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2 Samuel 5
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de 2 Samuel 5

Règne de David à Jérusalem sur tout Israël (chapitres 5 à 9)

Chapitre 5 — Établissement du règne de David sur tout Israël, prise de Jérusalem, défaite des Philistins

Une série de dispensations merveilleuses avait préparé ce moment, sans que David lui-même y eût mis la main. Saül et Jonathan étaient tombés à Guilboa ; Isboseth et Abner, ces derniers soutiens de la maison de Saül, avaient péri par trahison. Ainsi tout ce qui aurait pu faire obstacle à son avènement au trône avait été enlevé sans son concours ; David pouvait s’appliquer ce qu’il a dit lui-même du Messie promis dans le Psaume 110 : L’Éternel a fait de tes ennemis le marche-pieds de tes pieds. Le peuple lui-même reconnut dans ces dispensations la main de Dieu et ses chefs vinrent le lui déclarer pendant qu’il demeurait encore à Hébron.

1 Et toutes les tribus d’Israël vinrent auprès de David, à Hébron, et lui dirent : Nous voici ; nous sommes tes os et ta chair.

Par ces mots : Nous sommes tes os et ta chair, ils veulent dire que David appartient par le sang, non seulement à la tribu de Juda, mais au peuple entier. Ainsi cessa la division qui avait existé entre Israël et Juda et fut rétablie pour un temps l’unité nationale.

2 Ci-devant déjà, lorsque Saül était notre roi, c’est toi qui menais et ramenais Israël, et l’Éternel t’a dit : C’est toi qui seras le berger de mon peuple d’Israël, et c’est toi qui seras le prince d’Israël.

C’est toi qui menais… Voir 1 Samuel 18.5.

L’Éternel t’a dit. Voir à 2 Samuel 3.18.

3 Et tous les Anciens d’Israël vinrent vers le roi à Hébron, et le roi David fit alliance avec eux à Hébron, devant l’Éternel, et ils oignirent David pour roi sur Israël.

Ils oignirent David : voir 2 Samuel 2.4.

4 David avait trente ans lorsqu’il devint roi ; il règna quarante ans. 5 Il régna à Hébron sur Juda sept ans et six mois, et à Jérusalem trente-trois ans sur tout Israël et Juda.

Jérusalem. Sur le sens de ce nom, voir Genèse 14.18, note. Hébron, chef-lieu naturel de la tribu de Juda, était une position trop excentrique pour servir de capitale à tout Israël. Jérusalem avait une situation plus centrale et, comme elle était en Benjamin, c’était là une espèce de compensation offerte à la tribu du précédent roi, sans pourtant que Juda, sur les confins duquel elle se trouvait, pût en éprouver du mécontentement. Mais c’est surtout la force naturelle de cette place qui engagea le nouveau souverain à en faire sa capitale et le centre de la vie nationale. On a dit avec raison que, par cette mesure géniale, David est devenu le fondateur de l’État israélite.

6 Et le roi marcha avec ses hommes sur Jérusalem, contre les Jébusiens qui habitaient le pays. Et ils dirent à David : Tu n’entreras pas ici, à moins que tu n’aies repoussé les aveugles et les boiteux ! C’était pour dire : David n’entrera point ici.

Qui habitaient le pays : qui avaient échappé à la destruction générale des Canaéens, sans doute grâce à la situation inexpugnable de leur forteresse.

À moins que tu n’aies repoussé… Les plus faibles défenseurs suffiront pour t’empêcher d’entrer, en raison de la force naturelle de notre ville. Voir au verset 9.

7 Et David s’empara de la forteresse de Sion : c’est la cité de David.

Sion. Ce nom, que l’on explique diversement (brûlé du soleil ; rocher dressé ou rocher brillant ; château fort) désignait originairement la colline orientale de Jérusalem, sur laquelle fut bâtie le temple ; voir à Ésaïe 2.2 ; Michée 4.1 ; Michée 4.8 ; Jérémie 34.4, notes. Il a été appliqué plus tard à la ville entière et depuis le moyen-âge spécialement à la colline occidentale. Beaucoup de savants pensent encore aujourd’hui qu’il désigne ici et ailleurs cette seconde localité ; voir le verset 9.

