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Nombres 31
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Nombres 31

Châtiment des Madianites

Ce récit, qui paraît emprunté, au moins en grande partie, au document élohiste, met sous nos yeux le châtiment de la tribu idolâtre qui avait séduit Israël, ainsi que celui du conseiller perfide qui lui avait suggéré cette manœuvre. Moïse indique les règles d’après lesquelles on devra procéder à l’égard du butin fait sur l’ennemi.

1 Et l’Éternel parla à Moïse, en disant :

L’expédition (1-12)

2 Venge les fils d’Israël des Madianites ; après quoi tu seras recueilli vers les tiens.

Venge. Exécution de l’ordre donné Nombres 25.16-18. Les fils d’Israël doivent être vengés, parce qu’une partie d’entre eux avaient péri par suite de la ruse des Madianites.

3 Et Moïse parla au peuple, en disant : Équipez d’entre vous des hommes pour la guerre, et qu’ils marchent contre Madian, pour exécuter la vengeance de l’Éternel sur Madian.

La vengeance de l’Éternel. L’honneur de Dieu aussi devait être vengé car il avait été compromis par la chute de son peuple.

4 Vous enverrez à la guerre mille hommes par tribu, de toutes les tribus d’Israël.

Mille hommes : chaque tribu fournissant l’un des milliers dans lesquels étaient répartis les hommes de la tribu en état de porter les armes (verset 5 : d’entre les milliers. Voir Nombres 1.16, note). Ce nombre de douze mille hommes paraît bien faible en regard de la masse considérable du peuple qu’il s’agissait d’attaquer (comparez le nombre des 32 000 jeunes filles faites prisonnières). Mais les cinq tribus de cette peuplade madianite étaient sans doute dispersées, et, attaquées inopinément, elles devaient être incapables de résister à une troupe bien organisée.

5 Et mille hommes par tribu furent fournis d’entre les milliers d’Israël, douze mille hommes équipés pour la guerre. 6 Et Moïse les envoya à la guerre, mille hommes par tribu, eux et Phinées, fils d’Éléazar, le sacrificateur, qui avait avec lui les instruments sacrés et les trompettes de fanfare.

Et Phinées : celui qui s’était distingué par son zèle contre l’idolâtrie des Madianites (Nombres 25.7-8). Il n’accompagnait pas la colonne expéditionnaire comme chef militaire, mais comme chef religieux, donnant les signaux prescrits, pendant que son père Eléazar était retenu comme souverain sacrificateur auprès du sanctuaire.

Les instruments sacrés. Le terme hébreu que nous rendons ainsi est d’un sens très général et peut désigner les objets les plus divers. On a entendu par là le costume sacerdotal ; ou bien on n’a vu dans ce terme qu’une autre dénomination des trompettes elles-mêmes. Il serait très improbable que Phinées eût emporté à la guerre l’arche ou le pectoral avec les Urim et Thummim.

Les trompettes d’argent ; voir Nombres 10.1-10.

7 Et ils marchèrent contre Madian, comme l’Éternel l’avait ordonné à Moïse ; et ils tuèrent tous les mâles.

Ils tuèrent tous les mâles : les adultes, d’après verset 17, qui montre que les enfants furent épargnés.

8 Et ils tuèrent aussi les rois de Madian, Evi, Rékem, Tsur, Hur et Réba, cinq rois de Madian ; et ils tuèrent par l’épée Balaam, fils de Béor.

Tsur : c’était le père de Cozbi ; il est appelé chef de tribu (Nombres 25.15, note) ; d’après Josué 13.21, ces chefs madianites avaient été vassaux de Sihon avant sa défaite par Israël.

Balaam : voir verset 16.

9 Et les fils d’Israël firent prisonnières les femmes de Madian et leurs petits enfants, et ils pillèrent tout leur bétail, tous leurs troupeaux et tout leur bien.

Bétail parait désigner ici les bêtes de somme, les ânes et peut-être les chameaux ; voir au verset 32, note.

Troupeaux : bœufs et menu bétail (verset 32).

10 Et ils incendièrent toutes les villes qu’ils habitaient et tous leurs campements. 11 Et ils prirent tout le butin qu’ils avaient fait et tout ce qu’ils avaient pris en gens et en bestiaux ; 12 et ils amenèrent à Moïse, à Éléazar le sacrificateur et à l’assemblée des fils d’Israël les prisonniers, les captures et le butin, au camp, dans les plaines de Moab, près du Jourdain de Jéricho.

