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Petra
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal

Ville capitale de l’Arabie Pétrée. Elle est attribuée à la Palestine dans les anciennes notices ecclésiastiques, et elle était capitale de ce qu’on appelait la troisième Palestine. Eusèbe et saint Jérôme étendent aussi quelquefois la Palestine jusqu’à la mer Rouge, et jusqu’à Elath, ville située sur cette mer ; de sorte qu’elle comprenait et l’Idumée et l’Arabie Peirce. Mais il n’en était pas de même dans les siècles précédents. L’ancien nom de Pétra était, dit-on, Rekem, ou, comme Josèphe et Eusèhe lisent, Arké, ou Arkémé, ou Arkem. Josèphe, Antiquités judaïques livre 4 chapitre 7 dit que la ville de Rekem tire son nom d’un roi de Madian nommé Rekem. C’est celui dont parle Moïse (Nombres 31.8). Mais on ne trouve nulle part dans l’Écriture Rekem comme un nom de ville.

Dans le 2e livre des Rois (2 Rois 14.7) il est dit qu’Amasias, roi de Juda, ayant pris d’assaut Séla (le rocher, la pierre), il lui donna le nom de Jectéhel, qu’elle porte, dit l’auteur, encore aujourd’hui. On croit communément qu’il veut parler de la ville de Pétra, capitale de l’Arabie Pétrée ; mais cela n’est nullement certain. Amasias put prendre d’assaut un rocher (Séla) où les Iduméens s’étaient retirés, et donner ensuite à ce rocher le nom de Jectéhel ou Jeclahel, c’est-à-dire l’obéissance de Seigneur.

Le nom de Pétra, en grec, signifie une roche ; ét il fut apparemment donné à cette ville à cause de sa situation sur un rocher, ou parce qu’elle est environnée de rochers, ou parce que la plupart de ses maisons sont, dit-on, creusées dans le roc. Elle est aussi nommée dans les anciens Agra ou Hagor, d’où est venu le nom des Agréens ou Agaréviens. Mais je ne trouve pas non plus ces noms dans l’Écriture ; de sorte qu’à moins qu’elle ne soit marquée au 2e livre des Rois (2 Rois 14.7), et Isaïe (Isaïe 16.1 ; 42.11), sous le nom de Séla, ou de Rocher, je ne vois pas qu’il en soit parlé dans l’Écriture.

Strabon dit que Pétra était la capitale des Nabathéens ; que les Minéens et les Gerréens y apportaient leurs parfums pour les débiter ; que la ville était située dans une plaine remplie de jardins et arrosée de fontaines, mais tout environnée de rochers. Pline en parle à-peu-près de même. Les Nabathéens, dit-il, habitent la ville de Pétra, située dans une plaine de deux mille pas de largeur, arrosée d’une rivière, et environnée de tous côtés par des montagnes inaccessibles. Cette description est assez différente de celle qu’en donne le géographe de Nubien, qui dit que la plupart des maisons de Pétra étaient creusees dans le roc ; et Hérodien nous décrit la capitale des Agaréniens assise sur la pointe d’une montagne très-haute. Cet auteur l’appelle Atra. Dion ne la nomme point ; mais de la manière dont il en parle, elle devait être sur une hauteur escarpée et dans un pays fort sec et fort stérile. Trajan l’ayant assiégée, et y ayant même fait brèche, fut obligé d’en lever le siège. Il paraît que la ville dont il parle était dans la Mésopotamie (c). Ainsi elle était fort différénte de Pétra dont nous parlons ici.

