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Géhenne

Nom donné par les Juifs, après l’exil et du temps de Jésus, au lieu où les méchants, après la mort, reçoivent leur châtiment. Les Israélites anciens (avant l’exil) ne paraissent avoir eu aucune conception analogue. Pour eux, le séjour des morts (voyez ce mot), appelé cheôl, était un lieu où se trouvaient réunis les bons et les méchants. 11 était situé dans les profondeurs de la terre (No 16.30 ; Job 11.8), à l’extrême opposé du ciel (Ps 139.8). C’était le séjour du silence (Ps 44.17), de l’obscurité (Job 10.22) et de la tristesse (Ps 6.6 ; Job 3.17-11 ; Ésaïe 38.18). Les morts y avaient, croyait-on, la même apparence que sur la terre, quoiqu’ils ne fussent plus que des ombres (1 Samuel 18.14 ; Ézéchiel 32.27) et n’y poursuivissent plus qu’une vie réduite (Job 3.17 ; Ecclésiaste 9.10) où, même pour les âmes pieuses, il ne pouvait être question de vivre en communion avec Dieu (Ps 6.6 ; 30.10 ; 88.11 ; 115.17 ; Ésaïe 38.18). Cette existence diminuée, la même pour tous, triste perspective d’avenir pour les bons et les méchants, ne comportait ni récompense ni châtiment. Deux ou trois passages, tout au plus, nous montrent dans l’Ancien Testament, qu’une idée différente de l’au-delà s’élaborait lentement dans la pensée juive d’après l’exil. Nous y trouvons, ici et là, comme un pressentiment que le juste reverra Dieu, sera reçu dans la gloire (Job 19.25ss ; Ps 73.23ss ; Ésaïe 26.19) et que le temps viendra où la mort sera détruite (Ésaïe 25.8 ; voir : Séjour des Morts).

L’idée de récompense et de châtiment d’outre-tombe apparaît pour la première fois d’une façon indubitable au IIe siècle avant J-C. dans le livre de Daniel (Da 12.3). On la voit se développer de plus en plus dans les apocalypses juives ultérieures (voyez notamment : Hénoch, 22).

On localisait le séjour où les méchants sont punis soit dans le cheôl (Hénoch 22.13 ; 63.10 ; 99.11 ; 103.7 ; Jubilé 7.29 ; 22.22 ; Psaumes de Salomon, 16.2), soit dans le Troisième Ciel (Secrets d’Hénoch 10.2ss ; Apoc. de Baruch, 4), soit plus ordinairement dans une vallée située au sud de Jérusalem, la « vallée du fils de Hinnom » ou « vallée de Hinnom » — en hébreu Géhinnom, en grec Géhenna, d’où les mots français Géhenne et gêne (tourment) — vallée maudite en raison des sacrifices d’enfants qui s’y célébraient autrefois. Cette dernière localisation est supposée déjà dans Ésaïe 66.24 ; elle se retrouve dans Hén. 27.1-3 ; 48.7 ; 54.1-2 ; 62.12-13 ; 90.26-27). — Dans le Nouveau Testament, la transformation de la vieille idée hébraïque nous apparaît achevée. Les Juifs, au temps de Jésus — ceux du moins qui croyaient à un jugement d’outre-tombe — distinguaient dans le séjour des morts la demeure des bienheureux appelée « paradis » ou « sein d’Abraham » et celle où les réprouvés subissaient des tourments. Un abîme séparait les deux domaines (Luc 16.22-26 ; 23.43. Le mot Géhenne est souvent employé dans le Nouveau Testament pour désigner le lieu où les méchants seront châtiés soit avant soit après la résurrection (Matthieu 5.29-30 ; 10.28 ; 18.9 ; 23.15 ; Marc 9.48, 45 ; Luc 11.5 ; Jacques 3.6).

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