Captures. Ce mot désigne les bêtes seules.

13 Et Moïse et Éléazar, le sacrificateur, et tous les princes de l’assemblée sortirent à leur rencontre hors du camp.

Massacre des femmes et des enfants mâles (13-18)

Hors du camp, où les soldats ne pouvaient rentrer avant de s’être purifiés (verset 19).

14 Et Moïse s’irrita contre les commandants de l’armée, chefs de milliers et chefs de centaines, qui revenaient de l’expédition de guerre. 15 Et Moïse leur dit : Avez-vous laissé la vie à toutes les femmes ? 16 Voici ce sont elles qui, sur le conseil de Balaam, ont fait commettre aux fils d’Israël une infidélité envers l’Éternel, dans l’affaire de Péor ; et la plaie a sévi dans l’assemblée de l’Éternel.

Dans l’affaire de Péor. Dans les guerres ordinaires, la vie des femmes est respectée, mais dans ce cas elles furent condamnées à périr, parce que c’étaient elles qui avaient causé le péché et la destruction d’une partie du peuple.

Balaam : voir verset 8 et Nombres 24.25, note. Il avait fini par mettre son intelligence au service du péché.

17 Et maintenant tuez tout mâle parmi les petits enfants, et tuez toute femme qui a connu un homme ;

Parmi les petits enfants, on doit tuer les mâles, afin que la nation soit exterminée et parmi les femmes toutes celles qui pouvaient être déjà enceintes, parce qu’elles ont contribué à séduire les Israélites et qu’elles ne devaient pas perpétuer une race vouée à la destruction.

18 mais toutes les filles qui n’ont pas connu d’homme, laissez-les vivre pour vous. 19 Et vous, campez sept jours hors du camp ; quiconque a tué quelqu’un et quiconque a touché un mort, purifiez-vous le troisième jour et le septième jour, vous et vos prisonniers.

Purification des guerriers, des prisonniers et du butin (19-24)

Sept jours hors du camp. Comparez Nombres 5.2-3 et Nombres 19.11.

Vos prisonniers : les jeunes filles captives qui, comme esclaves des Israélites (Deutéronome 21.10-14), étaient désormais soumises à la loi.

20 Et tout vêtement, tout objet de cuir, tout tissu de poil de chèvre et tout objet de bois, purifiez-le.

Tous ces objets venant d’un peuple impur devaient être purifiés avant de devenir la propriété du peuple de Dieu. Comparez Nombres 19.18.

21 Et Éléazar le sacrificateur dit aux hommes de la troupe qui étaient allés à la guerre : Voici l’ordonnance de la loi que l’Éternel a prescrite à Moïse :

Après avoir donné cette direction, Moïse rentra sans doute dans le camp et Eléazar resta avec l’armée pour surveiller l’accomplissement des cérémonies de purification. Alors se présenta la question de la purification des objets en métal et Eléazar compléta par une nouvelle ordonnance celle qu’avait laissée Moïse.

Voici l’ordonnance de la loi. Voir à Nombres 19.2. L’ordonnance désigne le mode d’après lequel la loi de purification doit être appliquée dans ce cas particulier. Le Pentateuque ne nous présente pas d’autres exemples d’un commentaire de la loi mosaïque donné par le grand sacrificateur, sauf peut-être Nombres 15.22-31. Voir la note.

22 Quant à l’or, l’argent, l’airain, le fer, l’étain et le plomb, 23 tout ce qui supporte le feu, vous le passerez par le feu, et il sera pur ; toutefois il sera purifié par l’eau de purification. Et tout ce qui ne supporte pas le feu, vous le passerez par l’eau. 24 Et vous laverez vos vêtements le septième jour, et vous serez purs ; après quoi vous entrerez au camp. 25 Et l’Éternel dit à Moïse :

Partage du butin (25-47)

26 Fais le compte de ce qui a été pris, des prisonniers, gens et bestiaux, toi et Éléazar le sacrificateur et les chefs de maisons de l’assemblée. 27 Et tu partageras les captures entre les combattants qui sont allés à la guerre et toute l’assemblée.

