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Hérédité
Dictionnaire Biblique Westphal

Pour le sens juridique (transmission de biens par héritage), voir Propriété.

Le plus souvent, l’hérédité désigne la transmission de caractères physiques ou moraux des pères aux enfants.

Il paraît presque impossible de découvrir dans la Bible trace bien distincte d’une théorie de l’hérédité. Certes elle affirme que toute l’humanité est sortie d’un même homme, est fille d’Adam (Actes 17.26) ; elle reconnaît l’universalité du péché (Genèse 6.12 ; Psaumes 14.1) et établit implicitement un rapport de cause à effet entre ces deux constatations ; c’est la faute d’un seul, du premier Adam, qui fait peser sur tous la condamnation, qui a établi sur la terre le règne du péché, et par le péché la mort (Romains 5.12 ; Romains 5.19) ; toutefois il semble que c’est la loi de solidarité, celle qui unit la famille humaine en un seul corps, celle qui veut que « si un membre souffre, le corps tout entier soit atteint » (1 Corinthiens 12.26), qui a surtout arrêté la pensée juive et orienté la théologie paulinienne. On peut aussi indiquer quelques textes qui, faisant du péché une faiblesse attachée à notre chair (Psaumes 78.39 ; Job 10.9), nous amèneraient à constater que c’est par hérédité que se transmet cette faiblesse ; mais tout cela reste assez imprécis.

Si la question de l’hérédité se pose d’une manière bien claire, c’est principalement lorsqu’il s’agit de la réversibilité sur leurs descendants des peines encourues par les parents. Ici, le second commandement du Décalogue nous apporte une déclaration formelle : « Je punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à trois et quatre générations ; je fais grâce jusqu’à mille générations…  » (Exode 20.5 ; Exode 34.7). Cette responsabilité, qui héréditairement s’étend sur plusieurs générations, se justifie, pour les Hébreux, par le fait de la solidarité étroite entre les hommes d’une même famille, d’un même clan. L’injure qui atteint le chef est ressentie par tous, le crime du chef est imputable à tous. Lorsqu’une faute grave ou un meurtre a été commis, la loi englobe dans le châtiment toute la famille (Josué 7.24 et suivant) ; elle fait également bénéficier celle-ci des services rendus par un de ses membres (Josué 6.25). On suivrait avec intérêt l’évolution de cette idée en montrant, dans les mœurs juives, les traces d’une sorte de vendetta qui poursuivait non seulement le coupable mais ses descendants (2 Samuel 21.6), dans l’institution du goël (voir Vengeur du sang), sorte de légataire universel chargé en quelque sorte de continuer le défunt, de gérer ses biens, de les racheter s’ils sont aliénés, de lui assurer une descendance s’il est mort sans enfants et aussi de le venger (Nombres 35.19).

Le Deutéronome s’efforce de réagir contre cette sanglante coutume (Deutéronome 24.16) et le prophète célèbre le temps où elle sera définitivement abolie, où les enfants n’auront plus à répondre devant Dieu ou devant les hommes que de leurs propres fautes (Jérémie 31.29 et suivant, Ézéchiel 18.1 et suivants) ; Jésus, enfin, dans une scène célèbre, se refuse à considérer que la cécité qui a frappé un malheureux, dès sa naissance, soit un châtiment qui frappe le fils parce que ses parents ont péché (Jean 9.2 et suivant).

Signalons comme une sorte d’intuition la belle coutume par laquelle le père de famille rassemblait les siens, pour leur partager ses biens et les bénir, s’efforçant dans ce geste suprême de faire passer en eux le meilleur de lui-même, de devenir pour eux le canal des bénédictions divines (Genèse 27 ; Genèse 49 etc.).

Dans le Nouveau Testament, et particulièrement dans les épîtres de Paul, la loi de solidarité héréditaire qui entraîne la condamnation de tous, par suite de la faute d’un, seul, deviendra le grand moyen de salut et permettra à tous les croyants de devenir participants de la sainteté du Christ (Hébreux 12.10), de sa gloire (1 Pierre 5.1), de sa nature divine (2 Pierre 1.4), héritiers de la grâce et de la vie éternelle (Éphésiens 1.11-14).


Numérisation : Yves Petrakian