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1 Jean 1
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de 1 Jean 1

La Parole de la vie, objet de l’expérience des apôtres et des premiers témoins de Jésus-Christ

Ce qui existait dès le commencement, l’auteur et ceux qui, comme lui, ont vécu avec Jésus, l’ont entendu, vu et touché en celui qui était la Parole de la vie ; car la vie éternelle, qui était auprès du Père, leur est apparue ; ils l’attestent et annoncent ce qu’ils ont vu (1, 2).

Leur témoignage destiné à mettre les lecteurs aussi en communion avec le Père et le Fils

Le but de l’auteur en écrivant cette épître est d’établir ses lecteurs dans la communion qu’il a lui-même avec le Père et le Fils et de rendre ainsi sa joie complète (3, 4).

1 Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la Parole de la vie ;

Le témoignage apostolique concernant la Parole de la vie (1-4)

2 (et la vie a été manifestée, et nous l’avons vue, et nous en rendons témoignage, et nous vous annonçons cette vie éternelle qui était avec le Père et qui nous a été manifestée), 3 ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous ayez, vous aussi, communion avec nous ; et notre communion à nous est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ ;

Les quatre premiers versets ne forment qu’une seule phrase, dans laquelle l’apôtre donne essor aux sentiments de son cœur débordant de reconnaissance.

Il désigne par un pronom neutre, quatre fois répété, le grand sujet dont il va parler : la manifestation de la vie en Celui qu’il appelle la Parole de la vie (verset 1) ; puis, dans une parenthèse où les pensées se pressent également, il affirme que la vie a été manifestée (verset 2) et enfin il déclare quel est le but de son écrit : associer ses frères à la vie qu’il possède dans la communion du Père et du Fils (versets 3 et 4).

La Parole de la vie est celle que Jean caractérise dans le prologue de son Évangile : c’est Dieu se révélant et s’unissant à notre humanité en la personne de son Fils.

Ce Fils de Dieu, Jean préfère ne pas le nommer, tout en laissant sentir au lecteur l’ardent amour dont son cœur brûle pour lui. Dans la suite de l’épître, il mettra souvent, à la place de son nom, un simple pronom. Ici, il ne dit pas même : Celui qui était dès le commencement, mais ce qui était ; et par ce pronom neutre il désigne tout ce qu’impliquent ces termes d’une portée infinie : la Parole de la vie, la vie, la vie éternelle qui était auprès du Père dès le commencement (Comparer, sur le sens de ces mots, Jean 1.1 et suivants, notes).

Cette manifestation de la vie éternelle, de la vie de Dieu en Jésus-Christ, est pour Jean d’une certitude absolue, car il l’a ressentie dans son être entier : il déclare l’avoir perçue par tous ses sens.

Ce que Dieu a révélé, l’apôtre l’a entendu : les enseignements de Celui qui était la Parole de la vie ont retenti à ses oreilles et pénétré dans son esprit. Il a vu de ses yeux : ceux-ci éclairés par la lumière d’en haut, ont reconnu en Jésus-Christ la grâce et la vérité données aux hommes (Jean 1.16 ; Jean 1.17) ; il s’est arrêté longuement à contempler celui en qui Dieu se communiquait aux hommes et par cette contemplation il est devenu toujours plus un avec lui. Enfin, telle était la réalité de cet être en qui Dieu se manifestait, que Jean l’a touché de ses mains.

Et il n’a pas été seul à connaître ainsi la révélation de Dieu en son Fils. Cette expérience personnelle et intime a été faite par tous ceux qui ont suivi Jésus aux jours de sa chair. C’est en leur nom que l’apôtre parle quand il dit : nous.

Arrivé là, Jean s’aperçoit qu’il n’a pas dit encore comment la Parole de la vie est parvenue jusqu’à lui. Il ouvre donc une parenthèse (verset 2), pour déclarer (comme dans l’Évangile où il suit la même marche, Jean 1.1-3 comparez Jean 1.14) que la vie a été manifestée en Jésus-Christ, qu’elle a été ainsi vue et s’est communiquée à ceux qui ont cru, de sorte que le témoignage qu’ils en rendent est celui d’hommes tout remplis de cette vie, qu’ils annoncent comme la vie éternelle qui était auprès du Père.