8 Et David dit ce jour-là : Quiconque battra les Jébusiens et atteindra les créneaux, et les boiteux et les aveugles, ennemis de David… C’est pourquoi l’on dit : L’aveugle et le boiteux n’entreront point dans la maison.

La phrase n’est pas achevée. D’après 1 Chroniques 11.6, elle se terminait par les mots : Sera chef et prince, ce qui peut s’appliquer à une dignité soit militaire, soit civile, celle de général de l’armée ou de gouverneur de la ville.

Atteindra les créneaux. Le sens donné ici au mot hébreu est absolument hypothétique. Ce terme se retrouve Psaumes 42.7, où il parait signifier vague ou cataracte (d’un verbe qui signifie : faire du bruit). C’est pourquoi plusieurs pensent qu’il s’agissait de chercher à pénétrer dans la forteresse par un canal intérieur communiquant avec la fontaine dite de Marie, dont l’eau jaillit au pied de la colline, dans la vallée du Cédron et qui alimentait d’eau la forteresse. Mais la récompense promise par David fait penser à un exploit d’une autre nature. C’est pourquoi, avec un grand nombre d’interprètes, nous préférons la traduction adoptée.

Et les boiteux et les aveugles. David désigne ici tous les Jébusiens par les termes qu’ils avaient employés eux-mêmes en parlant de leurs invalides.

C’est pourquoi l’on dit. La mention de ce dicton est évidemment amenée par les derniers mots : Ennemis de David. Mais il est impossible aujourd’hui d’en comprendre la portée et même de déterminer de quelle maison il est question.

9 Et David s’établit dans la forteresse et l’appela cité de David. Et David bâtit tout à l’entour, depuis Millo et au-dedans.

La forteresse. Les uns placent, avec la tradition et peut-être déjà avec Josèphe, la forteresse sur la colline occidentale qui est la plus élevée, mais aussi la plus accessible ; les autres la placent sur la colline de l’est, celle du temple. Ces deux collines sont séparées par une vallée, jadis très profonde, dirigée du nord au sud, le Tyropéon ou vallée des Fromagers. La colline orientale forme un triangle dont la pointe tournée au sud s’incline graduellement. Les côtés est et ouest sont coupés à pic ; il n’est accessible que par le nord. Cette position en quelque sorte inexpugnable rend mieux compte de la sécurité arrogante qu’exprime la moquerie des Jébusiens quand ils voient David prêt à attaquer leur forteresse. Il est à remarquer encore que, tandis que la colline de l’ouest manque de sources permanentes, celle de l’est possède, comme nous l’avons dit, une source abondante. Ces considérations, ainsi que les nombreux passages où Sion et la colline du temple sont identifiés, nous paraissent faire pencher la balance en faveur de la seconde manière de voir. Voir à Néhémie 3.15. D’après cela, la forteresse jébusienne, que remplaça bientôt la ville de David, aurait été située sur l’emplacement s’étendant au sud du temple, là où commence la pente d’Ophel qui descend par degrés jusque vers le lieu où se rencontrent la gorge du Tyropéon et la vallée du Cédron.

Bâtit tout à l’entour : il entoura toute cette localité d’un mur d’enceinte.

Millo. Ce mot, que nous avons déjà rencontré Juges 9.6 où il désignait une tour fortifiée, signifie proprement remplissage, remblai. Il paraît désigner ici un ouvrage de fortification qui barrait la vallée de Tyropéon et unissait le colline orientale à l’occidentale. Ce passage partait de la partie sud de la terrasse où fut bâti le temple. C’était un remblai qui servait à protéger la ville haute, assez accessible par la vallée du Tyropéon, contre les surprises de l’ennemi. Wilson a retrouvé en cet endroit les restes d’un pont et encore à cette heure on reconnaît l’existence de cet antique remblai à la pente qui se fait sentir de ce point du Tyropéon et vers le nord et vers le sud. Cet ouvrage commencé par David fut ensuite agrandi par Salomon (1 Rois 9.15 ; comparez 1 Rois 11.27). Il ne faut pas confondre les restes des piliers enfouis sous le sol actuel et retrouvés par Wilson avec l’arc de Robinson, qui est le commencement d’un autre pont situé plus au sud, à l’angle sud-ouest de la terrasse du temple et qui servait à la communication entre les deux villes ; il ne fut construit que plus tard, au temps des Hérodes (nous devons une partie des renseignements qui nous ont éclairci ce point à M. Schneller, fils, pasteur à Cologne).

