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1 Corinthiens 5
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de 1 Corinthiens 5

Pratiquez la discipline !

Il y a parmi vous un exemple d’immoralité que les païens eux-mêmes ne tolèrent pas, un inceste ; et vous n’avez pas, avec humiliation et tristesse, exclu le coupable de l’Église (1, 2).

Pour moi, mon jugement est arrêté : c’est qu’en l’autorité du Seigneur, l’Église étant assemblée, moi présent en esprit, un tel homme soit solennellement retranché, et cela, pour son propre salut (3-5).

Il y a pour cela un motif de sainteté : vous savez qu’un peu de levain se communique à toute la pâte ; ôtez donc, à l’exemple des Israélites célébrant la Pâque, tout ce vieux levain du milieu de vous ; car Christ, le vrai agneau pascal, a été immolé ; célébrons la mémoire de sa mort par une vie renouvelée et sainte (6-8).

1 On entend dire généralement qu’il y a parmi vous de l’impudicité, et une impudicité telle, qu’elle n’existe pas même parmi les païens : au point que quelqu’un a la femme de son père.

Pratiquez la discipline ! (1-8)

Le texte reçu porte : « telle qu’elle n’est pas même nommée parmi les païens », variante non autorisée par les manuscrits et qui prête à l’apôtre une expression exagérée.

Crime sévèrement puni par la loi de Moïse (Lévitique 18.8 ; Lévitique 20.11 ; Deutéronome 22.22), et combien plus réprouvé par la conscience chrétienne !

Peut-être le coupable avait-il épousé sa belle-mère après la mort de son père et pensait-il excuser ainsi le péché à ses propres yeux. Cette supposition paraît confirmée par ces mots avoir la femme, qui s’entend toujours du mariage (Matthieu 14.4 ; Matthieu 22.28 ; 1 Corinthiens 7.2 ; 1 Corinthiens 7.29, etc.).

Il faut remarquer cependant que la loi romaine ne permettait pas une telle union et que celle-ci n’avait sans doute pas été légalement sanctionnée.

2 Et vous êtes enflés d’orgueil, et vous n’avez pas plutôt été dans le deuil, afin que celui qui a commis cette action fût ôté du milieu de vous !

Les Corinthiens se glorifiaient de l’état florissant de leur Église (1 Corinthiens 4.8), tandis qu’une vraie charité et une vraie sainteté auraient dû faire du péché d’un membre un sujet d’affliction et d’humiliation pour tous.

Le résultat en eût certainement été l’exclusion du coupable, comme un sérieux avertissement pour lui-même et pour tout le troupeau (versets 3-5).

3 Pour moi, étant absent de corps, mais présent d’esprit, j’ai déjà jugé, comme si j’étais présent, concernant celui qui a commis une telle action : 4 Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, vous et mon esprit étant assemblés, avec la puissance de notre Seigneur Jésus-Christ, 5 j’ai décidé de livrer un tel homme à Satan, pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus.

Livrer à Satan ne signifie pas autre chose que l’exclusion de la communion des chrétiens, ou de l’Église.

L’Église est le corps de Christ (1 Corinthiens 12.12 ; 1 Corinthiens 12.13), le temple de Dieu (1 Corinthiens 3.16 ; 2 Corinthiens 6.16) ; il l’a arrachée du milieu du monde où Satan règne par le péché (2 Corinthiens 4.4) ; si donc un homme est exclu de l’Église, il est rejeté dans le monde, sous la domination de Satan.

Mais l’apôtre se hâte d’indiquer le but final d’un tel châtiment, qui n’était point de livrer le coupable à la damnation ; mais, au contraire, de mortifier et de détruire en lui la chair, source de son péché et de sauver, si possible, son esprit, par la repentance que pouvait exciter en lui une si profonde humiliation. Et c’est probablement ce qui arriva : le coupable se repentit et Paul lui-même demanda (2 Corinthiens 2.4-10), avec une grande compassion, la réintégration de cet excommunié dans l’Église.

Il s’agit donc ici d’une discipline toute morale : plût à Dieu qu’on ne l’eût jamais oublié ! C’est en entendant par livrer à Satan la damnation et par la chair, le corps, que l’Église a cru pouvoir s’appuyer de ce passage pour se transformer en un tribunal de sang et exercer ses horribles persécutions ! Comparer 1 Timothée 1.20.

L’apôtre avait ordonné ce châtiment au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, par l’autorité apostolique qu’il tenait de lui ; cependant, il attache une grande importance à ce que l’Église de Corinthe concoure avec lui à l’exécution de cet acte de discipline. Elle devait donc, après avoir reçu sa lettre, s’assembler, se représenter l’apôtre comme étant au milieu d’elle par son esprit et par l’ordre qu’il lui donnait, se placer solennellement en la présence de Jésus-Christ, et, avec sa puissance, selon sa Parole et par la force de son Esprit, accomplir ce douloureux devoir. Comparer Matthieu 18.15-20.