Quelques géographes croient qu’il y avait plus d’une ville de Pétra. Saint Athanase en distingue deux ; l’une de Palestine, et l’autre d’Arabie. Il nomme Arius ou Macarius, évêque de Pétra de Palestine, et Astérius, évêque de Pétra en Arabie. Les paraphrastes Jonathan et Onkélos distinguent aussi Rekem et Pétra comme deux villes différentes. Josèphe parle de Pétra, située dans le pays des Amalécites, qui est la même que Rekem ou Pétra, auprès de laquelle Aaron mourut ; et il la confond avec Pétra, située dans le pays des Madianites, qui tirait son nom du roi Rekem. Enfin je pense qu’il faut distinguer Pétra ou Séla dans le pays de Moab, ou dans l’Idumée orientale, dont il est parlé dans (Isaïe 16.1 ; 42.11 ; 2 Rois 14.7), laquelle fut depuis appelée Jectahel, de l’autre Pétra, nommée Rekem, située dans l’Idumée méridionale, ou dans l’Arabie Pétrée, ou dans le pays des Amalécites.

Quant à la situation de cette dernière ville, il est assez malaisé de la fixer. Strabon la met à trois ou quatre journées de Jéricho, et à cinq journées du bois de palmiers qui est sur la mer Rouge. Pline la place à six cents milles de Gaze, et à cent vingt-cinq milles du golfe Persique. Mais Cellarius et Reland croient que les nombres sont changés, et qu’il faut lire à cent vingt-cinq milles de Gaze, et à six cents milles du golfe Persique. Eusèbe met Théman à cinq milles de Pétra Carcaria, à une journée de la même ville ; Bééroth, Bene-jacan, à dix milles ; et la ville d’Elat, à dix milles, vers l’orient.

On croit que la ville de Krak, ou Karak, située sur les confins de l’Arabie et de la Syrie, en tirant vers le midi, est l’ancienne ville de Pétra en Arabie, qui a été autrefois métropole, qu’on trouve nommée dans Ptolémée Choral Moab, ou Charat Moba ; dans Etienue, Mobucharas ; et peut-être Caraca dans le deuxième des Machabées (2 Machabées 22.17), et Carcar, dans le livre des Juges (Juges 11.3). Carach, ou Crat, signifie une forteresse en chaldéen et en syriaque : elle est connue dans nos historiens sous le nom de Craie, de Mont-Réal. Elle fut longtemps possédée par les chrétiens pendant les guerres de la terre sainte ; mais enfin Saladin s’en rendit maître l’an 584 de l’hégire, 1188 de Jésus-Christ. Les Aju bites, ses successeurs, la possédèrent jusqu’à ce qu’ils en furent chassés par les Mameluks. M. d’Herbelot croit que le nom de Krak lui fut donné à cause de celui d’Arak que les Juifs lui donnaient.

Depuis ce temps elle a porté le nom d’Hag ou Hagiar, qui signifie une pierre ou un rocher. Elle est située dans la province de Higiaz, et n’est éloignée que de vingt-quatre heures de chemin d’Iémamah, dont elle dépend. La ville d’Agr, ou Hagiar, a donné son nom à un pays qui est entre la Syrie et l’Arabie, et que nous appelons Arabie Pétrée, où le peuple de Saleh, c’est-à-dire les Thémudites habitaient autrefois. On voit encore, disent les musulmans, en ce pays-là les rochers et les cavernes où ils se retirèrent pour éviter la colère de Dieu, dont le prophète Saleh les menaçait. On y voit aussi les sépulcres de ceux qui furent tués en combattant contre le faux prophète Museilémah, lequel prétendait faire dans l’Iémen ce que Mahomet avait fait dans l’Higiaz.

La ville d’Hagiar devint, par sa situation avantageuse, la capitale et la forteresse des Carmathes, d’où ces rebelles infestèrent longtemps les États des califes de Bagdad, et molestèrent tellement les pèlerins de la Mecque, que le pèlerinage cessa pendant plusieurs années. Abusaïd y bâtit un château nommé Hagiarah, que son fils Abouthaher fortifia extrêmement, de manière que depuis ce temps Hagiar passa pour une place imprenable.

Il y a une autre ville nommée aussi Hagr, ou Hagiar, plus avant dans l’Arabie, qui appartient à la province de Baharaïn.