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Pauvres
Dictionnaire Biblique Bost

La loi mosaïque avait sagement et libéralement pourvu, soit à restreindre autant que possible le nombre des pauvres, soit à entretenir et secourir ceux qui avaient eu le malheur de tomber dans l’indigence. Elle leur assurait en effet :

1°. À l’époque de la récolte, un glanage suffisant dans les champs, et d’abondants grappillages dans les vignes, dans les plantations d’oliviers, et probablement aussi dans les vergers à fruits (Lévitique 19.9 ; Deutéronome 24.19 ; cf. Ruth 2.2).

2°. Dans l’année sabbatique une libre participation à tous les produits de la terre, croissant sans culture dans les vignes, dans les champs, et dans les jardins en repos (Lévitique 25.5).

3°. Tous les trois ans ils venaient s’asseoir à la table des riches, et célébraient le repas des dîmes (Deutéronome 12.12 ; 14.22 ; 16.10 ; 26.12 ; cf. Luc 14.13).

4°. En l’année jubilaire tous ceux qui avaient été forcés de vendre leurs possessions, redevenaient de droit, eux ou leurs fils, propriétaires des biens qu’ils avaient aliénés, de sorte que les terres restaient non seulement dans les mêmes tribus, mais encore dans les mêmes familles, voir Année.

En outre, la loi qui recommandait d’une manière générale la bienveillance et la bienfaisance envers les pauvres (Deutéronome 24.12 ; Proverbes 14.31 ; 22.16 ; 31.9 ; etc.), renfermait aussi des prescriptions positives, telles que l’ordre de leur prêter sur gage sans intérêt, même à l’approche de l’année sabbatique, la défense de retenir après le soleil couché des objets indispensables, et que le pauvre aurait été cependant obligé de mettre en gage, tels que couverture pour la nuit, meule à moudre le grain, etc. (Deutéronome 24.12-13 ; 13.7-11 ; Lévitique 23.33ss). L’impartialité la plus entière était recommandée aux juges dans les causes des indigents (Exode 23.3-6 ; Lévitique 19.13 ; etc.).

Toutefois, il ne paraît pas que ces sages ordonnances aient été longtemps respectées, et nous voyons les prophètes faire entendre des plaintes fréquentes sur la dureté des riches à l’égard des pauvres, et sur la vénalité des juges (Ésaïe 10.2 ; Amos 2.6 ; Jérémie 3.28 ; Ézéchiel 22.29 ; etc.).

La bienfaisance était considérée par les Juifs comme une des principales vertus (Luc 19.8), et la sainteté pharisaïque faisait un grand étalage des misères qu’elle soulageait (Matthieu 6.2), (on a voulu rattacher à ce passage l’usage de certains mendiants orientaux qui soufflent dans une corne pour exprimer leurs besoins, mais c’est trop recherché). La constitution mosaïque ne reconnaît pas de mendiants proprement dits ; seule elle avait pu décréter en principe, qu’il n’y avait point de pauvres dans le pays, parce qu’elle avait pourvu à ce qu’il n’y en eût point, et que c’était Dieu, et non les hommes, qui avait fait la loi.