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Syrie
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal Bost

Nommée dans l’Hébreu Aram, du nom du patriarche qui en peupla les principales provinces (Genèse 10.22). Nous en avons déjà parlé sous l’article d’Aram. Les Araméens, ou les Syriens, occupaient la Mésopotamie, la Chaldée, une partie de l’Arménie, la Syrie proprement dite, comprise entre l’Euphrate à l’orient, la Méditerranée à l’occident, la Cilicie au nord, la Phénicie, la Judée et l’Arabie Déserte au midi. Les Hébreux étaient Araméens d’origine, puisqu’ils venaient de Mésopotamie, et qu’il est dit que Jacob était un pauvre Araméen (Deutéronome 26.5). Il est pourtant certain qu’il ne descendait pas d’Aram, mais d’Arphaxad, autre fils de Sem. Amos (Amos 9.7) semble dire que le Seigneur a fait venir Aram de Kir, comme les Philistins de Caphtor ; c’est-à-dire, qu’Aram ou ses descendants sont venus habiter dans la Syrie, après avoir quitté le voisinage du fleuve Cyruse qui est dans l’Arménie.

La Syrie des deux fleuves, ou La Mésopotamie de Syrie, comme elle est nommée dans la Vulgate, ou Aram Naharaïm, comme elle est appelée dans l’Hébreu, est comprise entre les fleuves de l’Euphrate et du Tigre.

La Syrie de Damas est celle dont Damas était la capitale, et qui s’étendait à l’orient le long du Liban. Ses limites ne sont point fixes ; elles ont varié selon que les princes qui ont régné à Damas ont été plus ou moins puissants.

La Syrie de Soda, ou Zoba, ou de Sobal, comme l’appellent les Septante, était apparemment la Célé-Syrie, ou la Syrie Creuse. Sa capitale était Soba, ville inconnue, à moins que ce ne soit la même ville que Hoba ou H obal, à la gauche, c’est-à-dire, au nord de Damas (Genèse 14.15). Voyez Roba ou Abila.

La Syrie de Maacha, ou de Beth-Maaca, ou de Machati, était aussi vers le Liban. Voyez (2 Samuel 10.6,8 1 Rois 23.20 2 Rois 15.29). Elle s’étendait au delà du Jourdain, et fut donnée à Manassé (Deutéronome 3.14 Josué 12.4).Voyez Maacha.

La Syrie de Rohob était cette partie de la Syrie dont Rohob était la capitale. Or Rohob était à l’extrémité septentrionale de la terre promise, Nombres 13.21, sur le chemin ou sur le défilé qui conduisait à Emath. Elle fut donnée à la tribu d’Aser (Josué 19.28-32 ; 21.32 ; Juges 1.31), et èlle est jointe à Aphec, qui était dans le Liban. Laïs, nommée autrement Dan, située aux sources du Jourdain, était dans la contrée de Rohob (Juges 18.28). Adarezer, roi de la Syrie de Soba, était fils de Rohob, ou peut-être originaire de la ville de ce nom (2 Samuel 8.3-12). Les Ammonites appelèrent à leur secours contre David le Syrien de Rohob, celui de Maacha et celui d’lstob (2 Samuel 20.6-8).

La Syrie de Tob (2 Samuel 10.6-8), ou d’Istob, ou de La terre de Tob (Juges 11.3-5), ou des Turiéniens, comme ils sont appelés dans les Machabées (1 Machabées 5.13 2 Machabées 12.17), était aux environs du Liban et à l’extrémité septentrionale de la Palestine. Voyez Tob. Jephté, chassé de Galaad, se retira dans le pays de Teh (Juges 11.3-5).

La Syrie D’Sehon est celle dont la ville d’Emath sur l’Oronte était la capitale. Voyez Sehon [A propos de la Syrie, le géographe de la Bible de Vence se borne à ceci : « Syrie, province de la grande Asie, qui est toujours nommée en hébreu Agam, comme ayant été d’abord habitée par les descendants d’Aram, fils de Sem (Genèse 10.22). Elle est désignée sous le nom de Syrie simplement dite dans le Nouveau Testament (Luc 2.2) et alibi. Dans l’Ancien Testament elle est divisée en trois provinces, savoir : Syrie de Damas, dont Damas était la capitale (2 Samuel 8.5) ; Syrie de Rohob, dont la capitale était Rohob (2 Samuel 10.6) ; Syrie de Soba, dans laquelle se trouvait Emath (2 Samuel 10.6 ; 1 Chroniques 18.3)].

