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Psaumes 60
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Psaumes 60

Défaite et certitude de victoire

Les circonstances auxquelles ce psaume fait allusion ont déjà été exposées à l’occasion du Psaume 44, qui exprime des pensées analogues, parfois dans les mêmes termes. Comparez entre autres Psaumes 44.6-8 et Psaumes 60.13-14 ; Psaumes 44.10 et Psaumes 60.12). David, engagé dans une guerre d’une extrême gravité contre deux royaumes syriens (2 Samuel 8.1), apprend que les Édomites ravagent Juda. Revenu à la hâte, il constate toute l’étendue des désastres subis par son peuple en son absence. Notre psaume doit avoir été composé sous l’impression causée par ces ruines, avant que la victoire ait été remportée sur les Édomites (versets 11 et 14). Tandis que le Psaume 44, des fils de Koré, reflète les émotions du peuple, en de telles circonstances, celui-ci reproduit bien les sentiments d’un roi, qui, après un désastre, embrasse d’un regard le domaine soumis à son pouvoir (versets 8 à 10) et songe à réparer sa défaite.

Le psaume comprend trois strophes, de quatre versets chacune. La première décrit l’état de désolation du pays (versets 3 à 6) ; la seconde, où se concentre la pensée principale du psaume, rappelle l’oracle divin, sur lequel se fonde le pouvoir du roi (versets 7 à 10) ; la troisième, en vertu de cet oracle, réclame le secours de Dieu pour la lutte engagée contre Édom (versets 11 à 14).

1 Au maître chantre. Sur le lis du témoignage. Écrit de David, destiné à être enseigné.

Le lis du témoignage. Le psaume est adapté à la musique d’un chant commençant par des paroles telles que celles-ci : Le lis rend témoignage… Comparez Psaumes 45.1 : sur les lis et Psaumes 80.1 : les lis du témoignage.

Destiné à être enseigné. On suppose que ce psaume devait être appris et chanté, par les jeunes gens qui s’exerçaient au maniement des armes, comme c’était le cas pour la complainte, dite de l’arc, sur la mort de Saül et de Jonathan (2 Samuel 1.17, note).

2 Lorsqu’il fit la guerre contre les Syriens de Mésopotamie et contre les Syriens de Tsoba, et que Joab revint et battit les Édomites dans la vallée du Sel, au nombre de douze mille.

Tsoba. On croit que cette ville était située au nord de Damas, entre l’Euphrate et l’Oronte. Le roi de Tsoba étendait sa domination, à l’époque de David, jusqu’en Mésopotamie (2 Samuel 8.3 ; 2 Samuel 10.15).

Joab revint… C’est bien sous la direction de Joab qu’était l’armée dans son ensemble ; mais ce fut Abisai, son frère, qui remporta la victoire décisive sur les Édomites.

La vallée du Sel, au sud de la mer Morte.

Douze mille : les textes 2 Samuel 8.13 et 1 Chroniques 18.12 parlent de dix-huit mille. Peut-être ce dernier chiffre était-il celui de l’armée édomite dans son ensemble ; le chiffre de douze mille indiquerait le nombre de ceux qui périrent. Voir sur toute cette campagne 2 Samuel 8.12, note.

3 Ô Dieu, tu nous as rejetés, dispersés, Tu t’es mis en colère : relève-nous !

Les désastres (3-6)

Dispersés. Le mot hébreu éveille l’image d’une muraille où un assiégeant fait brèche et qui saute en éclats.

4 Tu as ébranlé la terre, tu l’as déchirée : Guéris ses blessures, car elle est chancelante !

Tu as ébranle la terre… Ce terme, qui désigne à la fois la terre proprement dite et le pays d’Israël, assimile le bouleversement qui a eu lieu à un tremblement de terre.

5 Tu as fait voir à ton peuple des choses dures, Tu nous as fait boire un vin d’étourdissement.

Un vin d’étourdissement. Cette image, reproduite par le Psaume 75 et fréquemment par les prophètes (Ésaïe 19.11 ; Jérémie 25.15, etc., apparaît ici pour la première fois. Elle désigne l’égarement qui s’empare des peuples à certains moments particulièrement critiques de leur histoire. Généralement cet esprit d’étourdissement, qui prépare les grandes catastrtrophes, est lui-même, en même temps qu’un châtiment divin, une suprême manifestation de l’état de péché des peuples, qui, sous l’empire d’une sorte de possession, se précipitent d’eux-mêmes au devant du jugement. Cette idée de culpabilité du peuple semble être absente de notre passage ; l’épouvante générale est ici, non le prélude, mais le résultat des maux qui ont frappé Israël. Elle aurait pu conduire à des malheurs plus grands encore, si Dieu n’avait pas donné un étendard à ceux qui le craignent (verset 6).

6 Tu as donné à ceux qui te craignent un étendard, Pour qu’ils se lèvent au nom de la vérité.
(Jeu d’instruments).

Cet étendard n’est autre que la ferme déclaration divine que va rappeler la strophe suivante.

Nous voyons en ce verset, comme c’est parfois le cas dans les psaumes de David, le ton changer subitement et la plainte se transformer en parole de foi. Comparez Psaumes 6.9 ; Psaumes 22.22.