Quelques Pères de l’Église, suivis de nos jours par plusieurs interprètes de l’Allemagne, ont expliqué différemment ce passage. Ils pensent que l’apôtre enjoint au troupeau l’exclusion de l’incestueux et se réserve à lui seul, à son autorité apostolique (verset 3), de le livrer à Satan (ce qui est évidemment contraire au verset 4) et ils croient que ce châtiment aurait consisté en quelque peine corporelle, quelque maladie infligée par Satan pour la destruction de la chair.

Cette idée superstitieuse, que rejetait déjà le bon sens de Calvin, n’a pas le moindre fondement dans le texte (comparer versets 2 et 13, où l’apôtre explique toute sa pensée par ce mot si clair : Ôtez du milieu de vous ; voir aussi 2 Corinthiens 2.6 ; 2 Corinthiens 2.7).

6 Il ne vous sied point de vous glorifier : Ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte ?

Grec : « Votre vanterie n’est pas belle », pas convenable, bienséante. Ils croyaient avoir un sujet de gloire (1 Corinthiens 5.2 ; 1 Corinthiens 4.7 ; 1 Corinthiens 4.8).

L’apôtre applique ce proverbe, d’abord au coupable que l’Église aurait dû exclure, puis, plus généralement, à tout mal qui pouvait devenir une source de corruption pour le troupeau.

7 Ôtez le vieux levain, afin que vous soyez une nouvelle pâte, comme vous êtes sans levain ; car aussi Christ, notre Pâque, a été immolé ; 8 célébrons donc la fête, non avec le vieux levain, ni avec le levain de la malice et de la méchanceté ; mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité.

Paul, trouvant dans l’expression proverbiale qu’il vient de citer un symbole biblique d’une profonde signification pour tout Israélite, s’y arrête, afin de développer sa pensée et de l’appuyer par l’autorité de l’Écriture.

Le levain avait été sévèrement interdit dans la célébration de la Pâque (Exode 12.15-20) ; quiconque en faisait usage devait être retranché du milieu du peuple ; par où la loi voulait montrer que tout Israélite qui ne célébrait pas réellement la Pâque en s’affranchissant de la servitude du péché et de l’idolâtrie, s’excluait lui-même de la communion du peuple de Dieu.

Puis donc, ajoute Paul, en montrant sous cette image la réalité, puis donc que le véritable Agneau pascal, Christ, a été immolé (les mots pour nous qu’ajoute le texte reçu, ne sont pas authentiques), vous êtes sans levain ; unis à lui par la foi, vous avez été purifiés du levain de la corruption et du péché. Mais cette purification, qui a commencé lors de votre conversion, doit se poursuivre jusqu’à la perfection.

De là, l’exhortation par laquelle il conclut : célébrons la fête (grec : « fêtons ») par une vie sainte, purifiée du vieux levain, dans lequel Paul voit l’image de la corruption naturelle de l’homme, spécialement de la malice et de la méchanceté.

À cela il oppose les pains sans levain, image de la sincérité (comparez sur ce terme 2 Corinthiens 1.12, note) et de cette vérité qui n’est que l’harmonie morale entre ce grand et sain souvenir de la mort de Christ et les dispositions de notre cœur.

Il est possible que Paul, écrivant sa lettre à l’époque de Pâques (1 Corinthiens 16.8), trouve dans cette circonstance l’occasion de recommander ainsi une célébration sincère de cette fête.

9 Je vous ai écrit dans ma lettre de ne point vous mêler avec les impudiques ;

Quand je vous ai écrit de n’avoir aucun rapport avec des hommes vicieux, il ne fallait pas l’entendre d’une manière absolue, ce qui est impossible en ce monde ;

Mais voici ce que j’ai voulu dire : c’est que, si un homme prétend être chrétien, membre de l’Église et qu’il vive en des péchés grossiers, vous cessiez toutes relations avec lui (9-11).

Et voici la raison de cette distinction : nous ne sommes point appelés à juger les gens du monde, qui ont Dieu pour juge, mais uniquement ceux qui se sont joints au troupeau des fidèles ; là, vous ne devez pas souffrir le méchant (12, 13).

Envers qui doit s’exercer la discipline ? (9-13)

Quelques-uns croient que ce mot désigne cette lettre même et appliquent la défense dont parle ici l’apôtre, de n’avoir aucune communication avec les impudiques, aux versets qui précèdent, (versets 2-5).

D’autres, soit à cause du verset 11, où Paul paraît établir une distinction entre deux lettres différentes, soit parce qu’il semble ici même vouloir rectifier un malentendu résultant d’une première lettre, admettent qu’il parle en effet d’une lettre précédente qui ne nous serait pas parvenue.

