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Psaumes 81
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Psaumes 81

Oh ! Si mon peuple m’écoutait !

Le ton joyeux des premiers versets de ce cantique forme un contraste insensible avec les plaintes et les supplications du psaume précédent. Et pourtant un lien réel les rattache l’un à l’autre. Là Israël se plaint de ce que Dieu a abandonné sa vigne ; ici nous entendons Dieu lui-même rappeler à son peuple qu’il s’est attiré ses malheurs par sa désobéissance et qu’il n’a qu’à marcher fidèlement dans sa voie, pour voir son bonheur durer à toujours. Le Psaume 81 est un cantique de fête. Il se pourrait que, comme le 80, il eût été composé à l’occasion de la Pâque solennelle à laquelle Ézéchias convia les Israélites des dix tribus (2 Chroniques 30.1). La mention spéciale faite de Joseph (verset 6), les ménagements et le ton de compassion avec lesquels l’homme de Dieu s’adresse, au nom de l’Éternel, à ses auditeurs (versets 12 à 17), conviennent à cette situation, sans que l’on puisse pourtant rien affirmer de certain à cet égard. D’après la tradition juive, ce psaume était chanté habituellement à la nouvelle lune du mois de Tischri (octobre), qui était pour Israël le Nouvel-An de l’année civile et qui précédait de quinze jours la fête des Tabernacles. L’habitude s’était introduite, paraît-il, de sonner en ce jour la trompe ou trompette sacerdotale, dont parle notre verset 4 et dont la loi ne prescrivait l’usage que pour l’entrée dans l’année du jubilé (Lévitique 25.9).

On a beaucoup discuté sur cette donnée, les uns la trouvant pleinement justifiée, les autres estimant que le contenu du psaume et spécialement le verset 6 témoignent en faveur de la fête de Pâques. Il se peut que, composé comme nous l’avons dit plus haut, pour cette Pâque à laquelle Ézéchias avait voulu donner un caractère exceptionnellement joyeux, en même temps que solennel, le psaume soit devenu dans la suite un cantique de commencement d’année.

Il comprend trois strophes :

  1. Invitation à célébrer une fête joyeuse, versets 2 à 6.
  2. Souvenir de la délivrance d’Égypte, des bienfaits, des recommandations et des promesses de Dieu, versets 7 à 11.
  3. Ce que serait Israël, s’il obéissait, versets 12 à 17.
1 Au maître chantre. Sur Guitthith. D’Asaph.

Sur Guitthith : voir Psaumes 8.1, note.

2 Chantez avec allégresse à Dieu, notre force !
Poussez des cris de joie vers le Dieu de Jacob !

Appel à la fête (2-6)

L’exhortation du verset 2 s’adresse à tout le peuple ; celle du verset 3 aux chœurs de Lévites (2 Chroniques 5.12) ; celle du verset 4 aux sacrificateurs, qui seuls pouvaient faire usage des trompettes sacrées (Nombres 10.9 ; 2 Chroniques 5.12).

3 Entonnez un chant et faites résonner le tambourin,
La harpe mélodieuse et le luth ! 4 Sonnez de la trompe à la nouvelle lune,
À la pleine lune, pour le jour de notre fête !

La trompe. Il s’agit ici du schophar, en forme de corne de bélier, dont le son rappelait celui qui avait retenti en Sinaï, lors du don de la loi.

5 Car c’est un statut pour Israël,
Une ordonnance du Dieu de Jacob, 6 Un témoignage qu’il a établi en Joseph,
Quand il sortit contre le pays d’Égypte.
J’entendais [alors] un langage qui m’était inconnu :

Quand il sortit… comme un roi qui entre en campagne. Il ne s’agit pas ici de la sortie même d’Égypte, mais du jugement exercé sur ce pays par la mort des premiers-nés. Ce fut alors que l’Éternel institua, par une ordonnance (verset 5), la fête de Pâque comme un témoignage ou mémorial du jugement de l’Égypte.

En Joseph. Le peuple entier, séjournant encore en Égypte, est envisagé comme peuple de Joseph, qui l’a sauvé, aussi bien que de Jacob (comparez Psaumes 77.16). Plusieurs des psaumes de ce groupe, tous d’Asaph, se font remarquer par leurs allusions aux tribus descendant de Joseph, qui avaient la haute main dans la direction du royaume du nord. Les Psaumes 77, 80 et 81 resserrent le lien qui unit ces tribus à l’ensemble d’Israël ; le Psaume 78 expose les causes qui ont donné à Juda la prééminence sur Éphraïm.

Un langage qui m’était inconnu. Il s’agit ici des communications divines dont il vient d’être parlé (ordonnance, témoignage), en même temps que de celles qui vont être résumées dans la strophe suivante. Elles faisaient au peuple l’effet d’un langage inconnu, parce qu’il ne connaissait pas l’Éternel comme ce fut le cas plus tard (Exode 3.13 ; Exode 6.3).