Enfin, reprenant sa pensée (verset 3), Jean proclame hautement que son but, toute sa mission est d’annoncer cette vie, par la prédication ou par ses écrits (verset 4), d’en rendre témoignage, de l’annoncer à vous aussi (Codex Sinaiticus, B, A, C), afin que vous aussi, dit-il à ses lecteurs, ayez communion avec nous (voir la note suivante).

De la même manière que la vie éternelle, qui était auprès du Père, s’est communiquée, en Jésus-Christ, à ceux qui suivirent ses pas sur la terre et furent les témoins de sa mort et de sa résurrection, de même qu’elle se communique encore à toute âme qui, morte dans ses fautes et ses péchés, embrasse par la foi le Sauveur, de même quiconque a été une fois pénétré de cette vie peut et doit en faire part à d’autres.

Il les attire ainsi dans une même communion d’esprit et de cœur, que cette vie nouvelle rétablit entre les hommes naturellement divisés par l’égoïsme. Mais cette communion ne lie pas seulement les chrétiens entre eux ; remontant jusqu’à la source d’où elle est descendue, elle les unit à Jésus-Christ et par lui, à Dieu son Père.

Cette double communion, résultat de la prédication apostolique, est le fruit que l’Évangile doit produire dans tous les temps. Ce que les apôtres ont entendu, vu, contemplé, touché, nous le possédons par eux aussi bien qu’ils l’ont possédé, de sorte que le dernier homme pécheur qui se convertira sur la terre avant la fin des temps aura communion avec les apôtres et, par leur témoignage, communion avec le Père et son Fils bien-aimé.

4 et nous écrivons ces choses, afin que notre joie soit accomplie.

Tout ce qui émane de Jésus-Christ, toute communion avec lui, est une source de vie et de joie ; cette joie devient plus accomplie à proportion que notre communion avec lui devient le partage d’un plus grand nombre de nos frères. « Nous écrivons ces choses, afin que notre joie soit accomplie ».

Tel est le texte de Codex Sinaiticus, B ; tandis que d’après le texte de A, C, majuscules : « afin que votre joie soit accomplie », l’apôtre voudrait dire qu’il est animé du saint désir de faire part à ses lecteurs de la joie que procure le salut.

Au reste, ces paroles sont un écho de celles du Maître (Jean 15.11 ; Jean 16.24) et une preuve que sa promesse, faite en des heures de tristesse, n’a pas trompé les disciples.

5 Et c’est ici le message que nous avons entendu de lui, et que nous vous annonçons : Dieu est lumière, et il n’y a point en lui de ténèbres.

La marche dans la lumière

Le message dont le Maître a chargé ses apôtres, c’est que Dieu est lumière. Si nous disons être en communion avec Dieu et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons. Mais si nous marchons dans la lumière, nous jouissons du double bienfait de la communion fraternelle et du pardon de nos péchés, grâce au sacrifice de Jésus (5-7).

Nos péchés

  1. Devoir de les confesser. Nous nous trompons nous-mêmes en les niant. Si au contraire nous les confessons, nous pouvons attendre de la fidélité et de la justice de Dieu qu’il nous les pardonnera et nous purifiera de toute iniquité ; tandis que, si nous prétendons n’avoir point de péché, nous donnons un démenti à Dieu et repoussons sa révélation en Jésus-Christ (8-10)
  2. Ne point pécher, et, si nous avons péché, regarder à Jésus-Christ, notre avocat et notre propitiation. Le but de ces lignes est d’amener les lecteurs à ne point pécher. Si l’un d’eux pèche, nous avons un intercesseur auprès du Père, Jésus-Christ le juste. Il est propitiation pour nos péchés et pour ceux de tous les hommes (2.1, 2)

Dieu est lumière, la vie dans sa communion (chapitre 1.5 à 2.27)

Versets 5 à 2.2 — Conditions de la communion avec Dieu

Deux fois, Jean dit : (versets 2 et 3) nous annonçons.

