(Hébreux Shebouah, sept, une septaine)
Pour les juifs comme pour les chrétiens, la division de l’année en mois, et ceux-ci en semaines est d’origine divine ; elle remonte à la création. Dieu créa l’univers en six jours, et non seulement il se reposa le septième, mais encore il le bénit pour qu’il fût célébré d’âge en âge. Les Hébreux comptèrent par semaines longtemps avant Moïse ; et sans parler de plusieurs passages de la Genèse (8.10 ; 29.27), on pourrait le déduire du décalogue, dans lequel Dieu ne prescrit pas l’observation du sabbat comme une loi nouvelle, mais comme une loi ancienne qu’il confirme. Cette ancienne loi fut d’abord respectée dans tout l’Orient. Les rois de la Chine faisaient au septième jour, appelé le grand jour, fermer les portes des maisons ; on ne faisait en ce jour-là aucun commerce, et les magistrats ne jugeaient aucune affaire. Les Perses avaient donné un nom spécial aux premier, huitième, quinzième et vingt-deuxième jours du mois, etc. Mais lorsque les peuples de l’Orient eurent oublié l’origine du monde, et qu’abandonnant le culte du vrai Dieu ils furent tombés dans l’idolâtrie, ils oublièrent la cause de la division du temps en sept jours, et s’imaginèrent que ce nombre avait été indiqué à leurs ancêtres par le cours de la lune, dont chaque quartier ne dure qu’environ sept jours (7 et 3/8).
Ideler, et après lui Winer, adoptèrent volontiers cette origine naturelle de la semaine. Dion Cassius prétend que les Égyptiens furent les premiers qui divisèrent les mois en semaines, et que les sept planètes leur en donnèrent l’idée, et Blondel cherche à expliquer par un calcul fait d’après les planètes dominantes de chaque jour et de chaque heure, pourquoi les noms des jours ne sont pas rangés dans l’ordre des planètes considérées par rapport à leurs distances. Court de Gébelin établit que le nom des jours est indiqué dans l’ordre harmonique des différentes planètes. Quoi qu’il en soit du plus ou moins grand degré d’antiquité de la semaine chez les Égyptiens, ils professaient une grande vénération pour le nombre sept et ses multiples. Quant aux Grecs, ils divisaient le mois en trois décades ; cependant ils regardaient chaque septième jour comme un jour saint, et dans Hésiode, le premier, le septième et le quatorzième jour du mois sont indiqués comme des jours heureux.
La semaine s’appelle, en hébreu, une septaine et quelquefois aussi un sabbat ; Je jeûne deux fois par sabbat, dit le pharisien orgueilleux (Luc 18.12). Les Juifs n’ont aucun nom particulier pour désigner les jours de la semaine, à l’exception du mercredi qu’ils appelaient meoroth (les luminaires), en souvenir du quatrième jour de la création ; quant aux autres, ils les désignent par la place qu’ils occupent relativement au sabbat passé ou prochain, comme font les quakers. Les auteurs du Nouveau Testament font de même (Marc 16.2 ; etc.).
Les Hébreux avaient, outre la semaine de sept jours, la semaine prophétique qui était de sept ans, qui allait d’une année sabbatique à une autre année sabbatique (cf. Genèse 29.27), et la semaine jubilaire qui était de sept fois sept années, et allait d’un jubilé à l’autre. C’est dans cette catégorie que se rangent les fameuses semaines de Daniel (9.24-27).
Sans entrer dans des détails qui ressortent des commentaires, il suffira de dire que, dans notre opinion, le commencement des soixante-dix semaines doit être daté du moment où Esdras a commencé son œuvre réformatrice, la vraie reconstruction de la vraie Jérusalem, de la Jérusalem spirituelle et théocratique (457 av. J.-C., 483 ans avant la prédication de Jean-Baptiste). Les travaux préparatoires du rétablissement de Jérusalem, l’ordre de Cyrus (536 av. J.-C.), l’ordre de Darius Hystaspe (520 av. J.-C.), le secours accordé par Artaxerxès à Esdras (vers 457), l’autorisation de partir accordée par le même monarque à Néhémie (vers 445), sont des faits extérieurs qui ne concernaient que la Jérusalem matérielle, le berceau de la Jérusalem vivante, de la Sion sainte ; le prophète a plutôt en vue une restauration spirituelle, non celle des rues et des murailles, mais celle du culte ; ce rétablissement spirituel coïncide d’ailleurs avec le départ d’Esdras sous Artaxerxès, et à peu près avec celui de Néhémie.
Le verset 25 parle de la sortie de la parole, d’un ordre donné : par qui ? Plusieurs interprètes ont pensé à quelque roi perse ; mais la comparaison du verset 23 prouve que c’est de Dieu qu’il s’agit. Ces soixante-dix semaines sont divisées en trois termes de sept, soixante-deux, et une semaines. Pendant les sept premières, c’est-à-dire pendant une cinquantaine d’années à peu près, Dieu continua de se manifester encore par les saints hommes qu’il avait choisis, les Esdras, les Néhémie, les Malachie ; puis vint une longue et sombre période de soixante semaines, où la parole écrite remplaça la parole parlée, et où se forma la triste théologie des scribes et des pharisiens ; ces soixante-neuf semaines finissent avec l’arrivée de Jean-Baptiste, l’an 26 ou 28 de notre ère, l’an 30 de Jésus, et alors commence la dernière semaine à la fin de laquelle l’alliance doit être confirmée à plusieurs ; c’est au milieu de cette semaine que, par la mort de Christ, cesse le régime des sacrifices et des oblations. Après cela (la date n’est pas indiquée d’une manière précise) vient la ruine de Jérusalem et du temple ; sous les ailes de l’horreur (est) celui qui désole ; (mais) la destruction et la fin (l’extermination) atteindra le dévastateur (v. 27).