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Maladie
Dictionnaire Biblique Westphal

La Palestine a toujours été une contrée assez salubre, garantie des épidémies par son isolement relatif, et la législation hébraïque comporte certaines préoccupations d’ordre sanitaire. La vie des anciens Israélites était simple et frugale, leur alimentation (voir ce mot) se composait surtout de pain, de lait, de miel et de fruits ; la viande était habituellement réservée aux festins. C’était un peuple sain, que la dure servitude d’Égypte n’avait pu abattre (Exode 1.12), et dont les femmes étaient alors plus vigoureuses que celles de leurs tyrans (Exode 1.19). Toutefois, ces conditions favorables furent contrebalancées par l’ignorance de l’hygiène sous un climat souvent brûlant, en pays poussiéreux, et par les innombrables mouvements de troupes et de guerres qui parcoururent la Palestine au cours des âges.

Aussi est-il fréquemment question de maladies dans la Bible ; et si l’on se reporte aux références à ce sujet dans l’Ancien Testament et le Nouveau Testament (nous ne pourrons les citer toutes), on peut en dégager quelques notions assez précises, sans pouvoir établir une évolution nette des idées et des pratiques médicales à travers les siècles bibliques.

I Les maladies

1. Explications

Comment expliquait-on les maladies ? Les Israélites, d’accord, dans l’ensemble, avec les Babyloniens, les Perses et les Grecs, entretenaient ces deux croyances générales, au reste apparentées l’une à l’autre :

  1. La maladie est un châtiment. Elle survient comme conséquence du péché individuel ou familial (Jean 9.2), idée ancienne que Jésus combat en refusant d’attribuer à priori cette cause à toute maladie sans exception. Dieu envoie la maladie directement (Exode 4.11 ; Deutéronome 28.22 ; Deutéronome 32.39), ou par un ange (2 Samuel 24.16), ou par l’intermédiaire de Satan (qui frappe Job d’un ulcère malin des pieds à la tête : Job 2.7) ; voir dans Job 33.19 et suivants une description imagée de la maladie.
  2. À l’origine de la souffrance, il faut chercher une présence démoniaque (voir Possession démoniaque). Les démons, offensés, se vengent en envoyant des maladies, les maladies nerveuses surtout, mais aussi certaines infirmités comme la surdité ou la mutité (Marc 9.25). Parfois c’est Dieu lui-même, comme dans le cas de Saül (1 Samuel 16.14), qui envoie l’esprit malfaisant.

2. Anatomie et physiologie

Les notions d’anatomie et de physiologie qui se font jour dans la Bible sont très rudimentaires et difficiles à définir, à cause du manteau imagé et poétique qui les recouvre. Le cœur est considéré comme le siège de l’activité à la fois mentale et morale, comme cela résulte de passages très nombreux. Les reins sont le siège des impulsions, de l’affection, de l’angoisse (Jérémie 11.20 ; Psaumes 7.10 ; Ésaïe 21.3). Les entrailles sont le lieu de l’émotion douloureuse et de la compassion pour autrui (Psaumes 38.8 ; Job 30.27 ; Jérémie 31.20 ; Colossiens 3.12 ; 1 Jean 3.17) Le sang, c’est l’âme de la chair (Lévitique 17.11), etc. (Voir article à ces divers mots). On peut relever quelques vagues notions d’embryologie dans Job 10.10 et suivants, Psaumes 139.15 et suivant, Ézéchiel 37.6 ; Ézéchiel 37.8 : l’embryon, d’abord comparable à du lait caillé, est recouvert de chair et de peau, puis pourvu de nerfs et d’os.

3. Termes généraux

Les termes de maladie, malade, qui reviennent souvent dans le texte biblique, s’accompagnent quelquefois d’un qualificatif. Ézéchias fut « malade à la mort » (Ésaïe 38.1), le fils de la veuve de Sarepta fut pris d’une maladie si violente que le souffle avait disparu (1 Rois 17.17). Joram fut frappé d’une maladie sans remède (2 Chroniques 21.18). La maladie mortelle d’Antiochus Épiphane est attribuée au chagrin (1 Macchabées 6.8 et suivants). Le grec du Nouveau Testament parle de faiblesse ou asthénie (Actes 28.9 ; Matthieu 8.17 ; Jean 5.5 ; Jean 11.4) ; langueur, amenée par une maladie chronique ou périodique (Matthieu 4.23 et suivant Matthieu 9.35 ; Matthieu 10.1) ; attaque aiguë avec crise violente (Matthieu 8.17 ; Marc 13.4 ; Marc 3.16; Luc 4.40 ; Luc 6.17 ; Luc 7.21 ; Luc 9.1) ; on distinguait généralement entre les malades et les démoniaques (sauf dans Luc 4.40).

