Appuyez sur Entrée pour rechercher ou ESC pour annuler.

Pan
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Le dieu Pan n’est point connu dans les livres saints. Mais on prétend que les païens ont pris plusieurs circonstances de la vie de Moïse, pour les appliquer au dieu Pan. Cette fausse divinité était représentée avec des cornes, comme Moïse ; il portait une verge dans la main ; il était le dieu des pasteurs, des chasseurs, des gens de la campagne, comme Moïse était le chef d’un peuple de pasteurs, de laboureurs et de gens de campagne. Pan enseigne à Apollon l’art de divination et celui de jouer de la flutte : Moïse donne à Aaron, son frère, l’oracle d’Urim et Thummim, et charge les lévites de jouer des instruments au temple du Seigneur. Pan, dit-on, a conduit des armées et formé des sièges ; Moïse était à la tête d’une armée prodigieuse d’Israélites. Pan étant dans les montagnes d’Arcadie courait risque de mourir de faim, s’il n’eut trouvé Cérès qui cherchait Proserpine, et qui lui fournit des aliments pour sauver sa vie.

L’Écriture parle quelquefois du culte que les Hébreux avaient rendu aux velus, ou aux boucs (Lévitique 17.7) ; l’Hébreu : Ils n’immoleront plus leurs hosties aux boucs. On sait que les Égyptiens adoraient le bouc dans la ville et dans le canton de Mendès. Hérodote, Strabon et Diodore de Sicile en rendent témoignage ; Strabon dit même qu’on y adore le dieu Pan et un bouc vivant, ce que Moïse ajoute qu’ils n’immoleront plus aux boucs avec lesquels ils se sont souillés, revient au culte impur et abominable qu’on rendait à cette indigne divinité. Les prostitutions les plus contraires à la nature y étaient exercées ; tel était le dieu Pan des Grecs, ou le Mendès des Égyptiens. On le représentait ordinairement avec le corps et la tête d’un homme, et le bas, depuis les cuisses, d’un bouc, ayant un bâton à la main et des cornes sur le front.

Les auteurs ecclésiastiques ont cru qu’à la naissance de Jésus-Christ le dieu Pan, ou le démon qu’on adorait sous son nom, était mort, ou plutôt que son règne était tombé. Voici comme Eusèbe s’en explique : Il est important de remarquer le temps auquel le démon est mort. Cela est arrivé sous le règne de Tibère, pendant lequel l’Écriture sainte rapporte que Jésus-Christ vivait et commençait à chasser les démons et les faire sortir de la vie humaine, tellement que quelques-uns se jetaient à ses pieds et le suppliaient de ne les envoyer pas dans renier, qui les attendait. Vous voyez donc ici le temps défini pour l’expulsion des dénions, qui n’avaient jamais été chassés auparavant. »

Tout cela est fondé sur l’idée que quelques anciens avaient, que les démons pouvaient mourir après un certain temps, et sur un récit que fait Plutarque, que quelques marchands voyageurs sur mer, ouïront une voix qui leur criait que le grand Pan était mort. Mais sans vouloir se rendre garant de cette histoire, et encore moins du sentiment qui fait les démons ou les demi-dieux mortels, il est indubitable que depuis la naissance et la mort du Sauveur, l’empire du démon et les erreurs du paganisme sont très-sensiblement diminués et sont enfin arrivés à leur entière destruction. [Voyez Jourdain (petit)].