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Cadran solaire
Dictionnaire Biblique Bost

Qu’est-ce que le cadran d’Achaz dont il est parlé Ésaïe 38.8, et sur les degrés duquel le prophète fit reculer l’ombre du soleil : Les Septante et Josèphe le prennent simplement pour un escalier quelconque le long duquel l’ombre descendait par hasard ; d’autres y voient aussi un escalier, mais qui aurait été construit exprès dans le but de servir de cadran solaire. Les interprètes juifs, cependant, sont en général d’accord à voir dans ces degrés un véritable cadran solaire, un lapis horarum d’après le Targum, un horologium d’après Symmachus et Jérôme. Il est probable, en effet, que les Juifs connaissaient les cadrans ; car nous savons que Achaz, amateur de nouveautés et d’inventions (2 Rois 16.10ss), était en relation avec les Assyriens, et c’est des Babyloniens, d’après Hérodote 2, 109., que les Grecs eux-mêmes avaient appris l’art des cadrans et la division du jour en douze parties.

Quant à la forme de ces cadrans, il y en avait de deux espèces ; les uns, selon le rabbin Élia Chômer, consistaient en une demi-sphère creuse, au milieu de laquelle était une boule dont l’ombre indiquait les heures, en tombant sur les lignes gravées dans l’intérieur de la sphère, au nombre de 28 ; cette espèce de cadran fut inventée, selon Vitruve, par le caldéen Bérosus, et était connue des Grecs sous le nom de vaisseau, ou d’hémisphère ; les autres, et c’étaient les plus connus de l’antiquité, consistaient en des obélisques placés au centre d’une plaine circulaire plus ou moins grande, dont la circonférence était divisée en parties égales ; c’est ce que les Grecs nommaient un gnomon indicateur.

Les interprètes, et surtout les rationalistes, ont cherché une explication physique du miracle rapporté dans l’histoire d’Ézéchias ; le philosophe juif Spinosa voulait l’expliquer par un parhélie : c’était se donner une peine inutile et compliquer le miracle en pure perte ; d’autres n’y ont vu qu’une illusion d’optique opérée par la réfraction des rayons solaires dont les vapeurs de l’atmosphère auraient été la cause : pour cela, ils reproduisent l’anecdote qui s’est passée à Metz, en Lorraine, le 27 mars 1703, où le prieur du couvent, le père Romuald, observa un changement, une rétrogradation de plus dune heure et demie dans l’ombre du soleil. Gesenius dit que cette anecdote ne prouve rien, et Winer convient que si l’on veut ajouter foi au récit du prophète, il faut se contenter de la phrase banale des orthodoxes, que « Dieu peut à sa volonté, et selon son bon plaisir, modifier ou suspendre les lois de la nature ». Nous n’essaierons pas d’expliquer le miracle, mais voici comment nous croyons que le texte expose qu’il s’est passé. Il ne paraît pas qu’il y ait eu sur le corps même du soleil aucune espèce d’altération ; il ne paraît pas non plus que le miracle se soit fait sentir sur une étendue quelconque du globe, ni même ailleurs que sur le cadran d’Achaz ; de sorte qu’à cet égard on peut s’abstenir de parler, comme on le fait quelquefois, d’un grand dérangement qui serait arrivé dans toute la nature pour satisfaire à la simple et vaine curiosité d’un prince. Les choses ont suivi leur cours naturel, et pour donner un signe à Ézéchias, Dieu a fait dévier d’une manière extraordinaire l’ombre du cadran, sans que rien ait été changé d’ailleurs.

Parmi tous les autres signes que le prophète aurait pu donner au roi, il a choisi celui-ci, peut-être parce que les signes donnés dans le ciel étaient regardés comme plus frappants et moins exposés à l’erreur ou à l’influence des démons inférieurs ; c’est pour la même raison que les pharisiens demandaient au Seigneur un signe dans le ciel (Matthieu 16.1), et la bête de l’Apocalypse, au milieu de ses épouvantables miracles, va jusqu’à faire tomber le feu du ciel (Apocalypse 13.13).

Il est probable que le cadran d’Achaz était placé de telle sorte que le roi malade put aisément de son lit y fixer ses regards.

L’Orient, et notamment la Babylonie, a connu de très bonne heure l’art de mesurer, de diviser et de calculer le temps au moyen de cadrans solaires, et par la longueur relative des ombres aux différentes heures de la journée. De bonne heure aussi, par suite des nombreux et fréquents rapports qui existaient entre la Babylonie et l’Asie occidentale, cette connaissance a pu être communiquée aux Hébreux, chez qui nous en trouvons des traces déjà avant l’exil (2 Rois 20.9 ; Ésaïe 38.8). Ces horloges primitives étaient tantôt une colonne qui projetait son ombre sur un escalier dont chaque degré marquait les heures, tantôt une colonne divisée en degrés, et qui recevait l’ombre d’un corps étranger. Les Romains inventèrent plus tard les horloges d’eau ou clepsydres (188 avant Jésus-Christ), au moyen desquelles on fixait aux orateurs la durée de leurs discours, aux hommes de garde le temps de leur faction, et les heures où les sentinelles devaient être relevées ; on ne sait pas si les Juifs au temps de Jésus avaient adopté cette manière de mesurer le temps, mais il ressort de plusieurs passages qu’ils se servaient d’instruments de ce genre, gnomons, clepsydres ou autres ; les besoins de la vie civilisée, comme les progrès de la civilisation, en étaient venus chez eux au point qu’une découverte de ce genre devait être pour eux une nécessité. On se sert de nos jours encore de clepsydres pour l’usage ordinaire, dans l’Inde et le royaume de Siam.