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Raisin
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal Bost

racemus ; en grec bolrus ; en hébreu henab, ou eschol. Il y avait dans la Palestine quantité de belles vigiles et d’excellents raisins, Celui que l’on coupa dans la vallée du Raisin (Nombres 13.24), et qui fut apporté par deux hommes sur un bâton au camp d’Israël à Cadès-Darué, fait juger de la grosseur de ce fruit en ce pays-là. Les voyageurs racontent qu’on y en voit de prodigieux. Doubdan, assure que dans la vallée du Raisin on en trouve encore de dix et douze livres. Forster dit avoir appris d’un religieux qui avait demeuré plusieurs années dans la Palestine qu’il y avait dans la vallée d’Hèbron des raisins d’une telle grosseur que deux hommes auraient eu de la peine à en porter un. Brocard dit qu’il a appris des habitants d’Antarade que dans ce pays-là et dans la Phénicie, aux environs de Sidon, on a trois vendanges en une années, et que le même cep produit trois fois du raisin. Au mois de mars, lorsque la vigne a produit ses raisins, on coupe le bois qui n’en a point, lequel repousse en avril, et produit des raisins qui mûrissent à quelques mois de là. Ce même bois étant encore coupé en mai, repousse d’autres raisins, qui mûrissent à l’arrière-saison. Ces raisins, ainsi produits en différents temps, mûrissent les uns après les autres : de sorte que là première vendange se fait au mois d’août, la seconde en septembre, et la troisième en octobre ; et de là vient, ajoute Brocard, que dans la terre sainte on vend du raisin frais depuis la Saint-Jean jusqu’à la Saint-Martin.

À une heure et demie de Damas, au sud-ouest, dit M. Poujoulat dans la Correspondance d’Orient, lettre C 48, tome 6 pages 208, j’ai vu un village nommé Davani, renommé dans la contrée pour ses raisins d’une grosseur énorme et d’un goût exquis. Au sujet de ces raisins tant vantés, les musulmans de Damas racontent une histoire que je ne veux pas vous laisser ignorer.

Un jour que Mahomet s’entretenait familièrement avec Dieu, il exprima le désir de manger des raisins du paradis ; un ange lui en ayant aussitôt apporté une grappe, le prophète la mangea et jeta au loin les graines sur la terre ; ces graines tombèrent dans l’endroit occupé maintenant par le village de Davani ; de là l’origine de ces raisins d’un goût si merveilleux.

On a trouvé à l’ouverture de momies égyptiennes, qui sont au musée à Paris, des raisins de l’espèce dite de Damas. Ces raisins, dit M. Bonastre, croissent abondamment en Égypte, surtout en Syrie. Il ajoute que les grains, à l’état frais, sont fort gros, demi-transparents, recouverts d’une pellicule un peu veloutée, d’une teinte rougeâtre, comme dorée, ayant une saveur de muscat fort agréable.

Moïse avait ordonné dans la loi (Lévitique 19.10) que quand les Israélites feraient leurs vendanges ils ne ramassassent pas avec soin les grains qui tombaient, et ne fussent pas trop exacts à ne laisser aucun raisin après les ceps. Il voulait que ce qui restait et ce qui tombait fût pour les pauvres (Deutéronome 24.21-22). Le même législateur permettait aux passants d’entrer dans la vigne d’un autre et d’y manger du raisin autant qu’ils voulaient (Deutéronome 23.24), mais il ne voulait pas qu’ils en emportassent dehors.

Quelques savants croient que la défense que fait Moïse de cueillir les raisins : qui restent après la vendange (Lévitique 19.10 Deutéronome 24.21 Ecclésiaste 50.16) peut signifier une seconde vendange qu’on faisait après la première. Cette seconde vendange était toujours moins bonne et moins abondante que la première. Celle-ci se faisait, dit-on, dans les pays chauds, sur la fin du mois d’août, et l’autre au mois de septembre. Dieu veut donc que l’on abandonne aux pauvres cette seconde vendange, de même que les grappes de la première qui échappent au soin du vendangeur.

Souvent dans l’Écriture (Isaïe 17.6 ; 24.13), pour marquer une destruction totale, on se sert de la similitude d’une vigne que l’on dépouille de telle sorte, que l’on n’y laisse pas même une grappe pour ceux qui y viennent grappiller. Voyez aussi (Jérémie 49.9, Abdias 1.5).

Le sang du raisin marque le vin. Il lavera son manteau dans le sang du raisin (Genèse 49.11). Sa demeure sera dans un pays de vignobles : et Deutéronome (Deutéronome 32.14). : El sanguinem uvoe biberel meracisbinum. Les vignes de Sodome ne produisaient que du raisin amer (Deutéronome 31.32). Apparemment à cause du nitre est du bitume dont tout ce terrain est rempli.

Ligatura uvoe passoe (1 Samuel 25.18 ; 30.12-2 Samuel 16.1). L’Hébreu (1 Samuel 25.18) lit simplement des raisins secs, sans exprimer ligaturas ; mais ordinairement les raisins secs se mettaient en paquets.

C’est une manière de parler proverbiale commune dans le texte sacré (Jérémie 31.29 Ézéchiel 18.2) : Les pères ont mangé le raisin vert, et les dents des enfants en sont agacées ; pour dire que les pères ont péché et que les enfants ont porté la peine de leurs crimes. C’était une espèce de reproche que les Juifs faisaient à Dieu, qui punissait en eux des péchés dont ils prétendaient n’être pas coupables. Mais le Seigneur dit qu’il fera cesser ce proverbe dans Israël, et que ci-après chacun portera la peine de sa faute.

Dans le premier livre des Machabées (1 Machabées 6.34) il est remarqué qu’on montrait du vin aux éléphants pour les irriter et les rendre farouches, et afin que la vue du sang ne les frappât plus.

Raisin Sauvage, fruit d’une vigne sauvage et bâtarde nommée, en latin, labrusca, et en grec, umpelos agria.

Les fruits de la labrusque s’appellent oenanthes, comme qui dirait fleur de vin. Ce raisin ne parvient jamais à maturité, et n’est bon qu’à faire du verjus. Le Seigneur, dans Isaïe (Isaïe 5.2-4), se plaint de son peuple, qu’il a planté comme une vigne choisie et un excellent plant. Il dit qu’il s’attendait à lui voir porter de bons fruits, mais qu’il n’a porté que des raisins sauvages ; l’Hébreu, des fruits de mauvaise odeur et de mauvais goût, semblables à ces raisins de Sodome dont parle Moïse (Deutéronome 32.32) : Leur vigne est une vigne de Sodome : elle croit aux faubourgs de Gomorrhe ; leur raisin est un raisin de fiel et d’une amertume mortelle ; leur vin est un fiel de dragon et un poison sans remède.

L’Écriture parle en quelques endroits du raisin de Sorec, ainsi nommé, ou parce qu’il venait dans la vallée de Sorec (Juges 16.4) ; ou parce qu’il était sans pépins, disent les Juifs. Je crois que c’était un raisin blanc ou jaune. Voyez l’hébreu (Isaïe 19.9 Zacharie 1.8).

Raithu