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Michée (de moréseth)
Dictionnaire Biblique Westphal

L’un des douze « petits prophètes », le sixième dans l’Ancien Testament hébreu, le troisième dans les LXX (après Osée et Amos). On l’appelle couramment, du nom de son lieu de naissance, Michée de Moréseth.

La date

La date à laquelle il prophétisa peut être fixée avec une relative précision, d’après la suscription du livre lui-même : règnes de Jotham, d’Achaz et d’Ézéchias (Ézéchiel 1.1) et aussi d’après un passage du livre de Jérémie (Jérémie 26.16 ; Jérémie 26.19) qui cite textuellement l’oracle de Michée 3.12, ajoutant que cet oracle avait été prononcé « au temps d’Ezéchias, roi de Juda ». L’activité du prophète, celle du moins dont les chapitres 1-3 du livre nous apportent les échos très précis, doit donc être placée dans le dernier quart du VIIIe siècle, au temps des grandes invasions assyriennes. Mais il n’y a rien d’impossible à admettre, avec plusieurs auteurs, que Michée a encore prophétisé sous le règne de Manassé, le roi persécuteur (voir plus bas).

La personnalité

La personnalité de Michée de Moréseth est difficile à caractériser, car il ne donne sur lui-même aucune indication précise. Nous l’entendons seulement, en présence des faux prophètes, affirmer vigoureusement sa conviction de parler au nom de l’Éternel (Michée 3.8). Il est possible toutefois de tirer de l’étude attentive de ses paroles quelques conclusions très vraisemblables.

  1. Au contraire de son grand contemporain Ésaïe, c’est un paysan, originaire de la Séphéla (voir ce mot), de cette région de collines fertiles située entre le pied de la montagne de Juda et la plaine philistine. Là se trouve la route qu’ont préférée la plupart des envahisseurs du pays se dirigeant vers Jérusalem. Et c’était un bon observatoire pour qui cherchait, en cette période de troubles, à discerner le sens des événements et les probabilités de l’avenir (G. A. Smith, The Book of the Twelve Prophets, pages 375ss).
  2. Alors qu’Ésaïe, à Jérusalem, cherche à influencer la conduite de l’État, Michée se fait plutôt le champion de la justice sociale ; il expose les revendications des pauvres durement spoliés.
  3. Il se révèle ainsi comme un continuateur d’Amos, dont il a la force et l’âpre passion. La note de la piété intime retentit peu chez lui. Il est, de son propre aveu, rempli surtout « de justice et de vigueur, pour faire connaître à Jacob son crime et à Israël son péché » (Michée 3.8).

Le livre de Michée se divise nettement en quatre parties.

1ère partie (chapitres 1-3)

Authenticité rarement contestée, sauf pour Michée 2.12 et suivant qui est évidemment une interpolation, soit qu’il s’agisse d’un oracle de Michée venu du chapitre 4 (Sellin), soit qu’il faille y voir une adjonction beaucoup plus tardive. C’est dans ces chapitres que nous pouvons puiser le plus sûrement pour nous faire une idée du message de Michée. Après une introduction grandiose (Michée 1.2 ; Michée 1.4) et l’exposition du thème fondamental autour duquel tournera toute la prédication du prophète (Michée 1.5-7), vient une série de versets très curieux du fait qu’ils sont remplis de jeux de mots, forcément difficiles à comprendre pour les non-initiés, mais dont la portée devait être considérable pour les contemporains et les concitoyens de Michée : diverses localités, qui paraissent toutes appartenir au terroir natal du prophète, sont nommées, et à leur nom se trouve rattachée une prédiction de malheur. Le mauvais état du texte complique ici la tâche déjà très difficile des traducteurs ; toutefois, aux versets 10-11, une traduction comme celle-ci pourrait donner une idée approximative de la manière de Michée : « À Beth-Léaphra, ville de la poussière, je me roule dans la poussière. Passe, habitante de Saphir-la-Belle, dans la nudité et dans la honte ! » Quant à la parole sur Lakis (verset 13), il semble qu’elle contienne non plus un jeu de mots, mais une allusion aux écuries princières qui s’y trouvaient, et que de récentes fouilles ont exhumées (Sellin). Une prédication qui a ainsi recours aux allusions faciles et aux jeux de mots peut nous surprendre au premier abord. Nous ne devons pas oublier cependant qu’il s’agit ici d’une tendance chère au génie sémitique. Dans les livres prophétiques, les passages de ce genre sont fréquents (cf. Amos 8.1 ; Amos 8.2 ; Jérémie 1.11) et on en trouve jusque dans l’Évangile (Matthieu 16.18).