La Syrie simplement, marque le royaume de Syrie, dont Antioche devint la capitale, depuis le règne des Séleucides. Avant ce temps il est rare de trouver le nom de Syrie mis absolument ; on désigne ordinairement les provinces de Syrie par la ville qui en était la capitale.

La Célé-Syrie, ou Basse-Syrie, est connue dans plus d’un endroit des Machabées (1 Machabées 6.69 2 Machabées 3.5-8 ; 4.4). Le nom de Célé–Syrie, selon la force du Grec, signifie la Syrie Creuse, Syria Cava, ou profonde. Elle peut être considérée ou dans un sens propre et resserré, et alors elle ne comprend que ce qui est entre le Liban et l’Antiliban ; ou dans un sens plus étendu, et alors elle comprend tout le pays qui obéissait aux rois de Syrie, depuis Séleucie jusqu’à l’Arabie et l’Égypte. C’est ce que nous apprenons de Strabon. Nous avons déjà remarqué que la Syrie de Soba était à-peu-près la même que la Syrie Creuse ou la Célé-Syrie.

La Syrie de Palestine, Syria Paloestina, est connue dans quelques anciens, et Josèphe lui-même comprend quelquefois la Palestine sous la Syrie. C’est que cette province fut longtemps sous la domination des rois de Syrie, et qu’ils y établirent des gouverneurs, qui se disaient gouverneurs de Syrie.

Nous avons parlé assez au long des rois Benadad, Hazael, Adarezer, Adad, Bazin et autres, rois de Syrie. On peut voir leurs articles. Comme on ne sait ni la succession de ces princes, ni la durée de leur règne, on n’en saurait donner une liste ; mais nous donnerons ci-après celle des rois de Syrie connus sous le nom de Séleucides.

La Syrie, dans les commencements, fût gouvernée par ses propres rois, qui régnaient chacun dans leurs villes et dans leur canton. David les assujettit (2 Samuel 8.5) vers l’an du monde 2960, avant Jésus-Christ 1040, avant l’ère vulgaire 1044, et encore en 2969, avant Jésus-Christ 1031, avant l’ère vulgaire 1035, à l’occasion de la guerre qu’il fit aux Ammonites, auxquels les Syriens voulurent donner du secours (2 Samuel 10.6-19). Ils demeurèrent dans l’obéissance jusqu’après la mort de Salomon. Alors ils secouèrent le joug et ne purent être réduits à leur devoir que par Jéroboam II roi d’Israël (2 Rois 14.24-25), qui commença à régner en 3179, avant Jésus-Christ 821, avant l’ère vulgaire 825. Rasin, roi de Syrie, et Phacée, roi d’Israël, ayant déclaré la guerre à Achab, roi de Juda, ce prince se vit obligé, pour se délivrer de ces deux ennemis, de recourir à Téglatphalassar, roi d’Assyrie (2 Rois 15), qui fit mourir Rasin, prit Damas, et transporta les Syriens de ce pays-là au delà de l’Euphrate. Depuis ce temps la Syrie demeura assujettie aux rois d’Assyrie. Elle passa ensuite sous la domination des Chaldéens, puis sous celle des Perses, et enfin sous celle d’Alexandre le Grand, sujette à toutes les révolutions des grands empires d’Orient.

Séleucides, ou Rois de Syrie.

Après la mort d’Alexandre le Grand, arrivée l’an du monde 3681, avant Jésus-Christ 319, avant l’ère vulgaire 323, son empire fut partagé entre ses principaux officiers, qui (l’abord se contentèrent du titre de gouverneurs, et prirent ensuite celui de rois. Séleucus I surnommé Nicator ou Nicanor, chef de la famille des rois Séleucides, prit le diadème et le nom de roi de Syrie en 3682, et régna quarante-deux ans ; mort en 3724, avant Jésus-Christ 276, avant l’ère vulgaire 280.

Antiochus I surnommé Soter, régna dix ans, depuis l’an du monde 3724 jusqu’en 3743.

Antiochus II surnommé le Dieu, régna quinze ans, depuis l’an du monde 3743 jusqu’en 3759.

Séleucus II surnommé Collinicus, ou Pogon, c’est-à-dire le Barbu, régna vingt ans, depuis l’an du monde 3758 jusqu’en 3778.

Séleucus III surnommé Keraunos ou la Foudre, régna trois ans, depuis l’an du monde 3778, jusqu’en 3781.

