1.8) ; et : un grand peuple est à moi dans cette ville de Corinthe.

Ce peuple, c’étaient des Juifs encore incrédules ou indifférents, des païens encore inconvertis. Mais Dieu les connaissait, comme lui appartenant dans l’ordre de sa grâce ; ils étaient « ordonnés pour la vie éternelle » (Jean 10.16 ; Jean 11.52).

Il fallait donc que Paul les amenât au Sauveur et il savait maintenant que son œuvre ne serait pas vaine.

11 Et il demeura un an et six mois, enseignant parmi eux la parole de Dieu.

Il poursuit pendant dix-huit mois son séjour et son travail à Corinthe, à la suite de l’importante révélation qu’il venait de recevoir.

De Corinthe l’Évangile se répandit dans toute l’Achaïe (2 Corinthiens 1.1).

C’est pendant ce séjour que Paul écrivit les deux épîtres à l’Église de Thessalonique, les plus anciennes que nous ayons de lui.

12 Mais, Gallion étant proconsul d’Achaïe, les Juifs s’élevèrent d’un commun accord contre Paul, et le menèrent devant le tribunal,

L’Achaïe était le nom d’une province romaine qui comprenait toute la Grèce, avec le Peloponèse.

Le proconsul, ou gouverneur de cette province, résidait à Corinthe.

Gallion était alors revêtu de cette dignité ; il était frère du philosophe Sénèque, qui lui dédia deux de ses principaux ouvrages et qui le loue pour la douceur de son caractère.

Il s’appelait proprement Marcus Annaeus Novatus et le nom de Gallion lui venait du rhéteur Junius Gallion qui l’avait adopté. Il fut plus tard mis à mort par Néron, ainsi que Sénèque, son frère.

13 en disant : Celui-ci persuade les hommes d’adorer Dieu d’une manière contraire à la loi.

Les Juifs jouissaient dans tout l’empire de la liberté de leur culte ; ils espéraient donc que le proconsul s’opposerait à l’enseignement de Paul, qu’ils déclarent contraire à leur loi et qui tendait par conséquent à introduire un culte nouveau (Actes 16.21, note).

L’accusation ressort plus complète de la réponse de Gallion (verset 15).

14 Mais comme Paul allait ouvrir la bouche, Gallion dit aux Juifs : S’il s’agissait, ô Juifs, de quelque injustice ou de quelque méchante action, je vous supporterais, comme de raison ; 15 mais s’il s’agit de discussions sur une doctrine, et sur des noms, et sur votre loi, vous aviserez vous-mêmes ; moi, je ne veux point, être juge de ces choses.

Le proconsul refuse sagement d’entendre cette cause, par la raison que les accusateurs n’articulaient que des griefs religieux.

Il désigne ces griefs comme des discussions sur une parole ou une doctrine, sur des noms, sans doute les noms de Jésus et de Messie que Paul annonçait, sur leur loi, la loi juive que les accusateurs prétendaient être violée par l’enseignement de l’apôtre.

Gallion déclare nettement qu’il ne veut pas être juge d’une telle cause.

Par cette réponse, il établit clairement la distinction entre le délit et la conviction religieuse, entre la politique et la conscience. On peut regretter que Gallion, grâce à son paganisme, parle des choses les plus saintes avec l’indifférence d’un sceptique, mais, comme proconsul, il a fait son devoir.

Si tous les magistrats chrétiens avaient jugé comme ce païen, bien des maux auraient été épargnés à notre humanité.

16 Et il les renvoya du tribunal. 17 Et tous, ayant saisi Sosthène, chef de la synagogue, le battaient devant le tribunal, et Gallion ne s’en mettait nullement en peine.

Le texte reçu porte : tous les Grecs, contre Codex Sinaiticus, B, A et plusieurs versions.

M. Blass conserve ce terme, même dans la recension orientale.

Il faut bien en effet entendre par ce mot, tous, la foule païenne qui haïssait les Juifs.

Il est difficile d’admettre, avec quelques interprètes, que les Juifs eux-mêmes se seraient vengés de leur déconvenue en maltraitant le chef de leur synagogue, parce qu’ils le savaient favorable à Paul.