4. Maladies particulières

Jésus a guéri un certain nombre de cas de mutité (Marc 7.37) ; le muet de Matthieu 9.32 et suivant présentait des troubles mentaux dont la disparition amena la guérison de son infirmité.

La surdité devait être assez répandue (Ésaïe 29.18 ; Ésaïe 35.5 ; Matthieu 11.5 ; Marc 7.37) ; la patience vis-à-vis des sourds était une vertu recommandée (Lévitique 19.14). Dans Marc 7.32 et suivants la surdité s’accompagne de bégaiement. Un cas de surdi-mutité associé à des troubles nerveux a été guéri par Jésus (Marc 9.14 et suivants, cf. Matthieu 17.14 et suivants, Luc 9.37 et suivants, ces deux derniers passages ne spécifiant pas qu’il s’agit de surdi-mutité). Pour la mutité temporaire du prêtre Zacharie (Luc 1.20 etc.), voir Zacharie, paragraphe 32. On trouve aussi la mutité associée à la cécité chez un démoniaque (Matthieu 12.22).

La cécité. Les maladies des yeux, surtout l’ophtalmie purulente, ont été de tout temps très répandues en Orient. Cette affection était provoquée et aggravée par le sable, la poussière, le soleil. Elle pouvait être aussi une infirmité de vieillesse, comme dans le cas d’Isaac (Genèse 27.1), d’Héli (1 Samuel 3.2), d’Ahija (1 Rois 14.4). Par contre, Moïse conserva sa bonne vue jusqu’à la fin de sa vie (Deutéronome 34.7). La compassion envers les aveugles était un devoir (Lévitique 19.14), et celui qui faisait s’égarer un aveugle était maudit (Deutéronome 27.18) ; mais la cécité était incompatible avec la prêtrise (Lévitique 21.18). Jésus a guéri beaucoup d’aveugles ; les deux cas les plus frappants sont celui de l’aveugle de naissance (Jean 9.1) et celui de l’homme dont la guérison s’accomplit par degrés (Marc 8.22 et suivant). Les cas inverses sont ceux de Saul frappé de cécité par Dieu et d’Élymas frappé par Saul (Actes 9.8 ; Actes 13.11), châtiment symbolique de leur aveuglement spirituel (voir Aveugle). La tournure de Actes 9.18, décrivant l’impression de Saul qui recouvre la vue : « comme si des écailles tombaient de ses yeux », peut passer pour une expression plus ou moins médicale dans le récit de Luc.

L’Oriental connaissait un certain nombre de maladies caractérisées par un état fébrile, sans doute assez mal différenciées. Deutéronome 28.22 en énumère qui ont ce caractère commun d’être soudaines et sans remède connu.

La consomption (Lévitique 26.16) peut être considérée comme une sorte de phtisie, ou comme une variété de la fièvre de Malte, qui sévissait particulièrement dans les îles et sur le littoral méditerranéens, et qui s’accompagnait de douleurs dans les membres, de sueurs abondantes et d’hyperthermie.

La fièvre appelée dans Lévitique 26.16 la fièvre brûlante provoquait de violents malaises et affaiblissait la vue (LXX, ictère ou jaunisse). Ce pourrait être la maladie dont étaient atteints le fils du personnage royal (Jean 4.52) et la belle-mère de Simon Pierre (Luc 4.38), l’un et l’autre à Capernaüm, ville située sur le lac à plus de 200 m au-dessous du niveau de la mer. Il s’agit sans doute d’une sorte de malaria, qui régnait à l’état endémique autour de la mer de Galilée, dans les vallées de la Palestine et dans certaines basses plaines marécageuses comme la Pamphylie (voir ce mot). La fièvre paludéenne est l’une des explications qu’on a données de l’écharde (voir ce mot) de l’apôtre Paul.

L’inflammation, la chaleur brûlante, le dessèchement traduisent diverses manifestations fébriles.

