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Psaumes 7
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Psaumes 7

Le recours contre la calomnie

Nous savons par le premier livre de Samuel que la haine de Saül contre David ne provenait pas uniquement de la jalousie du roi. Des courtisans s’appliquaient à la réveiller, quand elle s’affaiblissait, en accusant David de former des complots criminels pour s’emparer de la royauté (1 Samuel 20.31 ; 1 Samuel 24.10). Une calomnie de ce genre impressionna vivement le fugitif et fut l’occasion de la composition de ce psaume. Elle doit avoir été formulée vers la fin des persécutions de Saül, puisque David semble faire allusion (verset 5) aux occasions dans lesquelles il épargna la vie de son persécuteur. Nous trouvons même une analogie frappante entre les pensées et les expressions de notre psaume et les paroles rapportées 1 Samuel 24.12-13 ; 1 Samuel 26.19, 1 Samuel 26.23. Là, comme ici, David proteste de son innocence, il en appelle au jugement divin et déclare qu’il n’y a aucune iniquité en sa main (verset 4 ; comparez 1 Samuel 26.18).

Ce psaume trahit chez son auteur une violente émotion, qui s’exprime, vis-à-vis de Dieu, en un langage d’une hardiesse étonnante (versets 7 et 8). Le style est d’une rare énergie et d’une grande élévation poétique.

1 Dithyrambe de David, qu’il chanta à l’Éternel au sujet des paroles de Cusch, Benjamite.

Dithyrambe, en hébreu : Schiggaïon, qui ne se trouve qu’ici et Habakuk 3.1. C’est un terme musical annonçant, un mouvement rapide, même violent, ce qui est bien en rapport avec le caractère du psaume, où les pensées se pressent et se succèdent avec des transitions brusques et inattendues.

Cusch : personnage de la cour de Saül qui n’est mentionné qu’ici.

2 Éternel, mon Dieu, je me réfugie vers toi ;
Sauve-moi de tous ceux qui me persécutent, et délivre-moi,

Cri de détresse (2-3)

3 De peur qu’il ne déchire mon âme comme un lion
Qui met en pièces, sans que personne délivre !

De peur qu’il… Substitution brusque du singulier au pluriel. Entre tous les ennemis de David, il en est un qui apparaît à son esprit comme le plus dangereux.

4 Éternel, mon Dieu, si j’ai fait cela…
S’il y a de l’iniquité dans mes mains,

Protestation d’innocence (4-6)

Cela : ce dont on l’accuse. David fait allusion d’une manière plus explicite dans les paroles qui suivent.

5 Si j’ai rendu le mal à celui qui était en paix avec moi…
Au contraire, j’ai délivré celui qui me persécutait sans cause ;

Celui qui était en paix… Allusion à Saül, auprès duquel on calomniait David, en le représentant comme répondant à ses bienfaits par des complots. La seconde partie du verset, interrompant subitement la phrase, établit le véritable état des choses.

6 Que l’ennemi poursuive mon âme et l’atteigne ; qu’il foule à terre ma vie,
Et qu’il couche ma gloire dans la poussière !
(Jeu d’instruments).

Ame… vie… gloire, désignent ici une seule et même chose. L’âme est le principe de la vie, en même temps que la gloire de l’homme.

7 Lève-toi, Éternel ! Dans ta colère élève-toi contre les fureurs de mes ennemis.
Réveille-toi en ma faveur, toi qui as ordonné le jugement.

L’Éternel est juge (7-10)

En laissant à l’injustice le temps de se déployer, l’Éternel semble abandonner momentanément le gouvernement du monde. Le psalmiste l’invite à se réveiller, à reprendre sa place (hébreu : retourner) dans les hauts lieux, comme juge, au-dessus de l’assemblée des peuples.

