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Pinacle
Dictionnaire Biblique Westphal

Mot venu du latin de la Vulgate pinna-culutn, signifiant : créneau, employé dans Matthieu 4.5 (le parall. Luc 4.9 a simplement pinna) pour traduire le grec ptérugion, signifiant : petite aile, et pour désigner un point dominant, au Temple de Jérusalem, d’où le Tentateur invita Jésus à se jeter en bas pour donner à Dieu l’occasion de faire un miracle en sa faveur. L’ancienne Bible de Genève au XVIe siècle conservait ce mot, sous la forme : pinnacle ; Cramp, a : pinacle ; nos versions modernes traduisent généralement par : aile, ou faîte, du temple. Les deux passages appellent celui-ci hieron — l’ensemble du sanctuaire, et non pas naos = l’édifice proprement dit ; l’endroit en question, précisé par l’article défini : le pinacle, peut donc être cherché en n’importe quelle partie de l’enceinte sacrée.

On a souvent pensé qu’il s’agissait du point culminant sur le toit même des bâtiments du temple d’Hérode le Grand, ce qui accentuerait encore la majesté symbolique du geste suggéré ; sans doute l’on n’y montait point, mais le caractère du récit de la tentation du Seigneur, le transportant aussi « sur une montagne très haute » et lui montrant « tous les royaumes du monde » (Matthieu 4.8), n’exclut pas une pareille ascension par la seule pensée. Toutefois les termes mêmes de la tentation donnent l’impression d’une très grande hauteur à pic sur le vide, ce qui fait penser avec plus de vraisemblance, peut-être, au bord de la terrasse du temple : soit au Portique Royal, surplombant tout le côté sud vers les pentes de l’ancien Ophel, soit plutôt au Portique de Salomon, surplombant tout le côté est au-dessus du Cédron, vallée très profonde, probablement située en dehors de la ville et non occupée par des habitations. Au dire de Josèphe, que confirment les récentes fouilles archéologiques aux abords des murailles, on ne pouvait plonger le regard de leurs hauteurs vers cet abîme sans être saisi de vertige (Antiquités judaïques, XV, II 5). Le rempart ayant 30 m de haut et la colline vers le sud-est étant déjà élevée d’environ 60 m sur le fond de la vallée à cette époque, on devait le dominer, à l’angle sud-est, d’environ 90 m, et de plus encore si (comme certains le pensent) cet angle était surmonté d’une tour ou d’une sorte de flèche. Actuellement, la vallée en cet endroit est exhaussée, par l’amoncellement séculaire des décombres, d’environ 25 m au-dessus du niveau du Ier siècle (voir volume I, pl. VII et IX ; figure 119, 120, 121).

D’après la tradition recueillie par Hégésippe (vers l’an 160), Jacques frère du Seigneur aurait été précipité du pinacle du temple par les Juifs, furieux de la puissance de son témoignage chrétien sur la foule (Eusèbe, Histoire ecclésiastique, II, 23) ; voir Jacques, 3. Hégésippe ne détermine pas plus cet endroit que les Évangiles ne l’avaient fait ; mais il est probable que pour lui, près d’un siècle après la destruction du Temple, ce devait être le même que celui de la tentation du Seigneur.

Jean Laroche

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Numérisation : Yves Petrakian