Sosthène avait sans doute été à la tête de la députation juive et avait porté la parole devant le proconsul. Voyant que celui-ci avait renvoyé les accusateurs avec un peu d’humeur (verset 16), les subalternes du tribunal, aidés de la populace, voulurent faire expier au chef de la synagogue ses mauvaises intentions.

Sosthène avait peut-être succédé dans cette charge à Crispus, après la conversion de ce dernier (verset 8) ou bien il était président d’une autre synagogue.

Quelques interprètes le considèrent comme le même Sosthène que Paul nomme un frère (1 Corinthiens 1.1) et qui aurait été converti dans la suite.

Si Gallion avait fait son devoir en se récusant comme juge dans une cause religieuse, il ne l’accomplissait pas en permettant sous ses yeux, un acte de violence. Évidemment, il condamnait dans son cœur l’envie et le fanatisme que les Juifs venaient de mettre au jour par leur accusation.

18 Or Paul, après être demeuré encore assez longtemps à Corinthe, ayant pris congé des frères, naviguait vers la Syrie, et avec lui Priscille et Aquilas, après s’être fait raser la tête à Cenchrée, car il avait fait un vœu.

Départ de Corinthe

Après avoir prolongé encore son séjour, Paul s’embarque, avec Priscille et Aquilas, pour la Syrie. Il se fait raser la tête à Cenchrée, par suite d’un vœu (18).

Passage à Ephèse

On débarque à Ephèse, où Paul laisse ses compagnons. Il s’entretient dans la synagogue avec les Juifs. Ils veulent le retenir ; il n’y consent point, mais leur promet de revenir s’il plaît à Dieu. Il quitte Ephèse (19-21).

Par Césarée à Antioche

Débarqué à Césarée, il va saluer l’Église de Jérusalem, puis descend à Antioche (22).

Il faut bien remarquer que Paul, en quittant Corinthe, naviguait vers la Syrie, c’est-à-dire que son but était d’arriver à Antioche, d’où il partira pour son troisième voyage de mission (versets 22 et 23).

Les détours qu’il fait à Éphèse (verset 19), à Césarée et peut-être à Jérusalem (verset 21, note) ne lui font point perdre de vue ce but. Du reste, dans ces versets 18-23, le récit de Luc ne renferme que de rapides indications, assez difficiles à, comprendre.

Cenchrée était le port de Corinthe, du côté de l’Asie, sur la mer Égée, à une lieue et demie de la ville. Sur le golfe de Corinthe, la ville avait un autre port nommé Lechaeum, où l’on s’embarquait pour l’Italie et les pays de l’Occident.

Voilà un de ces faits à peine indiqués et qui restent nécessairement obscurs. Et d’abord qui est-ce qui avait fait un vœu ?

D’après la construction grecque, ce peut être ou Paul ou Aquilas. À la suite de la Vulgate, Meyer, Weizsäcker, Blass, Zöckler se prononcent pour Aquilas. Meyer se fonde sur le fait que Luc nomme Aquilas après Priscille, afin de placer son nom immédiatement avant cette phrase : s’étant fait raser la tête. Mais comme Paul est le sujet principal de toute la phrase et comme on ne comprend guère pourquoi Luc noterait ce détail au sujet d’Aquilas, il reste plus probable qu’il s’agit de l’apôtre (Augustin, Luther, Calvin, de Wette, Holtzmann, Barde).

Priscille est aussi nommée la première Actes 18.26 ; Romains 16.3 ; 2 Timothée 4.19. Elle avait sans doute une plus grande part que son mari au travail pour l’Évangile. Mais ce vœu fait par Paul, on en ignore la cause et la nature. On ne saurait, avec de Wette, penser au naziréat (voir Nombres 6.1), car pour se dégager de ce vœu il fallait offrir un sacrifice dans le temple de Jérusalem, où l’on brûlait les cheveux coupés. Or, c’est déjà à Cenchrée que Paul avait accompli son vœu et s’était coupé les cheveux. Il est donc probable qu’il s’était lié par un vœu plus libre, analogue à celui que Josèphe décrit dans la Guerre des Juifs (II, 15, 1) et qui consistait à se laisser pousser les cheveux pendant trente jours, en s’engageant à s’abstenir de toute boisson fermentée.

