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Psaumes 51
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Psaumes 51

Repentance

C’est ici le psaume de repentance par excellence. Nulle part la douleur du coupable qui s’accuse lui-même, sans chercher à atténuer sa faute, ne s’exprime aussi fortement et d’une manière aussi complète. Absorbé tout entier par l’horreur que lui inspire sa souillure, le pécheur ne mentionne pas même le châtiment. Il n’en connaît du reste pas de plus grand, lui qui a jadis goûté la joie d’appartenir à Dieu, que d’être privé de cette joie.

La note des deux premiers versets rattache ce psaume à la démarche courageuse de Nathan auprès de David après son adultère (2 Samuel 12.1). Si c’est bien là l’origine du psaume, cette prière d’humiliation, développement de la courte réponse du roi à Nathan : J’ai péché, serait l’acte le plus important de la vie du grand roi. Précédemment, il avait parlé déjà de péché, mais d’autres préoccupations se mêlaient à sa repentance (Psaume 38). Maintenant il ne voit que son crime, il en confesse toute l’horreur. Aussi pourra-t-il bientôt parler à toutes les âmes troublées de la joie du pardon, qui suit une confession complète (Psaume 32).

Mais pouvons-nous adopter la donnée de la suscription ? Les versets 20 et 21, qui parlent des murs de Jérusalem à construire, semblent nous transporter à l’époque de la captivité. Aussi nombre de commentateurs, à la suite de Théodore de Mopsueste (quatrième siècle), voient-ils dans ce psaume la prière d’Israël captif. Mais l’accent si personnel qui distingue le psaume entier et spécialement des paroles telles que celles des versets 7, 8, 12, 15, nous empêchent d’admettre qu’il ait été composé comme prière collective de tout un peuple. Il doit se rapporter à un événement précis de la vie d’une personne spéciale. Mais il est naturel qu’il soit devenu bientôt le cantique classique de la repentance d’Israël, spécialement à l’époque où ce peuple semblait rejeté. On aura pu alors ajouter au psaume les versets 20 et 21. Il est facile de constater qu’ils ne se rattachent pas étroitement à ce qui précède, que même le verset 21 semble corriger ce qui, pour une prière devenue liturgique, pouvait paraître trop absolu dans la parole finale du verset 19, concernant l’inutilité des sacrifices. Rien, en dehors de cette adjonction, ne contredit la donnée des versets 1 et 2. On fait observer que rien non plus ne la justifie d’une manière explicite et que, si le psalmiste parle de souillure et de sang versé, il le fait d’une manière très générale. Mais serait-il naturel que, dans un psaume destiné à être chanté publiquement, à la suite d’événements connus de chacun, il racontât sa faute en détail ? Ce n’est pas ainsi qu’agit celui auquel le seul nom de son péché fait horreur. Nous en restons donc à l’opinion qui attribue le psaume à David. Le héros d’Israël, auquel sont dus tant d’accents de foi et de triomphe, est aussi celui qui a transmis à son peuple et à l’Église les paroles de la plus profonde humiliation.

Le Psaume 51 a été un des psaumes de prédilection des Huguenots. Crespin raconte ce qui suit de Pierre Milet, brûlé sous François II en la place Maubert. Étant guindé en l’air, il commença à chanter le psaume 51 : Miséricorde au pauvre vicieux, etc. Et sitôt que le feu fut allumé, il se prit à la paille qu’on lui avait mis sous les aisselles et incontinent brûla toute sa barbe et ses cheveux. Mais pour cela, il ne laissa de continuer, voire même ses pieds et ses jambes étaient déjà toutes brûlées qu’il chantait encore (Histoire des Martyrs, page 511).

Le psaume proprement dit, indépendamment de la suscription (versets 1 et 2) et de l’adjonction des versets 20 et 21, se compose de trois parties. Avant tout, le pécheur repentant confesse son péché, tout en implorant son pardon (versets 3 à 8) ; puis il demande à Dieu un renouvellement complet de tout son être (versets 9 à 14) ; dans la dernière partie du psaume, il fait vœu de glorifier à l’avenir le Dieu de son salut (versets 15 à 19).

