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Introduction à l’évangile selon Luc
La Bible Louis Segond

(Daniel 7.13, Philippiens 2.8, Hébreux 2.17, Romains 10.12, Galates 3.28-29).

L’Évangile selon Luc commence par une dédicace, à l’honorable Théophile (1.1-4), liant ce livre à celui des Actes des Apôtres, où l’auteur fait appel aux mêmes personnages (Actes 1.1). Ces deux livres se présentent donc comme deux tomes d’un ouvrage initialement unique mais qui, pour des raisons précises, a dû être séparé en deux parties. La première partie, l’Évangile de Jésus-Christ, relate la vie et l’œuvre de Jésus présenté comme Fils de Dieu, et sauveur du monde. La deuxième partie, les Actes des Apôtres, relate la vie et l’œuvre de ses apôtres après lui. Il s’agit de savoir comment ces derniers ont continué la mission que Jésus a entreprise.

De tous les auteurs des évangiles, Luc est aussi le seul qui explique clairement les raisons qui l’ont conduit à écrire le sien et surtout la manière dont il a procédé pour la collecte des informations (1.1-4). Ce faisant, il confirme qu’au moment où il écrivait son texte, des textes similaires, à l’exemple de l’Évangile de Marc (cf. introduction à cet évangile), existaient déjà, et qu’il a dû s’en servir. Luc écrit son évangile pour parfaire ce que les autres ont commencé. Il reprend et améliore la structure de Marc :

  1. Introduction 1.1-56
  2. Naissance de Jean Baptiste et de Jésus-Christ 1.57—2.40
  3. Jésus à l’âge de douze ans : enfance et généalogie de Jésus-Christ 2.41—3.38
  4. Tentation de Jésus-Christ et ministère de Jésus en Galilée 4.1—9.50
  5. Ministère de Jésus hors de Galilée et en route vers Jérusalem 9.51—19.28
  6. Entrée de Jésus à Jérusalem, son ministère là-bas, avec les événements majeurs que sont sa passion, sa résurrection et son ascension 19.29—24.53

Mais Luc, comme Matthieu et plus que lui, complète ce schéma avec les récits plus développés de la naissance, de l’enfance et de la généalogie de Jésus (1.1 à 3.38). Luc fait remonter la généalogie de Jésus non pas à Abraham, comme Matthieu 1.1-17, mais à Adam et même au-delà à Dieu (3.23-38). Il fait ainsi le lien de Jésus non pas seulement avec Israël mais avec toute l’humanité. L’Évangile de Jésus chez Luc est la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour tous les hommes qui reconnaissent leurs péchés et qui se repentent. Luc illustre cette Bonne Nouvelle par une sélection rigoureuse des miracles et des paraboles de Jésus. La parabole du fils retrouvé 15.11-32 est un exemple frappant, à lire et à relire.

Le nom Luc indique un païen converti au christianisme. Selon Colossiens 4.14, il était médecin et compagnon de l’Apôtre Paul (voir aussi Philémon 24, 2 Timothée 4.11, Actes 16.10-17, 20.5-21, 27.1-28).

Luc est porteur d’un message unique, qui commence dans son évangile et s’achève dans le livre des Actes. Il s’agit de l’histoire du salut qui s’accomplit dans la personne de Jésus-Christ.

Jésus est à la fois solidaire des hommes et tourné vers eux. Il révèle ainsi aux hommes la bonté et la tendresse de Dieu et leur apprend la vraie vie de disciple dans la pratique concrète, qui se caractérise notamment par le partage des biens, le pardon des offenses, la patience dans les épreuves. La bonté de Dieu est ainsi à la portée de tous : hommes et femmes, riches et pauvres, Juifs et non juifs. Toutes les paraboles de Luc 15.1-32 veulent répondre aux pharisiens qui s’indignent de la bienveillance que Jésus réserve aux péagers et aux pécheurs :

«Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler à la repentance des justes, mais des pécheurs» (Luc 5.31-32).

Voici la liste des miracles de Jésus rapportés par Luc :

  1. la guérison d’un démoniaque 4.33-36
  2. la guérison de la belle-mère de Pierre 4.38-39
  3. la pêche miraculeuse 5.1-11
  4. la guérison d’un lépreux 5.12-15
  5. la guérison d’un paralytique 5.17-26
  6. la guérison d’un homme à la main sèche 6.6-11
  7. la guérison du serviteur d’un centenier 7.1-19
  8. la résurrection du fils de la veuve de Naïn 7.11-16
  9. la tempête apaisée 8.22-25
  10. la guérison d’un démoniaque 8.26-39
  11. la résurrection de la fille de Jaïrus 8.41-56
  12. la guérison d’une femme malade depuis douze ans 8.43-48
  13. la multiplication des pains 9.12-17
  14. la guérison du fils lunatique 9.37-42
  15. la guérison d’un démoniaque muet 11.14
  16. la guérison d’une femme infirme 13.10-17
  17. la guérison d’un hydropique 14.1-6
  18. la guérison de dix lépreux 17.11-19
  19. la guérison d’un aveugle 18.35-43
  20. la guérison de l’oreille du serviteur 22.49-51

Voici également la liste des paraboles de Jésus dans Luc :

  1. la maison bâtie sur le roc 6.48-49
  2. les deux débiteurs 7.41-43
  3. le semeur 8.5-15
  4. le bon Samaritain 10.30-37
  5. l’ami importun 11.5-8
  6. le riche insensé 12.16-21
  7. les serviteurs attendant leur maître 12.41-48
  8. le figuier stérile 13.6-9
  9. le grain de sénevé 13.18-19
  10. le levain 13.20-21
  11. le grand souper 14.16-24
  12. la brebis égarée 15.2-7
  13. la drachme perdue 15.8-10
  14. l’enfant prodigue 15.11-32
  15. l’économe infidèle 16.1-9
  16. le mauvais riche et Lazare 16.19-31
  17. le juge inique et la veuve importune 18.1-8
  18. le pharisien et le publicain 18.9-14
  19. les mines 19.11-27
  20. les vignerons 20.9-16
  21. le figuier 21.29

En conclusion, ce qui singularise l’Évangile de Luc est sa théologie de l’amour de Dieu pour les personnes victimes de la ségrégation et de la marginalisation de la part des pharisiens et des Juifs fidèles à la synagogue. Jésus réserve un bon accueil aux pauvres, aux pécheurs. Mais Luc porte aussi un intérêt particulier aux femmes. Il est le seul à montrer clairement qu’elles faisaient partie du groupe itinérant de Jésus au même titre que les hommes (Luc 8.1-3).