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Veaux
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Il est parlé très-souvent de veaux dans l’Écriture, parce qu’on les employait communément pour les sacrifices. Mais, en plusieurs occasions, vitulus est mis pour un jeune taureau qui, selon notre manière de parler, ne serait plus simplement veau.

Vitulus de armento, le veau du troupeau, se met apparemment par opposition au veau qui tette encore et qui est sous sa mère. Vitulus se prend quelquefois pour un taureau déjà grand (Psaumes 21.13). Le veau gras, vitulus saginatus (Luc 15.23 Proverbes 15.18 Jérémie 46.21), était un veau engraissé exprès pour faire une noce ou un festin de religion.

Veau d’or, que les Israélites adorèrent au pied du mont Sinaï (Exode 32.4-19,20). Le peuple d’Israël, voyant que Moïse différait trop longtemps à descendre de la montagne, s’assembla autour d’Aaron, et lui dit : Faites-nous des dieux qui marchent devant nous ; car nous, ne savons ce qui est arrivé à ce Moïse qui nous a tirés de l’Égypte. Aaron leur répondit : Otez les pendants d’oreilles qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de èos filles, et apportez-les moi. Ils les lui apportèrent, et Aaron en forma, par l’art du fondeur, un veau jeté en fonte. Alors le peuple dit : Voilà vos dieux, Israël, qui vous ont tirés de l’Égypte. Aaron ayant vu cela, dressa un autel devant le veau, et fit publier par un héraut :. Demain sera la solennité du Seigneur. Et le peule s’étant levé du matin, ils lui immolèrent des holocaustes et des hosties pacifiques ; et ils s’assirent pour boire et pour manger, et ils se levèrent ensuite pour jouer.

Le Seigneur, ayant averti Moïse de ce qu’avait fait le peuple, lui dit de descendre ; et Moïse étant arrivé près du camp, et voyant le peuple qui dansait autour du veau, il jeta par terre les tables de la loi qu’il tennait dans ses mains, et les brisa au pied de la montagne ; et ayant pris le veau d’or, il le jeta au feu, le réduisit en poudre, en ;épandit les cendres dans l’eau dont le peuple buvait, fit de grands reproches à Aaron de la faiblesse qu’il avait eue de consentir ainsi à la demande du peuple : il se mit à la porte du camp, et dit : Si quelqu’un est au Seigneur, qu’il se joigne à moi. Les lévites s’assemblèrent autour de lui, ils prirent chacun leur épée, et passant et repassant au travers du camp, ils tuèrent sans distinction tous ceux qu’ils rencontrèrent ; et il y eut ce jour-là près de vingt-trois mille hommes de tués. Mais l’Hébreu, le Samaritain, le Chaldéen, les Septante, la plupart des anciens Pères grecs et latins, ne lisent que trois mille au lieu de vingt-trois mille.

On ne doute pas que les Hébreux, dans cette occasion, n’aient voulu imiter le culte du dieu Apis, qu’ils avaient vu dans l’Égypte. On adorait cette fausse divinité. sous la figure d’un taureau vivant et réel, et sous celle d’une figure de taureau, et enfin sous la figure d’un homme avec la tête d’un taureau : et certes plusieurs anciens Pères, en parlant du veau d’or, se sont exprimés comme s’il n’y avait eu qu’une tête de veau ou de taureau : Aureum caput bovis, dit Lactance ; et, Bibulum caput, dit Tertullien ; et, Conflatum est bibulum caput. Mais, quoi qu’il en soit, on ne peut disconvenir qu’ils n’aient eu dessein de faire une figure superstitieuse, dans le dessein de lui rendre un culte idolâtre, comme ils le narguent assez en disant : Israël, voilà vos dieux qui vous ont tirés de l’Égypte.

