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Jonathas
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal

Jonathas ou Jonathan (1)

Fils de Saül, prince d’un excellent naturel et très-fidèle ami de David dans l’une et dans l’autre fortune : Jonathas donna des marques de sa valeur et de sa conduite dans toutes les occasions qui s’en présentèrent durant les guerres que Saül fit aux Philistins. Un jour (An du monde 2911, Avant. Jésus-Christ 1088, Avant l’ère vulgaire 1092) que les Philistins étaient campés à Machmas avec une très-puissante armée, et l’armée de Saül, qui n’était que de six cents hommes (1 Samuel 13.15-16), étant campée à Gabaa de Benjamin (1 Samuel 14.1-2), Jonathas dit à son écuyer : Allons au camp des Philistins. Mais il n’en dit rien au roi son père ; et le peuple ne savait point non plus où il était allé. Pour pénétrer au camp des Philistins, il y avait un défilé entre deux rochers. Or, en allant vers les Philistins, Jonathas dit à son écuyer : Lorsque ces gens-là nous auront aperçus, s’ils nous disent : Attendez-nous là, demeurons, et n’allons pas plus loin ; mais s’ils disent : Montez ici, montons-y ; car ce sera une marque que le Seigneur nous les aura livrés entre les mains.

Lors donc que la garde des Philistins les eut aperçus, elle dit : Voilà les Hébreux, qui comme des rats sortent des cavernes où ils s’étaient cachés ; et les plus avancés du camp des Philistins leur crièrent : Montez ici, et nous vous ferons voir quelque chose. Alors Jonathas dit à son écuyer : Suivez-moi, car le Seigneur les a livrés entre les mains d’Israël. Ils montèrent, et commencèrent à tuer tout ce qui tomba sous leurs mains. Le trouble se mit dans l’armée des Philistins, et les sentinelles du camp de Saül, s’apercevant du mouvement qui était de ce côté-là, en avertirent ce prince. On trouva que Jonathas et son écuyer n’étaient plus dans le camp. Le bruit et le tumulte croissant dans le camp des Philistins, les Hébreux y accoururent, et trouvèrent qu’ils s’étaient percés l’un l’autre. Saül se mit donc à poursuivre ceux qui fuyaient, et il prononça ces paroles devant toute son armée : Maudit soit celui qui mangera avant le soir !

Jonathas, qui n’était pas présent, et qui n’avait rien su de cela, s’étant trouvé dans un bois où il y avait beaucoup de miel, trempa le bout de son bâton dans le miel, et en goûta un peu. Quelqu’un lui dit : Le roi votre père a fait défense avec exécration de manger quoi que ce soit. Jonathas répondit : Mon père a troublé tout le monde par cette défense. Combien le peuple se serait-il fortifié, s’il eût mangé de ce qu’il aurait rencontré dans la poursuite des ennemis ? La victoire qu’Israël remporta ce jour-là sur les Philistins fut entière ; et Saül fut d’avis de les aller encore attaquer pendant la nuit, afin qu’il n’en échappât aucun. Il fit pour cela consulter le Seigneur ; mais le Seigneur ne répondit rien. Alors Saül fit jeter le sort sur tout le peuple, pour savoir qui était celui qui avait violé le serment, et la protestation qu’il avait faite au nom de Dieu de ne prendre aucune nourriture ; et le sort tomba sur Jonathas. Saül lui dit : Que Dieu me traite dans toute sa sévérité, si vous ne mourrez aujourd’hui, Jonathas. Mais tout le peuple s’opposa à la résolution du roi, et l’empêcha d’exécuter ce qu’il avait dit.