Y a-t-il lieu de s’étonner de ce que l’apôtre fit usage, pour son édification personnelle, d’une telle pratique religieuse ? Nullement. Il le fera même, dans une autre occasion, par simple condescendance pour ses frères encore attachés aux cérémonies du judaïsme (Actes 21.26). La spiritualité de sa foi le laissait entièrement libre à l’égard de ces choses. Il ne s’y opposait que lorsque d’autres y cherchaient un moyen de salut (comparer Actes 15.2, note).

19 Or ils arrivèrent à Éphèse, et il les y laissa ; et lui, étant entré dans la synagogue, s’entretint avec les Juifs ; 20 et comme ils le priaient de demeurer plus longtemps, il n’y consentit pas,

Paul n’alla à Éphèse, paraît-il, que parce qu’il ne trouva point au port de Cenchrée de navire qui le conduisit directement en Syrie (verset 18, note).

Éphèse, cette grande ville maritime, capitale de l’Asie proconsulaire, deviendra, plus tard, un champ principal de ses travaux ; pour le moment, il ne fait qu’y passer et il y laisse ses compagnons de voyage, Priscille et Aquilas.

Il profite pourtant de son passage pour s’entretenir avec les Juifs, qui reçurent de lui une impression favorable, puisqu’ils le priaient de prolonger son séjour au milieu d’eux.

Il n’y consentit pas, parce qu’il avait devant lui un autre but important (verset 18, 1re note ; comparez verset 22, note).

21 mais ayant pris congé d’eux et dit : Je reviendrai de nouveau vers vous, Dieu voulant. Il partit d’Éphèse.

Le texte reçu (D, majuscules récents) porte : Il me faut absolument faire à Jérusalem la fête qui vient.

Presque tous les critiques, depuis Bengel jusqu’à Tischendorf, omettent ces mots.

Ils ont été ajoutés, soit pour justifier le refus de Paul (verset 20), soit pour expliquer verset 22, si obscur dans sa brièveté.

Mais l’interpolation est très ancienne, car elle se trouve déjà dans les deux versions syriaques, qui remontent au second siècle. M. Blass admet ce passage comme faisant partie de la recension occidentale.

Il ne reste donc de ce verset que la promesse de Paul de revenir de nouveau à Éphèse, Dieu voulant, ajoute-t-il, dans le sentiment d’une humble dépendance. Dieu le voulut, en effet et l’apôtre put non seulement revenir dans cette ville, mais y faire un long séjour (Actes 19.1-10).

22 Et étant débarqué à Césarée, il monta, et après avoir salué l’Église, il descendit à Antioche.

Paul partit d’Éphèse (grec il fut conduit en haut, prit le large) et navigua directement jusqu’à Césarée, capitale politique de la Palestine (Actes 8.40, note).

De là, où alla-t-il ? Luc dit, avec une brièveté qui le rend obscur : étant monté et ayant salué l’Église, il descendit à Antioche.

Les interprètes qui n’admettent pas ici un voyage à Jérusalem pensent que Paul, arrivé au port de Césarée, monta en ville ou sur quelque éminence, où l’Église avait le lieu de ses réunions et qu’après l’avoir saluée, il descendit à Antioche (voir une entrevue pareille avec une Église Actes 21.4-5).

Les termes du texte sont peu favorables à cette interprétation. Monter, descendre sont les mots consacrés pour dire aller à Jérusalem et en revenir (Actes 11.2 ; Actes 15.2 ; Actes 21.12-15 ; Actes 24.11 ; Actes 25.1-9 ; et souvent dans les évangiles).

Il est donc probable que Paul se rendit dans la ville sainte. Mais qu’est ce qui motivait sa visite ?