Monceau, dans son livre intitulé, Aaron purgatus, a tâché de faire voir que le veau d’or fabriqué par Aaron était une figure toute semblable aux chérubins sur lesquels il prétend que le Seigneur était assis lorsqu’il se fit voir à Moïse sur la montagne de Sinaï. Ces chérubins étaient, selon lui, des bœufs ailés, sur le modèle desquels Moïse fit faire dans la suite les chérubins du propitiatoire. C’est l’idée de cet auteur. Il ajoute que le péché d’Aaron ne consistait pas a avoir fait le veau d’or ; en tant qu’il représentait les chérubins sur lesquels le Seigneur était assis, mais à avoir donné occasion au peuple de lui rendre une adoration superstitieuse et idolâtre ; que le peuple aurait pu, sans crime, adorer le Seigneur à la vue de ce chérubin ou de ce veau d’or, et que son péché ne g It qu’en ce qu’il a transporté le culte qu’il ne devait qu’au Seigneur à une créature et à une figure sensible. Il croit de plus que les veaux d’or que fit Jéroboam après la séparation des dix tribus, étaient de vrais chérubins, et que ni Jéroboam, ni les dix tribus ne quittèrent pas le culte du Seigneur en recevant celui du veau d’or, mais seulement qu’ils firent schisme en se séparant de leurs frères qui adoraient à Jérusalem le même Dieu assis sur les chérubins, que les autres tribus adoraient comme assis sur les veaux d’or à Dan et à Béthel. Sentiment singulier, qui a été justement censuré et combattu par plus d’un auteur.

Aaron, en annonçant la fête du veau d’or, dit au peuple : Demain sera la solennité du Seigneur. Pour tacher de disculper ce grand prêtre, on remarque qu’il se servit dh terme de Jéhovah, pour essayer, disent les interprètes, de porter le people à l’adoration du Seigneur en la présence de ce veau, comme si cette figure eût été consacrée au vrai Dieu ; mais le peuple ne s’en tint pas là : il rendit ses adorations à un veau qui broute l’herbe (Psaumes 105.19). Certes il est inutile de vouloir excuser Aaron dans cette rencontre ; il ne s’excuse pas lui-même, et on lit dans le Deutéronome (Deutéronome 9.20) que Dieu, irrité de son crime, voulait le faire mourir, si Moïse n’eût employé ses prières pour désarmer la colère du Seigneur.

Quelques rabbins enseignent que Moïse ayant réduit en poudre le veau dor, et en ayant jeté la poussière dans le torrent d’Horeb, tous ceux qui burent de cette eau et qui se trouvèrent coupables de l’adoration de cette idole, éprouvèrent les mêmes effets que l’eau de jalousie produisait sur les femmes coupables d’adultère. Ils furent frappés d’ulcères, qui les firent distinguer par Moïse, et qui lui donnèrent lieu de les châtier avec la dernière sévérité. D’autres avancent qu’en buvant de cette eau les plus zélés adorateurs du veau d’or virent avec étonnement leur barbe prendre la couleur de l’or, marque qui passa même, dit-on, à leurs enfants [Sur le veau d’or d’Aaron, voyez plus bas dans l’article de ceux de Jéroboam j

Veaux d’or de Jéroboam, fils de Nabat.

Ce prince ayant été reconnu roi par les dix tribus d’Israël, et voulant séparer pour toujours ces dix tribus de la maison de David, jugea à propos de leur donner des dieux nouveaux qu’ils adorassent dans leur propre pays, sans être obligés d’aller au temple de Jérusalem pour y rendre leur culte au Seigneur (1 Rois 12.26-28). Il dit en lui-même : Si ce peuple va à Jérusalem pour y offrir des sacrifices au Seigneur, son cœur se retournera bientôt vers Roboam, roi de Juda, son Seigneur ; ils me tueront et se donneront à lui. C’est pourquoi il fit deux veaux d’or et dit au peuple : Israël, voila vos dieux qui vous ont tirés de l’Égypte ; et il les mit l’un à Béthel, et l’autre à Dan, aux deux extrémités de son royaume. Ce qui devint un sujet de chute au peuple d’Israël, qui, allait à Dan et à Béthel adorer ces veaux.

Nous avons déjà remarqué que Monceau avait cru que les veaux d’or de Jéroboam étaient une imitation des chérubins que Moïse avait mis sur l’arche d’alliance, et que l’on considérait comme le trône du Seigneur ; eu sorte qu’on devait concidérer Jéroboam et les Israélites des dix tribus plutôt comme schismatiques que comme idolâtres. Et il faut avouer qu’en effet tout Israël ne renonça pas tout à fait au culte et à la religion du Seigneur en adoptant le culte des veaux d’or, et en cessant d’aller au temple de Jérusalem. Le Seigneur n’abandonna pas entièrement Israël, et il lui envoya des prophètes, et il se conserva parmi ce peuple un grand nombre de fidèles adorateurs, qui ont pu parvenir au salut. Mais lorsque Jézabel introduisit dans Israël, sous le règne d’Achab, le culte de Baal et d’Astaroth, et des autres dieux des chananéens, alors Élie se plaignit amèrement au Seigneur que tout le monde avait abandonné son culte, qu’il était demeuré seul (1 Rois 19.10) : Je suis brûlé de zèle pour le Dieu d’Israël, parce que les enfants d’Israël ont abandonné votre alliance ; ils ont détruit vos autels, ils ont tué vos prophètes, et je suis demeuré seul. Le Dieu d’Israël avait donc auparavant ses prophètes et ses autels dans le royaume d’Achab, et lorsque le même Élie eut assemblé le peuple sur le mont Carmel, il leur dit de choisir entre le Seigneur et Baal (1 Rois 18.21) : Jusqu’à quand boiterez-vous des deux côtés ? Si le Seigneur est Dieu, que ne le suivez-vous

