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Paon
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal Bost

Pan, Pavo, en hébreu thuchiim (2 Rois 10.22). Les interprètes s’accordent assez sur la signification de ce terme. Les Septante ne l’ont point exprimé dans leur traduction.Quelques-uns entendent thuchiim d’une sorte de singe. La flotte de Salomon qui allait à Ophir rapportait à ce prince un grand nombre de paons, soit qu’elle les prît à Ophir même ou en quelques autres lieux sur la route [« C’est de notre temps, dit Varron, qu’on a commencé à élever des paons en grandes troupes, et qu’ils se sont vendus un haut prix. On dit qu’Aufidius Lurco en retire par an 60000 sesterces (16800 fr). » Pline précise l’époque de l’introduction du paon en Italie : c’est le temps de la guerre des pirates ; or Varron commandait une flotte dans cette guerre. Pline ajoute qu’on voyait des bandes sauvages de paons dans l’île de Samos et dans l’île de Planasie.

Buffon assigne au paon les Indes Orientales pour patrie ; Cuvier adopte l’opinion de Buffon, fondée sur deux passages de Théophraste et d’Élien, qui me semblent très-vagues. Il prétend que les Grecs n’ont connu le paon que depuis l’expédition d’Alexandre ; mais nous trouvons dans le 1er livre des Rois (1 Rois 10.22) que Salomon avait des paons. Diodore de Sicile dit qu’il en existait beaucoup en Babylonie ; la Médie en nourrissait aussi de très-beaux, et en si grande quantité, que cet oiseau en avait pris le surnom d’avis medica. Philostrate parle de ceux du Phase, qui avaient une huppe bleue ; mais Aristote, qui mourut l’an 322 avant l’ère chrétienne, plusieurs années avant Théophraste, son élève, né en 371, parle en plusieurs endroits des paons comme d’oiseaux très-connus. De plus, des médailles de Samos, fort antiques, représentent le temple de Junon avec ses paons. Les relations de l’Asie Mineure avec la Palestine étaient fréquentes, et ont dû introduire cet oiseau à Samos et dans les colonies grecques longtemps avant Alexandre. Nous avons d’ailleurs de ce fait des preuves directes ; les paons sont décrits dans deux pièces d’Aristophane, l’une de la 88°, l’autre de la 91° olympiade, où l’auteur grec dit positivement que l’ambassadeur du roi de Perse a apporté des paons. Suivant Plutarque et Athénée, ce serait seulement du temps de Périclès que le paon aurait été apporté à Athènes, où on le montrait alors pour de l’argent. M. Link pense que le temps où le paon fut importé en Grèce est celui où les repuhliques grecques étaient en relation si particulière avec les Perses, que l’on vit quelquefois des personnages influents se laisser corrompre par le grand roi. Du reste, je ne prétends pas induire des passages de Varron, d’Aulu-Gelle et d’Athénée, que le paon soit originaire de l’île de Samos ; mais peut-être l’est-il de la Médie comme la luzerne (medica), et a-t-il, ainsi que cette plante, tiré soit nom d’avis medica de sa province natale. Les voyageurs naturalistes qui parcourront la Médie pourront nous en instruire. »

Le paon, ou pan, est un oiseau de basse-cour assez connu. Ce qui le rend plus estimable, c’est la beauté de son panache ; il a la queue fort grande et diversifiée de plusieurs couleurs, et chargée de plusieurs marques de distance en distance en forme d’yeux. Il a sur la tête un petit bouquet, un arbre chevelu. Ses ailes sont iêlées d’une couleur d’azur et d’or ; son cri est très-perçant et très-désagréable. On dit qu’il a la tête de serpent, la queue d’ange et la voix de diable. Ses pieds sont malpropres et ne répondent point à la beauté de son plumage ; au printemps surtout il fait la roue pour se mirer dans sa queue dont l’éclat est redoublé par celui de la lumière, qui n’embellit pas seulement ses couleurs, mais qui les multiplie.

On dit que la chair du paon ne se corrompt point. Saint Augustin raconte qu’étant à Carthage, on servit à table, où il était, un paon cuit. La compagnie voulut faire l’expérience si cet animal ne se corrompait point. On en leva plusieurs morceaux de l’estomac, que l’on mit à part. Après quelques jours on la trouva aussi saine que le premier jour. On la garda encore plus d’un mois, sans qu’il y parût rien de corrompu ; enfin au bout d’un an on la visita de nouveau, et on ne remarqua point d’autre altération, sinon qu’elle était un peu plus sèche et plus retirée. Scaliger témoigne la même chose et dit aussi qu’il en a fait l’expérience.