Antiochus III surnommé le Grand, régna trente-six ans, depuis l’an du monde 3781 jusqu’en 3817.

Séleucus IV surnommé Philopator, régna douze ans, depuis l’an du monde 3817 jusqu’en 3828.

Antiochus IV surnomme Épiphane, fils d’Antiochus le Grand, et frère de Séleucus IV régna onze ans, depuis l’an du monde 3828 jusqu’en 3840.

Antiochus V surnommé Eupator, régna deux ans, depuis l’an du monde 3840 jusqu’en 3842.

Démétrius I surnommé Soter, fils de Séleucus IV régna douze ans, depuis l’an du monde 3842 jusqu’en 3854.

Démétrius II surnommé Nicanor, régna dix ans dans le trouble. H eut pour compétiteurs Alexandre Balas ou Balles, et Antiochus le Dieu, fils de Balas. Démétrius Nicanor mourut en 3864, Alexandre Balas en 389, et Antiochus le Dieu, son fils, ayant commencé à régner sous la régence de Tryphon, en 3860, fut tué en 3861, et le royaume fut usurpé par Tryphon, qui fut mis a mort en 3866.

Antiochus VI surnommé le Pieux, ou Soter, ou Sidétès, c’est-à-dire le Pêcheur ou le Chasseur, frère de Démétrius Nicanor, régna environ dix ans, depuis 3864 jusqu’en l’an 3873, qu’il fut mis à mort par les Parthes.

Démétrius II surnommé Nicanor, étant remonté sur le trône, eut pour concurrent Alexandre Zébina. Démétrius fut vaincu et mis à mort en 3878, et Zébina en 3882.

Séleucus V fils de Démétrius Nicanor, régna deux ans dans le trouble, depuis l’an du monde 3878 jusqu’en 3880.

Antiochus VII surnommé Gryphus ou Philométor, dépouilla Zébina en 3882, et régna huit ans en paix, jusqu’en 3890. Alors Antiochus, surnommé de Cyzique, son frère, s’éleva contre lui el le vainquit en 3892. Ils partagèrent le royaume. Antiochus Gryphus mourut en 3910, ayant régné en tout vingt-neuf ans ; et Antiochus de Cyzique, son frère, fut vaincu et mis à mort la même année par Séleucus, fils de Gryphus.

Séleucus VI fils de Gryphus, ne régna qu’un an. Il fut vaincu et dépouillé du royaume en 3911 par Antiochus Eusèbès, ou le Pieux, fils de son oncle Antiochus de Cyzique ; et il fut mis à mort la même année 3911, à Mopsueste en Cilicie.

Antiochus VIII surnommé le Pieux, régna dans le trouble environ deux ans. Il eut pour concurrents Antiochus et Philippe, frères de Séleucus son oncle, et Démétrius Euccerus, fils d’Antiochus Gryphus, qui le vainquit et l’obligea de se sauver chez les Parthes, l’an du monde 3912.

Ainsi la Syrie fut partagée entre Philippe et Démétrius Euccerus. Celui-ci régna à Damas. Mais les Syriens, voyant que le royaume

était ruiné par les guerres civiles qui avaient été entre les divers concurrents qui s’étaient contesté le royaume pendant tant d’années, eurent recours à une puissance étrangère pour soutenir leur monarchie. Les uns voulaient qu’on appelât Mithridate, et les autres Ptolémée Lathure, roi d’Égypte. Enfin ils s’accordèrent tous à faire venir Tigrane, roi d’Arménie, qui gouverna la Syrie pendant dix-huit ans, depuis l’an du monde 3921 jusqu’en 3939.

Antiochus IX surnommé l’Asiatique, et son frère, fils d’Antiochus le Pieux, qui possédaient encore cette partie de la Syrie qui n’était point occupée par Tigrane, allèrent à Rome en 3932 pour demander au sénat le royaume d’Égypte, qu’ils prétendaient leur appartenir par le droit de leur mère, Cléopâtre, Sélène. Mais Tigrane ayant fait mourir Sélène en 3934, Antiochus l’Asiatique perdit l’espérance qu’il avait eue d’obtenir le royaume d’Égypte, et revint en Syrie en 3935, où il régna pendant quatre ans, jusqu’à ce que Pompée ayant réduit la Syrie en province des Romains, l’an du monde 3939, cette monarchie fut entièrement éteinte, après avoir subsisté pendant deux cent cinquante-sept ans.