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Nard
Dictionnaire Biblique Westphal Bost Calmet

(Hébreu nérd, grec nardos ; du sanscrit naladâ, par le persan nârdîn.) Parfum mentionné dans le Cantique des Cantiques (Cantique 1.12 ; Cantique 4.13 et suivant) et dans la scène de l’onction du Seigneur par Marie de Béthanie (Marc 14.3 ; Jean 12.3). D’après ces textes ce parfum consistait en une huile d’origine végétale. Les auteurs anciens (Horace, Ovide, Tibulle, etc.) ainsi que les papyrus y font souvent allusion. D’après Théophraste il provenait de la racine d’une plante indienne ; Discoride précise : plante de la région du Gange, dont la racine est hérissée de pointes. Pline l’Ancien parle des flacons d’albâtre (cf. Marc 14.3) dans lesquels on conservait cette huile odoriférante, énumère les caractères auxquels on reconnaissait sa bonne qualité (fluidité, coloration rouge, arôme et saveur agréables), et mentionne enfin son prix élevé, qui pouvait être de 100 deniers la livre (H.N., XII, 26) et atteindre jusqu’à 300 deniers la livre (H.N., XIII, 2), précisément l’évaluation faite au repas de Béthanie (Marc 14.5 ; Jean 12.5).

La plante en question n’a rien de commun avec la modeste graminée fourragère de nos prés (nardus stricta), ni avec la lavande en épi (lavandula spica), odorante, très commune en Palestine. C’est une plante de la famille des Valérianacées, le nardostachys Jatamansi, espèce des hautes montagnes du nord de l’Inde, à petits épis de fleurs pourpres. C’est en effet son rhizome, avec le bas de la tige, qui entre dans la composition du parfum, et ce sont les restes fibreux des feuilles intérieures durcies qui donnent à la racine cet aspect hérissé d’où sont venues sans doute au nard les épithètes de spica et spicata, signifiant : en épis, ou muni de piquants ; son nom arabe, sunbul hindi, signifie : épi indien. Son odeur est particulièrement suave.

Le qualificatif grec pistikos, employé dans les deux récits évangéliques, est un mot très rare dont le sens est discuté. Les uns y voient un dérivé de pineïn, signifiant : boire, signifiant liquide ; d’autres en font une corruption du latin spicata, nom générique de la plante (la Vulgate a pistici dans Jean, mais spicati dans Marc) ; d’autres suggèrent : nard à la pistache. Il semble bien cependant que la traduction la plus fréquente est aussi la plus vraisemblable : pistikos, dérivé de pislos, signifiant : véritable, spécifie le nard « pur ». Voir Parfum.

Jean Laroche


Numérisation : Yves Petrakian