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Psaumes 39
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Psaumes 39

Tout homme n’est qu’un souffle

Qui a raison sur la terre ? Le juste ou le méchant ? Cette question, qui est en définitive le grand problème de l’existence humaine, a déjà fait le sujet du Psaume 37. Mais c’était alors un vieillard qui déclarait, instruit par l’expérience, combien est courte la prospérité des impies, durable au contraire celle des gens de bien. Ici, comme au Psaume 73 nous sommes au fort de la crise, alors que la lumière de l’expérience fait encore défaut. En face du méchant, dont la présence seule est une négation du gouvernement divin, un croyant dans l’affliction s’efforce en vain de refouler le doute et le murmure ; le feu intérieur éclate (versets 2 à 4). Mais bientôt, revenant à l’Éternel, il médite sur la brièveté de la vie, ce qui le pousse à chercher son refuge en ce Dieu même dont la main s’appesantit sur lui (versets 5 à 12). Ainsi l’agitation s’apaise et si le ton de la prière finale est encore celui de la tristesse, c’est pourtant celui d’une tristesse résignée (versets 13 et 14).

Ce psaume est un exemple remarquable de la foi israélite qui, en face du voile qui recouvre l’avenir, n’ayant d’autre perspective que le Schéol, après une vie très courte, remplie de maux, n’en persiste pas moins à espérer en l’Éternel. Une étroite parenté de pensée rapproche notre psaume du Psaume 72, qui, en outre, est aussi dédié au chantre Jéduthun. On ne peut rnéconnaître non plus une grande ressemblance de pensée et d’expression avec le livre de Job. Toutefois la distinction entre souffrance et culpabilité, si importante dans le livre de Job, n’est point accentuée, ni même indiquée dans ce psaume.

1 Au maître chantre, à Jéduthun. Psaume de David.

Jéduthun était, avec Héman et Asaph, un des principaux directeurs des chœurs de Lévites (1 Chroniques 16.41-42 ; 2 Chroniques 5.12).

2 J’avais dit : Je prendrai garde à mes voies,
De peur de pécher par ma langue ; Je garderai sur ma bouche un baillon, Tant que le méchant sera en ma présence.

La révolte du juste en présence du méchant (2-4)

De peur de pécher… Je m’étais décidé au silence, dans la crainte de murmurer contre Dieu ou de récriminer amèrement contre les hommes.

Tant que le méchant… La pensée qui vient naturellement au fidèle, en face du mal, est que l’impie ne saurait subsister longtemps en présence de Dieu. L’épreuve de la foi grandit, à mesure que le jugement tarde.

3 Je restai muet, dans le silence ; Je me tus, sans m’en trouver bien,
Et ma douleur ne fit que s’irriter.

Je restai muet : la résolution prise fut tenue un certain temps.

Sans m’en trouver bien, hébreu : je me suis tu loin du bien.

4 Mon cœur s’échauffa au-dedans de moi ;
De ma méditation jaillit un feu,
Et la parole vint sur ma langue… 5 Éternel ! Fais-moi connaître ma fin
Et quelle est la mesure de mes jours. Que je sache combien je suis fragile !

Le néant de la vie humaine (5-12)

On a eu tort de chercher dans les versets 5 à 7 l’expression de l’impatience et du bouillonnement intérieur dont il vient d’être parlé. Nous y voyons plutôt la prière apaisée par laquelle le psalmiste redevient maître de lui-même. Il demande que l’Éternel l’élève à son propre point de vue, pour considérer toutes choses. Là se trouve, pour le croyant, le secret de la sérénité dans l’épreuve.

Fais-moi connaître ma fin. Comparez Psaumes 90.12. Quand la vie est si courte vaut-il la peine de s’irriter en face du méchant ?

6 Voici, tu as donné à mes jours la largeur de la main,
Et ma durée est comme néant devant toi ; Oui, tout homme, si bien affermi qu’il soit, n’est qu’un souffle.
(Jeu d’instruments).

Devant toi : à tes yeux et comparativement à toi. Comparez Ésaïe 40.17.

7 Oui, l’homme se promène comme une ombre, Tout le bruit qu’il fait n’est qu’un souffle. Il amasse, et il ne sait qui recueillera.

Il amasse… Ces richesses, qui provoquent tant de jalousies et de querelles, échappent comme tout le reste à celui qui les possède.

8 Et maintenant, que puis-je espérer, Seigneur ? Mon attente est en toi !

Que puis-je espérer ?… Dans le néant de toutes choses, une ressource reste au croyant : Dieu est son souverain bien. Cette pensée est développée dans les Psaumes 16 et 73.

9 Délivre-moi de toutes mes transgressions, Ne m’expose pas à l’outrage de l’insensé.

Délivre-moi de mes transgressions : du poids du péché, en même temps que de la ruine complète qu’il attire sur le coupable. L’insensé trouverait dans cette ruine une occasion d’outrager le fidèle et par là même l’Éternel.

10 Je suis muet, je n’ouvrirai pas la bouche, Car c’est toi qui agis.

Je suis muet. Par la foi, le juste a retrouvé la vraie soumission ; il sait voir, dans les événements qui l’irritaient, la main de Dieu au-dessus de celle de l’homme (c’est toi qui agis). Il demande seulement de ne pas succomber sous le châtiment qu’il reconnaît avoir mérité.

11 Détourne de moi tes coups ! Sous la rigueur de ta main, c’en est fait de moi. 12 Quand tu reprends un homme pour son iniquité, Tu détruis comme la teigne ce qu’il a de plus précieux. Oui ! Tout homme n’est qu’un souffle.
(Jeu d’instruments).

Comme la teigne : image d’une destruction graduelle (Ésaïe 50.9).

Bien que Dieu ne foudroie pas ouvertement du ciel les coupables, toutefois sa malédiction secrète ne laisse pas de les miner, ainsi que la teigne, sans qu’on l’aperçoive, consume un drap ou un bois par sa morsure cachée
— Calvin

Ce qu’il a de plus précieux : de plus agréable et désirable. Le psalmiste semble faire allusion à une maladie qui enlève force, santé et beauté.

13 Écoute ma prière, Éternel, et prête l’oreille à mon cri, Ne reste pas sans rien dire, en présence de mes larmes ; Car je suis en passage chez toi, En séjour, comme tous mes pères.

Requête finale (13-14)

En passage, en séjour, littéralement : je suis étranger, habitant (et non citoyen). Le psalmiste rappelle qu’il ne possède rien en propre sur la terre et qu’il ne vit que de ce que l’Éternel veut bien lui accorder. Comparez Genèse 23.4 ; 1 Pierre 2.11.

14 Détourne ton regard de moi, et que je reprenne ma sérénité, Avant que je m’en aille et que je ne sois plus.

Détourne ton regard. Comparez Job 7.19. Il s’agit d’un regard irrité.