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Simon
Dictionnaire Biblique Bost Westphal Calmet

1°. Père de Judas Iscariot, n’est nommé que dans Jean 6.71 ; 12.4 ; 13.2-26, sans doute après sa mort. Il est du reste inconnu.

2°. Simon Pierre, voir Pierre.

3°. Simon Cananéen, surnommé aussi Zélotes, fils de Cléopas et de Marie, frère de Jacques, de Jude, et de Joses, l’un des douze apôtres (Matthieu 10.4 ; 13.55 ; Marc 3.18 ; 6.3 ; Luc 6.15 ; Actes 1.13). On ne connaît rien de lui, ni action, ni parole. Le surnom de Zélotes qui lui était donné, le même que Cananéen qui dérive de l’hébreu kana (avoir du zèle), prouve qu’il avait appartenu à cette secte des zélotes dont parle Josèphe (Guerre des Juifs, IV, 3.9), laquelle se distinguait par son zèle pour la patrie et la religion. Ce zèle de libéralisme, Simon l’appliqua plus tard à son propre affranchissement spirituel. Quelques-uns dérivent le nom de Cananéen de Cana, et font Simon combourgeois de Nathanaël. D’autres distinguent Simon Zélotes de Simon de Cana, et en font deux individus. Les traditions varient : les unes le font évêque de Jérusalem, et martyr sous Trajan ; d’autres disent qu’après avoir évangélisé l’Égypte, la Cyrénaïque, la Mauritanie, et la Libye, il finit par se rendre en Angleterre où il fut crucifié ; d’autres enfin le font voyager en Perse et en Babylonie, et mourir à Suanyr (Sunir).

4°. Simon le pharisien (Luc 7.40), de Naïn. Il invite Jésus à prendre un repas chez lui, soit pour lui donner un témoignage de respect, soit pour satisfaire sa curiosité. On ne peut soupçonner ses intentions d’être mauvaises, mais la réception qu’il fait à son hôte est digne de l’orgueil pharisaïque ; croyant avoir assez fait en l’invitant à sa table, il se dispense non seulement de toute bienveillance, mais encore de toute politesse à son égard. Une femme, une ancienne pécheresse, entre dans la salle, et fait avec amour et dévouement ce que Simon n’a pas voulu faire ; Simon comprend cette leçon plus qu’indirecte, mais elle est pour lui une offense, et comme les orgueilleux, il élude la leçon et ne cherche à s’excuser qu’en accusant intérieurement, et la femme, et Jésus dont ce contact doit, selon lui, compromettre la dignité prophétique. Jésus alors prend la parole, et par une comparaison claire, mais embarrassante, oblige Simon à reconnaître que cette femme, beaucoup pardonnée, aime plus que lui dont les vertus n’ont pas demandé de pardon. La femme se retire avec l’assurance de son salut, et Simon reste avec le désagrément d’une scène qui l’a pris à l’improviste et dont l’issue n’a pas tourné à l’avantage de son amour-propre. On ne sait pas si Jésus avait eu des rapports antérieurs avec Simon ; on ne sait pas davantage si la leçon que Jésus lui donne était d’une manière générale une leçon d’humilité, ou si elle se rapportait à quelque circonstance secrète de la vie de Simon ; on ignore enfin si cette leçon a produit de l’effet, ou si au contraire le pharisien, enfoui dans son orgueil, n’aura pas profité de l’évidente supériorité que la parabole lui accordait sur la pécheresse, pour s’endurcir dans son impénitence. C’est à tort qu’on a voulu le confondre avec le suivant.

5°. Simon de Béthanie (Matthieu 26.6 ; Marc 14.3 ; cf. Jean 12.1). Il était surnommé le lépreux, à ce qu’on croit, parce que Jésus l’avait guéri de cette maladie. C’est dans sa maison qu’eut lieu, peu après la résurrection de Lazare, et quelques jours avant Pâque, le repas qui devait célébrer le retour de Lazare à la vie. Marthe servait, ce qui semble indiquer des rapports de parenté ou d’intimité entre sa famille et celle de Simon ; la liberté d’action de Marie, la présence de Lazare, confirmeraient cette idée. Quelques traditions font en effet de Simon le père de Lazare, d’autres le font le mari de Marthe ; c’est possible, mais ce n’est pas prouvé. Ce n’était peut-être qu’un ami de la famille. La présence de Lazare au festin devait témoigner de sa complète guérison.

