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Énoch
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet Westphal

Énoch (1)

Ou Henoch, fils de Caïn (Genèse 4.17). C’est de son nom que la première ville qui soit marquée dans l’Écriture, a pris son nom. Caïn l’appela Énoch, ou Enochie, à cause de son fils. Voyez Henoch.

Énoch (2)

Fils de Jared (Genèse 5.18-19), naquit l’an da monde 622 ; avant Jésus-Christ, 3378 ; avant l’ère vulgaire, 3382. Il engendra Mathusala, âgé de soixante-cinq ans ; il vécut encore trois cents ans après, et eut plusieurs fils et plusieurs filles. Il marcha avec Dieu, et après avoir vécu en tout trois cent soixante-cinq ans, il ne parut plus, parce que le Seigneur l’enleva du monde. Quelques-uns prennent ces dernières paroles, comme si elles marquaient qu’Énoch mourut d’une mort naturelle, mais prématurée, parce que véritablement il vécut bien moins que les autres patriarches de ce temps-là ; comme si Dieu, pour le garantir de la corruption, eût voulu le tirer de bonne heure de ce monde. Mais la plupart des Pères et des commentateurs enseignent qu’il n’est point mort, et que Dieu le transporta hors de la vue des hommes, de même que, longtemps après, il transporta Élie sur un chariot de feu. Saint Paul, dans l’Épître aux Hébreux, marque assez clairement qu’Énoch n’est point mort (Hébreux 11.5) : C’est par la foi qu’Énoch fut enlevé, afin qu’il ne vit point la mort ; et on ne le vit plus, parce que le Seigneur le transporta ailleurs. Et Jésus, fils de Sirach (Ecclésiaste 44.16), selon la Vulgate, dit qu’il fut transporté au paradis ; ce qu’il faut entendre du paradis terrestre. Le Grec ne lit pas le paradis. Saint Jérôme l’entend du ciel : Énoch et Elias rapti sunt cum corporibus in coelum.

L’apôtre saint Jude (Jude 1.14-15) cite un passage du livre d’Énoch, qui donne bien de l’exercice aux interprètes. On demande si l’apôtre a pris ce passage d’un certain livre d’Énoch, que l’on voyait aux premiers siècles de l’Église, et dont nous avons encore de longs fragments ; ou s’il l’avait reçu par tradition, ou enfin par une révélation particulière. Il est plus vraisemblable qu’il l’avait lu dans le livre dont nous avons parlé, lequel, quoique apocryphe, pouvait contenir plusieurs vérités, dont saint Jude, éclairé d’une lumière surnaturelle, a pu faire usage pour l’édification des fidèles. Voici le passage cité par saint Jude : Énoch, le septième après Adam, a aussi prophétisé des hérétiques et des méchants, en disant : Voici le Seigneur qui vient avec les milliers de ses saints pour juger et condamner tous les impies de toutes leurs impiétés qu’ils ont commises, et de tous les blasphèmes qu’ils ont prononcés contre Dieu.

Les plus anciens Pères, comme saint Justin, Athénagore, saint Irénée, saint Clément d’Alexandrie, Lactance et autres Pères des premiers siècles, avaient puisé dans ce livre d’Énoch un sentiment qu’on voit dans leurs ouvrages, c’est que les anges s’allièrent aux filles des hommes, et en eurent des enfants. Tertullien parle de cet ouvrage en plus d’un endroit, et toujours avec estime. Il voudrait que l’on crût qu’il fut conservé par Noé dans l’arche pendant le déluge, ou qu’Énoch lui-même l’écrivit de nouveau après le déluge, et l’envoya à Noé. Il dit que si les Juifs ne le reçoivent pas, on n’en doit rien conclure à son désavantage ; que c’est apparemment parce qu’il parle trop en faveur de Jésus-Christ. Mais tout cela n’a pas empêché que l’Église n’ait mis cet écrit au rang des apocryphes, et que plusieurs Pères très-éclairés, comme Origène, saint Jérôme et saint Augustin, n’en aient parlé comme d’un livre qui n’avait par lui-même aucune autorité ; quoique la prophétie citée par saint Jude fût d’une autorité divine, à cause de l’inspiration de ce saint apôtre. L’auteur du Testament des douze patriarches cite plusieurs choses du livre d’Énoch, qui ne se trouvent plus.

Le désir de posséder le livre d’Énoch engagea le fameux M. Peiresch à de grandes recherches et à des dépenses considérables. On lui rapporta qu’il était en Éthiopie, et il fit tant qu’on le lui apporta. C’est l’ouvrage d’un nommé Bahaila Michaïl, qu’on lui donna au lieu du livre d’Énoch. M. Ludolf, l’ayant recouvré, l’a fait connaître comme l’ouvrage d’un imposteur. Voici le commencement de ce livre : Au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit. C’est ici le livre des mystères du ciel et de la terre ; il contient le sujet du premier et du dernier tabernacle, et celui de toutes les créatures. C’est ce qu’a appris Abba-Bahaïla-Michail, et il l’a su de Tamhana Samaï. L’ange qui lui a été envoyé lui a dit : Écoute… le Père n’est pas avant le Fils : le Fils n’est pas avant le Père, ni le Saint-Esprit avant le Père et le Fils, etc. ; ce qui est bien différent du livre d’Énoch connu et cité par les anciens, et dont M. Fabricius nous a donné les fragments qui sont échappés à la longueur de tant de siècles.