Le chapitre 2 contient un dialogue entre le prophète et ses auditeurs. Le péché âprement dénoncé par l’homme de Dieu, c’est ici l’accaparement des terres par les riches, dont Ésaïe se plaint également (Ésaïe 5.8) et qui constituait la grande plaie sociale de l’époque. Quel malheur pourrait mieux punir un tel crime que l’invasion de l’ennemi, qui privera les grands de leurs biens mal acquis (verset 4 et suivant) ? Mais, à ces prophéties sinistres, les invectives répondent, dans leur inconscience : « Ne prophétisez pas de telles choses ! Le malheur n’atteindra pas celle qui s’appelle la Maison d’Israël ! L’Éternel est-il prompt à s’irriter ? Est-ce là sa manière d’agir ? Est-ce que ses paroles ne sont pas des bienfaits pour Israël son peuple ? » (verset 6 et suivant, d’après la traduction de H. Guthe). C’est toujours la mentalité néfaste qu’Amos a combattue, et que Michée à son tour attaque d’une manière foudroyante, dénonçant ceux qu’il appelle les ennemis du peuple, stigmatisant leurs rapines, leur annonçant des douleurs violentes (verset 8,10).

La même note, plus concrète encore peut-être, retentit au chapitre 3, avec des images truculentes (verset 3). Les chefs de Jacob sont d’abord attaqués, puis c’est le tour des « prophètes ». À propos de Michée fils de Jimla nous avons fait mention déjà de la lutte prolongée qui a mis aux prises, tout au long de la période royale, les prophètes de métier et les prophètes de vocation Descendants dégénérés des « nebiim » de l’époque de Samuel, les prophètes de métier constituaient une espèce d’ordre mendiant, ils étaient fermement attachés, semble-t-il, au yahvisme, mais leur piété revêtait une forme essentiellement nationaliste. Ils se montraient complaisants envers les autorités, et avaient tendance à prophétiser le bonheur à qui leur faisait des présents. Cependant, quelquefois parmi eux, quelquefois en dehors d’eux, se dressaient des personnalités d’une tout autre envergure, des francs-tireurs qui avaient reçu une vocation spéciale de Dieu, et dont le message, en général sévère, avait une teinte morale très marquée. Amos avait été un de ces indépendants ; il considérait le prophétisme dans son ensemble comme un don de Dieu (Amos 2 : et suivant) ; mais il déclarait hautement qu’il ne faisait pas partie des prophètes de métier, et qu’il n’avait pas été à leur école (Amos 7.14). Michée va plus loin. Il combat âprement les prophètes qui égarent le peuple, qui annoncent la paix si leurs dents ont quelque chose à mordre, et il leur prédit la punition la plus terrible pour ceux dont la fonction est de consulter Dieu : « Il n’y aura plus de visions, plus d’oracles. L’Éternel ne répondra plus ! » (Michée 3.5 ; Michée 3.7).