Et si Baal est votre dieu, attachez-vous à lui. Voilà ce qu’on dit pour justifier le culte des Israélites des dix tribus.

Mais saint Jérôme, et la plupart des commentateurs ont cru que Jéroboam avait voulu imiter par ses veaux d’or le culte du bœuf Apis, qu’il avait vu pratiquer dans l’Égypte pendant le temps qu’il y demeura sur la fin du règne de Salomon (1 Rois 11.40). Le crime de ce prince n’est point équivoque ; l’Écriture lui reproche en cent endroits d’avoir, fait pécher Israël. Lorsque l’Écriture veut faire le portrait d’un mauvais prince, elle dit qu’il a imité le péché de Jéroboam. Elle dit que Jéroboam a séparé Israël du Seigneur, et l’a engagé dans un grand crime (2 Rois 27.21). Le prophète Ahias ne dit-il pas à la femme de ce prince (1 Rois 14.9) : Vous vous êtes fait des, dieux étrangers et jetés en fonte pour ruer, et vous m’avez jeté derrière vous ? Combien de fois les prophètes ont-ils invectivé. contre le faux culte des veaux d’or ? Osée ne les menace-t-il pas de la part du Seigneur de perdre les hauteurs de Béthel, les lieus, consacrés à l’idole (Osée 10.5).

J’avoue que dans Israël il y avait des saints et des prophètes, qui étaient fidèles au Seigneur, et qui pouvaient arriver au salut mais ils n’adoraient point les veaux d’or, et ne prenaient aucune part ni au schisme, ni au nouveau culte introduit par Jéroboam ; ou ils allaient secrètement au temple de Jérusalem, comme Tobie (Tobie 1.5) ; ou ils adoraient le Seigneur dans leurs maisons, et sous la direction des prophètes, comme la femme de Sunam (2 Rois 4.23).

Les Septante et les Pères grecs lisent ordinairement les vaches d’or, au lieu des veaux d’or ; et quelques-uns en parlent comme s’il n’y avait eu qu’une tête de veau ou de vache. On croit que Manahem roi d’Israël fut obligé d’envoyer un des veaux d’or (Psaumes 10.5-6 ; Osée 5.6) à Phul, roi d’Assyrie, pour l’engager à venir à son secours (2 Rois 8.19-20). Les rabbins racontent qu’Osée, roi d’Israël, ayant été obligé d’envoyer à Salmanasar, roi d’Assyrie, un des veaux d’or, pour satisfaire aux sommes qu’il lui demandait, les prêtres de cette idole au lieu de lui envoyer le veau d’or, lui en envoyèrent un autre d’airain bien enveloppé. Le peuple qui ne savait rien de leur friponnerie, faisait un grand deuil, pleurant l’enlèvement de leur veau d’or ; mais les prêtres se réjouissaient en secret croyant leur fourberie bien à couvert. On applique à cela ce passage d’Osée : (Osée 10.5). Mais Salmanasar ayant développé le présent qu’on lui envoyait, et n’ayant trouvé qu’un veau d’airain au lieu d’un veau d’or, marcha contre Samarie, la saccagea, et enleva les veaux d’or avec tout le peuple qui les adorait.

Saint Jérôme nous rapporte encore une autre tradition des Juifs sur le sujet des veaux d’or, en expliquant ces paroles d’Osée : Divisum est cor eorum. Nunc interibunt. Tandis que le peuple d’Israël et leurs rois furent d’accord sur le culte du veau d’or, Dieu suspendit sa vengeance. Le peuple avait une excuse, il obéissait à son roi. Mais Osée, dernier roi d’Israël, moins attaché que ses prédécesseurs aux superstitions du pays, ayant déclaré qu’il ne prétendait forcer personne, et qu’il laissait la liberté d’aller adorer à Jérusalem, le peuple s’y opposa, et dit qu’il ne voulait point user de cette liberté. Cela mit la division parmi eux : Divisum est cor eorum. C’est pourquoi le Seigneur résolut de les perdre : Nunc interibunt.

