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Géants
Dictionnaire Biblique Bost

Tous les peuples tiennent à honneur d’avoir eu leurs géants, et rendent témoignage par leur accord à l’existence d’hommes d’une taille considérablement au-dessus de la taille ordinaire actuelle. Depuis les géants d’Homère, Othus, Ephialte, les Cyclopes et les Titans, jusqu’aux héros du Mexique et du Pérou, aux genoux desquels atteignaient à peine la plupart des hommes de leur temps, il y a large place pour bien d’autres géants encore, et l’on en connaît de toutes les mesures, depuis 10 pieds jusqu’à 60, 400, et même au-delà ; l’Inde en connaît même qui avaient plusieurs lieues de hauteur. Quoi qu’il en soit, de tous les contes qui ont été recueillis, et qui se trouvent soigneusement consignés dans Calmet, y compris une dent de 15 livres et un crâne qui contenait 15 boisseaux de blé, il est incontestable non seulement qu’il y a eu des géants, mais même qu’il a existé des races, des familles de géants, et qu’en général les hommes des premiers siècles de notre monde étaient bien plus grands qu’ils ne le sont aujourd’hui, sans toutefois qu’on puisse établir pour la taille le même rapport qui existe entre l’ancienne et la nouvelle longévité. Certains restes colossaux d’animaux qu’on trouve à la surface de la terre autorisent à croire qu’il existait une race d’hommes proportionnée ; et plusieurs monuments d’architecture sauvage, qu’on retrouve dans différents pays, sont évidemment l’ouvrage d’hommes d’une taille et d’une force prodigieuses.

Il est parlé de géants avant le déluge (Genèse 6.4), mais on peut croire que l’idée fondamentale qui s’attache à ce mot dans ce passage n’est pas celle de la grandeur corporelle, et qu’il faut, comme ordinairement en hébreu, s’attacher au sens moral ; la traduction littérale du mot nephilim, rendu par géants, est « les déchus » (selon la tradition rabbinique les géants étaient tombés du ciel), « les réprouvés » ; d’après Schroeder, « les assaillants » (ceux qui tombent sur). La manière dont il est parlé de ces géants dans le contexte semble indiquer qu’ils étaient issus des fils de Dieu et des filles des hommes (voir Enfant) ; du moins on peut l’entendre ainsi, comme on peut également ne voir dans l’indication de Moïse qu’une parenthèse ; si les géants sont identiques avec les puissants hommes de renom, il y a plus d’unité dans la phrase, mais il serait singulier que le mariage des fils de Dieu avec les filles des hommes n’eût produit que des géants, et l’on serait presque forcé, par cette supposition, d’admettre chez les fils de Dieu quelque chose de surnaturel, de les regarder comme des êtres différents des hommes. Le plus simple nous paraît, en conséquence, de regarder comme incidente la mention des géants, de ne voir dans les fils de Dieu que des membres de la famille de Seth, se détournant de la vérité et du culte du vrai Dieu pour suivre les idoles et s’abandonner aux passions de la chair, et les hommes célèbres et puissants seraient les fils de ces mariages, qui auraient eu une influence d’autant plus considérable qu’ils appartenaient à des familles différentes. à la race de Seth par leurs pères, à celle de Caïn par leurs mères. Suivant Schroeder, le fait significatif de ce passage serait, non point l’existence de géants (il y en avait déjà), mais leur production, leur naissance dans la famille de Seth.

L’Écriture mentionne encore comme races géantes les Réphaïms et les Hanakins. Les Réphaïms habitaient, avant l’arrivée des Israélites, les contrées transjourdaines de la Palestine ; Og, roi de Basan, était un dernier reste de cette famille ; il fut vaincu par Israël (Deutéronome 3.3-11 ; cf. Josué 12.4 ; 13.12) ; les Emins, qui partageaient avec les Réphaïms une commune origine, habitaient le pays qui fut plus tard celui de Moab (Deutéronome 2.10), et les Zamzummins, le pays de Hammon (2.20). Les Hanakins, ou fils de Hanak (Nombres 13.33 ; Deutéronome 9.2), étaient si grands, que les espions d’Israël déclarèrent qu’ils n’étaient que des sauterelles auprès d’eux (on peut croire que la peur entrait pour quelque chose dans l’hyperbole) ; leur stature était devenue proverbiale, et servait de mesure de comparaison (Deutéronome 2.10-11, 21). Ils occupaient au temps de Moïse tout le pays depuis Hébron jusqu’aux montagnes de Juda et d’Israël (Josué 11.21). Quoique vaincus et chassés, plusieurs d’entre eux reparurent plus tard dans l’histoire des Hébreux, voir Goliath (1 Samuel 17.4 ; 1 Chroniques 20.4-6, 8) ; mais ils se maintinrent toujours dans les quartiers des Philistins, à Gaza, Gath, Azot. etc. (Josué 11.22).

On peut voir, par la comparaison de l’Écriture sainte avec les ouvrages profanes, combien la première se distingue par sa sobriété et toute absence d’exagération dans ce qu’elle rapporte des géants ; elle se distingue encore en ce qu’elle signale comme une monstruosité, une dégénérescence, un fruit du péché (l’union des Séthites et des Caïnites), ce que les païens regardaient comme une gloire.