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Sandal ou Santal
Dictionnaire Biblique Westphal

(hébreu almouggim ou algoummim). Il faut avouer qu’on ignore ce que c’est que le bois d’« almugghim » ou d’« algummim » (Ostervald, Martin), dont Salomon fit faire des objets de luxe, meubles et instruments de musique, pour son temple et pour son palais (1 Rois 10 : et suivant et parallèle 2 Chroniques 9.10). Tout est obscur en ce qui le concerne, à commencer par la double forme du mot. C’est d’Ophir (voir ce mot) que Hiram le rapportait. Mais qu’était Ophir ? On n’en sait rien. On a proposé la côte occidentale de l’Inde vers les embouchures de l’Indus, le Machonaland entre le Zambèze et le Limpopo, les côtes de la mer Rouge, l’Arabie, la côte orientale de l’Arabie s’étendant le long du golfe Persique. La tradition juive voyait dans l’algummim le corail ; les LXX, du bois dégrossi, aplani, façonné (pélékètos) ; la Vulgate, ligna thyina, c’est-à-dire le citrus des latins, notre cédratier (voir Thuya). Il a plu, on ne sait pourquoi, à la plupart des auteurs modernes, tant juifs que chrétiens, d’y voir le bois de santal rouge. Mais quel bois de santal ? le santalum album, ou le pterocarpus santalinus, qui appartiennent à deux familles différentes ? Certains critiques, examinant de plus près les passages 2 Chroniques 2.8 et Cantique 3.9 et suivant, sont arrivés à des résultats inattendus. Ils se sont demandé ce que pouvait bien être ce « bois du Liban » que Hiram devait envoyer en même temps que du « bois d’algummim » du Liban (où il n’y en avait pas) ; et de même si les mots « bois du Liban » du Cantique, ainsi que le mot « pourpre » (argâmân) n’étaient pas simplement l’hébreu algoummim estropié par des copistes. Et ils ont traduit 2 Chroniques 2.8 : « Envoie-moi des bois de cèdre, de cyprès et d’algummim, car je sais que tes serviteurs s’entendent à couper les bois d’algummim » ; et Cantique 3.9 et suivant : « Salomon s’est fait construire une litière en bois d’algummim… Le dossier est en or et le siège en bois d’algummim. »

Pour ceux qui tranchent la question en admettant la version ordinaire : bois de santal, ou de sandal (Version Synodale), il faut choisir entre les deux arbres cités plus haut. Le santalum album, de la famille des Santalacées, est originaire de l’Inde et de la Malaisie. C’est un grand arbre à feuilles opposées, lancéolées, entières, à nombreuses petites fleurs réunies en panicule au sommet des rameaux. Le fruit est une drupe globuleuse, noire. Le bois est blanc, légèrement jaune rougeâtre, d’une odeur forte et agréable et d’une saveur chaude et épicée quand il est sec. Il est imprégné d’une essence très odorante, l’essence de santal, qui s’extrait par distillation des tiges et surtout des racines. Le bois est susceptible de poli et employé en ébénisterie. Le pterocarpus santalinus, de la famille des Légumineuses, est un arbre non épineux, à feuilles alternes imparipennées, à fleurs jaunes, rarement blanches mêlées de violet, en grappes simples ou en panicules lâches, axillaires ou terminales ; gousse à bord ailé ou caréné, d’où le nom du genre, pterocarpus, signifiant : fruit ailé, qui compte près de 120 espèces tropicales. Le pterocarpus santalinus, de la côte de Coromandel, fournit le bois de caliatour, ou santal rouge, d’un rouge foncé, dont la matière colorante est la santaline.

Ch.-Ed. M.


Numérisation : Yves Petrakian