Et c’est l’oracle final dans lequel toute cette vigoureuse prédication se trouve résumée. Les chefs du peuple, les prêtres et les prophètes vénaux, les orgueilleux « qui bâtissent Jérusalem avec le sang » des exploités, tous ceux qui méprisent la justice et le droit sont englobés dans une même condamnation. Alors qu’ils se flattent, ayant l’Éternel parmi eux, d’être à l’abri du malheur, une catastrophe inouïe se prépare : Jérusalem sera prise et labourée, elle deviendra comme un monceau de pierres, une colline où poussera la broussaille (Michée 3.9 ; Michée 3.12) ! Un tel oracle, dont nous savons par Jérémie 26.18 et suivants qu’il produisit une impression profonde et durable, constitue un des faits les plus considérables de toute l’histoire du prophétisme israélite. Amos et Osée avaient déjà annoncé que Yahvé se préparait à punir lui-même par la destruction son peuple rebelle. Mais jamais encore la prédiction sinistre ne s’était attachée à la ville sainte, à la Jérusalem du Temple. Très significative à ce point de vue est l’attitude du contemporain de Michée, Ésaïe, qui, comme tous les autres grands prophètes, annonce la catastrophe et le malheur, mais qui, le jour où l’armée assyrienne campe devant Jérusalem en 702, fait brusquement volte-face, et proclame que l’Éternel ne laissera pas porter atteinte à la montagne sainte. Confirmée momentanément par les faits, cette prophétie de victoire a valu à son auteur une popularité immense ; mais en développant chez les Jérusalémites une confiance superstitieuse en leur cité et en leur temple, elle a rendu infiniment difficile la tâche des prophètes qui sont venus ensuite, de Jérémie en particulier, à la face de qui ses adversaires ne cesseront de jeter le sacro-saint principe de l’inviolabilité de Sion (Jérémie 7). Michée connaissait-il, au moment où il a proféré sa menace, l’attitude d’Ésaïe ? Ce n’est pas sûr. Il n’est même pas sûr (si les chapitres 4-5 sont authentiques) qu’il ait persévéré jusqu’au bout dans son attitude sévère. Il reste cependant qu’au moins un moment sa simplicité paysanne a vu, non pas peut-être plus clair, mais plus loin que la grande intelligence de son contemporain, et que, si l’on eût prêté une attention plus profonde à sa prophétie, la foi d’Israël aurait eu moins de peine à sortir victorieuse de la terrible épreuve que constitua pour elle la chute de Jérusalem.

2e Partie (chapitres 4-5)

Authenticité contestée par Wellhausen, Stade, Cheyne, Cornill, Lucien Gautier. Au contraire G.A. Smith et Sellin ne voient pas d’obstacle à attribuer ces chapitres à Michée. De fait, plusieurs des arguments invoqués contre l’authenticité ne résistent pas à un examen attentif. Le caractère chaotique de l’ensemble, les passages brusques d’un sujet à un autre (Michée 5.1 ; Michée 5.2 ; Michée 5.9) s’expliquent par le fait que nous avons affaire ici, non à un discours suivi, mais à des oracles rapprochés d’une manière plus ou moins artificielle. La mention de Babylone (Michée 4.10) est probablement une glose, et l’ensemble du passage Michée 4.9-5.1 cesse d’étonner si l’on admet l’intéressante supposition de Sellin, d’après laquelle il s’agirait là d’une sortie en rase campagne devant procurer à Jérusalem assiégée une délivrance victorieuse. D’autre part, la mention des Assyriens dans Michée 5.4 et suivant ne peut sans violence être considérée comme une allusion aux Syriens que combattirent les Macchabées. Enfin la mention, dans Michée 4.4, de la vigne et du figuier, constitue sinon une preuve, du moins une présomption, que le passage a été écrit — ou adapté — par le paysan Michée. Mais, par ailleurs, il paraît difficile de nier que certains versets, tels que Michée 4.2 ; Michée 5.1 ; Michée 5.2 ; Michée 5.7, portent la marque de l’époque post-exilique. À l’exception de Michée 5.9 ; Michée 5.13 qui est tout à fait dans la note de Michée 1-3, l’attribution à Michée de cette seconde partie du livre doit être considérée comme possible, voire comme probable, pas comme certaine. De toutes façons, nous avons ici un morceau eschatologique, décrivant ce qui « arrivera dans la suite des temps ». Et ce morceau contient des éléments de très grande importance : notamment la prophétie proprement messianique qui souligne que l’Oint de l’Éternel sera un provincial sorti de l’humble Bethléhem (Michée 5.1), et surtout le célèbre morceau sur la paix à venir (Michée 4.1 ; Michée 4.4). Alors qu’une foule d’oracles eschatologiques sont dominés par la pensée qu’aux derniers jours Israël régnera sur les peuples ou les exterminera, ici il est question d’un rayonnement de grandeur qui a pour résultat l’établissement de la Paix. Parce que la Révélation de l’Éternel se répandra de Sion, parce que l’Éternel sera l’arbitre des peuples, les instruments de guerre seront transformés en outils de travail pacifique. Et chacun pourra vivre une vie tranquille, parce qu’« on n’apprendra plus la guerre ». Ce fragment, à l’exception du verset 4, se retrouve, on le sait, au chapitre 2 d’Ésaïe (Ésaïe 2). Le problème critique de sa provenance première est probablement insoluble dans l’état actuel de nos connaissances. Mais sa valeur profonde subsiste, quelle que soit la solution adoptée. Et l’on peut se rendre compte de cette valeur quand on pense au fond guerrier qu’il y a toujours eu dans l’âme d’Israël, de Moïse à David et aux Macchabées. Aidé, il est vrai, par les circonstances, par les calamités inséparables des interminables guerres de l’époque royale, l’esprit du vrai Dieu a remporté là une de ses plus belles victoires. Chez les chauvins, la souffrance de la guerre s’exhale en des cris de malédiction et des prophéties de carnage. Chez les vrais yahvistes elle s’exhale en un sublime — et toujours actuel — cantique de paix.