Quelques années après (An du monde 2942, Avant. Jésus-Christ 1058, Avant l’ère vulgaire 1062), David ayant vaincu Goliath de la manière que chacun sait, Jonathas conçut pour lui une amitié si parfaite, qu’il l’aimait comme lui-même (1 Samuel 18), Pour lui en donner des preuves, il se dépouilla de la tunique dont il était vêtu, et la donna à David. Il lui fit aussi présent de son épée, de son arc et de son baudrier. Et lorsque David eut encouru la disgrâce de Saül, Jonathas demeura toujours fortement attaché à son ami. Il lui donna avis de la résolution que son père avait prise de le tuer (1 Samuel 19.1-3), lui conseilla de se retirer, et fit en sorte auprès de Saül, que ce prince lui promit avec serment qu’il ne le ferait point mourir. Saül ayant de nouveau résolu de faire mourir David (An du monde 2944, Avant. Jésus-Christ 1056, Avant l’ère vulgaire 1060), Jonathas prit la liberté d’en parler au roi pour le dissuader de ce dessein ; mais ayant reconnu que la perte de son ami était resolue (1 Samuel 20), il vint en donner avis à David, qui s’était cependant tenu caché dans un champ ; et par le moyen du signal dont ils étaient convenus ensemble, ils se virent, ils se parlèrent, confirmèrent leur amitié et leur alliance avec serment. Jonathas s’engagea de faire savoir à David tout ce qu’il pourrait découvrir de la mauvaise volonté de son père ; et David de sa part s’obligea avec serment de traiter toujours Jonathas comme son meilleur ami, et d’user de miséricorde envers sa famille, si Jonathas venait à mourir avant lui. Après cela ils se séparèrent, et Jonathas rentra dans la ville de Gabaa, sans que personne eût été témoin de leur entrevue.

L’année suivante (An du monde 2945, Avant. Jésus-Christ 1055, Avant l’ère vulgaire 1059), comme David était dans la forêt du désert de Ziph, et que Saül le cherchait avec ses troupes pour le prendre (1 Samuel 23.16-17), Jonathas alla secrètement trouver son ami, et lui dit : Ne craignez point ; car Saül mon père, quoi qu’il fasse, ne vous trouvera point vous serez roi d’Israël, et je serai votre second ; et mon père le sait bien lui-même. Ils renouvelèrent ensemble leur alliance, et se séparèrent. Enfin, la guerre s’étant à nouveau allumée entre les Hébreux et les Philistins (An du monde 2949, Avant. Jésus-Christ 1051, Avant l’ère vulgaire 1055), Saül et Jonathas se campèrent sur le mont Gelboé avec l’armée d’Israël ; mais ils y furent forcés, leurs troupes mises en déroute, et eux-mêmes mis à mort (1 Samuel 31.1-2). La nouvelle en ayant été portée à David, il en fit un deuil très-amer, et consacra à leur honneur un cantique funèbre, où il fait éclater toute la tendresse de son cœur envers son ami Jonathas (2 Samuel 1.18-20). Jonathas eut un fils nommé Miphiboseth, que David combla de biens. Voyez Miphiboseth.

Jonathas (2)

Fils du grand prêtre Abiathar, il vint donner avis à Adonias et à ceux de son parti qui étaient assemblés près de la fontaine de Regel que David avait déclaré Salomon son successeur, et qu’il l’avait fait reconnaître roi d’Israël (1 Rois 1.42-43) ; (An du monde 2989, avant Jésus-Christ 1011, avant l’ère vulgaire 1015).

Jonathas (3)

Fils de Sagé et d’Arari, un des vaillants hommes de l’armée de David (1 Chroniques 11.33). Dans le premier livre des Rois (1 Rois 23.32-33), on lit ; Jonathas et Semma d’Arari.

Jonathas (4)

Fils de Samaa, et neveu de David, tua un géant, qui avait six doigts à chaque pied et a chaque main (1 Chroniques 20.7).

Jonathas (5)

Fils d’Ozia, intendant des finances de David (1 Chroniques 27.25).

Jonathas (6)

Fils d’Asael, fut nommé pour faire la recherche de ceux qui avaient épousé des femmes étrangères, du temps d’Esdras (Esdras 10.15).