1 Au maître chantre. Psaume de David.

Au maître chantre. Le fait qu’un homme en vue, comme l’était David, ne s’est pas contenté d’une humiliation secrète, mais a voulu que sa prière devînt publique, en en faisant le sujet d’un cantique destiné, à être chanté dans les solennités religieuses, montre la réalité et la profondeur de sa repentance. Le péché a été manifeste ; la confession douloureuse doit l’être aussi.

2 Lorsque Nathan, le prophète, vint à lui, après qu’il fut allé vers Bathséba. 3 Fais-moi grâce, ô Dieu, selon ta miséricorde ; Selon la grandeur de tes compassions, Efface mes forfaits.

La confession (3-8)

En demandant grâce, le coupable ne cherche pas à représenter sa faute comme légère ; il la sonde au contraire de plus en plus profondément. Il ne dit pas : Pardonne ma faute, car elle est excusable, mais au contraire : Pardonne mon iniquité, car elle est grande (Psaumes 25.11 ; Psaumes 130.3-4). C’est en cela que consiste la grande différence entre David et Saül (voir 1 Samuel 13.11-12 ; 1 Samuel 15.14-15 ; 1 Samuel 15.20-21).

Fais-moi grâce. C’est la pensée fondamentale du psaume, exprimée dès le début. La demande de pardon ne s’appuie sur rien autre que la pure miséricorde divine. Mais cette miséricorde n’est pas imaginée par l’homme, dans son propre intérêt ; elle s’est révélée comme le fondement même de l’alliance de Dieu avec l’homme (Exode 34.6). Aussi le pécheur repentant peut-il y faire appel, en s’appuyant sur les déclarations de Dieu lui-même.

4 Lave, lave encore, enlève mon iniquité,
Et purifie-moi de mon péché.

Mes forfaits…, mon péché. À mesure qu’il considère sa faute, le pécheur y voit un assemblage de transgressions de toutes sortes, aboutissant à un acte horrible.

5 Car je connais mes forfaits,
Et mon péché est continuellement devant moi.

Car je connais…

Il ne faut pas comprendre le mot car, comme si le fait de reconnaître un péché imposait à Dieu l’obligation de pardonner, car le péché est péché, et, qu’on le confesse ou non, il est digne en tout temps de châtiment : pourtant Dieu veut bien faire grâce à ceux qui reconnaissent leur péché, mais à ceux-là seulement
— Luther

C’est là ce qui encourage le psalmiste à implorer sa grâce.

6 C’est contre toi, contre toi seul que j’ai péché ; J’ai fait ce qui est mal à tes yeux, Afin que tu sois reconnu juste, quand tu parleras, Pur, quand tu jugeras.

Contre toi seul. Quel que soit le péché commis, celui qui l’envisage en face y voit une offense directe contre Dieu et même une offense telle que le tort fait au prochain est comme absorbé par l’injustice commise contre Dieu. En effet :

toutes les relations dans lesquelles l’homme peut se trouver ici-bas vis-à-vis de ses frères ou du monde en général, n’existent que pour lui donner l’occasion d’affirmer la relation essentielle de dépendance et d’amour qui l’unit à Dieu
— Delitzsch

Violer ou troubler ces relations, c’est nier le lien fondamental, c’est faire ce qui est mal aux yeux de Dieu.

Afin que tu sois reconnu juste, non pas : en sorte que… Le monde moral est organisé de telle sorte que tout péché envers l’homme ne s’arrête pas à l’homme, mais atteigne Dieu, plus encore que l’homme, et cela, afin que le coupable ne puisse faire autrement que de reconnaître le droit de Dieu de le condamner. La parole : Que tu sois reconnu juste…, est citée Romains 3.4, mais dans le but spécial d’affirmer la fidélité de Dieu en opposition à l’infidélité d’Israël. Paul la cite d’après les Septante.