La peste, qui sévissait périodiquement, est souvent mentionnée dans l’Ancien Testament. Très redoutée à cause de son caractère épidémique et rapidement fatal, elle laissait les Israélites d’autant plus désarmés qu’elle était considérée comme une visitation directe de Dieu pour le châtiment, et la loi lévitique n’indique aucun moyen de la combattre (2 Samuel 24.15 ; 1 Rois 8.37 ; 2 Rois 19.35 ; 2 Chroniques 21.14 ; Psaumes 91.3 ; Jérémie 14.12 ; Ézéchiel 14.19 etc.). On s’est demandé si les Israélites n’avaient pas déjà établi un rapport entre la peste et les rats ou les souris (voir ce mot) ; pour s’être emparés de l’arche de l’Éternel, les Philistins, frappés de la peste, offrent des souris d’or comme don expiatoire (1 Samuel 6.4) ; les hémorroïdes de ce récit (1 Samuel 5.6 ; 1 Samuel 5.9 ; 1 Samuel 5.12 etc.) pouvaient bien être des tumeurs de la peste bubonique.

Les affections cutanées, dartres, tumeurs, etc. ont toujours été très communes en Orient (Lévitique 13.2 et suivant, Job 7.5 ; Lamentations 5.10).

La Bible n’établit pas de discrimination entre les diverses maladies de la peau.

La plus répandue et la plus redoutée était la lèpre (voir ce mot), qui affectait l’organisme tout entier et qui était soumise à une législation minutieuse et sévère.

La calvitie simple (Lévitique 13.40-43) n’était pas tenue pour une cause d’impureté cérémonielle ; elle pouvait survenir chez les guerriers soumis à des fatigues excessives (Ézéchiel 29.18).

L’homme atteint de gale ou de teigne (Deutéronome 28.27 ; Lévitique 21.20) ne pouvait pas participer aux cérémonies cultuelles. Ces affections parasitaires, provoquant des éruptions non contagieuses, s’attaquaient au cuir chevelu, au visage, à la peau en général (Lévitique 13.38).

L’ulcère d’Égypte (Deutéronome 28.27 ; Deutéronome 28.35, cf. Job 2.7 ; Exode 9.9 ; 2 Rois 20.7 ; Ésaïe 38.21; Luc 16.20), se fixant surtout sur les genoux et les jambes, consistait en une éruption de pustules ; c’était sans doute quelque anthrax.

En fait de troubles organiques, les maladies de cœur ne semblent pas avoir été identifiées, et les nombreux qualificatifs attribués au cœur appartiennent au sens figuré.

Des cas de syncope ou d’apoplexie, momentanée ou fatale, paraissent cités dans 1 Samuel 4.18 ; 1 Samuel 28.20 ; Daniel 8.27. Le cœur de Nabal, dégrisé, devint « comme une pierre », et la mort survint dix jours plus tard (1 Samuel 25.37 et suivant). Uzza meurt subitement après avoir touché l’arche (2 Samuel 6.7) ; Ananias et Saphira succombent également d’une manière foudroyante (Actes 5.5-10). Voir aussi, dans les Apocryphes, la paralysie subite d’Alcimus (1 Macchabées 9.55) et d’Héliodore (2 Macchabées 3.27).

Lorsqu’il est dit qu’Hérode Agrippa mourut rongé des vers (Actes 12.23), ce peut être une façon du temps de décrire une péritonite avec perforation intestinale ; Josèphe déclare que ce roi souffrait de violentes douleurs abdominales qui l’emportèrent en peu de jours.

Le roi Joram semble avoir souffert d’une forme très grave de dysenterie (2 Chroniques 21.19, cf. Actes 28.8).

Les excès de table et de vin provoquent des troubles divers (Proverbes 23.29 ; Proverbes 23.32 ; Ésaïe 19.14 ; Siracide 31.20 ; Siracide 37.30) ; par contre, saint Paul jugeait l’usage modéré du vin, agissant comme remède, recommandable contre la dyspepsie (1 Timothée 5.23, cf. Siracide 31.27).

Sous la rubrique des maladies nerveuses peuvent figurer la paralysie, l’épilepsie et les troubles nerveux proprement dits.

Les cas de paralysie se trouvent dans le Nouveau Testament : en dehors des guérisons anonymes accomplies par Jésus (Matthieu 4.24), on connaît le paralytique de Capernaüm porté par quatre hommes (Marc 2.3), et le serviteur du centenier (Matthieu 8.6) dont la paralysie s’accompagnait de vives souffrances. Énée, guéri par Pierre, était couché depuis huit ans (Actes 9.33). La paralysie pouvait ne concerner qu’un membre, comme dans le cas de l’homme à la main sèche (Marc 3.1 ; Matthieu 12.10; Luc 6.6) ou n’être pas totale, comme celle du paralytique de Béthesda (Jean 5.5).

