Appuyez sur Entrée pour rechercher ou ESC pour annuler.

Cœur
Dictionnaire Biblique Westphal Calmet

Ce seul mot désigne, dans la Bible, des activités de l’âme que le langage moderne sépare nettement et que la psychologie classique distingue sous les termes : sensibilité, intelligence, volonté, conscience morale.

Dans l’Ancien Testament

Le cœur corrompu est la source du péché (Genèse 6.5 ; Genèse 8.21 ; Ecclésiaste 9.3 ; Jérémie 17.9). Le psalmiste constatant cette déchéance s’écrie : « Ô Dieu, crée en moi un cœur pur ! » (Psaumes 51.12). Dieu peut en effet le régénérer (Ézéchiel 11.19 ; Ézéchiel 18.31 ; Ézéchiel 36.26) et le rendre capable d’obéir à sa loi (Ézéchiel 11.20). Le cœur est le siège des émotions, joie et tristesse (1 Samuel 2.1 ; Proverbes 14.10) et des passions (1 Rois 8.38 ; Ésaïe 30.29 ; Psaumes 104.15) ; il est le symbole de l’amour (Proverbes 4.23). Le cœur est le siège de la pensée et du jugement (Genèse 8.21 ; Deutéronome 8.17 ; Proverbes 15.28 ; Ecclésiaste 8.6 ; Psaumes 14.1 ; Jérémie 13.22 ; Sophonie 1.12 etc.). Le cœur est le siège de la volonté (Exode 14.5 ; 1 Samuel 7.3 ; 1 Rois 8.48 ; Ésaïe 10.7). Certaines expressions traduisent des états de la conscience morale : « J’endurcirai son cœur » (Exode 4.21 ; Deutéronome 2.30). « Faites-vous un cœur nouveau » (Ézéchiel 18.31). « La droiture de ton cœur » (Deutéronome 9.5). « Son cœur ne fut point tout entier à l’Éternel » (1 Rois 11.4). « Déchirez vos cœurs » (Joël 2.13). L’expression « cœur de chair », dans Ézéchiel 11.19 ; Ézéchiel 36.26, ne doit point être prise dans le sens de cœur charnel ; elle signifie : cœur vibrant, réceptif, qui répond aux appels de Dieu ; le cœur rebelle et dur est, par contre, appelé « cœur de pierre ». Voir Chair.

Dans le Nouveau Testament

Le cœur est quelquefois le siège des sentiments affectifs, comme dans 1 Pierre 1.22 : « Aimez-vous les uns les autres de tout votre cœur » ; mais plus souvent il est le centre de l’activité spirituelle de la conscience : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Matthieu 5.8). « Recherche la justice avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2 Timothée 2.22). « … ceux qui ayant entendu la parole avec un cœur honnête et bon la retiennent…  » (Luc 8.15). « Le malin vient et enlève ce qui a été semé dans son cœur…  » (Matthieu 13.19, cf. Ésaïe 6.10). Les choix du cœur orientent la vie tout entière, soit vers la pureté, soit vers la corruption (Luc 6.45 ; Matthieu 15.18). Cette pureté, parure cachée du cœur (1 Pierre 3.4), n’est foncièrement connue que de Dieu qui « sonde les cœurs » (Romains 8.27; Luc 16.15 ; 1 Jean 3.20, cf. 1 Samuel 16.7 ; Proverbes 21.2). Quant à l’homme, il ne peut apprécier la vie cachée du cœur que par les fruits visibles (Matthieu 7.20). L’apôtre Paul recourt à une grande variété d’expressions pour exprimer l’activité de l’âme ; cependant il utilise, lui aussi, le mot cœur pour désigner la conscience morale : « Les yeux du cœur » (Éphésiens 1.18). « Il fait briller sa lumière dans nos cœurs » (2 Corinthiens 4.6). « Celui qui a décidé dans son cœur…  » (1 Corinthiens 7.37). « … en sorte que Christ habite en vos cœurs par la foi » (Éphésiens 3.17). Il n’y a pas lieu de s’étonner des acceptions variées données à un même mot, car l’âme humaine n’a pas de compartiments, elle est une. La pensée a besoin d’analyser pour comprendre et sépare ce qui est uni, mais souvent l’intuition refait la synthèse. Ainsi appelle-t-on d’un même mot dans la Bible : le cœur, les démarches de la pensée, les sentiments bons ou mauvais, les déterminations de la volonté et les élévations de la conscience morale. Voir Conscience.


Numérisation : Yves Petrakian