7 Voilà ! Je suis né dans l’iniquité,
Et ma mère m’a conçu dans le péché ;
Voilà : ce terme, répété au verset 8, indique de nouvelles constatations que fait le pécheur. Il découvre que l’iniquité remonte à la racine de son être, à tel point qu’avant la naissance déjà le péché nous environne et est comme notre nid
— Calvin

Le péché originel est affirmé ici de la manière la plus énergique, non au point de vue philosophique, mais par un acte de condamnation que le pécheur porte contre lui-même. Ce n’est point en effet pour atténuer sa faute ou pour s’en décharger sur ses parents que le coupable remonte si haut ; c’est au contraire pour s’associer au jugement que Dieu porte sur la profondeur de sa corruption.

8 Voilà ! Tu aimes la vérité dans l’intérieur,
Et tu m’as enseigné la sagesse dans le secret de mon âme !…

Nouvel aveu douloureux : Malgré cette souillure originelle, Dieu avait entrepris l’éducation de David et lui avait enseigné la sagesse. La faute commise en devient ainsi plus personnelle, plus volontaire et plus grave. La pensée n’est pas entièrement exprimée ; le psalmiste a hâte de s’écrier : Purifie-moi… (verset 9).

9 Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; Lave-moi, et je serai plus blanc que la neige.

Déchu comme il l’est, le pécheur ne saurait de lui-même reprendre sa position d’autrefois. Un acte de la grâce divine peut seul le purifier et le renouveler.

Purifie-moi : c’est l’accompagnement nécessaire du pardon.

Avec l’hysope. Avant de déclarer pur un lépreux guéri, on l’aspergeait au moyen d’une branche d’hysope trempée dans le sang d’une victime (Lévitique 14.4). L’hysope entrait aussi dans la composition de la cendre employée pour la purification de ceux qui avaient touché un mort (Nombres 19.6-11). Le psalmiste assimile ainsi son péché à l’une des souillures qui excluent de l’assemblée d’Israël.

Plus blanc que la neige. Comparez Ésaïe 1.18.

10 Fais-moi entendre l’allégresse et la joie, Que les os que tu as brisés se réjouissent !

Fais-moi entendre l’allégresse. David pressent ce que seront, une fois que la certitude du pardon aura rempli son âme, les manifestations publiques de sa reconnaissance (chant, fêtes religieuses, musique sacrée), aussi bien que sa joie intime, renouvelant même ses forces corporelles (les os). Comparez Psaumes 6.3 ; Psaumes 32.3.

11 Détourne ton regard de mes péchés, Efface toutes mes iniquités ;

Détourne ton regard…, littéralement : Cache ta face de mon péché, mais pas de moi (verset 13).

12 Ô Dieu ! Crée en moi un cœur pur,
Et renouvelle un esprit ferme au-dedans de moi ;

Crée en moi… Pour un état de péché aussi profond que celui qui a été décrit versets 3 à 8, une amélioration partielle ne suffit pas (Jean 3.3 ; Matthieu 9.16). Il ne faut rien moins qu’une nouvelle création. La nouvelle naissance est ici pressentie, aussi bien que le don du Saint-Esprit, et cela, ensuite de l’affirmation catégorique du verset 7 concernant le péché originel. Aussi le Seigneur a-t-il pu dire à Nicodème : Tu es docteur en Israël et tu ne sais pas ces choses ! (Jean 3.10). Les termes du psalmiste dans ce passage sont déjà ceux du Nouveau Testament, bien que l’esprit dont il parle et dont il avait déjà éprouvé l’efficace, ne soit encore que le précurseur de l’esprit d’adoption (Jean 7.39). Le soupir de David deviendra une promesse positive chez Jérémie (Jérémie 24.7) et chez Ézéchiel (Ézéchiel 9.9).

Renouvelle : même sens que Tite 3.5 : Il nous a sauvés par le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit.

Un esprit ferme : qui ne vacille plus entre le bien et le mal.

Dans trois versets successifs (12 à 14), le nom de l’Esprit est répété par le psalmiste, qui l’appelle en premier lieu un esprit ferme, en second lieu un esprit saint, en troisième lieu un esprit joyeux
— Luther
13 Ne me rejette pas de devant ta face,
Et ne me retire pas ton esprit saint.

