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2 Rois 4
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de 2 Rois 4

Miracles d’Élisée (4.1 à 6.7)

La série des six miracles d’Élisée, ici racontés de suite, appartient à la tradition populaire et ne prétend point à une succession chronologique ; ainsi 2 Rois 5.27 a dû se passer après 2 Rois 8.4 et peut-être 2 Rois 6.24 avant 2 Rois 6.23. Ce sont des faits de nature privée, qui sont sans rapport direct avec la vie politique du royaume, à laquelle reviendront les chapitres suivants en racontant l’influence d’Élisée dans ce domaine.

1 Et une femme d’entre les femmes des fils des prophètes cria à Élisée, disant : Ton serviteur, mon mari, est mort, et tu sais toi-même que ton serviteur craignait l’Éternel ; et le créancier est venu pour prendre mes deux enfants et s’en faire des esclaves.

L’huile de la veuve (1-7)

D’entre les femmes des fils des prophètes. La vie de ces hommes de Dieu n’était donc pas celle du cloître ; il y avait parmi eux des hommes mariés.

Le créancier est venu… Les prophètes ne vivaient pas en commun, comme dans les ordres monastiques. Sur ce droit du créancier, voir Lévitique 25.39 ; Ésaïe 50.1 ;Matthieu 18.25.

Esclaves, jusqu’à l’année du jubilé.

2 Et Élisée lui dit : Que ferai-je pour toi ? Qu’as-tu à la maison ? Déclare-le-moi. Et elle lui dit : Ta servante n’a plus rien à la maison, si ce n’est une goutte d’huile.

Qu’as-tu à la maison ? Dieu maintient toujours une relation entre son secours et les ressources naturelles, si exiguës soient-elles ; comparez les cinq pains et les deux poissons dans le récit de la multiplication des pains, Jean 6.9 et 1 Rois 18.13-16.

Une goutte d’huile, littéralement : une onction d’huile, de l’huile de quoi s’oindre une seule fois ; donc une très faible quantité. L’huile en Orient est la base indispensable de l’alimentation.

3 Et Élisée lui dit : Va, demande dehors des vases à tous tes voisins, des vases vides, pas trop peu. 4 Et tu reviendras et tu fermeras la porte sur toi et sur tes fils, et tu verseras dans tous ces vases ; et quand l’un sera plein, tu le mettras de côté.

Tu fermeras la porte. Élisée veut le recueillement et il craint toute ostentation.

5 Et elle s’en alla d’avec lui et ferma la porte sur elle et sur ses fils ; ils lui apportaient les vases et elle versait. 6 Et lorsque les vases furent pleins, elle dit à son fils : Apporte-moi encore un vase. Et il lui dit : Il n’y a plus de vase. Et l’huile s’arrêta.

À son fils : à celui de ses deux fils qui lui apportait les vases vides.

7 Et elle vint le raconter à l’homme de Dieu, et il lui dit : Va vendre l’huile et acquitte ta dette, et toi avec tes fils tu vivras de ce qui restera.

Elle vint le raconter… Elle ne veut pas disposer de cette huile sans le consentement du prophète.

Acquitte ta dette, avant tout, puis tu emploieras pour toi-même ce qu’il y aura de plus.

Ce qui restera. Dieu ne se borne pas à ôter la dette ; il accorde par surcroît un don positif.

8 Et il arriva qu’un jour Élisée passait par Sunem, et il y avait là une femme riche, et elle le pressa de manger ; et toutes les fois qu’il passait, il s’arrêtait là pour manger.

La résurrection du fils de la Sunamite (8-37)

Sunem, dans la tribu d’Issacar (Josué 19.18), au pied sud de la colline de Moreh.

Passait par Sunem : dans ses tournées, quand il visitait les groupes des prophètes ou les familles pieuses israélites.

9 Et cette femme dit à son mari : J’ai reconnu que c’est un saint homme de Dieu, celui qui passe toujours chez nous ; 10 faisons une petite chambre haute en maçonnerie, et nous y mettrons pour lui un lit, une table, un siège et un chandelier, et quand il viendra chez nous, il logera là.

Cette femme pieuse fera l’expérience de la parole de Jésus, Matthieu 10.41.

11 Et il arriva un jour qu’Élisée vint à Sunem, et il entra dans la chambre haute et y coucha. 12 Et il dit à Guéhazi, son serviteur : Appelle cette Sunamite. Et Guéhazi l’appela et elle se tint devant lui.

Guéhazi (vallée de la vision). On a supposé que ce nom lui venait de ce qu’il était originaire d’une vallée où se trouvait une école de prophètes.

Devant lui : devant Élisée. Mais les mœurs orientales ne permettent pas qu’un homme s’entretienne seul avec une femme (Jean 4.27).

13 Et il dit à Guéhazi : Dis-lui : Voici, tu as pris toute cette peine pour nous. Que faire pour toi ? Y a-t-il quelque chose à demander pour toi au roi, ou au chef de l’armée ? Et elle dit : J’habite au milieu de mon peuple.