Ce qui confirme cette dernière opinion, c’est l’expression identique par laquelle Paul désigne notre lettre dans 2 Corinthiens 7.8.

Il n’y a pas de doute que Paul, Pierre et les autres apôtres ont écrit bien des choses qui aujourd’hui n’existent plus. Comparer 1 Corinthiens 16.3 ; 2 Corinthiens 10.10.
— Bengel

Cette pensée ne doit qu’augmenter notre reconnaissance et notre admiration pour ce Dieu de miséricorde, qui, dans les voies providentielles de sa grâce, a voulu que nous eussions abondamment, dans les Écritures, « tout ce qui appartient à la vie et à la piété ».

10 non pas absolument avec les impudiques de ce monde, ou avec les avares et les ravisseurs, ou avec les idolâtres ; autrement, il vous faudrait sortir du monde.

Il est impossible de n’avoir aucunes communications extérieures avec les hommes vicieux de ce monde ; en toute vocation, nous les rencontrons à chaque pas ; ce n’est pas là ce que l’apôtre a voulu dire ; mais dans l’Église, « si quelqu’un se nomme frère,… » le cas devient tout à fait différent (verset 11).

11 Mais maintenant, je vous ai écrit de ne point vous mêler avec quelqu’un qui, se nommant frère, serait impudique, ou avare, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, et de ne pas même manger avec un tel homme.

Mais maintenant, voici le sens de mes paroles : je vous ai écrit

Ne pas manger avec un tel homme. Ces mots s’appliquent à l’exclusion de la table privée du croyant et non à l’exclusion de la sainte cène.

L’apôtre veut dire d’une manière générale : Que vous n’ayez avec lui aucune communication d’où il pourrait conclure que vous le regardez en effet comme un frère, bien qu’il en usurpe le nom ; car, par là, vous l’affermiriez dans ses illusions ou dans son hypocrisie.

Combien plus l’Église entière doit-elle, dans ses rapports avec un tel homme, exercer cette apostolique discipline ! L’impossibilité où se trouvent tant d’Églises d’obéir à cet ordre de l’Esprit-Saint, prouve qu’elles ont perdu le caractère de la vraie Église chrétienne.

12 Car qu’ai-je à faire de juger même ceux qui sont du dehors ? Ne jugez-vous pas, vous, ceux qui sont du dedans ?

Cette distinction entre ceux du dehors et ceux du dedans (de l’Église) suffisait pour lever le malentendu que combat l’apôtre (versets 10 et 11).

Et sa question à l’Église : ne jugez-vous pas ?…(dont le sens est mal rendu par Ostervald) prouve que, malgré le relâchement de la discipline dans l’Église de Corinthe, cette Église n’avait pas absolument cessé d’exercer tout jugement sur ses membres ; car l’apôtre en appelle à cette discipline comme à une chose connue, mais qui ne s’exerçait que sur les membres du troupeau et non sur ceux du dehors.

Si le chrétien doit s’abstenir de tout jugement téméraire dans les cas douteux, ou quand il ne jugerait les autres qu’en oubliant hypocritement ses propres misères (Matthieu 7.1 et suivants), il n’en a pas moins, pour le bien de toute l’Église, le devoir de juger ceux qui forment un seul corps avec lui ; non pour les condamner, ou pour s’arroger à lui seul le droit de les exclure, mais pour guérir, si possible, les plaies du troupeau.

Sans ce principe, il faudrait renoncer absolument à discerner le bien du mal, l’erreur de la vérité, ce qui est contraire aux éléments mêmes de la morale, à tout l’esprit de l’Évangile et aux prescriptions les plus claires de l’Écriture (1 Jean 4.1).

Si ce principe paraît contraire à la liberté de la conscience individuelle, qui ne relève, après tout, que de Dieu, il faut se souvenir que celui qui se nomme frère, qui entre volontairement dans la communion d’une Église, n’y vit plus seulement pour lui-même, mais que tous les membres prennent part à ses souffrances, à ses joies et aussi à sa ruine, s’il vient à se perdre.

13 Mais Dieu juge ceux qui sont du dehors. Ôtez le méchant du milieu de vous.

Juger, de la part de l’homme, ne va jamais jusqu’à empiéter sur le jugement seul définitif, seul infaillible de Dieu. Cela est vrai, même pour les membres d’une Église, objets de sa discipline ; combien plus pour ceux du dehors, qui ne relèvent que du jugement de Dieu, l’Église n’ayant sur eux aucune action directe, si ce n’est en s’efforçant de les gagner à Christ.

Application toute spirituelle et morale d’un ordre qui, dans l’Ancien Testament, regardait l’exercice de la justice (Deutéronome 17.7-12 ; Deutéronome 19.19 ; Deutéronome 21.21 et suivants).

Le principe de la discipline est le même ; la différence totale des deux économies fait la différence non moins grande de l’application.