Ne me rejette pas… Il n’y a pas d’autre alternative que celle d’un renouvellement complet ou d’un rejet définitif.

Ton esprit saint. David pense sans doute ici à l’esprit qui lui a été communiqué par suite de l’onction en vue de la royauté (1 Samuel 16.1). Il s’était habitué à vivre sous la direction de cet esprit et il sent qu’il ne peut désormais se passer de lui.

14 Rends-moi la joie de ton salut,
Et soutiens-moi par un esprit de franche volonté. 15 J’enseignerai tes voies aux méchants,
Et les pécheurs se convertiront à toi.

Vœux pour l’avenir (15-19)

La promesse trois fois répétée de louer Dieu publiquement est entremêlée de prières et justifiée par le fait que Dieu préfère aux sacrifices la louange venant d’un cœur humble.

J’enseignerai… C’est le besoin du pécheur pardonné d’indiquer à d’autres le chemin du salut. David a tenu sa promesse en faisant chanter publiquement ce psaume même, puis en en composant d’autres, tels que le Psaume 32, qu’il a précisément appelé Maskil, enseignement.

16 Délivre-moi du sang versé, ô Dieu, Dieu de mon salut ! Ma langue chantera hautement ta justice.

Du sang versé : le sang d’Urie et de tous ceux qui avaient été tués avec lui (2 Samuel 11.17).

Ta justice. Dieu se montre juste, quand il pardonne, conformément à ses promesses (1 Jean 1.9).

17 Seigneur, ouvre mes lèvres,
Et ma bouche publiera ta louange.

Ouvre mes lèvres, en enlevant le sentiment de la condamnation. Avant le pardon, David avait les lèvres fermées.

18 Car tu ne prends point plaisir aux sacrifices, Pour que j’en donne ; Tu n’aimes pas les holocaustes.

Sacrifices. Comparez Psaumes 40.7 ; Psaumes 50.8. Pendant les mois qui s’étaient écoulés entre sa chute et son relèvement, David avait sans doute continué, comme par le passé, à offrir des sacrifices, mais sans que sa conscience en fût soulagée (Psaumes 32.3-4). Il avait ainsi éprouvé la vérité de la parole de Samuel : Obéissance vaut mieux que sacrifice (1 Samuel 15.22). Même les souffrances de Christ restent sans efficace, si le pécheur ne s’associe pas à la condamnation du péché, réalisée en la personne du Seigneur. Quant aux sacrifices de reconnaissance dont il est question au verset 21, ils ne sont agréables à Dieu que s’ils sont l’expression des sentiments d’un cœur humilié.

19 Les sacrifices de Dieu sont un esprit brisé ; Tu ne méprises pas, ô Dieu, un cœur brisé et contrit. 20 Répands dans ta faveur tes bienfaits sur Sion, édifie les murs de Jérusalem.

Prière du peuple captif (20-21)

Édifie les murs… Cette parole nous transporte au temps de la captivité de Babylone. Dans la bouche de David, elle devrait se prendre dans le sens spirituel indiqué par Calvin : Il n’avait pas tenu à lui que tout le règne de Christ ne vint à tomber bas… Il requiert toutefois que Dieu, par sa miséricorde, rétablisse l’Église. Même un sens tel que celui-là introduit dans le psaume, si bien terminé par le verset 19 un élément qui semble lui être étranger. Surtout on ne comprend pas que le psalmiste énumère différentes sortes d’offrandes, au moment où il vient de parler de sacrifices purement spirituels. Nous avons donc évidemment ici une strophe ajoutée postérieurement au psaume. Le peuple captif, passant par une repentance analogue à celle de David, a chanté ce psaume, comme expression de sa propre repentance, mais il a senti le besoin d’y ajouter une prière appropriée plus spécialement à sa situation de ce moment-là.

21 Alors tu agréeras des sacrifices de justice, Des holocaustes et des victimes entières ; Alors on offrira des taureaux sur ton autel.