Le mot que nous traduisons par message est un substantif de même racine que ce verbe et signifie ce qui est annoncé, prêché. Le texte reçu porte : la promesse. Cette leçon est condamnée par les principaux documents (B, A, majuscules). On ne peut d’ailleurs appeler promesse la vérité annoncée : Dieu est lumière.

La leçon que nous suivons et qui est admise dans toutes les éditions modernes a le sens de nouvelle (Rilliet, Oltramare, Segond), ou plutôt encore de message (Pau-Vevey, Stapfer, Oltramare révisé, révision synodale). Ce message, les apôtres l’ont entendu de lui, de Jésus-Christ, le Fils du Père (verset 3) et son parfait révélateur.

L’apôtre vient d’énoncer (verset 3) que la prédication apostolique a pour but et pour effet d’amener l’homme pécheur à la communion avec Dieu.

Mais à quelle condition peut-il obtenir et conserver cette communion ? Dans sa réponse, Jean s’élève à la plus grande hauteur et puise ses motifs dans la nature même de Dieu. Dieu est lumière ; il est vérité parfaite, pureté parfaite, sainteté parfaite.

L’apôtre redit la même chose dans un sens négatif pour la rendre plus sensible : (grec) il n’y a en lui aucunes ténèbres, aucune ombre ni d’erreur ni de mal. Quelle sera la conséquence de ce fait, quant à notre communion avec lui ? Elle est exprimée au verset suivant.

En déclarant que cette grande vérité : Dieu est lumière, il l’a entendue de Jésus-Christ, Jean ne veut pas dire que celui-ci l’ait énoncée dans ces mêmes termes. Mais toute la révélation de Dieu en Christ a été la manifestation de la lumière de Dieu au sein des ténèbres de ce monde. Jésus s’est appelé lui-même « la lumière du monde ».

Dans sa sainteté et dans son amour resplendissait la lumière qui est l’essence même de Dieu (Jean 14.10). Dieu est lumière parce qu’il est « amour » (1 Jean 4.8 ; 1 Jean 4.16).

Comparer sur ces mots lumière et ténèbres, pris dans un sens moral : (Jean 1.4-5 ; Jean 3.19-21 ; Jean 8.12 ; Jean 11.9-10 ; Jean 12.35-36 ; Romains 13.12 ; 2 Corinthiens 6.14 ; Éphésiens 5.8 et suivants ; 1 Thessaloniciens 5.4 ; 1 Thessaloniciens 5.5).

6 Si nous disons que nous avons communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité.

Grec : « Nous ne faisons pas la vérité ».

Le Dieu qui est lumière a créé l’homme à son image pour refléter comme un miroir sa lumière, ses perfections et l’a régénéré en Jésus-Christ pour la même fin.

Quiconque donc demeure en communion vivante avec Dieu, est, par degrés, toujours plus entièrement pénétré de cette lumière, jusqu’à ce que les ténèbres soient vaincues et dissipées. Prétendre à cette communion et marcher dans les ténèbres, est une contradiction et un mensonge.

Seulement cette expression : marcher dans les ténèbres, ne signifie pas tomber involontairement dans quelque faute, quelque péché ; car, à ce prix, nul ne serait en communion avec Dieu ; mais elle signifie soustraire sciemment et volontairement à la lumière divine quelque partie de notre être ou de notre vie, par une secrète préférence pour l’erreur et le péché (Jean 3.19 et suivants) Ainsi profonde horreur pour tout péché reconnu tel, vigilance et combat pour l’éviter, voilà ce qui découle nécessairement de la communion avec le Dieu qui est lumière.

7 Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous avons communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché.

Dans l’exacte mesure où ils marchent dans la lumière comme Dieu lui-même est dans la lumière, dans la mesure où la vérité, la sainteté, l’amour qui sont l’essence de Dieu, se reflètent dans leur vie, les chrétiens ont communion les uns avec les autres.