8 Que l’assemblée des peuples t’environne ;
Reprends ta place au-dessus d’elle dans les hauts lieux.

Les hauts lieux : le ciel. Comparez Psaumes 68.19 ; Psaumes 93.4 ; Ésaïe 24.18, etc.

9 L’Éternel juge les peuples. Fais-moi justice, ô Éternel !
Qu’il me soit fait selon ma justice et mon intégrité !

Le ton devient plus calme, dans l’assurance qu’en effet l’Éternel juge.

Les cœurs et les reins. C’est ici la première fois qu’apparaît cette expression, que l’on retrouve Psaumes 26.2, ainsi que dans plusieurs passages, Jérémie 11.20, etc. et dans Apocalypse 2.23. Elle semble être devenue une locution usuelle, pour désigner ce qu’il y a de plus caché dans la vie intime de l’homme. Le psalmiste en appelle ici au Dieu qui ne juge pas d’après les apparences, mais qui, ainsi qu’il l’a déclaré, lui-même, regarde au cœur (1 Samuel 16.7).

10 Que la méchanceté des méchants prenne fin, que tu soutiennes le juste,
Toi qui sondes les cœurs et les reins, Dieu juste ! 11 Mon bouclier est en Dieu ;
Il sauve ceux dont le cœur est droit.

L’assurance de la protection divine s’affermit et devient triomphante (11-14)

En Dieu, hébreu : Mon bouclier est sur Dieu. L’Éternel a pris sur lui de me protéger.

12 Dieu est un juste juge,
Un Dieu qui s’irrite chaque jour…

Qui s’irrite chaque jour… À mesure que, dans sa prière, le psalmiste s’approche davantage de l’Éternel, il comprend que l’indifférence de Dieu à l’égard du mal n’est qu’apparente et que des trésors de colère s’amassent chaque jour contre le méchant (comparez Romains 1.18).

13 Si le méchant ne revient pas en arrière, il aiguisera son épée ;
Il a bandé son arc et l’ajuste ;

Son épée… Remarquable coïncidence : des flèches et une épée furent les instruments de la mort de Saül.

14 Il dirige sur lui des traits mortels,
Ses flèches, qu’il rendra enflammées.

Flèches enflammées : allusion aux flèches que les anciens enduisaient de matières inflammables pour allumer des incendies dans les villes qu’ils assiégeaient. Saint Paul parle des traits enflammés du malin (Éphésiens 6.16).

15 Voici, il est dans les douleurs pour néant ;
Il a conçu la malice et il a enfanté le mensonge ;

Le châtiment du méchant (15-18)

Complètement éclairé sur les voies de Dieu, David comprend que le méchant, dans les efforts qu’il fait pour arriver à ses fins, ne réussit qu’à préparer sa propre perte. Il est ainsi envers lui-même l’exécuteur de la sentence divine.

Il est. De nouveau un brusque changement de sujet. C’est le méchant qui apparaît au premier plan, mais comme un condamné. Ce verset, dont la traduction ne parvient pas à rendre l’énergique concision, retentit comme la sentence d’un juge. En outre chacun des termes : néant, malice, mensonge, a un double sens, indiquant à la fois la perversité du méchant et l’inutilité de ses efforts. Il faudrait traduire : Il est dans les douleurs (de l’enfantement) pour le crime, le néant ; il a conçu la malice, le malheur ; et il a enfanté le mensonge, la déception. Comparez Job 15.35 ; Ésaïe 26.18 ; Ésaïe 33.11 ; Ésaïe 59.4.

16 Il a fait une fosse et l’a creusée,
Et il tombe dans le creux qu’il a fait. 17 Son travail inique retombe sur sa tête,
Et sur son front redescend sa violence.

Image d’un ouvrier enseveli sous les matériaux qu’il a sortis de terre. Comparez Proverbes 26.27.

18 Je louerai l’Éternel pour sa justice,
Et je chanterai le nom de l’Éternel, le Très-Haut !

Commencé par un cri de détresse, le psaume se termine par la louange.