3e Partie (Michée 6-7.6)

Ici, de nouveau, les opinions des historiens sont très diverses. Les uns (Sellin) attribuent toute la péricope à Michée lui-même, soit qu’ils la placent à l’époque d’Achaz, soit qu’ils lui donnent pour cadre le règne de l’impie et sanguinaire Manassé. Pour d’autres, tels qu’Ewald et Cornill, le fragment est bien de la période manasséenne, mais d’un auteur autre que Michée. D’autres enfin (Guthe, Marti) estiment que la seule date possible doit être cherchée dans la période post-exilique. Il semble bien que la mention des sacrifices d’enfants (Michée 6.7) et surtout l’allusion aux « coutumes d’Omri » et aux « habitudes de la maison d’Achab » (Michée 6.16), à laquelle on ne trouve pas d’analogue dans la littérature post-exilique, prouve le caractère relativement ancien de ces oracles. Mais, plus encore que précédemment, les questions de critique paraissent bien peu importantes pour quiconque prend conscience de l’inspiration magnifique qui se fait jour ici.

L’Éternel a un procès avec son peuple, non pas un procès dans lequel il soit juge, dans lequel il condamne, mais bien plutôt une contestation de plain-pied, dans laquelle il plaide avec Israël, devant le majestueux tribunal des montagnes et des collines, fondements de la terre. Au moins s’attend-on à ce que la plaidoirie de l’Éternel, bafoué par ceux qui auraient dû lui obéir, soit une plaidoirie qui accuse, une récapitulation des fautes commises par Israël et de ses infidélités. Tout au contraire, c’est avec des accents d’amour, presque de supplication, que parle la voix divine, « Mon peuple, que t’ai-je fait ? En quoi t’ai-je lassé ? Réponds-moi ! » Et, au lieu des fautes d’Israël, Ce sont les bienfaits de Dieu qui sont rappelés, avec la pensée évidente que cette évocation d’un long passé d’amour est le moyen le plus efficace de ramener le peuple dans la bonne voie (Michée 6.1 ; Michée 6.5). [Il est probable que la sortie d’Égypte et l’épisode de Balaam étaient, dans l’état ancien du texte, accompagnés d’autres souvenirs par lesquels l’évocation du passé prenait toute son ampleur. Les mots surprenants : « de Sittim à Guilgal », verset 5b, seraient alors, non pas une glose, comme on l’a cru souvent, mais le vestige d’un développement qui aurait disparu pour des causes inconnues.]