Les infirmités des divers boiteux ou impotents (2 Samuel 4.4 ; 2 Samuel 9.13 ; Actes 3.2 ; Actes 14.8) peuvent être congénitales ou accidentelles. Ce sont des accès épileptiques (ou épileptiformes) qui sont décrits dans Marc 9.18 ; Matthieu 17.15; Luc 9.39. L’expression de lunatique, c’est-à-dire « frappé par la lune », employée par Matthieu 4.24 (cf. Psaumes 121.6), indique que l’on attribuait aux phases de la lune une action sur cette forme de maladie.

D’ailleurs les insolations (2 Rois 4.18 et suivants, cf. Psaumes 121.6) ont aussi été attribuées à des démons dévastateurs (cf. le « démon de midi », dans Psaumes 91.6).

Les cas de possession démoniaque (voir article) cités par la Bible (Matthieu 4.24 ; Matthieu 9.32) se réfèrent à des troubles nerveux, concomitants ou non à la mutité ou à l’épilepsie, et pouvant aller jusqu’aux diverses maladies mentales (voir Folie). L’exemple le plus frappant est celui du ou des démoniaques de Gadara (Marc 5.1-20 ; Matthieu 8.28-34; Luc 8.26-39). On ne sait s’il faut faire de ces troubles cérébraux l’origine, ou au contraire la conséquence de la mauvaise santé. Au temps où vivait Jésus, l’exaltation politique et religieuse créait une atmosphère fiévreuse et troublée qui favorisait singulièrement l’éclosion et le développement des maladies nerveuses.

Citons encore : un cas d’hydropisie (Luc 14.2), mal probablement assez commun, qui provoquait des désordres organiques ; et un cas, semble-t-il, d’hémorragie utérine, ayant duré douze ans (Marc 5.25 et parallèle), affection qui chez les Israélites mettait la malade (l’« hémorroïsse ») au ban de la société pour cause d’impureté rituelle.

La maladie du pied dont souffrait Asa (1 Rois 15.23) peut avoir été la goutte, ou une sorte de lèpre articulaire ou de gangrène sénile.

La gangrène est mentionnée dans 2 Timothée 2.17 comme terme de comparaison pour les progrès rongeurs de l’impiété. Mais, dans Deutéronome 28.22, où Segond traduit : jaunisse et gangrène, il est probable qu’il s’agit plutôt de maladies des céréales : nielle et rouille (voir article).

II La médecine

1. Thérapeutique

Un soin qui s’impose tout d’abord est celui des blessures. Ésaïe (Ésaïe 1.6), décrivant un corps couvert de plaies, où rien n’est en bon état, indique en même temps le remède : des pansements à l’huile adoucissante. De bonne heure, il dut y avoir sinon des médecins proprement dits, du moins des gens chargés de soigner les blessés, car Exode 21.19 prescrit que les frais du traitement doivent être imputés à l’auteur des coups.

L’huile et le vin aromatisé étaient d’un emploi courant pour panser les plaies (Luc 10.34). Le baume, spécialement celui de Galaad (Genèse 37.25 ; Genèse 43.11 ; Jérémie 8.22 ; Jérémie 46.11 ; Jérémie 51.8 ; Ézéchiel 27.17), avait des propriétés sédatives, et en quelque mesure désinfectantes.

En ce qui concerne les maladies, nous avons déjà indiqué que la législation israélite était orientée vers certaines précautions sanitaires telles qu’on pouvait alors en avoir. Les prescriptions avaient un caractère rituel et dérivaient souvent de la qualité de tabou attachée à certains aliments et à certains objets (voir Pur et impur) ; en fait, l’élément cérémoniel et l’élément sanitaire étaient étroitement mêlés.

Les animaux destinés à la consommation devaient être inspectés d’après certaines règles ; il était permis de manger la chair des ruminants herbivores et des poissons, mais non des oiseaux vivant de viande animale et des invertébrés, à l’exception des sauterelles.

Une maladie infectieuse suspecte apparaissait-elle ? l’isolement était prescrit par le prêtre (Lévitique 13.4), et le lavage (nous dirions maintenant : la désinfection) du corps et du vêtement était obligatoire, lorsqu’il y avait eu contact avec des impuretés (Nombres 19.11).

En ce qui concerne l’art médical, les théories régnantes sur l’origine des maladies n’étaient pas de nature à en faciliter le développement : si la maladie est une conséquence des péchés commis par le patient ou par les siens, ne fallait-il pas attendre du pardon divin la guérison (Exode 15.26) ? Un point de vue extrême découvre un péché dans le fait de consulter les médecins au lieu de recourir à Dieu (2 Chroniques 16.12) ; pour le vrai point de vue du croyant dans Siracide 38, voir Médecin. Et d’autre part, si la maladie est imputable à la présence d’un mauvais esprit, la science médicale ne consistera-t-elle pas dans la recherche des meilleurs moyens d’expulser la cause du mal ? À cette conception de la maladie vont correspondre des pratiques plus ou moins magiques (2 Rois 5.11), ou bien c’est un signe miraculeux qui indiquera au malade que sa guérison va s’accomplir (2 Rois 20.8).

