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Samaritain
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal Bost

Samaritain (1)

Ce terme se met pour une injure dans les livres des Juifs. Vous êtes un Samaritain, et vous êtes possédé du démon (Jean 8.48), disaient les Juifs à Jésus-Christ dans leur emportement. Le Sauveur défend à ses disciples d’aller prêcher dans les villes des Samaritains (Matthieu 10.5) : In civitates Samaritanorum ne intraveritis, pour montrer que les personnes pour qui nous avons plus d’éloignement sont toutefois notre prochain. Jésus-Christ, dans la parabole du Juif blessé entre Jérusalem et Jéricho (Luc 10.33), dit que ce fut un Samaritain qui en prit soin et le fit soulager. La Samaritaine s’étonne que Jésus-Christ lui parle et lui demande à boire, elle qui était Samaritaine ; car, ajoute l’Évangéliste, les Samaritains et les Juifs n’ont aucun commerce ensemble (Jean 4.9) : Non enim couluntur Judoei Samaritanis. L’auteur de l’Ecclésiastique (Ecclésiaste 1.27-28) met les Samaritains au nombre des peuples pour lesquels il a une horreur invincible : Il y a deux nations que je hais ; mais la troisième je l’abhorre sur toutes choses, ceux qui demeurent en Séir, c’est-à-dire les Iduméens, les Philistins, et le peuple insensé qui demeure à Sichem ; ces derniers sont les Samaritains les plus odieux de tous.

Samaritain (Parabole du) (2)

Voyez Adommim.

Samaritain (Pentateuque) (3)

C’est le recueil des cinq livres de Moïse, écrit en caractères samaritains, ou anciens caractères hébreux, qui étaient usités avant la captivité de Babylone. J’en ai déjà parlé ci-devant sous l’article Pentateuque, et j’en parlerai encore ci-après sous celui des Samaritains. Voyez ces articles. Voici encore quelques nouvelles remarques sur ce sujet. Les exemplaires du Pentateuque samaritain ont été inconnus en Europe jusqu’au seizième siècle. Le fameux Jacques Ussérius est le premier, ou un des premiers qui en ait fait venir d’Orient. Ce savant homme ayant remarqué qu’Eusèbe de Césarée, Diodore de Tharse, saint Jérôme, saint Cyrille d’Alexandrie, Procope de Gaze, Georges [le] Syncelle et quelques autres avaient cité le Pentateuque samaritain, n’eut point de repos qu’il n’en eût fait venir cinq ou six exemplaires de la Syrie, ou de la Palestine ; et en examinant ces exemplaires avec soin, il crut avoir trouvé qu’ils avaient été corrompus par un certain Dosithée, dont parle Origène dans sen premier livre contre Celse : sentiment dont les savants ne tombent pas d’accord.

Pietro della Valle en acheta un exemplaire parfaitement beau à Damas, l’an 1616, pour M.de Sansi, pour lors ambassadeur de France à Constantinople, et depuis évêque de Saint-Malo. Ce livre fut donné aux pères de l’Oratoire de la rue Saint-Honoré, où il se cou-serve encore aujourd’hui ; et c’est sur cet exemplaire que le père Morin fit imprimer, en 1632, le Pentateuque samaritain, qui se trouve dans la Polyglotte de M. Le Jay, qui est le premier exemplaire que l’on ait vu imprimé en cette langue. On l’a réimprimé plus correct dans la Polyglotte de Wallon, sur trois manuscrits samaritains qui avaient appartenu à Ussérius. Voyez le P. Le Long, Bibliothèque sacrée, t. I page 124 et suivants

Les critiques sont assez partagés sur le Pentateuque Samaritain. Le père Simon, dans son Histoire critique de l’Ancien Testament, a cru que le prêtre envoyé par le roi Assaradon aux Chutéens nè leur apporta pas les livres de la loi de Moïse, qui auraient été inutiles à ce peuple qui n’entendait pas l’hébreu, et à lui-même, puisque, sans avoir ce livre à la main il pouvait pratiquer les cérémonies de la à laquelle il était accoutumé dès l’enfance. Ce ne fut donc que longtemps après, lorsque Manassé alla bâtir un temple sur la montagne de Garizim, qu’on porta là l’exemplaire de la loi fait ou réformé par Esdras, et que les Juifs lisaient dans leur temple à Jérusalem.

M. Van dale soutient qu’il faut distinguer et la loi et le Pentateuque. Le cahier de la loi ne contenait que les ordonnances dont l’observation était nécessaire pour garantir le peuple de la Colère de Dieu ; mais le Pentateuque renferme l’histoire de la créa-lion du monde, de leur servitude en Égypte, de leur délivrance, de leur voyage du désert, et le détail des lois données par Moïse. Le prêtre envoyé par Assaradon porta bien aux Samaritains la loi qui leur était nécessaire pour observer tous les rites des Hébreux ; mais le Pentateuque, perdu ou enseveli sous les ruines de Jérusalem, fut réparé et refait par Esdras, et ne put être porté aux Samaritains que longtemps après : c’est le système de ce critique.

