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Proverbes 15
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Une réponse douce apaise la fureur, Mais une parole blessante excite la colère.

Apaise : la fait reculer, la refoule en arrière, l’empêche d’éclater.

La fureur même, qui est plus que la colère.

Comparez Proverbes 25.15.

2 La langue des sages montre une science solide, Mais la bouche des sots ne profère que folie.

Montre une science solide, véritable et prouve que les sages possèdent la vraie sagesse.

Ne profère que folie, littéralement : dégorge folie, la produit à gros bouillons.

3 Les yeux de l’Éternel sont en tout lieu, Observant les méchants et les bons.

Cette maxime n’exprime qu’une pensée unique. Le second membre ne fait que développer le premier. Comparez 2 Chroniques 16.9 ; Zacharie 4.10 ; Hébreux 4.13.

Observant les méchants et les bons. De là pour les premiers, un sentiment de crainte et pour les seconds. de réconfort.

4 La langue paisible est un arbre de vie, Mais la langue perverse blesse l’esprit.

Paisible. Voir sur ce terme Proverbes 14.30, note. Dans l’original ce mot est en tête : paisible, la langue a sur l’esprit du prochain des effets adoucissants, pacifiants, consolants. Elle évite de présenter sous une forme blessante et rude ce qu’elle peut avoir à dire pour redresser, avertir, enseigner les autres.

Mais la langue perverse blesse l’esprit, littéralement : Mais perversité en elle (dans la langue) est blessure dans l’esprit.

Plusieurs traduisent : La perversité de la langue est comme un brisement fait par le vent, c’est-à-dire : cause aux hommes une désolation que nul orage ne peut égaler.

5 L’insensé dédaigne l’instruction de son père, Mais qui prend garde à la répréhension, devient avisé.

Devient avisé : est avisé et le devient plus encore.

6 Dans la maison du juste il y a grande abondance, Mais dans les profits du méchant il y a trouble.

Abondance, littéralement : trésor, magasin. Aussi, comme le mot rendu par : Dans la maison, peut se rendre également par : la maison, plusieurs traduisent : La maison du juste est un vaste trésor. Mais le parallélisme (dans les profits) recommande notre traduction. Le sens est le même. Les biens du juste, honorablement acquis, constituent une propriété qui lui est moralement assurée. Dans les revenus du méchant, qui s’est enrichi par des moyens déshonnêtes, il y a un germe de ruine.

7 Les lèvres des sages répandent la science, Mais le cœur des insensés n’est pas sûr.

Ces mots sont d’une interprétation peu sûre. Quelques-uns traduisent : Mais il n’en est pas ainsi du cœur des insensés (ils ne répandent pas la science). Ce sens est bien peu frappant, l’antithèse est par trop simple. Nous préférons prendre le mot ken comme un adjectif : droit, vrai, solide. Voir déjà Proverbes 11.19. Les insensés ne peuvent absolument pas avoir autour d’eux la bonne influence qu’exercent les sages ; il leur manque pour cela solidité, droiture ; ils ne sont eux-mêmes pas au clair.

8 Le sacrifice des méchants est en abomination à l’Éternel, Mais la prière des hommes droits lui est agréable.

Ce n’est pas sans raison qu’il est parlé du sacrifice des méchants et de la prière des hommes droits. La prière est l’expression libre et spontanée d’un besoin personnel. On peut aussi en abuser (Proverbes 28.9). Cependant le sacrifice, déterminé par un rituel fixe, devient plus facilement encore une forme vaine. Nous voyons ici que la sagesse israélite, comme la poésie lyrique et les discours des prophètes, attache moins de valeur aux actes extérieurs du culte qu’aux sentiments personnels qui doivent les inspirer.

9 La voie du méchant est en abomination à l’Éternel, Mais il aime celui qui poursuit la justice.

Comparez pour la forme Proverbes 11.20 et Proverbes 12.22.

10 Une dure leçon attend celui qui abandonne la [bonne] voie ! Qui hait la correction mourra.

Une dure leçon. La seconde partie du verset fait deviner que cette leçon est la mort, considérée comme une démonstration de la colère divine s’abattant sur le pécheur.