À demander au roi. Le prophète avait rendu des services au roi et pouvait en rendre encore (2 Rois 3.16 ; 2 Rois 6.9). On avait donc des égards pour lui.

J’habite au milieu de mon peuple : tranquille dans ma maison, sans avoir rien à redouter de personne ; je n’ai aucune faveur à demander.

14 Et Élisée dit : Que faire pour elle ? Et Guéhazi dit : Mais ! Elle n’a point de fils et son mari est vieux. 15 Et Élisée dit : Appelle-la !
Et Guéhazi l’appela et elle se tint sur la porte.

Appelle-la. La femme s’était retirée de devant Guéhazi après la réponse du verset 13.

16 Et il dit : À cette époque, l’an prochain, tu embrasseras un fils. Et elle dit : Non, mon seigneur, homme de Dieu, ne trompe pas ta servante.

Expressions identiques à celles de Genèse 18.10.

17 Et cette femme conçut et enfanta un fils à cette même époque, l’année suivante, comme il lui avait dit. 18 Et l’enfant grandit, et un jour il sortit vers son père, vers les moissonneurs, 19 et il dit à son père : Ma tête, ma tête !
Et le père dit au serviteur : Porte-le à sa mère.

Insolation (Psaumes 121.6). L’époque de la moisson est une des plus chaudes de l’année.

20 Et celui-ci l’emporta et l’amena à sa mère. Et l’enfant demeura sur les genoux de sa mère jusqu’à midi, et il mourut. 21 Et elle monta, et le coucha sur le lit de l’homme de Dieu, et elle ferma la porte sur lui et sortit. 22 Et elle appela son mari et dit : Envoie-moi un des serviteurs et une des ânesses ; je veux courir jusque chez l’homme de Dieu, et revenir. 23 Et il lui dit : Qu’y a-t-il, que tu veuilles aller vers lui aujourd’hui ? Ce n’est ici ni jour de nouvelle lune, ni sabbat. Et elle dit : Tout va bien.

Nouvelle lune : voir à Nombres 28.11 et suivants.

Sabbat : voir à Lévitique 23.3. Il paraît que ces jours, signalés par des cultes spéciaux dans le temple, étaient aussi célébrés loin du temple par des réunions d’édification présidées par les prophètes. C’était dans le royaume des dix tribus une compensation indispensable, pour le culte légitime qui manquait aux fidèles ; voir Amos 8.5. Le prophétisme avait pris ainsi dans le royaume du nord le rôle qu’y avaient autrefois rempli les Lévites.

Tout va bien : elle craint de donner une trop forte secousse à sa foi moins ferme que la sienne et préfère porter seule le fardeau de l’épreuve, car elle connaît le secours.

24 Et elle bâta l’ânesse et dit à son serviteur : Chasse [l’ânesse] et marche, ne m’arrête pas dans ma course, à moins que je ne te le dise. 25 Et elle partit et vint vers l’homme de Dieu sur la montagne du Carmel ; et lorsque l’homme de Dieu la vit de loin, il dit à Guéhazi, son serviteur : C’est cette Sunamite.

De Sunem au point du Carmel le plus rapproché, il y a environ trente kilomètres.

26 Maintenant cours à sa rencontre et dis-lui : Tout va-t-il bien pour toi, tout va-t-il bien pour ton mari, tout va-t-il bien pour l’enfant ? Et elle dit : Tout va bien.

Tout va bien. C’est une manière de l’écarter ; elle ne veut avoir affaire qu’à Élisée.

27 Et elle vint vers l’homme de Dieu, sur la montagne, et elle embrassa ses pieds ; et Guéhazi s’approcha pour la repousser. Mais l’homme de Dieu lui dit : Laisse-la, car son âme est dans l’amertume, et l’Éternel me l’a caché et ne me l’a point fait connaître.

Elle embrassa ses pieds. Guéhazi ne comprend pas le contraste entre sa retenue précédente et sa manière d’agir actuelle.

L’Éternel me l’a caché. Le prophète était habitué à être traité par l’Éternel comme son intime (Genèse 18.17 ; Amos 3.7).

28 Et elle dit : Avais-je demandé un fils à mon seigneur ? N’avais-je pas dit : Ne me trompe pas.

Avais-je demandé un fils… ? Manière de dire, sans l’articuler, que son fils est mort. Ce prétendu don n’était donc, comme je l’avais soupçonné, qu’une tromperie !

29 Et Élisée dit à Guéhazi : Ceins tes reins, prends mon bâton dans ta main et pars. Si tu rencontres quelqu’un, ne le salue pas, et si quelqu’un te salue, ne lui réponds pas, et tu poseras mon bâton sur la figure de l’enfant.

Guéhazi, plus jeune, arrivera plus tôt.

Prends mon bâton. L’accent est sur le mot mon.

Ne le salue pas. Les salutations orientales sont quelque chose de beaucoup plus long que les nôtres.