Jonathas (7)

Grand sacrificateur, fils de Joïada, et petit-fils d’Eliasib. Il eut pour successeur Jeddoa ou Jaddus, célèbre du temps d’Alexandre le Grand. On ne sait pas précisément la durée du pontificat de Jonathas. Josèphe, et après lui Eusèbe et saint Jérôme, l’appellent Jean au lieu de Jonathas, et disent qu’il vécut sous le roi Artaxerxès. Josèphe raconte que ce pontife avait un frère nommé Jésus, qui était fort ami de Bagosès, gouverneur de la Judée de la part des Perses. Bagosès lui avait promis de lui faire avoir la souveraine sacrificature, et d’en faire d’épouiller Jonathas, son frère. Jésus, se fondant, sur ces promesses, entreprit de paroles Jonathas jusque dans le temple, et leur querelle alla si loin, que Jonathas le tua dans le saint lieu. Dieu punit ce sacrilège par la perte de la liberté dont les Juifs jouissaient alors ; car Bagosès accourut au temple, fit de grands reproches aux prêtres, entra dans le saint lieu, et fit porter au peuple pendant sept ans la peine de cette profanation. [Voyez Johanan].

Jonathas (8)

(Jérémie 37.14-19) Scribe et concierge des prisons de Jérusalem sous le roi Sédécias. Il fit beaucoup souffrir le prophète Jérémie, qui fut mis dans la prison dont il était le gardien, en sorte que ce prophète demanda instamment au roi Sédécias, qui l’avait fait venir en sa présence, de ne le pas renvoyer dans ce cachot où il était en danger de sa vie.

Jonathas (9)

Surnommé Apphus (1 Machabées 2.5), fils de Mattathias, et frère de Judas Machabée. Après la mort de Judas, il fut établi chef du peuple et capitaine des troupes d’Israël (1 Machabées 9.28-29). Bacchides en fut bientôt averti (An du monde 3843, Avant. Jésus-Christ 157, Avant l’ère vulgaire 161). Jonathas se retira d’abord sur le lac Asphallite, ensuite passa le Jourdain, et voyant que Bacchides, général des troupes de Démétrius Soter, s’approchait avec une puissante armée pour le combattre le jour du sabbat (1 Machabées 9.43), et étant posté de manière qu’il avait les ennemis en tête, le Jourdain à dos, des bois et des marais à droite et à gauche, il exhorta ses gens à implorer le secours du ciel, et leur représenta la nécessité où ils étaient de vaincre ou mourir, puisqu’il ne leur restait aucun moyen d’échapper.

Aussitôt il livra la bataille, et se trouvant à portée de Bacchides, il étendit le bras pour le percer ; mais Bacchides eut l’adresse d’éviter le coup en se retirant en arrière. Enfin Jonathas et les siens après avoir couché sur la place mille de leurs ennemis, craignant d’être accablés par la multitude, se jetèrent dans le Jourdain, et le passèrent à la nage en leur présence, sans qu’ils osassent les poursuivre, et ensuite ils se retirèrent à Jérusalem.