D’après verset 6, on attendait : « Nous avons communion avec lui (Dieu) » et dans A et quelques Pères on lit en effet : avec lui. Mais cette pensée est si évidente, que Jean la sous-entend pour ne mentionner que ce fruit de notre union avec Dieu, la communion des croyants les uns avec les autres. Ils ne la réaliseront que s’ils marchent dans la lumière, car l’erreur et le péché agissent sur les relations des hommes entre eux comme le dissolvant le plus actif (Jean 17.21).

Cette purification par le sang de Jésus (le texte reçu porte Jésus-Christ, contre Codex Sinaiticus, B. C), que Jean enseigne avec toute l’Écriture (1 Jean 2.2 ; 1 Jean 4.10), n’est pas l’effet de la première appropriation que le pécheur se fait du sacrifice de Christ et par lequel il est justifié et réconcilié avec Dieu, car il s’agit, dans notre passage, d’hommes qui marchent dans la lumière et sont déjà en communion avec Dieu).

Mais Jean leur montre, dans la puissante et perpétuelle efficace du sacrifice de la croix, un moyen de conserver cette communion, en obtenant toujours de nouveau le pardon des fautes dans lesquelles ils tombent journellement. C’est pourquoi il emploie le verbe au présent : son sang nous purifie, indiquant l’action permanente du sacrifice de Christ. Cet immense privilège leur est assuré, si d’autre part ils sont sincères dans leurs efforts pour se tourner constamment vers la lumière.

Du reste, le sang de Jésus, le sacrifice de la croix, en tant qu’il est un moyen de pardon et de réconciliation avec Dieu, est en même temps un moyen de purification intérieure du péché, ou de sanctification et de la sorte il contribue aussi à affermir l’âme dans la communion avec Dieu.

8 Si nous disons que nous n’avons point de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. 9 Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner les péchés, et pour nous purifier de toute iniquité. 10 Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est point en nous.

Pour que le sang de Jésus nous purifie de tout péché (verset 7), il faut que chacun de ces péchés soit reconnu et confessé dans une humble repentance.

Il n’y a point d’exception à cette loi du règne de Dieu, qui est fondée aussi bien dans la nature de Dieu que dans celle de l’homme.

L’apôtre s’adresse à des chrétiens qui déjà marchent dans la lumière et sont en communion avec Dieu : si, aveuglés sur eux-mêmes, sur la nature du péché et les conditions de la vraie sainteté, ils s’imaginent l’avoir atteinte, ils se séduisent eux-mêmes (verset 8) ; ils font Dieu menteur, car il déclare tout le contraire (verset 10) ; ils n’ont ni la vérité ni sa parole en eux-mêmes (versets 8 et 10).

En effet, cette vérité, cette parole, si elles étaient vivantes en eux, les convaincraient de péché en faisant ressortir par un contraste criant la souillure naturelle de leur cœur et de leurs pensées (Marc 7.21), en rendant leur conscience plus sensible aux moindres transgressions de la loi divine (Psaumes 19.13), en leur reprochant tous les moments qu’ils passent loin de Celui qui leur a dit : « Demeurez en moi, hors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15.4 ; Jean 15.5).

Mais autant l’apôtre rabaisse l’orgueil du chrétien qui se croit exempt de tout péché, autant il relève l’humilité de celui qui poursuit et condamne le péché avec une sincère et profonde repentance : il prend à témoin le Dieu fidèle et juste ; Dieu est incapable de faillir à aucune de ses promesses ; ses perfections mêmes sont une garantie qu’il fera toujours cette double œuvre de grâce dans une âme vraiment humiliée : Il lui pardonnera les péchés et la purifiera de toute injustice, c’est-à-dire de tout ce qui en elle n’est pas conforme à la justice à l’ordre voulu de Dieu et constitué par la loi morale qui est l’expression de la volonté divine (comparer Matthieu 5.20).