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Biographie de Frédéric Godet (1812-1900)

Portrait de Frédéric GodetMalgré son titre sans prétention et son grand âge, la Bible Annotée reste une œuvre inégalée. Elle se compose d’une traduction française originale de l’Ancien Testament, et d’un commentaire accompagnant chaque verset ou presque.

Suite à sa première édition, en 1889, elle est devenue un ouvrage de référence dans le monde évangélique francophone ; cependant aujourd’hui elle n’est que peu connue, la mode lui ayant préféré des commentaires anglo-saxons modernes, souvent bien inférieurs sur le plan de l’érudition et de la qualité exégétique.

La Bible annotée (Ancien Testament) a été écrite par une équipe de pasteurs et de théologiens dirigée par l’exégète suisse Frédéric Godet. Elle porte tout entière l’empreinte de la pensée de ce grand théologien.

Né et mort dans le canton de Neuchâtel, Frédéric Godet est une haute figure du protestantisme suisse ; ses commentaires bibliques, traduits dans les principales langues, sont universellement signalés pour leur profondeur, leur originalité et leur rigueur ; mais peut-être faudrait-il dire avec plus de justesse qu’ils se distinguent par leur luminosité. Car Frédéric Godet n’est pas un commentateur ordinaire.

Le lecteur sérieux remarquera vite en effet chez lui un don spécial : celui de dissiper par une lumière intense qu’il projette sur le texte, les ombres des fausses idées que nous traînions depuis longtemps sur tel ou tel passage biblique.

Dans cet instant privilégié nous comprenons que ce qui avait tordu notre perception du texte n’était pas tant sa difficulté que notre manque de droiture d’esprit. Il faut l’avouer, les exégètes de la Bible font rarement de l’honnêteté intellectuelle une de leurs exigences, sans doute à cause du côté passionnel du sujet. C’est ainsi que lorsque l’un d’entre eux la possède, il se détache nettement des autres. En ce sens l’originalité de Godet se rapproche de celle de C.S. Lewis, autre écrivain à qui tous les chrétiens évangéliques accordent une place à part. L’analyse de la singularité de ces deux écrivains montrera qu’on ne trouve pas chez eux de traces de cette bigoterie, qui en véritable antithèse de l’honnêteté d’esprit, fausse si souvent le jugement des auteurs les mieux intentionnés.

Cependant une capacité d’analyse hors pair ne pourrait à elle seule rendre compte de l’œuvre de Godet ; il possède aussi à un haut degré l’intuition, vertu magique, proche du pouvoir créateur, qui à partir d’indices infimes trouve la clef de l’énigme, soulève le voile et fait resplendir la vérité. qu’on lise par exemple son Étude sur le Cantique des cantiques et qu’on juge ensuite si ces éloges sont justifiés. Nous ne savons pas que Godet ait jamais été réfuté sur l’interprétation de ce livre.
Sa clairvoyance s’affirme encore dans un autre mystère millénaire : l’Apocalypse. Avec la création de l’état d’Israël, un demi-siècle après sa mort, l’avenir a confirmé la justesse de ses vues, et nous pensons qu’il continuera à le faire, au rebours des idées reçues.

L’intuition jointe à l’analyse ne serait pas encore une formule suffisante pour résumer Godet : il est avant tout un chrétien fasciné par la personne du Sauveur. C’est le mystère du Fils de l’homme, du Fils de Dieu, qu’il a essayé de sonder en commentant les Écritures. Le fruit de son travail il l’a résumé dans deux études, l’une sur la personne de Jésus-Christ, l’autre sur l’œuvre de Jésus-Christ ; aucun chrétien ne pourra les lire sans que sa figure intérieure de Jésus-Christ ne brille d’un éclat nouveau. L’admiration de Jésus-Christ, voilà le secret de Godet, voilà la marque si reconnaissable qu’il a laissée sur chacun de ses écrits. Paraphrasant un mot d’Hector Berlioz on pourrait dire : « Godet c’est Godet, comme Bach c’est Bach… »

Car en dépit du sens que Berlioz donnait à sa boutade, Bach ne s’explique pas sans Dieu, Godet non plus.

Quelques dates sommaires de son ministère :

  • 1838, précepteur du prince royal de Prusse, Frédéric-Guillaume.
  • 1844, de retour en Suisse, pasteur au Val-de-Ruz.
  • 1851, élu pasteur de Neuchâtel.
  • 1868, il quitte le pastorat pour se consacrer à son enseignement en faculté de théologie.
  • 1873, fondation de l’Église Indépendante de Neuchâtel, suite à la votation d’une loi tendant à placer l’Église sous le contrôle du pouvoir politique.
  • 1887, il se retire de son poste de professeur, au profit de son fils Georges, et consacre les dernières années de sa vie à la révision de ses commentaires.

Frédéric Godet restera surtout connu dans l’histoire du protestantisme comme le champion de l’orthodoxie évangélique face à la haute critique allemande, qui prétendait démythifier la Bible, en la vidant de ses miracles, et en lui ôtant toute crédibilité historique.

Qui se soucie aujourd’hui de rééditer ou de numériser les ouvrages de ces théologiens libéraux qu’il combattait alors, les Réville, les Coquerel, les Buisson ? Personne. Le temps a jugé à sa juste valeur une critique sans fondement et le nom même de leurs auteurs est tombé dans l’oubli. Les œuvres de Frédéric Godet par contre ne se démodent pas car elles tirent leur substance du Livre divin. Elles trouveront toujours des lecteurs émerveillés par leur profondeur et désireux de les faire partager à d’autres.

Source : Soleil d’orient.