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Soie
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal Bost

Ou Soye, sericum. Il n’est fait mention de soie dans le texte latin de l’Écriture qu’en trois endroits, savoir (Esther 8.15) : Mardochée, élevé en la place d’Aman, allait vêtu d’un manteau de soie ; Ézéchiel (Ézéchiel 27.16), met la soie parmi les marchandises qu’on apportait à Tyr ; enfin saint Jean, dans l’Apocalypse (Apocalypse 18.12), parlant de la ruine de Rome, dit qu’on n’y verra plus la soie et les autres riches marchandises qu’on y voyait auparavant. Mais l’hébreu bitz, que l’on a traduit par sericum dans Esther (Esther 8.15), signifie plutôt le vrai byssus, qui est une espèce de soie qui vient après le poisson à écailles, nominé pinna, et dont nous avons parlé ci-devant sous l’article Byssus. [Voyez ce mot]. Le terme ramoth, qui est rendu par sericum dans la Vulgate, signifie, selon le Chaldéen, des pierres précieuses (Ézéchiel 27.16) ; selon Aquila, des ouvrages de soie ; selon les nouveaux interprètes, du corail.

Mais la plupart croient que l’hébreu, meschi que saint Jérôme a traduit dans Ézéchiel (Ézéchiel 16.10), par subtilia, des toiles fines, signifie de la soie. Les Septante l’ont rendu par trichapton, que les uns entendent d’un tissu fait avec des cheveux, que les femmes mettaient sur leurs têtes, comme une manière de perruque ; d’autres, d’un voile tissu de soie, que les femmes mettaient sur leurs cheveux. Symmaque avait traduit mes-chi par un habit, et Aquila par fleuri, le Syriaque par un habit de femme. Tout cela fait voir que les anciens n’étaient pas persuadés que meschi signifiât de la soie, et qu’il est fort douteux qu’Ézéchiel en ait voulu parler, ni que l’Écriture en fasse mention dans aucun endroit, si ce n’est dans Isaïe (Isaïe 19.9), où l’on trouve scherikoth, que saint Jérôme a traduit par subtilia, et que d’autres traduisent par de la soie, ou du lin délié, ou du lin cru et de couleur jaune ; les Septante, du lin coupé ; Symmaque, du lin cardé. L’on peut croire que le nom de sericuin, la soie, vient de sorec, qui signifie jaune (Isaïe 5.2) ; car telle est pour l’ordinaire la couleur naturelle de la soie ; mais, dans l’endroit d’Isaïe (Isaïe 19.9), que voudrait dire, les ouvriers de lins de soie ? Scherikoth en cet endroit, signifie donc apparemment la couleur du lin.

Les anciens Grecs et les Romains n’ont pas été fort instruits de la nature de la soie. Ils croyaient qu’elle venait dans le pays des Sères, peuple de Scythie ; qu’une espèce d’araignée la tirait de ses entrailles, l’entortillait avec ses pieds autour de petites verges, nu branches d’arbres, qu’ils détachaient ces fils de soie en l’arrosant d’eau. Seres lanificio silvarum nobiles, perfusam aqua deportantes silvarum canitiem, dit Pline. Les Sères communiquèrent la soie aux Perses, et des Perses elle vint aux Grecs, et de là aux Romains ; mais les Perses et les Orientaux conservèrent longtemps le secret de l’apprêter, sans vouloir le communiquer aux autres. On ignorait encore comment elle venait, et comment on la mettait en Å“uvre du temps de Pline. On ne commença à en voir en Europe qu’après les conquêtes d’Alexandre le Grand. Elle y demeura si peu commune, qu’on la vendait réellement au poids de l’or. Vers le commencement du règne de Tibère, on fit une loi qui défendait aux hommes l’usage des habits de soie : Ne vestis serica viros foedaret. Il n’y avait que les femmes de la première qualité qui en portassent. Vopiscus assure que l’empereur Aurélien refusa un habit de soie à l’impératrice sa femme, qui le lui demandait avec empressement.

L’empereur Justinien, curieux de savoir au juste la manière de faire la soie, et voulant s’épargner les dépenses qu’il fallait faire pour l’acheter des étrangers, envoya, dit-on, vers l’an 555, deux moines dans les Indes, pour s’instruire de la manière dont se faisaient les ouvrages de soie. Ces religieux à leur retour dirent qu’il était presque impossible de transporter des vers en vie de si loin, mais qu’on pourrait rapporter des Å“ufs de vers à soie. L’empereur les envoya une seconde fois pour lui en apporter ; ils le firent, on réussit à les élever à Constantinople, et bientôt l’usage s’en répandit dans L’Europe. Il s’en fit des manufactures à Athènes, à Thèbes et à Corinthe. On peut voir Saumaise dans ses Notes sur Solin, sur Tertullien et sur les écrivains Historioe augustoe.