Observations sur le combat de Jonathas contre Bacchides (Folard, 1 Machabées 9.44). L’auteur du premier livre des Machabées est si succinct et si abstrait dans le récit de cette action de Jonathas contre Bacchides, que l’on a peine à le comprendre ; mais pour l’éclaircir, il faut reprendre l’affaire de plus haut. Jonathas ayant reçu le commandement après la mort de Judas, son frère, Bacchides cherchait tous les moyens de le tuer ; mais Jonathas et Simon, son frère, et tous ceux qui l’accompagnaient, l’ayant su, se retirèrent dans le désert de Thécué. Bacchides l’apprit et vint lui-même avec toute son armée le jour du sabbat au delà du Jourdain : ainsi on voit d’abord par ces circonstances que Jonathas était d’un côté du Jourdain, et Bacchides de l’autre. Alors Jonathas envoya Jean, son frère, chez les Nabathéens, leurs amis, pour les prier de mettre à couvert leur bagage, qui était très-grand et qui les embarrassait. Mais les fils de Jambri, étant sortis de Médaba, prirent Jean, apparemment le tuèrent, et s’en allèrent avec tout ce qu’il avait. Jonathas et Simon, son frère, ayant appris ce qui s’était passé, et que les fils de Jambri menaient de Médaba en grande pompe une nouvelle fiancée, qui était fille d’un des premiers princes de Chanaan ; ayant à cœur le sang de leur frère qui avait été répandu, ils allèrent se poster derrière une montagne qui les mettait à couvert, dans le dessein sans doute de venger la mort de leur frère, et de se dédommager du vol qu’on leur avait fait. Or le désert de Thécué, où ils s’étaient d’abord retirés, était à l’occident du Jourdain, et Médaba à l’orient, et de l’autre côté du fleuve ; par conséquent Jonathas et ses gens avaient passé le Jourdain pour aller sur le chemin de Médaba, ils tirèrent vengeance du crime des enfants de Jambri ; et ce fut sans doute au retour de cette expédition que Jonathas se trouva surpris entre Bacchides et le Jourdain. Toute ta difficulté ne consistait qu’en ce que l’auteur sacré a omis la circonstance du premier passage du Jourdain, et de cette manière elle se trouve entièrement levée.

La harangue de Jonatnas est des plus belles et des plus pathétiques : Allons, courage, dit-il à ses gens (1 Machabées 9.44-46), combattons nos ennemis, car il n’en est pas de ce jour comme d’hier, ou du jour d’auparavant. On nous présente le combat, nous avons le Jourdain derrière nous, à droite et à gauche des bois et des marais, il n’y a plus moyen de reculer. Criez donc au ciel, afin qu’il vous délivre des mains de vos ennemis. On doit sentir, en lisant ce discours, l’effet qu’il doit produire sur le cœur des soldats qui se trouvent dans une telle situation ; rien n’est plus magnifique, ni plus touchant, enfin on peut dire que c’est un chef-d’œuvre en ce genre.

En même temps il livra la bataille, et Jonathas étendit la main pour frapper Bacchides ; mais celui-ci évita le coup en se retirant en arrière. Ce passage nous fait voir que les deux chefs étaient chacun à la tête de leur armée, et à portée de se battre. Mille hommes de l’armée de Bacchides demeurèrent en ce jour-là sur la place. Enfin Jonathas et ceux qui étaient avec lui se jetèrent dans le Jourdain, et le passèrent à la nage devant eux. Jonathas, voyant que malgré ses efforts il n’avait pu rompre ses ennemis, et qu’il ne pouvait plus résister à leur nombre, prit la résolution de risquer le passage du fleuve eu présence de son ennemi, pour sauver, s’il était possible, sa petite armée. Cet expédient lui réussit ; et Bacchides, surpris de la hardiesse de son ennemi, n’osa le poursuivre.

L’action du général juif est admirable, il se comporta avec une prudence sans pareille : il était le plus faible, cependant il sut se tirer avec gloire et même avec avantage d’un pas si dangereux. La conduite de Bacchides ne lui est pas fort honorable ; il était beaucoup supérieur à son ennemi ; il aurait pu l’envelopper par le grand nombre de ses troupes, s’il l’eût attaqué en tout autre endroit qu’entre deux marais et deux bois, où il ne pouvait lui opposer qu’un front égal au sien : car c’est une mauvaise manœuvre que de se ranger sur plusieurs lignes ; une seule sur une grande profondeur, bien ordonnée et bien conduite avec l’audace d’un petit nombre de soldats déterminés, et réduits dans la nécessité de vaincre ou mourir ; une seule, dis-je, suffit pour remporter la victoire, puisqu’il ne s’agit que de percer la première ligne de ses ennemis, dont la retraite devient impossible par sa déroute ; car outre que la foule des fuyards met le trouble et la confusion dans la seconde ligne, c’est que les peuples de l’Asie, aussi bien que les Grecs, combattaient en phalange, sans intervalles entre les corps, ou si petits, qu’il aurait été très-difficile que ceux qui venaient d’être rompus pussent s’échapper sans rompt e la seconde ligne. On ne voit pas même que les Asiatiques combattissent sur deux phalanges ; et les Grecs, lorsque le terrain ne leur permettait pas de s’étendre sur un plus grand front, doublaient ou triplaient leur phalange, et ne formaient qu’un corps quelquefois sur cent de file. Annibal se rangea sur trois phalanges à Zama, ce qui n’avait jamais été pratiqué ; et bien qu’il fût à la tête d’une armée de cinquante mille hommes, il fut battu par Scipion, qui n’en avait que vingt-deux, et qui se rangea sur une ligne de deux colonnes ; car il comprit bien que la victoire dépendait uniquement de la défaite de la première ligne ; ainsi il battit en Afrique le grand Annibal, qui n’avait pu être vaincu en Italie.