Qui sera le plus qualifié pour guérir, sinon l’homme de Dieu, et habituellement le prêtre, dont la science, dans ce domaine, ne pouvait être qu’empirique ? Avec le temps, les prêtres, l’emportant de plus en plus sur les magiciens, durent acquérir une certaine somme de connaissances médicales, qui leur permettaient, par exemple, de diagnostiquer et de discriminer avec sûreté les maladies de la peau (Lévitique 13).

Les Talmuds donnent quelques indications sur les procédés employés. La médication se confondait en somme avec l’exorcisme. Le prêtre prononçait une formule magique, accompagnée parfois d’une onction d’huile. Il existait une formule d’incantation contre la rage, une contre la cécité, etc. S’il faut en croire Josèphe Antiquités judaïques (VIII, 2), le roi Salomon aurait possédé un livre de recettes pour chasser les démons : à la puissance des formules s’ajoutait celle d’une racine sacrée, couleur de feu, appelée Baaras, laquelle, par contact avec le corps du possédé, chassait les esprits malfaisants. Les « possédés » n’étaient pas sans inspirer de la crainte. David, pris pour un aliéné, apparaît comme indésirable à Akis (1 Samuel 21.12 ; 1 Samuel 21.15). Pour guérir Saül en proie au mauvais esprit qui ne lui laissait guère de repos, on utilise avec un succès partiel les vertus calmantes de la harpe habilement tenue par David (1 Samuel 16.14 ; 1 Samuel 16.23).

L’huile utilisée pour les blessures, mélangée ou non avec le vin, trouvait aussi son emploi dans le traitement des maladies. Les apôtres recouraient aux onctions d’huile (Marc 6.13), et l’onction d’huile « au nom du Seigneur » est recommandée aux anciens (Jacques 5.14) ; ici, la guérison et le salut attribués à Dieu ont pour condition la foi du malade (verset 15, cf. Hébreux 11.34).

La Bible parle de collyres pour les yeux (Apocalypse 3.18). Jésus lui-même utilisa pour la guérison d’aveugles un collyre fait de salive et de poussière (Jean 9.6 ; Marc 8.23 ; Marc 7.33).

Les emplâtres de figues étaient appliqués comme émollients sur les ulcères (Ésaïe 38.21).

Élie (1 Rois 17.21) et Élisée (2 Rois 4.34) ont utilisé la chaleur animale pour rendre la vie à un corps inanimé.

2. Instruments de chirurgie

Pour procéder à la circoncision (voir ce mot), on employait à l’origine un couteau de pierre (Josué 5.3). Un poinçon pour percer l’oreille est mentionné (Exode 21.6). En dehors de la circoncision, l’art de la chirurgie devait être des plus rudimentaires. Le sang, étant tabou, ne devait pas être répandu ; avec le temps, comme les autres peuples de l’antiquité, les Israélites durent cependant recourir à la pratique des saignées.

Les sages-femmes (voir ce mot) sont mentionnées à propos de Rachel, morte en couches (Genèse 35.17), de Tamar (Genèse 38.28), et des Hébreux en Égypte (Exode 1.15)

La fécondité était une preuve de la faveur divine ; (1 Samuel 2.5 ; Psaumes 113.9) par contre, la stérilité était considérée comme une punition de Dieu ; voir (Genèse 20.18 ; Genèse 30.2 etc.) Enfant.

Dans le Nouveau Testament, il est question des médecins d’une manière qui laisse entendre que leur zèle n’était pas très désintéressé et qu’il s’agissait d’un métier lucratif (Luc 8.43). Jésus rectifie en quelque mesure cette opinion défavorable en se contentant d’émettre, à propos des médecins (voir ce mot), des paroles à allure proverbiale (Matthieu 9.12; Luc 4.23). Ce qui est certain, c’est que beaucoup de gens s’occupaient de médecine, en alliant quelques notions fondées sur l’observation et sur l’expérience à beaucoup de pratiques d’exorcisme et de magie (voir ce mot).

La visite aux malades est un devoir recommandé expressément par Jésus (Matthieu 25.36 ; Matthieu 25.43, cf. Siracide 7.35).

J. A.


Numérisation : Yves Petrakian