On a vu sous l’article de Jéroboam, ce qui arriva dans la cérémonie où ce prince dédia l’autel du veau d’or à Béthel (1 Rois 12.33 ; 13.1-3) ; comme l’homme de Dieu envoyé du pays de Juda, prononça cette prophétie contre l’autel : Autel, autel, voici ce que dit le Seigneur : Il naîtra un fils dans la maison de David qui s’appellera Josias, il immolera sur toi les prêtres des hauts lieux qui t’encensent maintenant, et brûlera sur toi les os des hommes. Cet autel va tout présentement se rompre, et les cendres qui sont dessus tomberont par terre. Le roi ayant voulu étendre la main, elle se sécha aussitôt ; mais elle fut rétablie à la prière du prophète. Voyez (1 Rois 23.1-2, 3) et suivants Josèphe parle du temple du veau d’or ; qui subsistait encore de son temps, vers Dan, et non pas près de Daphné, comme portent ses exemplaires, sur le petit Jourdain.

Comme la gloire d’Israël était son Dieu, sa loi, son arche d’alliance ; ainsi les adorateurs des veaux d’or, considéraient ces idoles comme leur gloire (Osée 10.5). Ils se faisaient un honneur de les adorer ; ce qui aurait dû les charger de confusion. Aussi les prophètes leur disaient en raillant (Osée 13.2) : Vous qui adorez des veaux, venez immoler des hommes. Peut-on voir une plus grande folie ? Vous adorez des veaux, et vous sacrifiez des hommes à Moloc et à Saturne. Les Septante : Ils disent, les veaux nous manquent ; immolons des hommes. On ne trouve plus de veaux à immoler, qu’on nous amène des hommes. On peut donner à l’Hébreu un autre sens : Que ceux qui veulent immoler, viennent baiser ou adorer les veaux. C’est ce que disait Jéroboam aux Israélites des dix tribus.

Osée prédit la destruction et la captivité des veaux de Samarie en ces termes (Osée 8.5-6) : Le veau de Samarie a été jeté par terre ; ma fureur s’est allumée contre ce peuple… C’est Israël qui a inventé cette idole… Le veau de Samarie deviendra aussi méprisable que les toiles d’araignées. Les Assyriens s’étant rendus mattres de Samarie, enlevèrent les veaux d’or que le peuple adorait ; ces vaines divinités ne leur servirent pas davantage que des toiles d’araignées ; elles ne purent les garantir de la main de leurs ennemis. Le texte hébreu, qu’on traduit par des toiles d’araignées, est fort inconnu.Les Septante traduisent : Le veau de Samarie est trompeur, ou il s’égare ; Symmaque : Il est inconstant ; la cinquième édition : Il est vagabond. Tout cela revient à-peu-près au même. Les rabbins : Il est comme de la poussière, de la sciure de bois. La plupart des nouveaux interprètes : Il est réduit en pièces, en morceaux. Saint Jérôme avait appris de son maître en hébreu qu’il signifie des toiles d’araignées qui volent en l’air et se dissipent bientôt.

On forme sur le veau d’or fabriqué dans le désert par Aaron, plusieurs questions. Quelques rabbins veulent disculper Aaron du péché qu’il commit en faisant le veau d’or. Ils prétendent que ce ne fut pas lui, mais quelques magiciens d’Égypte et quelques prosélytes mal convertis de la même nation, qui le firent contre l’intention d’Aaron. Josèphe a dissimulé et omis cette his’ toire du veau d’or. Les Septante (Exode 32) portent qu’Aaron le dessina avec le burin ; mais que le peuple le fit et le jeta en fonte. Quelques Juifs croient que d’abord on fit un veau de bois, et qu’ensuite on le couvrit de lames d’or. Selden.(a) conjecture qu’il se servit du burin pour graver sur le veau d’or les marques qui distinguaient le taureau Apis, c’est-à-dire un croissant sur le côté et une tache blanche carrée sur le front.