7 J’ai déchargé son épaule du fardeau ;
Ses mains ont lâché la corbeille.

C’est ici, sous forme d’une prédication divine pleine de douceur et de bonté, un bref résumé des événements qui ont fait d’Israël le peuple de Dieu.

Fardeau…, corbeille : image expressive des corvées sous lesquelles Israël succombait en Égypte (Exode 1.11-14).

Son épaule. On est surpris que Dieu ne s’adresse pas directement à Israël, ainsi qu’il le fera dès le verset 8. Il semble qu’il commence par se parler à lui-même, avant de parler au peuple.

8 Tu as crié dans la détresse, et je t’ai délivré ;
Je t’ai répondu, caché dans le tonnerre ;
Je t’ai éprouvé près des eaux de Mériba.
(Jeu d’instruments).

Tu as crié… Comparez Exode 2.23-25.

Caché dans le tonnerre : allusion à la nuée qui protégeait le peuple, lors du passage de la mer Rouge et d’où jaillirent les éclairs et la foudre qui mirent le désordre dans l’armée égyptienne (Exode 14.19 ; Psaumes 77.19).

Près des eaux de Mériba. Cette délivrance (Exode 17.7) est seule rappelée, parmi toutes celles du désert, comme exemple des dispensations par lesquelles Dieu fit l’éducation de son peuple. Le jeu d’instruments éveille dans l’esprit des auditeurs les sentiments d’adoration que provoquent ces grandes œuvres de Dieu.

9 Écoute, mon peuple, et je t’avertirai ; Israël, oh !
Puisses-tu m’écouter !

Écoute… Ce verset et les suivants rappellent le don de la loi. Mais le ton du commandement est remplacé ici par celui d’un appel et presque d’une supplication paternelle, jointe à une promesse miséricordieuse.

10 Qu’il n’y ait au milieu de toi aucun autre Dieu,
Et ne te prosterne pas devant un Dieu étranger !

Aucun autre Dieu : c’est le premier commandement, qui renferme en lui-même toute la loi (Exode 20.2-3).

11 Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait monter du pays d’Égypte ;
Ouvre ta bouche, et je la remplirai !

Ouvre ta bouche… Celui qui a déjà accompli de si grandes choses pour Israël est disposé à lui donner à l’avenir tout ce dont il a besoin pour le corps et pour l’âme, à la seule condition qu’il attende tout de lui et de nul autre. La révélation de la grâce divine inspire et domine ici la loi elle-même.

12 Mais mon peuple n’a point écouté ma voix,
Et Israël n’a point voulu de moi.

Ce qu’Israël a été et ce qu’il pourrait être !

L’infidélité d’Israël est rappelée clairement, mais brièvement. Le Psalmiste, ou plutôt Dieu, dont il expose ici les pensées, se hâte de tourner son regard vers la prospérité qui serait celle de son peuple, s’il obéissait.

Israël n’a point voulu de moi. Nous adoptons ici la traduction de Calvin. Le mot ava signifie : vouloir, consentir, adopter les pensées et les désirs de quelqu’un.

13 Alors je les ai abandonnés à la dureté de leur cœur ;
Ils marchèrent selon leurs propres conseils…

Je les ai abandonnés… Le châtiment d’Israël a été de pouvoir faire sa volonté propre. Comparez 2 Thessaloniciens 2.10-11.

14 Oh ! Si mon peuple m’écoutait,
Si Israël marchait dans mes voies !

Oh ! Si mon peuple… Maintenant encore, Dieu n’a point changé. Qu’Israël se tourne vers lui : les antiques promesses s’accompliront. On ne peut lire ces paroles sans penser à la situation actuelle de l’ancien peuple de Dieu, situation si misérable encore, mais qui pourrait être transformée si promptement et si complètement !

15 J’aurais bientôt humilié leurs ennemis,
Et je tournerais ma main contre leurs oppresseurs ; 16 Ceux qui haïssent l’Éternel le flatteraient ;
Le temps de leur prospérité durerait éternellement.

Le flatteraient : seraient contraints de s’humilier devant cet Israël, qu’ils ont opprimé.

17 Je les nourrirais de la moelle du froment,
Je te rassasierais du miel du rocher.

Moëlle du froment…, miel du rocher : allusion à Deutéronome 32.13-14. Tous ces psaumes d’Asaph sont pénétrés non seulement des souvenirs historiques, mais de l’esprit et de la lettre de la loi. Si notre psaume remonte à Ézéchias, l’allusion bien évidente au Deutéronome, que nous venons d’indiquer, contredirait la supposition d’après laquelle ce livre aurait été composé sous Josias.