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Lion
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal Bost

Animal fort connu, et dont il est très-souvent parlé dans l’Écriture. Le lion passe pour le roi des animaux à quatre pieds. Il est d’un poil tirant sur le roux. Il a le devant de la tête carré, le museau plat et gros, les yeux affreux, la gueule grande, le cou couvert (l’une grosse crinière, le ventre grêle, les jambes et les cuisses grosses et nerveuses, la queue longue, grosse et très-forte. Il a cinq ongles aux pieds de devant, et quatre à ceux de derrière.

Les Hébreux ont sept termes pour signifier le lion dans ses différents âges :

1. gur, ou gor, un jeune lion, un lionceau ;

2. chephir, un jeune lion ;

3. ari, ou arié, un lion jeune et vigoureux ;

4. schachal, un lion dans la force de son âge ;

5. schachaz, un lion vigoureux ;

6. labi, un vieux lion ;

7. laisch, un lion décrépit et cassé de vieillesse.

Mais dans l’usage on ne fait pas toujours ces distinctions.

Le lion était fort commun dans la Palestine, les auteurs sacrés en parlent très-souvent, et tirent leurs similitudes et leurs comparaisons du lion. [Voyez blé, parg. 8] Quelques anciens ont cru que le lion avait le cou composé d’un seul os, parce qu’ils le lui voyaient fort raide. Mais il est composé de plusieurs os, ou vertèbres, comme ceux des autres animaux. Sa langue est âpre et hérissée, de plusieurs pointes d’une matière fort dure et semblable à celle des ongles, dont elle a aussi la figure. Ces pointes sont longues de près de deux lignes. Il n’y a point d’animal qui ressemble plus au lion que le chat. Les pattes, les dents, les yeux, la langue du lion sont de la même figure que ceux du chat, à la grandeur près. Il jette son urine en arrière, et s’accouple de même avec la lionne, de même que le chameau et le lièvre. Sa vessie est fort petite parce qu’il boit fort peu. La femelle diffère du mâle en ce qu’elle n’a pas de crinière ou de long poil à l’entour du cou. C’est une erreur populaire de croire que le lion ait peur du coq ; on a vu des lions apprivoisés. C’est encore une fable que les lions dorment les yeux ouverts. Le lion était consacré au soleil ; et les profanes représentent le char de Cybèle conduit par des lions.

Lion de La tribu de Juda, dont il est parlé dans l’Apocalypse (Apocalypse 5.5), est Jésus-Christ qui est sorti de la tribu de Juda et de la race de David, et qui a vaincu la mort, le monde et le démon.

Le lion, qui s’élève, ou qui monte de la hauteur, ou de l’orgueil du Jourdain (Jérémie 1.44), est Nabuchodonosor, qui marche comme un lion contre la Judée : Contra fortiludinem robustam. Ce conquérant est comparé à un lion, à cause de sa férocité et de sa force ; à un lion qui sort de l’orgueil du Jourdain, c’est-à-dire qui est chassé des environs du Jourdain, où il avait son fort dans les broussailles qui couvrent les bords de ce fleuve, et qui se jette en furie sur ce qu’il rencontre dans les champs. L’Écriture parle en plus d’un endroit de cette superbe du Jourdain (Jérémie 12.5 ; 49.19 ; 50.44 Ézéchiel 11.3), marquant par là ses inondations. Les voyageurs remarquent que ce fleuve a pour ainsi dire deux lits ; l’un dans lequel il coule ordinairement, le second qu’il n’occupe que pendant la fonte des neiges du Liban, qui le grossissent. Alors il est enflé, il est orgueilleux, il chasse de cet autre lit qui s’étend de côté et d’autre de ses bords, les lions et les autres animaux qui y ont leurs retraites pendant les chaleurs de l’été.

Samson déchira un jeune lion avec ses mains, allant à Thamnata avec ses père et mère (Juges 14). Quelque temps après, il remarqua en passant que des abeilles avaient fait leur miel dans la gueule de ce lion desséché. Cela lui fournit la matière de l’énigme qu’il proposa aux jeunes hommes de sa noce : De comedente exivit cibus, et de forti egressa est dulcedo ; la nourriture est sortie de celui qui dévore, et la douceur de celui qui est fort.