Il y en a qui croient qu’il voulut le jeter en fonte, afin de tirer l’ouvrage en longueur, et afin que cette idole sortant du fourneau n’eût rien de beau et de brillant dans sa figure. D’autres, au contraire, veulent qu’Aaron n’ait rien omis pour le rendre le plus beau et le plus parfait qu’il lui fut possible ; et que c’est pour cela qu’il est dit qu’il se servit du burin. L’Hébreu : Il leur forma un veau avec le burin. Mais le paraphraste chaldéen s’éloigne de l’une et de l’autre de ces deux versions. Il porte : Aaron reçut de leurs mains les pendants d’oreilles, les lia dans une bourse et en forma le veau d’or. Bochart soutient que cette version est la meilleure de toutes, et que l’hébreu chera signifie une bourse, et non un burin.

Les mahométans ont sur le veau d’or une tradition fort singulière. Ils tiennent que cette figure, qui n’était qu’un corps sans dme, mugissait néanmoins comme un bœuf ; et voici comme ils ajustent cette fable. Les Israélites ayant emprunté des Égyptiens, avant leur sortie d’Égypte, plusieurs vases d’or et d’argent, et ayant recueilli plusieurs riches dépouilles des Égyptiens noyés dans la mer Rouge, et rejetés sur le bord, commencèrent à trafiquer entre eux de ces bijoux. Sameri, un des principaux chefs des Hébreux, en avertit Aaron, qui commandait en l’absence de son frère Moïse, et lui dit que ce commerce ne lui paraissait pas légitime. Aaron ordonna sur-le-champ à Sameri de recueillir tous ces ornements et de les garder en dépôt jusqu’au retour de Moïse, qui était alors sur le mont Sinaï.

Sameri, qui était habile dans la fonte des métaux, crut qu’il était avantageux de ré duire tout cet or et cet argent en une masse, afin que Moïse pût dans la suite l’employer à ce qu’il jugerait plus à propos. Il le fit, jeta tous ces joyaux dans un creuset, et il en sortit, sans qu’il en eût dessein, une espèce de veau de fonte. À la vue de cette figure que le hasard avait produite, les Israélites accoutumés à l’idolâtrie de l’Égypte, conçurent quelque respect pour le veau ; Sameri, voulant augmenter leur vénération, prit de la poussière et la jeta dans la gueule du veau, qui commença aussitôt à mugir ; alors les Hébreux se prosternèrent devant lui et lu rendirent leurs adorations. Et d’où venait cette poussière miraculeuse à Sameri ? Il l’avait prise, disent-ils, sous les pieds de la monture de l’archange Gabriel, qui marchait à la tête des Hébreux dans le désert.

Le veau gras dont il est parlé en quelques endroits de l’Écriture, comme (Proverbes 15.18 ; 1 Samuel 28.24 ; Luc 15.25 ; Jérémie 26.21), était un veau qu’on engraissait exprès pour quelques fêtes ou pour quelques sacrifices extraordinaires. Les païens en usaient de même.

Le veau du Liban, dont il est parlé au psaume (Psaumes 38.6), se peut prendre tout simplement pour un veau ou un jeune taureau qui paît dans le Liban. La voix de Dieu, son tonnerre, la tempête brise un cèdre du Liban avec autant de facilité qu’elle renverse un veau du Liban. L’Hébreu se peut traduire autrement : La voix du Seigneur fera sauter les cèdres du Liban comme un veau qui bondit dans la prairie : il agitera les montagnes du Liban et du Sirion comme le petit du rhinocéros.

Les vœux des lèvres, dont parle Osée (Osée 14.3), marquent les sacrifices de louanges, les prières que les captifs de Babylone adressaient au Seigneur, n’étant plus à portée de lui offrir des sacrifices dans son temple. Les Septante ont lu le fruit de nos lèvres, au lieu des veaux ou des taureaux de nos lèvres, et leur leçon a été suivie par le Syriaque et par l’Apôtre aux Hébreux (Hébreux 13.15).

Jérémie (Jérémie 34.18-19) parle d’une cérémonie remarquable, qui n’est point marquée dans les livres historiques de l’Écriture. Le Seigneur dit : Je livrerai les hommes qui ont violé mon alliance et qui n’ont point observé les paroles de l’accord qu’ils avaient fait en ma présence, comme le veau qu’ils ont coupé en deux, et entre les moitiés duquel ils ont passé. On ignore quand cette alliance fut jurée, et à propos de quoi ; mais il y a apparence que la chose n’était pas fort ancienne, puisque ceux qui l’avaient autrefois jurée étaient encore vivants. L’usage de couper une victime en deux, mettre les moitiés sur deux autels différents, et de faire passer entre deux ceux qui contractent alliance, est connu dans l’Écriture et dans les profanes. Voyez (Genèse 15.9-10, 11).