Pour qu’ils se lèvent, au lieu de s’abattre.

Au nom de la vérité de tes promesses, qui ne peuvent nous tromper.

7 Afin que tes bien-aimés soient délivrés, Sauve par ta droite, et réponds-nous !

L’oracle divin (7-10)

Il est introduit par la prière du verset 7.

8 Dieu a parlé dans sa sainteté ; je triompherai. Je partagerai Sichem, et je mesurerai la vallée de Succoth.

Dieu a parlé : la réponse que réclame le peuple est déjà là dès longtemps. L’oracle divin lui-même n’est pas cité ici textuellement. Peut-être est-ce celui de Nathan (2 Samuel 7.12-16). Il se peut cependant que, dans les paroles qui suivent, David reproduise librement une promesse spéciale qu’il aurait reçue de l’Éternel par le souverain sacrificateur, dépositaire de l’Urim et du Thummim, promesse qui lui assurait, en ces temps troublés, une royauté incontestée sur tout Israël et la victoire sur les ennemis du dehors.

Dans (ou par) sa sainteté. Ces mots donnent à la promesse divine le caractère d’un serment. Comparez Psaumes 89.36 ; Amos 4.2. Ces passages parallèles, où l’idée du serment est manifeste, nous empêchent d’admettre l’ancienne traduction : Dieu a parlé dans son sanctuaire ; la mention du sanctuaire favoriserait la supposition que nous venons de faire d’une consultation du souverain sacrificateur.

Je partagerai Sichem : J’en disposerai, comme d’un territoire qui m’appartient. Sichem, en Éphraïm, au centre du pays d’Israël, est nommée sans doute à cause du rôle important qu’elle avait eu dans l’histoire des patriarches et au moment de la conquête du pays par Josué, (Genèse 12.6 ; Genèse 33.18 ; Josué 8.30-35).

Succoth, à l’est du Jourdain, rappelait aussi l’histoire de Jacob (Genèse 33.17) et représentait les contrées d’au-delà du fleuve.

9 À moi Galaad, à moi Manassé, Éphraïm est le rempart de ma tête, Juda, mon sceptre royal.

Galaad… Manassé : la partie orientale du pays, menacée à la fois par les Ammonites et les Syriens. La pensée est celle ci : Je m’établis à mon aise, en dépit des ennemis du dedans et du dehors, tant à l’orient qu’à l’occident de ce pays qui m’a été dévolu.

Éphraïm et Juda, les deux tribus les plus puissantes, sont comparées, l’une à l’armure la plus honorable, le casque du roi, l’autre au sceptre par lequel il exerce son autorité. De telles paroles n’ont pu être écrites après le schisme, et, de David et de Salomon, le premier seul a eu lieu de composer un chant de guerre tel que celui-ci.

10 Moab est le bassin où je me baigne ; Sur Édom je jette ma chaussure ; Terre des Philistins, pousse des acclamations en mon honneur !

Le regard du roi se porte maintenant sur les pays voisins. Autant les rôles qu’il décerne à Éphraïm et à Juda sont honorables, autant celui de Moab est humiliant. Moab, pour s’être attiré un tel mépris, devait avoir commis envers David et Israël quelque grave offense. Comparez 2 Samuel 8.2, note.

Sur Édom je jette ma chaussure : le traitant ainsi comme ma propriété ; le soulier, au moyen duquel on foule à volonté le sol que l’on a acquis, était le symbole du droit de propriété (Deutéronome 25.9 ; Ruth 4.8).

Les Philistins, peuple guerrier par excellence, doivent acclamer leur vainqueur.

11 Qui est-ce qui me conduira dans la ville forte ? Qui est-ce qui me mènera jusqu’en Édom ?

Fort des promesses divines, David revient au grave sujet actuel de ses préoccupations : la guerre contre Édom.

La ville forte dont il est parlé ici est la capitale, réputée imprenable, des Édomites, cette ville de Pétra, bâtie dans d’inaccessibles rochers (Abdias 1.3, note).

12 N’est-ce pas toi, ô Dieu, qui nous avais rejetés, Qui ne sortais plus, ô Dieu, avec nos armées ?

Qui ne sortais plus… La foi se laisse instruire, mais non arrêter par des expériences douleureuses et humiliantes ; elle regarde en haut et va droit devant elle.

13 Donne-nous du secours, pour sortir de détresse, Car vaine est la délivrance qui vient de l’homme ! 14 En Dieu nous ferons des exploits,
Et c’est lui qui foulera nos ennemis.

En Dieu : non pas seulement avec lui, mais dans cette communion étroite, qui nous fait sortir de nous-mêmes pour nous transporter en lui.

C’est lui… Le chrétien, dans ses luttes spirituelles, ne parle pas autrement. Au reste, en face des surprises souvent terribles de l’ennemi, il ne saurait mieux faire que de regarder avec David à l’étendard divin, aux promesses du Seigneur, pour marcher en avant, dépouillé de sa force propre, mais revêtu de celle de Dieu et bien décidé à prendre possession de tout ce qui, par Christ, est devenu sa propriété.