Un autre critique croit remarquer dans le Pentateuque des Juifs et des Samaritains des marques d’un homme qui avait vécu au delà de l’Euphrate, qui connaissait ce pays, et qui en marque des particularités que n’aurait pas fait Moïse. Il s’imagine donc que le Pentateuque a été composé par le prêtre qui fut envoyé aux Chutéens ou Samaritains. Cet homme, venu de Chaldée pour instruire des idolâtres’ jugea à propos de leur faire une Histoire de la Création du monde et de l’histoire des Hébreux, jusqu’à ce que la loi leur fut donnée, afin de leur faire connaltre qu’il n’y avait qu’un Dieu. Comme il écrivait précisément la dix-huitième année de Josias, dans laquelle on trouva dans le temple l’exemplaire de la loi, il inséra dans son ouvrage cette pièce qui y était essentielle. Il écrivait le tout en hébreu, parce qu’il n’avait pas eu le loisir d’apprendre le chaldéen. Les Juifs ne firent pas difficulté de recevoir cet ouvrage, parce que l’auteur ne leur était point suspect, et que le livre ne contenait que leur histoire et leur loi. Cet auteur, qu’on croit être M. le Clerc, prétend que ce système lève toutes les difficultés qu’on forme sur le Pentateuque composé par Moïse, et sur les différences qui se remarquent entre celui des Juifs et celui des Samaritains.

Le commun des théologiens croit que le Pentateuque samaritain et celui des Juifs ne sont qu’un seul et même ouvrage, écrit en la même langue, mais en caractères différents, et que les diversités qui se rencontrents entre ces deux textes ne viennent que de l’inadvertance, ou de la négligence des copistés,.ou de l’affectation des Samaritains, qui y ont glissé certaines choses conformes à leurs intérêts et à leurs prétentions ; que les additions y ont été faites après coup, et qu’originairement ces deux exemplaires étaient parfaitement conformes ; suivant cela il faut dire que le Pentateuque des Juifs est préférable à celui des Samaritains, comme étant exempt des altérations qui se rencontrent dans ce dernier. D’autres au contraire donnent la préférence au Pentateuque samaritain, comme à l’original qui s’est conservé dans le même caractère et dans le même état que Moïse l’avait composé.

M. Prideaux, qui adopte le système de M. Simon qu’on a proposé d’abord, soutient que le Pentateuque des Samaritains n’est qu’une copie tirée en d’autres caractères sur l’exemplaire composé, ou réparé par Esdras. Que cette copie même a été altérée par des variations, des transpositions et des additions remarquables. Pour prouver que l’exemplaire des Samaritains n’est qu’une copie, il dit, 1° qu’il a toutes les interprétations de l’édition d’Esdras ; s’il était donc plus ancien, il ne les aurait pas.

2° Il y a dans le Pentateuque samaritain plusieurs variétés qui viennent visiblement de ce qu’on a pris une lettre hébraïque pour une autre qui lui ressemble, quoique dans l’alphabet samaritain ces deux lettres n’aient rien d’approchant l’une de l’autre, et par conséquent le samaritain n’est que la copie du Pentateuque hébreu des Juifs. Cela prouve, dit-il, invinciblement que ce fut Manassé, gendre de Sanaballat, qui porta le Pentateuque aux Samaritains lorsqu’il se réfugia chez eux ; et comme alors les Samaritains étaient accoutumés aux lettres phéniciennes, on écrivit en ce caractère le Pentateuque pour leur plus grande facilité.

Il avoue qu’Assaradon envoya un prêtre à sa nouvelle colonie de Samarie, pour leur enseigner la manière dont les Israélites, anciens habitants de ce pays, y avaient servi le Seigneur ; mais il ne parait point que ce prêtre l’ait fait en introduisant parmi eux la loi de Moïse : car, s’ils l’eussent reçue dès le commencement, seraient-ils demeurés dans leur idolâtrie comme ils firent, et auraient-ils mêlé le culte de leurs idoles et celui du Seigneur, ce qui est si expressément défendu par la loi. Il y a donc lieu de croire qu’ils ne furent instruits du culte de Dieu que par la tradition et par l’usage.

Pour les variations, les additions et les transpositions qui se trouvent dans le Pentateuque samaritain comparé à l’hébreu, elles se trouvent tontes marquées avec la dernière exactitude dans le livre que Hottinger a écrit contre le père Morin, et dans la confrontation des deux textes, qu’on a insérée dans le dernier volume de la Polyglotte d’Angleterre. De ces interpolations les unes sont pour mieux faire entendre le texte, les autres sont une espèce de paraphrase qui exprime ce qui n’était qu’insinué dans l’original d’autres sont des changements faits exprès par les Samaritains en faveur de leur prétention contre les Juifs, par exemple, lorsqu’ils mettent Garizim au lieu d’Hébal ; les autres variétés ne sont pour l’ordinaire que des fautes de copistes.

Les Samaritains, outre le Pentateuque hébreu en caractères phéniciens dont nous venons de parler, en ont encore un autre dans la langue qu’ils parlaient dans le temps que Manassé vint se réfugier chez eux. Cette langue est un mélange de chaldéen, de syrien et d’hébreu ou de phénicien : et de même que les Juifs furent obligés, en faveur du peuple qui n’entendait plus l’hébreu pur, de faire des versions ou des paraphrases en chaldéen, ainsi les Samaritains eurent leur Pentateuque en samaritain vulgaire. C’est ce qu’on appelle la version samaritaine, qui diffère des paraphrases des Juifs, en ce que celles-ci sont des explications et des gloses, au lieu que la version samaritaine est littérale et exprime son texte mot à mot ; elle est imprimée avec le texte samaritain dans la Polyglotte de Paris et dans celle de Londres ; et à cause de sa grande conformité avec le texte, on n’y a mis qu’une seule version latine pour les deux [On peut voir, sur le Pentateuque Samaritain et les versions samaritaines, les Nouveaux Éclaircissements sur le Pentateuque samaritain, par un bénédictin ; Silvestre de Sacy, Mémoire sur la version arabe des livres de Moïse, à l’usage des Samaritains, et sur les manuscrits de cette version ; Gesenius, de Peniateucho Samaritano, en se tenant toutefois en garde contre les erreurs de ce dernier auteur ; Specimen ineditce versionis Arabico Samaritanœ Pentateuchi, edid.A.C.Hwid (S.)]