Et au-dedans : il bâtit aussi des maisons en dedans de l’enceinte fortifiée.

10 Et David allait s’avançant et grandissant, et l’Éternel, Dieu des armées, était avec lui. 11 Et Hiram, roi de Tyr, envoya à David des messagers et du bois de cèdre et des charpentiers et des maçons, qui bâtirent une maison à David.

Hiram. Ce trait de la faveur dont jouissait David auprès d’un puissant roi voisin, paraît être mentionné comme preuve de la grandeur et de la réputation croissante de David. Rien ne nous oblige donc d’admettre qu’il soit ici à sa place chronologique ; il peut appartenir à une époque postérieure de la vie de David.

D’après 1 Rois 9.11, Hiram vivait encore après la vingtième année du règne de Salomon ; cependant, d’après Josèphe et les sources tyriennes où puisait cet historien, il n’a régné que trente-quatre ans. Comment donc, si David a bâti son palais immédiatement après la prise de Jébus, c’est-à-dire trente-trois ans avant la fin de son règne, Hiram aurait-il pu régner encore au temps de Salomon ? On pourrait penser qu’il s’agit ici du père du roi Hiram contemporain de Salomon qui selon les documents tyriens s’appelait Abibaal, mais qui pouvait porter aussi le nom dynastique d’Hiram ; mais 2 Chroniques 2.3 où Salomon demande à Hiram d’agir envers lui comme il a agi envers son père, ne permet pas cette solution. Ou bien ce passage des Chroniques renferme une inexactitude, en identifiant le Hiram de Salomon avec son père, ou bien la durée du règne d’Hiram indiquée par Josèphe est fausse, ou bien enfin il faut placer la construction du palais de David à une époque beaucoup plus tardive que celle où nous sommes arrivés.

Cèdre. Jusqu’alors, on ne bâtissait guère en Palestine qu’avec du bois de sycomore et au moyen de briques (Ésaïe 9.10). Du moment où il s’agissait de bâtir un palais, il fallait des ouvriers habiles à tailler la pierre et le bois de cèdre, plus précieux que tout autre, la Phénicie possédait dès longtemps de tels ouvriers.

12 Et David reconnut que l’Éternel l’affermissait comme roi sur Israël et qu’il élevait son royaume à cause de son peuple d’Israël.

Ce verset se rattache directement au verset 10. Les versets 13 à 15 donnent une nouvelle preuve de la manière dont David, à mesure qu’il croissait en richesses et en puissance, adopta peu à peu les mœurs des monarques orientaux. Le nom de Salomon, mentionné verset 14, montre que nous avons ici une énumération anticipée. Cette liste se trouve de nouveau avec quelques modifications dans 1 Chroniques 3.5-8 ; 1 Chroniques 14.4-7. Elle correspond à celle des fils de David qui lui naquirent à Hébron (2 Samuel 3.2-5).

13 Et David prit encore des concubines et des femmes de Jérusalem, après qu’il fut venu d’Hébron, et il naquit encore à David des fils et des filles. 14 Et voici les noms de ceux qui lui naquirent à Jérusalem : Sammua, Sobab, Nathan, Salomon, 15 Jibhar, Élisua Népheg, Japhia, 16 Élisama, Eljada et Éliphélet. 17 Et quand les Philistins apprirent qu’on avait oint David pour roi sur Israël, tous les Philistins montèrent pour chercher David. Et David l’apprit et descendit au lieu fort.