Les Orientaux ont conservé diverses traditions peu certaines touchant Énoch, qu’ils appellent Edris. Par exemple, ils croient que, dans les guerres continuelles que se faisaient les enfants de Seth et ceux de Caïn, c’est-à-dire la race des enfants de Dieu contre les enfants des hommes, Énoch fut le premier qui commença ces guerres, et qui introduisit la coutume de faire des esclaves de ceux d’entre les Caïnites qui avaient été pris dans le combat. Seth était le monarque universel du monde dans ces premiers temps, et Mahaléel, nommé Doudasch par les mahométans, était un de ses généraux, et combattait nu depuis la tête jusqu’au nombril, par la seule force de ses bras.

Ils croient de plus qu’Énoch reçut de Dieu le don de sagesse et de science dans un degré éminent, et que Dieu lui envoya du ciel trente volumes remplis de tous les secrets des sciences les plus cachées ; d’où vient que les livres d’Énoch sont encore aujourd’hui si célèbres et si respectés dans l’Orient, quoiqu’ils ne les possèdent pas, et ne les connaissent que par réputation. Outre ces livres qu’il reçut du ciel, il en composa encore un bon nombre, qui leur sont aussi peu connus que les premiers.

Dieu l’envoya aux descendants de Caïn pour les ramener dans le bon chemin ; mais ceux-ci ayant refusé de l’écouter, il leur déclara la guerre, et réduisit leurs femmes et leurs enfants en esclavage. Ils lui attribuent l’invention de la plume et de, ou de la couture et de l’écriture, deel’astrono-mie et de l’arithmétique, et encore plus particulièrement de la géomance. On sait ce que Josèphe a dit de deux colonnes, l’une de pierre, pour résister à l’eau ; et l’autre de brique, pour résister au feu sur lesquelles les enfants de Seth ; avant le déluge, écrivirent leurs découvertes astronomiques.

On dit de plus qu’Edris, ou Énoch, fut la cause innocente, ou l’occasion de l’idolâtrie, un de ses amis, affligé de son enlèvement, ayant formé par l’instigation du démon une statue qui le représentait si au naturel, qu’il s’entretenait des jours entiers aveç elle, et lui rendait des honneurs particuliers, qui dégénérèrent peu.à peu en superstition d’autres fixent l’époque de l’idolâtrie sous Enos, et expliquent ces paroles de l’Écriture (Genèse 4.26) : Il commença d’invoquer le nom du Seigneur ; comme s’il y avait : Alors on profana le nom du Seigneur ; car l’Hébreu peut aussi recevoir ce sens. [Voyez Énos]. Enfin les chrétiens orientaux tiennent qu’Énoch est le Mercure Trismégiste, ou trois fois très-grand des Égyptiens, plus connu sous le nom d’Hermes. On donne à Énoch un fils, nommé Sabi, que les Sabiens d’Orient veulent faire passer pour auteur de leur secte.

Les profanes semblent avoir eu quelque connaissance d’Énoch, et de la prédiction qu’il fit du déluge. Étienne le géographe le nomme Anacus, et dit qu’il demeura dans la ville d’Iconium en Phrygie. Un oracle avait prédit que tout le monde périrait après la mort d’Anac. Il mourut âgé de plus de trois cents ans, et les Phrygiens, à sa mort, donnèrent de si vives marques de douleur, qu’elles sont passées en proverbe, et que l’on dit, pleurer Anac, pour marquer un deuil extraordinaire. Le déluge de Deucalion suivit de près la mort d’Anac. Voilà ce que dit Étienne. Eusèbe cite d’Eupolème, que les Babyloniens reconnaissent Énoch comme premier inventeur de l’astrologie ; qu’il est le même qu’Atlas des Grecs, qu’il eut pour fils Maihusalé, et qu’il reçut, par le ministère des anges, toutes les rares connaissances qu’il avait.

Les rabbins tiennent qu’Énoch, ayant été transporté au ciel, fut reçu au nombre des anges ; et que c’est lui qui est connu sous le nom de Métatron, ou de Michel, l’un des premiers princes du ciel, qui tient registre des mérites et des péchés des Israélites. Ils ajoutent qu’il eut Dieu même et Adam pour maîtres, et qu’ils lui enseignèrent la manière de bien servir le Seigneur, et de lui offrir des sacrifices. On attribue à Énoch l’invention de quelques lettres et quelques livres d’astrologie. Les Juifs le font auteur de la formule de la grande excommunication. On peut voir sur cela M. Fabricius, de Apocryphis 5.T., et les auteurs qu’il cite. [Voyez Démon, où il y a une longue analyse du livre d’Énoch. Voyez aussi les Annales de philos chrét tome 1.298 ; 2.267 ; 9.48-103 ; 16.120 ; 17.161 et suivants, 172 et suivants, 374 et suivants]

Énoch (2)

Ou Hénoch, fils de Madian, et petit-fils d’Abraham et de Céthura (Genèse 25.4).

Énoch (3)

Ou Hénoch, fils aîné de Ruben, et auteur de la famille des Énochites (Genèse 46.9).

Enos