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Psaumes 132
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Psaumes 132

Le flambeau promis à David

Par sa longueur et plus encore par sa forme poétique, ce psaume diffère sensiblement des autres cantiques des Maaloth. On n’y trouve pas ces reprises, particulières à ces psaumes, qui, semblables aux anneaux d’une chaîne, relient un verset au verset suivant ; d’autre part, le parallélisme, généralement absent des psaumes de cette famille, est très exactement observé dans celui-ci. Si, malgré ces différences de forme, il a été inséré dans ce petit recueil, c’est sans doute parce qu’il exprime le désir le plus ardent de tous les pèlerins, celui de voir Sion devenir la demeure stable et définitive de l’Éternel. Notre psaume, qui offre la particularité d’être le seul où l’arche soit expressément nommée, rappelle les efforts de David pour donner à l’Éternel une demeure qui fût le lieu de son repos (versets 1 à 9), puis la grande promesse faite par l’Éternel à David et à sa postérité d’habiter en Sion et d’y affermir la puissance de son Oint (versets 10 à 18). L’intention du psaume est tout spécialement de rappeler à l’Éternel cette promesse. Une telle prière devait naître tout naturellement en Israël et y devenir intense dans la période qui suivit le retour de l’exil période à laquelle appartiennent les chants des Maaloth. Israël était chez lui, sans être maître de son pays ; il n’avait plus ses rois et pourtant la promesse était là, qui devait s’accomplir !

Au point de vue du développement de la pensée religieuse, ce psaume est, avec le 130, le plus remarquable des psaumes des Maaloth. Ce sont là deux points culminants : le Psaume 130 fait pressentir un Sauveur par lequel l’Éternel, rachetant lui-même Israël de toutes ses iniquités, réalisera ce dont le ministère du souverain sacrificateur ne donnait que l’ombre et l’image : le 132 annonce aussi celui qui doit venir, mais il l’annonce comme étant le Roi-Messie, le fils de David, en qui s’accompliront toutes les promesses faites à celui-ci.

Bovet

1 Cantique des pèlerinages.
 Souviens-toi, ô Éternel, en faveur de David
De toute sa peine !

Le vœu de David (1-9)

Souviens-toi… en faveur de : expression plus hébraïque que française, dit M. Bovet lui-même, dont nous suivons ici la traduction ; mais il serait difficile de la rendre autrement. Deux demandes sont contenues en une seule : que l’Éternel se souvienne de David et que, par amour pour lui, il bénisse son peuple et sa maison.

De toute sa peine : de celle qu’il s’est donnée pour transporter l’arche à Jérusalem (2 Samuel 6.1 et suivants) et pour préparer la construction du temple.

2 Il l’a juré à l’Éternel,
Il en a fait vœu au Puissant de Jacob : 3 Non, je n’entrerai pas dans la tente où j’habite,
Je ne monterai pas sur le lit où je repose,

La tente où j’habite… le lit où je repose, littéralement : la tente de ma demeure, le lit de ma couche. David était alors sur le point d’entrer dans son nouveau palais, où rien ne lui manquerait, tandis que l’arche de Dieu était encore comme dans l’oubli.

4 Je ne donnerai pas de sommeil à mes yeux,
De repos à mes paupières, 5 Jusqu’à ce que j’aie trouvé un lieu pour l’Éternel,
Une demeure pour le Puissant de Jacob. 6 Voici, nous avons entendu dire qu’elle était à Ephratha,
Nous l’avons trouvée dans les champs de Jaar !…

Nous avons entendu… Dans les versets 6 à 9, le peuple s’associe à la préoccupation de son roi, puis à sa joie, quand l’arche entre en Sion. Tout d’abord on se demande où est l’arche, tant il est vrai qu’elle a cessé d’occuper en Israël la place à laquelle elle a droit. L’on s’informe et l’on obtient les renseignements qui aident à la découvrir. On apprend qu’elle est dans la contrée d’Ephratha, puis, détail plus précis, dans les champs de Jaar. Le nom d’Ephratha ne désigne pas ici Bethléem (Genèse 48.7), où l’arche n’a jamais été, mais bien plutôt toute la contrée où se trouvaient à la fois Bethléem et Kirjath-Jéarim, localités qui avaient appartenu aux deux fils d’Ephratha, la seconde femme de Caleb (1 Chroniques 2.50 et suivants). Le nom de Jaar (forêt) est mis ici par abréviation pour Kirjath-Jéarim (ville des forêts), lieu où l’arche était restée, après son retour du pays des Philistins (1 Samuel 7.1).

7 Nous irons à Sa demeure,
Nous nous prosternerons devant Son marchepied.

Son marche-pied : l’arche elle-même, qui est le marche-pied de l’Éternel (1 Chroniques 28.2). Le langage de ce verset est bien celui des foules qui, dans une vive excitation, parlent des personnes ou des choses auxquelles elles pensent, sans les nommer. Elle est à Ephratha, disent-elles de l’arche, et, en parlant de l’Éternel, elles s’écrient : Nous irons à Sa demeure.

8 Lève-toi, Éternel ! Viens à ton lieu de repos,
Toi et l’arche de ta force !

Lève-toi, Éternel ! C’est ainsi, d’après Nombres 10.35, que parlait Moïse, quand les sacrificateurs se mettaient en route, pour porter l’arche à un nouveau campement. Ces paroles durent être prononcées au moment où les sacrificateurs élevèrent l’arche, pour la transporter de Kirjath-Jéarim à Jérusalem et plus tard de nouveau, quand Salomon fit entrer l’arche dans le temple. Voir 2 Chroniques 6.41-42.