David se vante d’avoir tué un ours et un lion (1 Samuel 17.34-36) : Votre serviteur, dit-il à Saül, paissait le troupeau de son père, il venait un ours ou un lion qui enlevait un bélier du milieu du troupeau. Je les poursuivais, je l’arrachais de leur gueule, ils s’élevaient contre moi, et je les saisissais, je les étouffais, et je les tuais ; car j’ai tué un ours et un lion. L’Ecclésiastique (Ecclésiaste 47.3) dit que ce prince se jouait avec les ours et les lions, comme il aurait fait avec des agneaux.

Les deux lions de Moab, dont il est parlé dans le second livre de Samuel (2 Samuel 23.20) marquent apparemment la ville d’Ar, capitale des Moabites, laquelle est désignée dans les Paralipomènes (1 Chroniques 11.21) sous le nom des deux ariels de Moab ; or ariel en hébreu signifie le lion de Dieu.

Le prophète Isaïe (Isaïe 11.6) décrivant le temps heureux du Messie, dit qu’alors le veau, le lion et la brebis paraîtront ensemble, et qu’un petit enfant les mènera paître, et que le lion mangera de la paille comme un bœuf. Tout cela est hyperbolique, pour marquer le bonheur et la paix dont on jouira dans l’Église de Jésus-Christ.

Le rugissement du lion est terrible (Amos 3.8) Leo rugiet, quis non timebit ? Le lion rugira, qui ne craindra point ? La colère du roi est comme le rugissement du lion ; celui qui l’irrite pèche contre son âme (Proverbes 19.12 20.2) : Il cherche sa mort. Le lion en colère se bat les flancs avec sa queue, hérisse sa crinière, et jette des rugissements qui effrayent ceux qui l’écoutent.

Le lion mort vaut moins qu’un chien vivant, dit le Sage (Ecclésiaste 9.4). C’est un proverbe pour marquer que la mort rend méprisables ceux qui d’ailleurs sont les plus grands, les plus puissants et les plus terribles.

Il y a sur le psaume (Psaumes 31.17), une grande difficulté sur la manière dont il faut lire le texte. Les Septante et la Vulgate lisent : Ils ont percé mes pieds et mes mains. Et le texte hébreu, comme nous l’avons dans nos bibles imprimées et dans la plupart des manuscrits, lit : Comme un lion mes pieds et mes mains, ce qui ne fait aucun sens ; mais pour le rendre intelligible, voici comme les rabbins distribuent les versets du psaume, verset 17 : L’assemblée des méchants m’a environné comme un lion, mes pieds et mes mains. Verset 18 : Ils ont compté tous mes os. Kitnchi et Abenezra disent, que le lion environne les pieds et les mains des Juifs, dans l’état présent où ils sont réduits, que leurs ennemis les enferment de tous côtés, et les empêchent non seulement de se défendre, mais aussi de s’en fuir.

Kimchi raconte sur cela une fable. Le lion ; dit-il, quand il est à la chasse, décrit un grand cercle sur la terre avec sa queue ; toutes les bêtes sauvages qui se trouvent dans le cercle, y demeurent enfermées comme si elles étaient environnées de rets. Elles se roulent en pelotons, les pieds ramassés sous le ventre, sans oser ni fuir, ni se défendre ; ainsi le lion les dévore et les mange sans résistance. Tel est notre état, ajoute-t-il, depuis notre dernière dispersion. Nous sommes comme enfermés dans un cercle entre nos ennemis, les Ismaélites d’un côté, et les Incirconcis de l’autre. Nous demeurons là arrêtés par la crainte, sans pouvoir nous servir ni de nos mains pour nous défendre, ni de nos pieds pour fuir.

Mais il est inutile de se mettre à la torture pour donner un sens littéral à une mauvaise manière de lire. Les Septante, Aquila et les antres anciens traducteurs grecs de l’Écriture ont lu dans l’Hébreu caru, ils ont percé. Origène, saint Jérôme, saint Justin et les autres anciens Pères, ont lu de mémé, et on n’a jamais formé de difficulté sur ce passage. Les rabbins eux-mêmes reconnaissent que dans les anciens manuscrits de leur temps, on voyait encore caru dans le texte, on au moins a la marge. On en voit encore aujourd’hui où l’on remarque cette lecon. Elle fait un très-bon sens, elle est autorisée de toute l’antiquité. Il faut donc la suivre et abandonner celle des Juifs, qui est récente, et ne fait aucun bon sens. Voyez notre dissertation sur ce passage, à la tête du commentaire sur les psaumes.