Faut-il, avec plusieurs auteurs, voir dans la question du verset 6 une réponse à l’appel divin, l’indication d’un mouvement de l’âme d’Israël saintement émue par le rappel des bienfaits de Dieu, et se demandant ce qu’elle doit faire pour ne pas s’y montrer insensible ? Il semble plutôt que nous ayons affaire, avec (Michée 6.1-5 ; Michée 6.6-8), à deux oracles indépendants et non à deux points d’un même discours. Ce qui est maintenant envisagé, ce n’est plus l’infidélité d’Israël, mais l’éternel et immense problème du culte à rendre à Dieu. Amos, Osée, Ésaïe, ont déjà affirmé, et avec quelle hardiesse ! que les sacrifices matériels sont sans valeur aux yeux de Yahvé. Mais dans leurs affirmations il y avait une note polémique très marquée. Ici, la question est examinée en elle-même, dans toute son ampleur et dans un esprit de très haute piété. Le croyant se demande ce qu’il apportera à son Dieu quand il se présentera humblement devant lui. Et il énumère, en une gradation impressionnante, les holocaustes, les milliers de béliers, les myriades de torrents d’huile. Bien plus, il envisage le don de ce qu’il a de plus précieux, son premier-né, le fruit de ses entrailles. Vraiment, il est disposé à tous les sacrifices. Mais la voix divine lui répond : « Sont-ce les hommes qui te font connaître ce qui est bon (traduit d’après les LXX) ? Ce que l’Éternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde et que tu marches humblement avec ton Dieu ». Formule d’une beauté incomparable, dans laquelle les Rabbins ont vu à juste titre un « sommaire de la Loi », et dont chacun des termes, sous son apparence très simple, contient des trésors inépuisables. Pratiquer la justice, ce n’est pas seulement, pour le prophète, réaliser l’équité, l’équilibre de la balance, c’est faire tout ce qui est dû, être droit, être intègre, être ce qu’on appelle « un juste ». Mais la justice ne va pas sans la miséricorde. Amos a besoin d’être complété par Osée, Jean-Baptiste par Jean l’apôtre. Seulement le verbe qui convenait pour la justice ne convient plus pour la miséricorde, laquelle ne doit pas seulement être « pratiquée » mais « aimée » sous peine de ne pas être. Enfin le « Juste » le plus miséricordieux ne serait pas conforme à la volonté de l’Éternel s’il était satisfait de lui-même ; pour être ce que l’Éternel demande de lui, il faut qu’il soit humble, non pas de l’humilité paresseuse qui, regardant à elle-même, renonce à lutter et à vaincre, mais de l’humilité véritable dont la devise est de « marcher avec Dieu ». [Le mot que nous traduisons par : humblement, peut aussi signifier : secrètement ; il y aurait alors, dans l’esprit du prophète, une pensée analogue à celle de l’apôtre parlant de « la vie cachée avec Christ en Dieu ».] La plénitude de cet oracle de Michée 6.8, sa précision, son actualité éternelle attestent que nous avons en lui une des plus décisives et des plus certaines révélations du Dieu vivant. Le spiritualisme moral des prophètes trouve ici une expression parfaite, et l’on ne s’étonne pas que Jésus y ait fait, dans Matthieu 23.23, une allusion significative. Le passage Michée 6.9 à Michée 7.6 contient au moins deux oracles, qui reprennent avec une âpre verve le thème principal des chapitres 1-3. Les balances fausses, les violences, le mensonge détermineront une catastrophe qui se trouve décrite dans des termes agricoles naturels chez le paysan Michée (Michée 6.14 et suivant). Le culte des idoles n’est pas attaqué, ce qui ne laisse pas que de surprendre, s’il est vrai que nous sommes à l’époque de Manassé. L’insécurité que cause la tromperie est décrite d’une manière saisissante (Michée 7.5 et suivant).

4e Partie (Michée 7.7 ; Michée 7.20)

Ici la provenance post-exilique paraît bien établie par diverses allusions (Michée 7 et suivant) et surtout par le style, qui se rapproche beaucoup de celui des Psaumes. Il convient de considérer cet ensemble de trois petits poèmes (versets 7, 10, 11, 13, 14, 20) comme une liturgie prophétique, dans le genre de celle de Ésaïe 33 (d’après Gunkel, suivi par Sellin).

Dans son ensemble, le livre de Michée est assez composite. Il n’a pas d’unité littéraire. Et son unité spirituelle, qui est réelle, n’est pas aussi saisissante que celle du livre d’Amos. Cependant un souffle nettement prophétique le traverse d’un bout à l’autre. Il contient de beaux appels à la justice et à la moralité sociales. Et surtout plusieurs de ses fragments (sur la Paix à venir, sur le Procès de l’Éternel, sur le culte véritable) sont dignes d’être placés parmi les plus purs joyaux de la révélation hébraïque. G.A. Smith a même pu déclarer à bon droit que Michée 6.8 était la plus belle parole de l’Ancien Testament.

A. JE


Numérisation : Yves Petrakian