9 Tes sacrificateurs se revêtiront de justice,
Et tes fidèles pousseront des cris de joie. 10 Pour l’amour de David, ton serviteur !…
Ne rejette pas la face de ton Oint !

Le serment de l’Éternel (10-18)

Pour l’amour de David. Après avoir rappelé comment David a tenu sa promesse, le psalmiste répète, à l’entrée de la seconde partie du psaume, la requête du verset 1.

Ton Oint. Si l’on fait des deux lignes du verset une seule phrase, l’Oint dont il est ici parlé est une autre personne que David. On a pensé à Salomon, à Zorobabel… Mais il est certain qu’au verset 17, c’est David lui-même qui est désigné comme oint. Il en est de même, croyons nous, dans notre verset, qui se compose de deux propositions parallèles. La première n’est pas achevée : c’est un soupir dont le lecteur complète facilement le sens, d’autant plus que nous avons ici la reprise du verset 1. Dans le passage 2 Chroniques 6.42, où se trouvent librement reproduits les versets 8 à 10 de ce psaume, nous trouvons deux propositions parallèles, correspondant évidemment à celles de notre verset :

Éternel, ne repousse pas ton Oint ;
Souviens-toi des grâces accordées à David…
11 L’Éternel l’a juré à David,
C’est une chose certaine qu’il ne rétractera pas :
Je mettrai sur ton trône
Un homme né de toi.

L’Éternel l’a juré à David : allusion à la promesse 2 Samuel 7.5-16 ; comparez Psaumes 89.4, Psaumes 89.50.

12 Si tes fils gardent mon alliance
Et mon témoignage que je leur enseignerai,
Leurs fils aussi, à jamais,
Seront assis sur ton trône. 13 Car l’Éternel a fait choix de Sion ;
Il l’a désirée pour sa résidence :

L’Éternel a fait choix de Sion. La promesse qui vient d’être rappelée versets 11 et 12, a commencé à s’accomplir par le choix que l’Éternel a fait de Sion, comme résidence royale et capitale d’Israël. Le psalmiste, qui rappelle ce fait, abandonne bientôt le récit proprement dit, pour laisser de nouveau, dès le verset 14, parler l’Éternel lui-même.

14 C’est là qu’est le lieu de mon repos à jamais,
C’est elle que j’habiterai, car je l’ai désirée.

Le lieu de mon repos. Cette idée d’un lieu de repos et d’établissement définitif, après des pérégrinations nombreuses, domine le psaume entier. David ne veut pas entrer dans le lieu de son propre, repos (versets 3 à 5), avant que l’Éternel ait une demeure. Et l’Éternel accepte cette demeure stable, pour bénir de là la maison et le peuple de David de bénédictions temporelles (verset 15) et spirituelles (verset 16), couronnées par la grande bénédiction messianique (versets 17 à 18).

15 Je bénirai, oui, je bénirai ses vivres,
Je rassasierai de pain ses indigents.

Je bénirai, oui, je bénirai. Nous avons ici la tournure hébraïque de l’infinitif placé devant le temps fini : bénir, je bénirai. C’est une répétition destinée le plus souvent à indiquer que le verbe est pris au sens propre,… qu’il n’y a rien à rabattre au sens qu’il exprime.

Bovet

16 Je revêtirai ses sacrificateurs du salut,
Et ses fidèles chanteront, oui, chanteront de joie.

La même tournure se trouve au verset 16 : Ses fidèles chanteront, oui, chanteront de joie. Ce verset 16 est, de la part de l’Éternel, la réponse à la parole analogue du peuple (verset 9).

17 Là je ferai germer une corne à David,
J’ai préparé un flambeau pour mon Oint.

Je ferai germer… Comparez Ésaïe 4.2 ; Jérémie 23.5 ; Zacharie 3.8, etc.

Une corne : une puissance. Comparez 1 Rois 22.11 ; Psaumes 75.5. Il s’agit ici d’une puissance représentée par un roi sortant de la race de David.

Un flambeau. Cette image avait été jadis appliquée à David lui-même par ses sujets (2 Samuel 21.17). Le psalmiste, en l’employant ici, semble avoir eu en vue la promesse faite au moment où se préparait le schisme de Jéroboam : Une tribu lui restera (à Salomon), à cause de mon serviteur David et à cause de Jérusalem…, afin que David, mon serviteur, ait toujours un flambeau devant moi à Jérusalem, qui est la ville que j’ai choisie pour y mettre mon nom (1 Rois 11.32, 1 Rois 11.36).

18 Je revêtirai ses ennemis de confusion,
Et sur lui fleurira son diadème.

Je revêtirai ses ennemis… C’est ici la contrepartie du verset 16. Il nous semble bien évident que celui en faveur duquel l’Éternel promet ces choses est le Messie, qui vient d’être désigné comme une corne et un flambeau promis à David.

Le nom de diadème, hébreu : nézer, est appliqué quelquefois (2 Samuel 1.10 ; 2 Rois 11.12) à la couronne royale, appelée communément atara ; il en est le nom religieux. Un naziréen était un homme consacré à Dieu… Le diadème, dit M. Reuss, était la marque distinctive du chef spirituel, représentant le pouvoir théocratique, avant d’être celui de la royauté…. Un saint diadème est placé sur la tiare d’Aaron (Exode 29.6). Le mot est donc ici fort bien choisi, si le roi qui doit porter ce diadème doit être le chef unique de la théocratie israélite.

Bovet

Le mot fleurira fait peut-être allusion au fait que le diadème du souverain sacrificateur, la lame d’or sur laquelle étaient gravés les mots : Sainteté à l’Éternel, portait en hébreu le nom de tsit (fleur).