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Purifications
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Il y avait parmi les Hébretix plusieurs sortes de purifications, qui avaient rapport aux diverses impuretés que l’on avait contractées. On peut voir ci-devant l’article impuretés légales. Nous avons aussi parlé de plusieurs de ces purifications dans les différents articles où l’occasion s’en est présentée. Voyez, par exemple, lépreux, Gonorrhée, Morts, Nazaréens.

Lorsqu’une femme avait enfanté un garçon, elle était censée impure pendant quarante jours (Lévitique 12.1-4) : savoir, sept jours pendant lesquels elle ne pouvait toucher à aucune chose sans lui imprimer quelque souillure ; après cela elle était encore impure trente-trois jours, mais d’une impureté qui ne l’empêchait point de vaquer à ses affaires domestiques : elle était simplement exclue de l’usage et de la participation des choses saintes. Si elle avait enfanté une fille, elle était censée impure pendant soixante-six jours : savoir, deux semaines sans pouvoir toucher aucune chose sans lui imprimer de la souillure ; mais le reste du temps elle était simplement exclue de l’usage des choses saintes, ne pouvant aller au temple, ni faire la pâque, ni manger d’une hostie pacifique, etc.

Lorsque les jours de sa purification étaient accomplis, elle portait à l’entrée du tabernacle ou du temple un agneau, pour être offert en holocauste, et le petit d’un pigeon, ou une tourterelle pour le péché. Que si elle n’avait pas de quoi pouvoir offrir un agneau, elle donnait deux tourterelles ou deux petits de colombe, dont l’un était offert en holocauste et l’autre pour le péché.

Quoique la sainte Vierge ne fia pas soumise à cette loi, elle n’a pas laissé de l’observer (Luc 2.22-23), pour nous donner l’exemple de la plus parfaite humilité ; et c’est pour en conserver la mémoire, que l’Église a institué la fête de la Purification de la Vierge, ou la Chandeleur, que l’on célèbre le deuxième jour de février, et où les fidèles portent des cierges en main, comme pour marquer plus sensiblement la venue de Jésus-Christ, que Siméon, dans son cantique prononcé dans cette occasion, appelle la lumière des nations et la gloire du peuple d’Israël. Mais ceux qui ont le plus étudié cette matière croient que la raison historique et littérale de la procession solennelle qui se fait ce jour-là a été instituée pour effacer la mémoire des sacrifices profanes que faisaient les païens dans le mois de février, pour purifier les hommes, les champs et les villes ; et que les cierges que l’on porte en cette solennité furent opposés aux flambeaux que l’on portait, parmi les païens, dans la fête des Lupercales, où des hommes tout nus couraient par les rues avec des flambeaux allumés et commettaient mille insolences.

Cette fête fut solennellement instituée par l’empereur Justinien, vers le milieu du sixième siècle ; et peut-être que même auparavant on la célébrait déjà en quelques endroits. Mais ce prince la fixa au second jour de février, et ordonna qu’on la célébrerait d’une manière uniforme dans tout l’empire : ce qui fut aisément embrassé, même dans les lieux qui n’étaient pas de sa domination. On donna à cette fête le nom d’Hypapanté, qui en grec signifie rencontre, parce que Jésus-Christ étant venu au temple, Siméon et Anne vinrent en quelque sorte au-devant de lui, et se rencontrèrent là avec Joseph et Marie, pour lui rendre témoignage.

On célèbre dans la même fête la mémoire de la Présentation de Jésus-Christ au temple, en qualité de premier-né de Marie, en exécution de la loi (Exode 13.13), qui ordonnait que tous les enfants premiers-nés fussent offerts au Seigneur et rachetés par leurs parents pour la somme de cinq sicles. Nous avons parlé de cette loi, ci-devant sur l’article des premiers-nés, et nous y avons examiné si Jésus-Christ y était soumis, n’ayant pas été conçu et n’étant pas né comme les autres hommes. On peut voir sur la fête de la Purification de la Vierge les Bollandistes, au 2 de février ; le P. Thomassin, dans son Traité des Fêtes ; M. Baillet, et ceux qui ont fait des notes sur les Martyrologes ; M. de Tillemont, t. 1, note 7, sur Jésus-Christ.

Les Juifs qui étaient trop éloignés du temple et qui ne pouvaient s’y rendre pour se purifier de certaines souillures inévitables dans le commerce de la vie, par exemple celles qu’on contracte dans les funérailles des morts, auxquels on est obligé de rendre ses devoirs, se servaient de la cendre de la vache rousse qu’on immolait à cet effet à Jérusalem, et dont on distribuait la cendre aux Israélites éloignés (Nombres 19.5). Voyez ci-après Vache rousse.

Si un homme et une femme usent du mariage (Lévitique 15.16-18), ils seront impurs jusqu’au soir ; ils laveront leurs habits et useront du bain pour se purifier. Si une femme a ce qui lui arrive tous les mois (Lévitique 15.19-21), elle sera impure pendant sept jours ; tout ce qu’elle touchera pendant ces sept jours sera souillé, et ceux qui toucheront son lit, ses habits ou son siège seront impurs jusqu’au soir, laveront leurs habits et useront du bain pour se purifier. Si pendant le temps de cette incommodité un homme s’approche d’elle, il sera souillé pendant sept jours, et tous les lits où ils auront dormi seront aussi souillés. Que s’il s’en approche avec connaissance, et que la chose soit portée devant les juges, ils seront tous deux mis à mort (Lévitique 20.18). Les anciens chrétiens, en plusieurs endroits, regardaient ces incommodités des femmes comme des souillures, et ne se croyaient pas permis d’en approcher, peut-être autant par bienséance que par religion. Les femmes grecques, encore aujourd’hui, s’abstiennent d’entrer à l’église pendant ce temps. Les Indiens ne souffrent pas même leurs femmes dans leurs maisons pendant ces incommodités.

Les souillures même involontaires qui peuvent arriver en dormant (Deutéronome 23.10) étaient purifiées par le bain. Celui à qui cela était arrivé devait sortir du camp et n’y rentrer qu’après le soleil couché, et après s’être lavé dans l’eau.

Les Hébreux avaient une infinité d’autres purifications : par exemple (Marc 7.3-8), ils ne mangeaient point et ne se mettaient pas à table qu’après avoir lavé leurs mains, en faisant couler l’eau depuis l’extrémité des doigts jusqu’au coude. Lorsqu’ils rentrent dans leurs maisons, ils doivent laver leurs mains ; ils purifient aussi leurs vaisselles, leurs vases, leurs lits et tout cc dont ils se servent, suivant en cela la tradition de leurs anciens. Ils ont plus d’une fois blâmé Jésus-Christ et ses apôtres (Matthieu 1(:2 Marc 7.2) de ce qu’ils ne lavaient pas leurs mains avant que de se mettre à table. Dans le festin des noces de Cana il y avait six grandes cruches pleines d’eau, pour la purification des conviés (Jean 2.6).