Enfin, pour revenir à l’ordre de bataille entre les Juifs et Bacchides, je range les Juifs sur deux corps, qui remplissaient l’espace entre les marais et les bois. À l’égard de Bacchides, il ne put que ranger son infanterie sur deux lignes, et sa cavalerie sur les ailes. C’est tout ce que j’en puis conjecturer, suivant la situation des lieux, et la méthode ordinaire des Juifs et des autres peuples de l’Asie. [Ici se terminent les Observations de Folard].

Après cette affaire, Bacchides s’en retourna en Syrie. Mais les ennemis de la paix l’ayant fait revenir, dans l’espérance de faire périr Jonathas dans une nuit, lorsqu’il y penserait le moins, Jonathas les prévint, prit cent cinquante des plus méchants auteurs de ce dessein, les fit mourir, et puis se retira avec Simon, son frère, dans la forteresse de Beth-bessen, dans le désert (1 Machabées 9.59-61). C’est Beth-agla, dans le désert de Jéricho. Bacchides l’y vint assièger. Jonathas, après une vigoureuse défense, sortit de la forteresse, défit Odarène et Phaseron, et tua grand nombre d’ennemis d’un autre côté, Simon, son frère, ayant fait une sortie, brûla les machines des ennemis, attaqua l’armée de Bacchides, et la défit. De sorte que Bacchides tourna sa colère contre ceux qui lui avaient inspiré ce conseil, les fit mourir, et se disposa à s’en retourner en Syrie avec le débris de son armée.

Alors Jonathas envoya lui faire des propositions de paix. Bacchides les accepta, s’en retourna en Syrie, et ne revint plus en Judée. Jonathas demeura à Machmas, où il jugea le peuple ; et il extermina les impies d’Israël. Il ne fixa pas sa demeure à Jérusalem, parce que les troupes de Démétrius Nicator, roi de Syrie, en occupaient la citadelle. Quelques années après (An du monde 3851 et 3852), les rois Alexandre Balès et Démétrius Soter, qui se disputaient le royaume de Syrie, écrivirent à Jonathas, demandant son amitié, et s’efforçant par leurs promesses, et par les marques d’estime et de confiance qu’ils lui donnaient, de l’engager à entrer dans leur parti (1 Machabées 10.1-3).

Jonathas accepta les offres d’Alexandre Balès, et se déclara pour lui contre Démétrius. Il se revêtit pour la première fois des ornements du grand prêtre en la fête des Tabernacles de l’an 160 des Grecs, qui revient à l’an du monde 3852, avant Jésus-Christ 148, avant l’ère vulgaire 152. Ce fut en suite de la lettre d’Alexandre Balès, qui lui donnait cette dignité, que le peuple le pria de l’accepter, et qu’il en fit solennellement les fonctions.