Si nous en croyons l’indication du texte occidental (verset 21, note), il désirait assister aux solennités d’une fête. Et si cette indication paraît suspecte, on peut s’en tenir à la raison donnée par Luc : voir l’Église de la capitale, la saluer, c’est-à-dire lui témoigner de la déférence.

Ce qui s’y passa plus tard (Actes 21.20 et suivants) montre assez que Paul pouvait éprouver le besoin de faire cette démarche.

23 Et y ayant fait quelque séjour, il en partit, et parcourut de suite le pays de Galatie et la Phrygie, fortifiant tous les disciples.

À travers l’Asie Mineure

Après quelque séjour à Antioche, Paul se remet en route ; il parcourt la Galatie et la Phrygie, fortifiant les disciples (23).

Apollos, à Ephèse, instruit par Priscille et Aquilas

Apollos, Juif alexandrin, versé dans les Écritures, arrive à Ephèse. Il expose avec ferveur et exactitude ce qui concerne Jésus, bien qu’étant seulement disciple de Jean-Baptiste. Il parle hardiment dans la synagogue. Priscille et Aquilas, après l’avoir entendu, l’invitent à venir chez eux et l’instruisent plus complètement du salut en Christ (24-26).

Apollos se rend en Achaïe

Il part muni d’une recommandation des frères d’Ephèse. Arrivé en Achaïe, il rend de grands services, démontrant, dans des discussions publiques avec les Juifs, que Jésus est le Messie (27, 28).

Troisième voyage, séjour à Éphèse et second séjour à Corinthe (18.23 à 20.3)

Versets 23 à 28 — Le départ, Apollos à Éphèse et à Corinthe

Luc ne dit pas quelle fut la durée de ce séjour de l’apôtre à Antioche. Il est probable que ce fut alors qu’eut lieu le conflit entre Paul et l’apôtre Pierre (Galates 2.11 et suivants).

Bientôt après, il partit pour son troisième voyage de mission dans les provinces de l’Asie Mineure.

Ce voyage n’est que brièvement indiqué par Luc, comme l’avait été le second (Actes 16.6), surtout en ce qui concerne la Galatie et la Phrygie.

Il paraît que les sources où puisait notre historien ne le renseignaient pas sur ces parties de l’activité missionnaire de l’apôtre. Il se contente d’en signaler le but fort important : fortifier tous les disciples.

24 Or un Juif, nommé Apollos, originaire d’Alexandrie, homme éloquent et puissant dans les Écritures, arriva à Éphèse.

Apollos, abréviation d’Apollonios, était originaire d’Alexandrie en Égypte, ville célèbre par ses écoles tant Juives que grecques.

Il n’était pas seulement éloquent (le mot grec signifie également savant, scientifiquement cultivé), mais aussi puissant dans les Écritures, c’est-à-dire qu’il les connaissait très bien et qu’il était fort dans l’art de les expliquer.

25 Cet homme avait été instruit dans la voie du Seigneur, et, étant fervent d’esprit, il parlait et enseignait exactement ce qui regardait Jésus, bien qu’il n’eût connaissance que du baptême de Jean.

Ce dernier mot montre clairement comment il faut entendre tout ce qui précède au sujet d’Apollon.

Il en était au point où le baptême de Jean, c’est-à-dire tout son ministère avait conduit les âmes : la repentance, le profond besoin d’une rédemption et la conviction que Jésus était le Messie, « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ».

Chez un homme fervent d’esprit, doué d’une vive intelligence et d’une âme ardente (l’esprit n’est pas ici le Saint-Esprit), comme l’était Apollos, cette connaissance, si incomplète fut-elle, n’était pas sans porter du fruit dans sa vie, elle le mettait à même d’être une lumière pour les autres.

Aussi Luc peut-il dire qu’il avait été instruit dans la voie du Seigneur (D ajoute : dans sa patrie, en Égypte) et qu’il était capable d’enseigner exactement ce qui regardait Jésus, le Messie, le Sauveur d’Israël.

Ce qui lui manquait, c’était le baptême du Saint-Esprit, exactement comme à ces autres disciples de Jean dont il est parlé à Actes 19.1 et suivants.

