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Couronne
Dictionnaire Biblique Bost Westphal Calmet

L’usage des couronnes était fort commun chez les Hébreux, comme chez les Orientaux en général ; presque chaque livre de la Bible en parle. La plus ancienne dont nous ayons connaissance est celle du souverain sacrificateur, qui se composait d’une lame d’or pur, s’attachant par derrière avec un ruban bleu-céleste, et sur laquelle étaient gravés les mots : « La sainteté à l’Éternel » ; elle se plaçait sur la tiare du pontife (Exode 28.36-37). Il semble, d’après Ézéchiel 24.17-23, que les simples prêtres portaient aussi des espèces de couronnes, puisque dans ces passages Dieu défend au prophète d’ôter sa couronne ou de mener deuil en aucune façon, afin de montrer aux Israélites qu’eux aussi, dans la captivité, ne pourront mener deuil, ni s’abandonner à leur douleur, même quand leurs plus proches parents seront passés au fil de l’épée : peut-être aussi s’agit-il simplement de bonnets ou de turbans que chacun portait comme couverture de tête, sans y rattacher du reste aucune autre idée. Mais lorsque Moïse ordonne aux Juifs (Deutéronome 6.8), de porter les paroles de la loi comme une couronne sur leur tête, et comme un bracelet à leurs bras (c’est le sens du texte), il insinue assez clairement que les couronnes et les bracelets étaient fort en usage chez eux.

Une couronne était la parure nuptiale de la vierge et de son époux (Ésaïe 61.10 ; Cantique 3.11) ; c’est ainsi que l’Éternel, regardant la nation juive comme son épouse, lui met une couronne d’or sur la tête (Ézéchiel 16.12 ; cf. 23.42). Le diadème était encore l’ornement des rois et des princes, comme la marque principale de leur dignité, soit chez les Hébreux, soit chez les païens ; et quand David se fut emparé de Rabbath-Hammon, il prit la couronne de leur roi qui pesait un talent (35 kg), et qui était toute garnie de pierres précieuses. La couronne de Saul est mentionnée (2 Samuel 1.10) parmi les objets que l’Amalékite, qui se vantait de l’avoir tué, apporta à David ; le diadème de Salomon, que sa mère Bath-Sébah lui avait brodé pour le jour de ses noces, est nommé en Cantique 3.11 ; celui de Josias en 2 Chroniques 23.11.Les rois qui possédaient plusieurs royaumes ceignaient autant de diadèmes, comme on peut le voir par Apocalypse 12.3 ; 13.1 ; et le roi des rois, qui domine sur l’univers entier et sur les peuples de toutes langues, a sur sa tête plusieurs diadèmes, nous dit le même apôtre (19.12).

Les reines de Perse portaient une couronne que le roi leur accordait quand il voulait les honorer. Vasti jouissait de ce privilège (Esther 1.11), lorsqu’ayant eu le malheur de déplaire à son époux Assuérus, elle vit la couronne royale passer sur la tête de la Juive, parente de Mardochée (2.17). Haman, racontant comment il pense que le roi doit traiter la personne qu’il veut honorer, n’oublie pas la couronne royale (6.8). Mardochée en fut effectivement revêtu, dans la course triomphale qu’il fit au travers de la ville de Susan (8.15).

Mais la couronne biblique dont le souvenir est le plus cher aux chrétiens, parce qu’elle a ceint la tète du Prince de paix, c’est la couronne d’épines, bel emblème de la royauté qu’il devait trouver dans ses souffrances, mais triste anneau qui doit s’ajouter à la chaîne des perversités humaines. On s’est demandé, par curiosité, de quelles épines était composée cette couronne ; les uns ont répondu d’aubépine, les autres d’acacia, les autres de grosselier, les autres de jonc marin, les autres d’épine-vinette, etc. L’on n’en sait évidemment rien. Ce qu’il y a de plus curieux dans cette discussion, c’est que ceux qui se tourmentent ainsi après ces épines, devraient être mieux à même que personne de répondre d’une manière satisfaisante. N’ont-ils pas en effet conservé cette couronne ? N’ont-ils pas en effet conservé ces épines ? N’y en a-t-il pas un tiers en la Sainte-Chapelle de Paris ? à peu près autant à Notre-Dame ? puis à Rome six épines partagées entre les églises de Sainte-Croix et de Saint-Eustache ; à Sienne quelques-unes ; à Bourges cinq ; à Besançon trois ; à Vienne une ; à Mont-Royal trois ; à Alby trois ; à Toulouse, à Mâcon, à Alby, à Noyons, etc., etc.,etc. ? sans parler de toutes les autres épines qui sont dans le monde. « Par quoi il est aisé de conclure, ajoute Calvin, que la première plante a commencé à jeter longtemps après la passion de notre Seigneur Jésus-Christ ». La conclusion est juste ; elle donne en même temps la clé des divisions qui existent entre les papistes sur l’espèce d’épines dont il s’agit : on n’a pas pu vérifier sur la sainte couronne qui se conserve à la Sainte-Chapelle de Paris, parce qu’elle n’a plus d’épines, dit Calmet, depuis qu’on en a arraché la dernière du temps de Louis XIII. Le même bénédictin ajoute : « L’histoire ancienne ne nous a rien appris sur la manière dont la sainte couronne s’est conservée et est venue jusqu’à nous. Il est même assez difficile de croire que toutes les épines et toutes les parties de la sainte couronne que l’on montre en différents endroits, ne viennent que de la seule couronne du Sauveur ».