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Animaux
Dictionnaire Biblique Bost Calmet

La Bible appelle en général les animaux êtres vivants, et leur principe vital âme ou souffle de vie. Dans la description que Moïse nous donne de la création (Genèse 1.20-29), les animaux sont nommés dans l’ordre suivant :

1° petits animaux aquatiques,

2° oiseaux,

3° grands animaux aquatiques (poissons et amphibies),

4° quadrupèdes,

5° reptiles.

Dans le 28e verset du même chapitre ils sont énumérés et classés sommairement comme suit :

1° poissons de la mer,

2° oiseaux des cieux,

3° toute bête qui se meut sur la terre. La même classification, dans un ordre peu différent, se retrouve en 9.2 ; et, dans le récit du déluge, tous les animaux, à l’exception des aquatiques, sont compris dans les classes des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles (6.20). Les quadrupèdes eux-mêmes sont divisés en bétail et bêtes des champs, division naturelle qui sanctionne celle que nous avons établie entre animaux domestiques et bêtes sauvages (Lévitique 11.3-26, 27), la distinction est faite entre quadrupèdes :

1° qui marchent sur des pattes,

2° qui ont l’ongle divisé, et

3° qui ont le pied fourchu.

Dans ces deux dernières classes, Moïse distingue encore les animaux qui ruminent et ceux qui ne ruminent pas. Les animaux qui vivent dans l’eau sont divisés en deux classes, ceux qui ont des nageoires et des écailles, comme les poissons, et ceux qui n’en ont pas. Parmi les reptiles, ce législateur distingue ceux qui ont à la fois des ailes et quatre pieds, de ceux qui n’ont point d’ailes et qui rampent ou marchent sur quatre pieds ou davantage encore. C’est sur ces divisions que se fonde la distinction en animaux purs et animaux impurs, c’est-à-dire en animaux que l’usage transmis par les patriarches, et la loi de Moïse, permettaient ou interdisaient de manger (Lévitique 11).

Presque tous les animaux désignés comme purs, et quelques-uns de ceux qui sont déclarés impurs, nous sont connus ; mais jusqu’à nos jours les savants ne sont pas encore parvenus à déterminer exactement et avec certitude quels sont les autres animaux impurs nommés dans la loi de Moïse. Il est évident, du reste, que cette distinction n’est pas arbitraire ; elle existait déjà du temps de Noè (Genèse 7.2 ; 8.20), et date peut-être de la création même, ou plutôt de la chute. Cependant il ne faut pas croire que les animaux déclarés impurs fussent, pour cette seule raison, détestés, craints ou bannis du pays : leur chair seule était défendue, mais les Israélites s’en servaient pour d’autres usages. Ils possédaient des ânes, des chameaux, ainsi que plusieurs autres animaux de cette classe, et les estimaient pour leur utilité de tous les jours. Nous remarquons même que le lion et l’aigle, qui étaient des animaux impurs, entraient dans la composition des chérubins (Ézéchiel 1.10 ; Apocalypse 4.7). Les Israélites éprouvaient cependant, à l’égard du plus grand nombre de ces animaux, la même aversion naturelle à l’homme, que nous ressentons également à leur vue, quoique ce ne soient plus des motifs religieux qui nous l’inspirent.

Le Lévitique, au chapitre cité, indique les marques auxquelles on pouvait reconnaître et distinguer les animaux purs des animaux impurs, et ces caractères extérieurs sont si simples et si appropriés au but que se proposait le législateur, que les hommes les moins instruits du peuple pouvaient les reconnaître et les retenir ; nos savants même ont été forcés d’admirer la simplicité, l’exactitude et la justesse de ce système mosaïque. Mais le législateur se tait sur les raisons qui l’ont guidé dans la distinction qu’il a faite entre ces animaux : le Seigneur l’avait prescrite, et cela devait suffire. Cependant, comme on doit admettre que Dieu avait certainement de bonnes raisons fondées sur la nature des objets en question, et sur les circonstances dans lesquelles les Juifs se trouvaient, les savants de tous les temps se sont donné beaucoup de peine pour découvrir ces motifs, et nous les trouvons dans les considérations suivantes :

1°. Il est écrit (Lévitique 20.25-26 : « Séparez la bête nette de la souillée, et ne rendez point abominables vos personnes, en mangeant des bêtes et des oiseaux immondes… ni rien de ce que je vous ai défendu comme une chose immonde ; vous me serez donc saints, car je suis saint, moi l’Éternel, et je vous ai séparés des peuples, afin que vous soyez à moi » (cf. Deutéronome 4.2-3, 20). La pureté spirituelle et morale à laquelle les Juifs étaient appelés, devait être exprimée et représentée par toutes leurs actions jusque dans celles de la vie ordinaire : l’extérieur devenait ainsi comme l’emblème et le signe de la vie intérieure (Lévitique 11.43-44). En habituant les Juifs à distinguer entre ce qui est pur et ce qui ne l’est pas, et à ne servir leur Dieu qu’avec des objets purs, ils se pénétraient d’amour pour la pureté et d’horreur pour l’impureté, aussi bien pour les choses spirituelles que pour les objets matériels. Aucun des dieux innombrables des païens n’exigeait la pureté et la sainteté : bien souvent, au contraire, leur service consistait dans des rites et des sacrifices moralement et physiquement impurs, qui ne répondaient que trop bien aux attributs de ces divinités, tandis que chez les Juifs le service du Dieu saint était une éducation continuelle qui devait élever l’âme et la remplir de sentiments nobles, saints et purs (cf. Ésaïe 65.3-4 ; 66.17).