6°. Simon le Cyrénéen (Matthieu 27.32 ; Marc 15.21 ; Luc 23.26), était originaire de Cyrène où se trouvaient un grand nombre de Juifs. On pense qu’il était déjà disciple de Christ, quand des soldats brutaux, prophétisant sans le savoir, le contraignirent, par un acte arbitraire que rien ne justifiait, à porter la croix de Jésus (cf. Matthieu 10.38 ; etc.). Simon devait éprouver autant de joie à soulager son maître, que de douleur à porter l’instrument de son supplice, et sa famille tout entière fut bénie avec lui ; ses fils, et sa femme, que Paul chérissait comme sa mère (Romains 16.13), durent conserver longtemps le souvenir de cet épisode déplorable, et ils comprirent dans toute son étendue la portée de cette parole de Jésus que les bourreaux avaient matérialisée avec tant d’ironie : Celui qui veut me suivre doit porter ma croix.

7°. Simon le magicien (Actes 8.9 ; etc.). Il était suivant la tradition natif de Gitta ou Gittim en Samarie, selon d’autres de l’île de Chypre. Il étudia de bonne heure la philosophie platonicienne, et les sciences qui d’après les Orientaux conduisaient à la philosophie ; un peu d’astronomie, de médecine, de physique, et beaucoup d’adresse, en firent un célèbre charlatan prestidigitateur. Il se faisait passer pour un grand personnage, et le peuple disait de lui qu’il était la grande vertu de Dieu. Mais une vertu plus grande et plus vraie vint le confondre. Il entendit Philippe, il vit ses miracles, et mieux que personne il fut à même de reconnaître dans les apôtres la puissance de Dieu ; il fut baptisé, et demanda pour de l’argent les dons du Saint-Esprit ; Pierre lui répondit par une foudroyante apostrophe, et flétrit en Simon la simonie que celui-ci a léguée à une secte célèbre, qui prétend compter au nombre des siens celui qui l’a le plus vigoureusement condamnée. Sous l’empire d’une émotion pleine de honte, Simon se recommande aux prières des apôtres, mais il ne paraît pas qu’il comprît lui-même la portée de ses paroles et de ses vœux ; il a peur, et la peur n’a jamais été de la piété. Dès ce moment, la tradition ne nous le montre plus qu’au nombre des ennemis du christianisme. Il se rend de la Samarie à Antioche, où il épouse une femme nommée Hélène ; il passe avec elle à Rome, où une inscription mal comprise par Justin martyr a fait croire qu’il avait été reçu au nombre des dieux. Il renverse tous les esprits par ses sortilèges ; il se fait fort de s’élever dans les cieux ; il monte au Capitule, se jette dans les airs, vole un moment avec des ailes factices, mais à la prière de Pierre ses ailes se détachent, et le malheureux se précipite et meurt. Cette tradition peut avoir quelque chose de vrai, mais elle est compromise par le nom de Pierre, qu’on y fait intervenir si mal à propos, et la plupart des historiens se montrent un peu incrédules sur cette fable. Ce qui est plus probable, c’est que Simon a voulu fonder une religion nouvelle qui aurait été, comme celle de Mahomet, un mélange de judaïsme, de christianisme, et de paganisme. Irénée lui fait dire qu’il avait paru parmi les Samaritains comme Père, parmi les Juifs comme Fils (Messie ; c’est peu probable), et parmi les païens comme Saint-Esprit. Il prétendait que son corps était uni à l’un des plus nobles et des plus sublimes Eons, et que Dieu l’avait envoyé dans le monde pour amener les hommes à la vérité ; il ajoutait que sa femme avait également en elle un Eon femelle, appelé Ennoga, qui avait enfanté les esprits, et qui avait précédemment habité plusieurs corps, notamment celui de la fameuse Hélène de Troie. Ses disciples s’adonnèrent à l’impureté.

8°. Simon le corroyeur, hôte de Pierre à Joppé, probablement disciple (Actes 9.43 ; 10.6). Un voyageur raconte qu’il a logé à Jaffa dans une maison que l’on assure être bâtie sur les ruines de celle du corroyeur ; on montre même un vieux pan de mur qui en faisait partie, dit-on.