Le livre des Psaumes
Bible Annotée

Chapitre 14

1 Au maître chantre. De David.
L’insensé dit en son cœur : Il n’y a point de Dieu.
Ils sont corrompus, abominables dans leurs actions,
Il n’y en a point qui fassent le bien. 2 L’Éternel, du haut des cieux, regarde les fils de l’homme,
Pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent,
Qui cherche Dieu. 3 Tous se sont détournés, pervertis tous ensemble ;
Il n’y en a point qui fassent le bien,
Pas même un seul. 4 N’ont-ils donc point de connaissance, tous ces ouvriers d’iniquité,
Qui mangent mon peuple comme ils mangent le pain,
Et n’invoquent pas l’Éternel ? 5 Les voilà qui vont trembler de terreur,
Car Dieu est au milieu de la race juste. 6 Réduisez à néant les projets de l’affligé…
L’Éternel est son refuge ! 7 Qui donnera de Sion le salut à Israël ? Quand l’Éternel ramènera les captifs de son peuple,
Jacob sera dans l’allégresse, Israël se réjouira !

Notes

Plan

Dépravation universelle

L’apôtre Paul, voulant dépeindre l’état universel de corruption de l’humanité païenne et juive, s’est servi des paroles de ce psaume (Romains 3.10-12). Nulle part en effet l’universalité du péché n’est affirmée avec plus d’énergie.

Les commentateurs juifs, sans se laisser arrêter par la suscription, qui attribue le psaume à David, ont pensé que l’auteur fait allusion aux oppresseurs païens d’Israël, soit Assyriens, soit Babyloniens et une telle conclusion semble ressortir en effet du verset 7. Mais ce verset, qui ne se rattache pas au reste du psaume par un lien très intime, pourrait bien être, ainsi que le suppose Delitzsch, une adjonction liturgique du temps de l’exil. Les hommes auxquels le psalmiste reproche de se nourrir aux dépens de son peuple (verset 4) peuvent être des Israélites avides ou ambitieux. L’idée qui domine la pensée de l’auteur est celle d’une infidélité générale, en Israël, aussi bien qu’ailleurs. Pourtant un petit peuple se trouve encore là, une race juste, qui cherche en Dieu son refuge (versets 4 à 6), ce qui semble être en contradiction avec le pas un seul du verset 3 (Voir, sur une contradiction analogue, notre introduction au Psaume 12). Nous savons par expérience que le peuple de Dieu appartient lui-même de nature à cette humanité corrompue et n’en est tiré que par un miracle de la grâce divine. Sans avoir à cet égard les notions claires de la nouvelle alliance, le psalmiste s’exprime comme s’il les pressentait.

La parenté de ce psaume avec le Psaume 12 est assez étroite. L’état moral qu’ils supposent tous deux semble se rapprocher plus de l’époque de Jérémie que de celle de David. On peut aussi se demander si, par leur caractère impersonnel, ces deux psaumes ne différent pas du langage que tient le roi-prophète, quand son âme vibre d’indignation. Nous posons la question, sans trouver les éléments d’une réponse catégorique, soit dans un sens, soit dans un autre.

Le Psaume 53 reproduit presque textuellement celui-ci, en remplaçant le nom de Jéhova par celui d’Elohim. Nous renvoyons à l’étude de ce psaume l’examen des petites divergences que l’on constate.

Les trois premiers versets, chacun de trois stiches, décrivent le mal universel ; les trois suivants font pressentir le jugement.

Verset 1

L’insensé. L’athéisme, d’après l’Écriture, n’est pas une simple erreur, mais un aveuglement volontaire. Pour nier Dieu, il faut en effet non seulement étouffer la voix du cœur et de la conscience, mais aller à l’encontre des lois les plus élémentaires de la pensée, renoncer à admettre une cause première et un but final, faire du monde un ensemble de phénomènes sans raison d’être et sans idée directrice.

Dit en son cœur… Comparez Psaumes 10.4. Il le dit souvent d’une manière inconsciente, car il y a dans la pratique du mal une incrédulité cachée, mais aussi parfois d’une manière consciente, en cherchant à justifier une vie coupable par un système mensonger.

Verset 2

L’Éternel. Ce n’est pas seulement l’homme, sujet à l’erreur, qui voit partout le mal, mais aussi Dieu, auquel rien n’échappe.

Pour voir. Comparez Genèse 11.5, note.

Qui cherche Dieu. C’est en cela que se montrerait l’intelligence véritable.

Verset 4

Le jugement entrevu (4-6)

Point de connaissance ? (comparez Ésaïe 1.3), littéralement : Ne savent-ils pas ?… Ils devraient savoir où mène le péché.

Qui mangent mon peuple, littéralement : qui, mangeant mon peuple, mangent du pain ; la première action leur est aussi naturelle que la seconde. Il s’agit de gens qui profitent de leur position élevée pour opprimer les petits. Comparez Jérémie 22.13 ; Malachie 3.5 ; Proverbes 30.14 ; Jacques 5.4.

N’invoquent pas l’Éternel. Ils ont rejeté la prière, qui est le trait distinctif de l’homme. De là leur conduite brutale et bestiale.

Verset 5

Ce verset et le suivant n’ont plus que deux stiches ; le langage devient bref, en même temps que menaçant.

Verset 6

L’affligé. Tel est le nom que nous avons vu si souvent déjà donné au croyant méprisé et opprimé (Psaumes 9.13, Psaumes 9.19 ; Psaumes 10.2Psaumes 10.9 ; Psaumes 12.6). Voir Psaumes 18.28, note ; 1 Corinthiens 15.19. Dans cet état de faiblesse vis-à-vis du monde, le fidèle forme des projets, soit pour remédier à son triste état, soit pour avancer la gloire de Dieu, mais le méchant se hâte de les contrecarrer. Seulement, à son tour, le méchant sera déçu, puisque l’Éternel est le refuge du fidèle. Aussi le psalmiste s’écrie-t-il ironiquement : Réduisez à néant… ; l’Éternel est là !

Verset 7

Qui donnera ? Hébraïsme fréquemment employé pour exprimer un désir synonyme de : Oh ! Quand viendra… ?

De Sion. Le peuple est captif, Jérusalem en ruines. Mais les exilés se représentent l’Éternel venant au milieu de ces ruines pour faire de Sion son séjour et le point de départ de ses délivrances. Sur l’origine de ce verset voir l’introduction au psaume.


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