11 Le sépulcre et l’abîme sont [découverts] devant l’Éternel ; À plus forte raison, les cœurs des hommes !

Sépulcre… abîme. Ces deux expressions, ainsi juxtaposées, désignent, la première, le lieu où descendent les morts en général, la seconde, la partie la plus profonde de ce lieu. S’il y avait, dans tout le domaine des choses créées, une région éloignée de Dieu et étrangère à son action, ce serait celle-là. Et pourtant Dieu y est (Psaumes 139.8 ; Job 26.6) ; il sait ce qui se passe dans le lieu du silence. À combien plus forte raison lit-il dans les cœurs des vivants, qui trahissent toujours leurs sentiments les plus secrets par des paroles ou des actions. D’ailleurs. Dieu est esprit : à quel titre le monde de l’esprit lui serait-il étranger (Jérémie 17.9-10) ?

12 Le moqueur n’aime pas qu’on le reprenne ; Il ne va pas vers les sages.

Le moqueur évite la société de ceux dont la vie est pour lui un reproche vivant et qui pourraient être tentés de le reprendre. Et cependant c’est là que serait pour lui le salut (Proverbes 13.20).

13 Un cœur joyeux rend le visage serein, Mais quand le cœur est triste, l’esprit est abattu.

L’esprit : le principe de vie dans l’homme, la force intérieure, le courage.

Est abattu, dépression générale !

Ailleurs l’Ancien Testament dira qu’un cœur brisé et un esprit abattu sont nécessaires pour revevoir la grâce (Psaumes 51.19), Ecclésiaste 7.3, affirme que le cœur peut être content malgré la tristesse de la figure ; ce qui est proclamé ici, c’est que le cœur est comme le ressort de tout l’organisme humain, physique et spirituel.

14 Le cœur de l’homme sensé recherche la science, Mais la bouche des sots se repaît de folie.

Mais la bouche des sots se repaît de folie. C’est ainsi que les Massorètes conseillent de lire ; le texte porte : La face des sots…, ce qui présente un sens satisfaisant, mais des difficultés grammaticales.

15 Tous les jours de l’affligé sont mauvais, Mais le cœur content est un festin perpétuel.

L’affligé. Celui qu’une grande douleur a frappé au plus profond de son être, reçût-il ensuite de la vie toutes les joies et toutes les faveurs, restera triste. Et, vice versa, quand le cœur est satisfait, la joie ne peut être altérée par rien. Tout dépend donc du cœur et non pas des circonstances extérieures.

16 Mieux vaut peu avec la crainte de Dieu, Que de grands biens avec le trouble.

Ces deux maximes forment un doublet et pour la forme et pour le fond.

Trouble. Voir Psaumes 39.7 ; Luc 8.11 et 1 Timothée 6.6.

17 Mieux vaut une ration de légume avec l’amour, Qu’un bœuf gras avec la haine.

Avec l’amour, littéralement : Et amour là : avec l’amour pour hôte (Reuss).

18 L’homme violent excite les querelles, Mais l’homme patient apaise les disputes.

La première ligne se retrouve, avec de légères variantes, Proverbes 28.25 et Proverbes 29.22.

19 La voie des paresseux est comme une haie d’épines, Mais le chemin des hommes droits est aplani.

Le paresseux découvre partout, pour s’excuser de son inaction, des difficultés imaginaires ; sa route lui apparaît fermée par des épines. Les hommes droits trouvent devant eux une route facile à parcourir, parce qu’ils savent que Dieu est avec eux. Il y a entre paresseux et hommes droits une antithèse aisée à saisir : le paresseux n’est pas un homme droit, puisqu’il trouve toutes sortes de faux-fuyants pour se dispenser de ses devoirs.

20 Un fils sage fait la joie de son père, Mais un homme insensé méprise sa mère.

Répétition littérale de Proverbes 10.4. La sagesse israélite tient à mettre le respect dû aux parents dans une relation étroite avec la possession de la sagesse.

21 La folie fait la joie de qui manque de sens, Mais l’homme intelligent va droit son chemin.

Loin d’aller droit son chemin, l’insensé fait bien des contours inutiles. Néanmoins la folie fait sa joie (Proverbes 10.23), parce que par elle il arrive à fermer les yeux sur son devoir.

22 Les projets échouent où manquent les conseils, Mais ils se réalisent, lorsqu’il y a beaucoup de conseillers.

Il est déraisonnable de n’accepter les conseils, de ne prendre les avis et de ne se soumettre à la critique de personne (Proverbes 11.14).