2°. La distinction dont nous parlons était en outre le moyen le plus efficace de séparer le peuple de Dieu des nations environnantes ; elle empêchait toute communion religieuse, et par là tout rapport familier avec les païens ; car rien ne contribue tant à rendre les hommes intimes les uns avec les autres qu’une même religion, les mêmes cérémonies, et des festins en commun ; et la table des païens eût été un filet continuel tendu sous les pas des Hébreux (v. Psaumes 69.22). Cette distinction servait même à créer une certaine aversion mutuelle entre les Juifs et les païens, puisqu’elle faisait abhorrer aux uns ce qui, pour les autres, était un objet de vénération ou de jouissance, et obligeait les premiers à s’unir plus étroitement entre eux. Lorsque, par exemple, les fils de Jacob furent descendus en Égypte, Pharaon leur assigna une contrée à part, et comme en dehors de l’Égypte proprement dite. Il arrivait aussi que les Israélites et les Égyptiens ne pouvaient manger ensemble, s’ils ne voulaient se souiller les uns et les autres ; car les uns s’occupaient et se nourrissaient de choses qui étaient presque invariablement réputées impures chez les autres (Genèse 43.32 ; 46.34).

3°. De plus, nous voyons par la loi elle-même que Moïse avait aussi des motifs d’hygiène publique et privée : il importait, en effet, beaucoup à un bon législateur de veiller à la santé du peuple, surtout dans un pays aussi chaud que la Palestine, où le climat développe les germes de maladie avec une telle rapidité, qu’il leur fait prendre facilement un caractère épidémique, ou les rend presque inguérissables. En s’abstenant ainsi de tout aliment qui prédisposait au moins à certaines maladies s’il ne les produisait pas lui-même, les Juifs non seulement n’engendraient pas ces maladies, mais ils se préservaient encore des maux épidémiques contagieux qui auraient pu se développer chez les peuples voisins.

4°. Nous trouvons un dernier motif à ces distinctions dans l’influence incontestable que la nourriture exerce sur le tempérament et les facultés intellectuelles de l’homme. On a observé de tout temps que certains aliments développent ou émoussent telles ou telles facultés, morales ou spirituelles, qu’ils rendent l’homme dur, sanguinaire, stupide, ou doux, léger, bienveillant, intelligent. Or, comme les Juifs devaient être un peuple religieux et moral, pur, propre à être guidé par l’influence de l’Esprit de Dieu et à recevoir ses révélations, il fallait bien leur interdire, entre autres choses, toute nourriture qui aurait favorisé et fortifié en eux des dispositions contraires. Il est évident que la nourriture, et en général la manière de vivre, rendent l’homme plus ou moins propre à servir d’organe à l’Esprit-Saint. Les observances du nazaréat sont tout entières fondées sur ce principe. L’Église chrétienne même, pour laquelle cette distinction détaillée entre aliments purs et impurs n’existe plus (Actes 10.10ss), a néanmoins toujours senti et reconnu la même vérité ; c’est ce que les règles des anciens ordres monastiques, des anachorètes, et bien d’autres témoignages, suffisent amplement à prouver. La chair de toute une série d’animaux, depuis les plus parfaits jusqu’aux plus imparfaits, contient une matière toute particulière, très acre et peut-être vénéneuse, qui en rend l’usage, comme nourriture, très désagréable, et qui répugne à la nature humaine : ce sont précisément ceux-là qui sont déclarés impurs par la Bible. La constitution intérieure de ces animaux correspond à cette propriété de leur chair ; leur système ganglionnaire paraît plus développé que celui des autres ; ceux en particulier que la loi mosaïque déclarait impurs étaient regardés par les Égyptiens et par d’autres peuples païens comme divinatoires, tels que les chevaux et les chiens, par exemple. Les Juifs croyaient que l’organisme intérieur de ces animaux les rendait particulièrement propres à subir l’influence des démons (cf. Matthieu 8.31-32, et ailleurs).

Ces lois sur les bêtes pures ou immondes n’étaient pas des préceptes de religion de l’observation desquels dépendît le salut des âmes, et leur transgression ne constituait pas un péché proprement dit, mais une souillure légale : les étrangers qui séjournaient parmi les Israélites n’étaient pas même tenus de les observer. Le concile des apôtres (Actes 15.29) n’interdit aux fidèles que les choses sacrifiées aux idoles, le sang et les bêtes étouffées : pour tout le reste, l’Église donne liberté plénière de manger ou de ne pas manger, pourvu que l’on rende grâces à Dieu, avec reconnaissance, dans un cas et dans l’autre. La vision de Pierre (Actes 10), dans laquelle des animaux impurs sont déclarés purs sous la nouvelle dispensation de Christ, est expliquée par cet apôtre lui-même (v. 28) : « Dieu, dit-il, m’a montré que je ne devais plus estimer aucun homme être impur ou souillé » ; les animaux immondes qu’il avait vus dans la vision représentaient les païens de toutes les nations.

Anne