Deux ans après, Alexandre Balès ayant célébré à Ptolémaïde son mariage avec la fille du roi d’Égypte, Jonathas y fut invité, et y parut avec une magnificence royale. Quelques-uns de ses ennemis ayant voulu l’accuser auprès du roi, non-seulement on n’écouta point leurs accusations, mais on le revêtit de pourpre, le roi le fit asseoir auprès de lui, et défendit qu’on formât contre lui la moindre plainte. Jonathas étant revenu à Jérusalem, y demeura en paix pendant quelques années. Mais au bout de deux ans, Démétrius Nicator, fils de Démétrius Soter, roi de Syrie, dont on a parlé, étant venu en Syrie, envoya Apollonius, général de ses troupes, à Jamnia dans la Palestine (1 Machabées 10.67) défier Jonathas au combat, disant, qu’il ne se fiait que sur ses montagnes et ses rochers, où il se tenait, sans oser venir en pleine campagne. Jonathas, piqué de ces reproches, amassa dix mille hommes choisis, descendit dans la plaine, vint assièger Joppé, et l’emporta aisément. De là il marcha contre Apollonios, le battit, lui tua huit mille hommes, et revint chargé de dépouilles à Jérusalem. Alexandre Balès, informé de ces heureux succès, le combla d’honneurs et de marques de son estime. Voyez l’article Apollonius.

Alexandre Balès fut mis à mort quelques années après, et Démétrius Nicator monta sur le trône de Syrie (1 Machabées 11). Jonathas, profitant des troubles qui étaient en Syrie, assiègea la citadelle de Jérusalem. Mais des personnes malintentionnées en ayant informé Démétrius, il manda Jonathas à Ptolémaïde pour répondre aux accusations qu’on formait contre lui. Il y alla, et sut, par ses riches présents, gagner l’amitié du roi, et charger de confusion ses accusateurs. Démétrius lui confirma la jouissance de ce qu’il possédait déjà, et y ajouta de nouvelles grâces. Quelque temps après, Jonathas ayant demandé à Démétrius qu’il fit sortir de la citadelle de Jérusalem les troupes qu’il y tenait, ce prince lui répondit que non-seulement il ferait ce qu’il lui demandait, mais aussi qu’il l’élèverait en gloire lui et son peuple, pourvu qu’il voulût lui envoyer du secours pour réduire ceux d’Antioche, qui s’étaient soulevés contre lui (1 Machabées 11.41-42). Jonathas lui envoya trois mille hommes choisis, qui le délivrèrent du danger où il était ; car son peuple l’avait assiégé dans son palais. Ceux d’Antioche furent obligés de recourir à sa clémence et de lui demander la paix.

Démétrius n’eut pas la reconnaissance qu’il devait pour un si grand service. Il se brouilla bientôt avec Jonathas, et lui fit tout le mal qu’il put (1 Machabées 11.53-54). Son ingratitude fut cause que Jonathas se déclara pour le jeune Antiochus, que Tryphon mit sur le trône de Syrie. Jonathas livra plusieurs combats aux généraux de Démétrius, où il eut toujours tout l’avantage. Vers le même temps il renouvela l’alliance avec les Romains (1 Machabées 12.1-2) et avec les Lacédémoniens. Ensuite, ayant appris que les généraux de Démétrius marchaient contre lui, il alla au-devant d’eux jusque dans la Syrie : mais ils n’osèrent en venir aux mains, et se retirèrent. Jonathas marcha avec son armée contre les Arabes Zabadéens, ou Nabathéens ; il les défit, et revint à Jérusalem chargé de dépouilles. Il se mit à rebâtir les murs de Jérusalem, et à élever un mur entre la forteresse, qui était encore entré les mains des Syriens, et la ville.