Première guerre, de David avec les Philistins (17-25)

Cette guerre paraît avoir eu lieu avant la conquête de Jébus et immédiatement après que David eut quitté Tsiklag et été reconnu roi d’Israël à Hébron. Ainsi s’explique, l’expression pour chercher David. Après la prise de Jébus, les Philistins auraient su où le trouver.

Au lieu fort. Ce lieu fort n’était certainement pas la forteresse de Jébus, qui serait désignée plus clairement. Ce ne peut être non plus le lieu fort de 1 Samuel 23.4, en Moabitie ; c’est probablement celui dont il est parlé 1 Samuel 22.1 et 2 Samuel 23.14, qui se trouvait près de Bethléem. David, averti de l’invasion des Philistins, descendit d’Hébron à leur rencontre. Mais ceux-ci, passant plus au nord, pénétrèrent jusque tout près de Jérusalem.

18 Et les Philistins vinrent et se répandirent dans la vallée des Réphaïm.

Vallée des Réphaïm : voir à Josué 15.8.

19 Et David consulta l’Éternel, en disant : Monterai-je contre les Philistins ? Les livreras-tu entre mes mains ? Et l’Éternel dit à David : Monte, car certainement je livrerai les Philistins entre tes mains. 20 Et David vint à Baal-Pératsim et les battit là. Et il dit : L’Éternel a dispersé mes ennemis devant moi comme des eaux qui s’écoulent. C’est pourquoi on donna à ce lieu le nom de Baal-Pératsim.

Baal-Pératsim, maître des brèches ; possédant des brèches ; c’est-à-dire lieu muni de brèches, c’était sans doute un lieu par où les Philistins s’étaient dispersés et enfuis comme l’eau qui s’échappe à travers une digue rompue ; voir sur le mot pérets, dont nous avons ici le pluriel, Genèse 38.29 et 2 Samuel 6.8. Cet endroit, qui n’est mentionné ailleurs que dans Ésaïe 28.21 (où cet événement est rappelé), est ainsi nommé par anticipation, car il n’a reçu son nom qu’à cette occasion.

21 Et ils abandonnèrent là leurs idoles, et David et ses gens les emportèrent. 22 Et les Philistins montèrent encore une fois et se répandirent dans la vallée des Réphaïm.

Nouvelle expédition des Philistins, spécialement racontée pour faire ressortir la différence d’avec la première dans la réponse de l’Éternel et le mode de la victoire.

Pour le moment, il suffit à David d’avoir repoussé l’ennemi ; plus tard il lui rendra victorieusement les procédés hostiles dont il est en ce moment l’objet (2 Samuel 8.1). Plusieurs traits remarquables de ces guerres avec les Philistins seront encore mentionnés dans la suite de notre livre (2 Samuel 23.9 ; 2 Samuel 23.14).

23 Et David consulta l’Éternel, et il lui dit : Ne monte pas ; tourne-les par derrière et tu arriveras sur eux du côté des mûriers.

Par derrière. La première fois l’attaque avait eu lieu du côté du sud, cette fois-ci elle a lieu du côté du nord.

Mûriers. Le sens exact du mot hébreu est inconnu.

24 Et quand tu entendras un bruit de pas dans les cimes des mûriers, alors attaque vivement, car alors l’Éternel est sorti à votre tête pour battre l’armée des Philistins.

Quand tu entendras. Dieu lui-même donnera le signal de l’attaque.

Un bruit de pas. C’est l’armée céleste dont la marche aérienne doit entraîner l’armée de David et lui garantir la victoire. Ce trait si dramatique n’a pas d’analogue dans toute l’histoire sainte. Cet exemple prouve que la révélation divine par l’Urim et le Thummim n’était pas une simple réponse par oui et non à une alternative posée par le grand sacrificateur.

25 Et David fit comme l’Éternel le lui ordonnait, et il battit les Philistins depuis Guéba jusqu’à Guézer.

Guéba : voir Josué 18.24. Les Philistins s’étaient répandus vers le nord dans toute la contrée. Dans 1 Chroniques 14.16, c’est Gabaon qui est indiquée comme point d’attaque.

Guézer : sur la limite d’Éphraïm et de la Philistie (Josué 16.3).