Il y a, en pleine chrétienté, beaucoup d’âmes qui en sont pratiquement au même point, qui savent que Jésus est le Sauveur, mais ne sont jamais encore parvenues jusqu’à la Pentecôte de l’Esprit.

La voie du Seigneur, et, au verset suivant, la voie de Dieu, signifie, non seulement la doctrine, mais la direction de la vie qui tend vers Dieu, qui conduit à lui (comparer Actes 9.2 ; Actes 19.9-23 ; Actes 22.4 ; etc.).

D’après le texte reçu, Apollos enseignait ce qui regardait le Seigneur, au lieu de Jésus (comparer verset 28).

26 Et cet homme commença de parler avec assurance dans la synagogue. Et quand Priscille et Aquilas l’eurent entendu, ils le prirent avec eux et lui exposèrent plus exactement la voie de Dieu.

On voit par ce récit qu’Aquilas et Priscille, qui se trouvaient alors à Éphèse (verset 19), suivaient encore le culte de la synagogue.

C’est là qu’ils entendirent Apollos parler avec assurance (grec s’enhardir).

Ce couple fidèle comprit aussitôt ce qui manquait à l’éloquent prédicateur, et, l’ayant pris avec eux, invité dans leur maison, ils lui exposèrent plus exactement et plus complètement la voie de Dieu, c’est-à-dire l’œuvre de la rédemption accomplie par Jésus-Christ, et, spécialement, celle de la régénération opérée par le Saint-Esprit.

Le savant Alexandrin se montra assez humble pour recevoir instruction de ces modestes fabricants de tentes.

Priscille est nommée avant Aquilas d’après le texte de Codex Sinaiticus, B, A, E.

27 Or comme il voulait passer en Achaïe, les frères l’y encouragèrent et écrivirent aux disciples de le bien recevoir. Quand il fut arrivé, il se rendit, par la grâce, très utile à ceux qui avaient cru,

Apollos voulut aller en Achaïe, c’est-à-dire sans doute à Corinthe, ayant appris par Aquilas et Priscille les premiers succès de Paul dans cette ville.

Les frères qui se trouvaient déjà à Éphèse, à la suite du court séjour de l’apôtre (verset 19), l’y encourageant, écrivirent aux fidèles de Corinthe de le bien recevoir, comme un serviteur de Dieu.

Ainsi traduisent Calvin, Bèze, Weizsäcker, Holtzmann, Wendt et cette traduction nous paraît le plus conforme à la construction de la phrase.

Luther, Meyer, Zöckler traduisent : « Les frères écrivirent aux disciples les engageant à le recevoir ». D et les versions syriaques ont ici une importante addition, qui nous apprend comment Apollos fut amené à se rendre à Corinthe : « Quelques Corinthiens séjournant à Éphèse et l’ayant entendu, l’exhortèrent à passer (la mer) avec eux dans leur patrie. Et lui, ayant consenti, les Éphésiens écrivirent aux disciples à Corinthe, afin qu’ils reçussent bien cet homme ».

C’est-à-dire que, par la grâce divine, qui accompagnait sa prédication, Apollos se rendit très utile aux croyants de Corinthe, il contribua à les éclairer, à les affermir dans la foi.

Paul avait planté, Apollos arrosa.
— (1 Corinthiens 3.6) Bengel

On sait d’ailleurs, par les épîtres de Paul qu’Apollon exerça une grande influence sur l’Église de Corinthe (1 Corinthiens 1.12 ; 1 Corinthiens 3.5 ; 1 Corinthiens 4.6).

28 car il réfutait publiquement les Juifs, avec une grande force, démontrant par les Écritures que Jésus est le Christ.

Il réfutait les objections des Juifs en y mettant toute la force de son talent et de son âme ardente.

Le mot publiquement peut s’entendre de la synagogue ou encore d’autres réunions où parlait Apollos.

L’objet positif de ces démonstrations était de prouver par les Écritures, dans lesquelles il était puissant (verset 24), que Jésus était le Christ, le Messie. C’était là en effet, la grande vérité dont il s’agissait, avant tout, de convaincre les Juifs.