30 Et la mère de l’enfant dit : Par la vie de l’Éternel et par ta propre vie, je ne te laisse pas !
Et Élisée se leva et la suivit.

La mère de l’enfant. C’est son titre à cette hardiesse et à cette persistance.

31 Et Guéhazi arriva avant eux et posa le bâton sur le visage de l’enfant. Mais il n’y eut ni voix, ni mouvement. Et il s’en revint à la rencontre d’Élisée, et le lui annonça, disant : L’enfant ne s’est pas réveillé. 32 Et Élisée arriva à la maison, et voici l’enfant était mort, couché sur son lit. 33 Et Élisée entra et ferma la porte sur eux deux, et il pria l’Éternel.

Et il se retira d’auprès de l’enfant, après s’être étendu sur lui pour chercher à le vivifier.

Çà et là dans la maison : dans un grand trouble intérieur, qui se manifestait par l’agitation extérieure et qui allait croissant à mesure qu’il voyait la mort moins docile à son action qu’elle ne l’avait été au pouvoir d’Élie.

Eternua. On a observé que l’éternuement dégage le cerveau. L’enfant était mort d’une ma ladie cérébrale.

34 Et il monta et se coucha sur l’enfant, et il plaça sa bouche sur sa bouche, et ses yeux sur ses yeux, et ses mains sur ses mains, et il s’étendit sur lui, et la chair de l’enfant se réchauffa ; 35 et il se retira et il allait çà et là dans la maison, et il remonta et s’étendit sur lui. Et l’enfant éternua jusqu’à sept fois, et l’enfant ouvrit les yeux. 36 Et Élisée appela Guéhazi et lui dit : Appelle cette Sunamite !
Et il l’appela et elle vint vers lui. Et Élisée dit : Prends ton fils. 37 Et elle vint et se jeta à ses pieds, et se prosterna contre terre, et elle prit son fils et sortit. 38 Et Élisée revint à Guilgal ; et la famine était dans le pays. Et les fils des prophètes étant assis devant lui, il dit à son serviteur : Mets la grande marmite et cuis du potage pour les fils des prophètes.

Le potage assaini (38-41)

Revint : dans ses tournées ordinaires. Guilgal : voir à 2 Rois 2.1.

La famine. Si cette famine est la même que celle de 2 Rois 8.1 et suivants, ce nouveau récit doit être placé longtemps après le précédent.

Étant assis devant lui : réunis autour de lui pour l’entendre (Ézéchiel 8.1). Il y avait une vaste salle qui servait sans doute à la fois de salle de réunion et de salle à manger.

39 Et un de ceux-ci sortit aux champs pour cueillir des herbes, et il trouva des plantes grimpantes, sur lesquelles il cueillit des concombres sauvages, plein son habit, et il vint et les coupa dans la marmite du potage, car on ne savait pas ce que c’était.

Des herbes : pour assaisonner le potage.

Concombres sauvages ou coloquintes : cette plante, pousse des sarments et des feuilles semblables à celles des concombres de nos jardins. Le fruit est d’un jaune-vert, de la grosseur d’une orange, mais allongé. Il est si amer qu’on l’a surnommé le fiel de la terre. On peut aisément le confondre avec le concombre.

40 Et on leur en servit à manger. Et lorsqu’ils mangèrent de ce potage, ils poussèrent un cri et dirent : La mort est dans la marmite, homme de Dieu !
Et ils ne purent manger. 41 Et Élisée dit : Alors apportez de la farine !
Et il en jeta dans la marmite, et dit : Sers-les et qu’ils mangent. Et il n’y avait plus rien de mauvais dans la marmite.

De la farine. Comme symbole et véhicule de la puissance adoucissante qui doit assainir le suc de la plante ; comparez le sel 2 Rois 2.21.

42 Et un homme vint de Baal-Salisa, et apporta à l’homme de Dieu du pain de prémices, vingt pains d’orge, et du grain frais dans sa besace. Et Élisée dit : Donne-leur cela et qu’ils mangent.

Multiplication des pains (42-44)

Baal-Salisa : peut-être identique avec Salisa de 1 Samuel 9.4 ou avec un Beth-Salisa dont parlent Eusèbe et Jérôme, à 25 km au nord de Lydde.

Apporta à l’homme de Dieu. D’après Nombres 18.13 et Deutéronome 18.4, les prémices de tous les produits du pays devaient être apportées à l’Éternel pour l’entretien des sacrificateurs et des Lévites. Cet Israélite pieux envisage le prophète et ses disciples comme les porteurs du vrai sacerdoce.

Du grain frais, rôti dans l’épi, puis froissé et moulu (Lévitique 2.14).

43 Et celui qui le servait dit : Comment servirais-je cela à cent hommes ? Et il dit : Donne-leur cela et qu’ils mangent ! Car ainsi a dit l’Éternel : On fera des restes.

Cent hommes. Nous voyons combien les écoles de prophètes étaient prospères dans ce temps d’infidélité générale.

44 Et il les servit, et ils mangèrent et laissèrent des restes, selon la parole de l’Éternel.