23 Il y a de la joie pour l’homme dans la réponse de sa bouche,
Et combien est utile une parole dite à propos !

Dans la réponse, décisive, concluante et qui ferme la bouche de l’adversaire (Job 32.3 ; Job.32.5). Il y a là de la joie, car c’est un don du Dieu seul sage.

Dite à propos. Ici l’accent n’est plus sur la qualité de la réplique, mais sur son opportunité (Proverbes 25.11).

24 Le sentier de la vie mène en haut ; c’est celui du sage, Afin qu’il se détourne du sépulcre, en bas.

Même en haut. L’Ancien Testament n’indique nulle part le ciel comme la demeure future des justes, mais il renferme des traits qui font pressentir une distinction entre le séjour des bons et celui qui est réservé aux méchants (enlèvement vers le ciel d’Élie, d’Enoch). Voir Proverbes 14.32, note.

25 L’Éternel démolit la maison des orgueilleux, Mais il affermit les bornes de la veuve.

En Israël les lois agraires protégeaient efficacement la propriété foncière et punissaient sévèrement ceux qui déplaçaient les bornes (Deutéronome 19.14 ; Deutéronome 27.17). L’Éternel était en outre le protecteur attitré des veuves et des orphelins (Exode 22.22). C’est dans ce rôle qu’il apparaît ici, garantissant à la veuve l’intégrité du domaine patrimonial contre les entreprises d’un voisin sans scrupules.

26 Les desseins du méchant sont en abomination à l’Éternel, Mais les paroles bienveillantes sont pures [à ses yeux].

Les paroles bienveillantes, à l’égard du prochain. Voir Proverbes 16.21.

27 L’homme avide de gain trouble sa maison, Mais qui hait les présents, vivra.

Trouble sa maison. Comparez Proverbes 11.29.

Qui hait les présents : qui ne se laisse pas gagner comme juge (Proverbes 28.16). Ce verset condamne deux sortes de gains : ceux qu’on obtient par un travail excessif et ceux qu’on obtient trop facilement par un mot tû ou prononcé.

28 Le cœur du juste médite sa réponse, Mais la bouche des méchants fait jaillir des choses mauvaises.

Médite sa réponse, afin de parler selon la vérité et la charité tout ensemble. Littéralement : Médite pour répondre, pour donner une réponse qui vaille (voir verset 23, note).

Fait jaillir, inconsidérément.

29 L’Éternel est loin des méchants, Mais il écoute la prière des justes.

Loin des méchants. Le Dieu présent partout (verset 11) est éloigné des impies en ce sens qu’il a rompu avec eux (Osée 5.6).

Mais il écoute la prière des justes. Comparez Psaumes 145.18-20.

30 Un œil brillant réjouit le cœur ; Une bonne nouvelle donne de la moelle aux os.

On a le cœur réjoui par l’air de satisfaction de la personne qui vous aborde. Avant même qu’elle ait ouvert la bouche, ses yeux brillants disent qu’elle est messagère de bonnes nouvelles.

Donne de la moelle aux os, littéralement : engraisse les os (Proverbes 11.25 ; Proverbes 13.4), remplit d’un bien-être intime. C’est le contraire de la carie des os (Proverbes 12.4 ; Proverbes 14.30). Ce verset et le suivant ne sont pas antithétiques.

31 L’oreille attentive aux remontrances qui mènent à la vie Fait sa demeure parmi les sages.

Parmi les sages, qu’évite au contraire le moqueur (verset 12).

32 Qui repousse l’instruction, méprise sa vie ; Mais qui écoute la réprimande, acquiert du sens.

Qui repousse l’instruction. Voir Proverbes 13.18.

Méprise sa vie. Voir dans 1 Pierre 3.10, l’expression aimer la vie.

Acquiert du sens, littéralement : acquiert du cœur.

33 La crainte de Dieu est l’école de la sagesse,
Et devant la gloire [marche] l’humilité.

C’est sur le chemin de la piété qu’on acquiert la sagesse. La crainte de Dieu exerce sur l’homme une discipline qui procure la sagesse ; elle vous empêche de vous engager sur la voie du péché. Voir déjà Proverbes 1.7.

Et devant la gloire… D’abord l’humilité, ensuite seulement la gloire. Quiconque prétend à la gloire de la sagesse, doit commencer par s’humilier sous la discipline des maîtres (Calmet). Cette même sentence se retrouve Proverbes 18.12.