Cependant Tryphon, ayant conçu le dessein, de se défaire du jeune roi Antiochus et de se mettre en sa place sur le trône, crut qu’il devait premièrement s’assurer de la personne de Jonathas. Il l’attira à Ptolémaïde, n’ayant avec lui que mille hommes ; et dès qu’il y fut entré, ceux de la ville fermèrent les portes, égorgèrent les Juifs qui accompagnaient Jonathas, l’arrêtèrent lui-même, et le mirent dans les liens. Tryphon marcha ensuite contre Simon, frère de Jonathas, qui avait été établi chef du peuple en sa place (1 Machabées 13.1-4). Simon se mit en état de se bien défendre. Mais Tryphon, craignant de hasarder un combat, fit dire à Simon qu’il n’avait arrêté Jonathas que parce qu’il devait quelques sommes au roi ; qu’il lui envoyât cent talents d’argent et les deux fils de Jonathas pour otages, et qu’alors il le renverrait. Simon comprit aisément que ces propositions n’étaient nullement sincères : toutefois, pour ne pas s’attirer des reproches de la part du peuple, il envoya à Tryphon ce qu’il avait demandé. Mais Tryphon ne tint pas sa parole : il tua Jonathas et ses fils quelque temps après (An du monde 3861, Avant. Jésus-Christ 139, Avant l’ère vulgaire 143) à Bascama, peut-être Bésech, pas loin de Bethsan. Simon envoya quérir les os de Jonathas, son frère, et les ensevelit à Modin, dans un mausolée magnifique qu’il y fit bâtir (1 Machabées 13.27) en mémoire de son père et de ses frères. C’était un édifice élevé, bâti de pierres polies en dedans et en dehors. Il y érigea sept pyramides : une pour son père, une pour sa mère, et quatre pour ses quatre frères. Il orna cet édifice de grandes colonnes, et il plaça sur les colonnes des armes et des navires en sculpture, que l’on découvrait de fort loin, lorsqu’on passait sur la mer de ce côté-là. Ce sépulcre se voyait encore du temps d’Eusèbe et de saint Jérôme. Tout Israël fit un grand deuil à la mort de Jonathas, et on le pleura pendant plusieurs jours.

Jonathas (10)

Fils d’Absalomi, fut envoyé par Simon Machabée pour s’emparer de la ville de Joppé. Jonathas entra de force dans la ville, en chassa ceux qui y étaient, et s’y établit en leur place (1 Machabées 13.11).

Jonathas (11)

Fils d’Ananus, et grand prêtre des Juifs. Il succéda à Joseph, surnommé Caïphe, l’an du monde 4038, et 38 de Jésus-Christ. Il eut pour successeur son fils Théophile, établi en 4040, et déposé en 4044. Ce fut Vitellius, gouverneur de Syrie, qui créa Jonathas grand prêtre, et qui quelque temps après le dépouilla du pontificat pour en revêtir Théophile. Agrippa l’ôta à Théophile pour le donner à Simon, surnommé Cantharas, fils de Boéthus. Quelque temps après il en dépouilla Simon, et l’offrit de nouveau à Jonathas. Mais celui-ci s’en excusa, et dit au roi qu’il était très-sensible à l’honneur qu’il lui voulait faire, mais qu’il ne s’en croyait pas digne ; qu’il était content d’avoir porté une fois les sacrés ornements, qu’il connaissait un homme qui méritait mieux cette dignité par la pureté de ses mœurs et l’innocence de sa vie : c’était Matthias, son frère, à qui le roi donna effectivement le pontificat, l’an de Jésus-Christ 45, de l’ère vulgaire 43.

Jonathas avait eu beaucoup de part à ce que Félix fût envoyé gouverneur de Judée, et il croyait par là avoir plus d’autorité qu’un autre à l’avertir des maux qu’il commettait dans le pays. Félix, las des remontrances d’un tel censeur, résolut de le faire mourir. Et comme la vie irréprochable de Jonathas ne lui en fournissait point de prétexte, il engagea un nommé Dora, natif de Jérusalem, grand ami de Jonathas, à l’assassiner. Dora aposta donc quelques assassins, qui, étant venus à Jérusalem avec des dagues cachées sous leurs manteaux, se mêlèrent avec les gens de Jonathas et, se jetant sur ce vieillard, le massacrèrent. Nous ne savons pas précisément en quelle année cela arriva. Félix fut gouverneur de Judée jusqu’en l’an 60 de l’ère vulgaire.