Les bestiaux et les captives doivent être répartis en deux parts, l’une pour les douze mille guerriers qui ont fait l’expédition, l’autre pour le reste du peuple dont les guerriers étaient les mandataires. Sur la part des guerriers sera prélevé 1/500 pour les sacrificateurs ; sur celle du peuple, 1/50 pour les Lévites ; le premier prélèvement étant dix fois plus faible que le second, les guerriers sont encore avantagés sur ce point, ce qui n’est que juste. Le calcul, qui semble un peu compliqué, est en réalité très simple : la cinq centième partie de la moitié équivalent à 1 pour mille et la cinquantième partie à 1 pour cent de la somme totale.

28 Et tu prélèveras un tribut pour l’Éternel sur la part des gens de guerre qui sont allés à l’armée, un sur cinq cents, gens, bœufs, ânes et menu bétail. 29 Vous le prendrez sur leur moitié, et tu le donneras à Éléazar le sacrificateur comme prélèvement de l’Éternel. 30 Et sur la moitié revenant aux fils d’Israël tu mettras à part un sur cinquante, des hommes, des bœufs, des ânes, du menu bétail et de tout animal ; et tu les donneras aux Lévites, qui ont la garde de la Demeure de l’Éternel. 31 Et Moïse et Éléazar le sacrificateur firent comme l’Éternel l’avait ordonné à Moïse. 32 Et les captures, ce qui restait du butin qu’avaient fait ceux qui avaient été à la guerre, étaient : menu bétail : six cent soixante-quinze mille ;

Ce qui restait : ce qui n’avait pas été tué ou consommé pendant l’expédition.

Il n’est pas parlé des chameaux, soit que cette tribu ne fit pas usage de ce moyen de transport, soit qu’ils eussent été tués par les Israélites.

33 gros bétail : soixante-douze mille ; 34 ânes : soixante-un mille ; 35 êtres humains, les femmes qui n’avaient point connu d’homme : trente-deux mille âmes.

Trente-deux mille. Ce chiffre, qui ne comprend guère que les jeunes filles au-dessous de douze ans, peut paraître énorme, car il suppose une population de deux cent cinquante mille âmes environ. Mais il faut se rappeler qu’il est parlé de cinq tribus, chacune ayant son roi (verset 8) et habitant dans un certain nombre de villes et de villages (verset 10).

36 Et la moitié, la part de ceux qui étaient, allés à la guerre, fut : en menu bétail : trois cent trente-sept mille cinq cents ; 37 et le tribut de l’Éternel fut en menu bétail : six cent soixante-quinze ; 38 gros bétail : trente-six mille, et le tribut de l’Éternel, soixante-douze ; 39 ânes : trente mille cinq cents, et le tribut de l’Éternel, soixante-un : 40 êtres humains : seize mille, et le tribut de l’Éternel : trente-deux. 41 Et Moïse donna le tribut prélevé pour l’Éternel à Éléazar le sacrificateur, ainsi que l’Éternel l’avait ordonné à Moïse.

À Eléazar : comme esclaves (Deutéronome 20.14).

42 Quant à la moitié revenant aux fils d’Israël, que Moïse avait séparée de celle des hommes qui étaient allés à la guerre, 43 cette part de l’assemblée fut en menu bétail : trois cent trente-sept mille cinq cents ; 44 en gros bétail : trente-six mille ; 45 ânes : trente mille cinq cents ; 46 êtres humains : seize mille. 47 Et Moïse prit, sur cette moitié revenant aux fils d’Israël, un sur cinquante, hommes et animaux ; et il les donna aux Lévites qui ont la garde de la Demeure de l’Éternel, comme l’Éternel l’avait ordonné à Moïse. 48 Et les commandants des milliers de l’armée, chefs de milliers et chefs de centaines, s’approchèrent de Moïse et lui dirent :

Offrande des officiers (48-54)

49 Tes serviteurs ont fait le compte des hommes de guerre qui étaient sous nos ordres, et il n’en manque pas un d’entre nous.

Il n’en manque pas un. Il n’est point parlé d’une intervention miraculeuse. C’est ici l’un de ces faits comme on en rencontre plusieurs dans l’histoire ancienne et moderne ; ainsi celui que raconte Tacite, Annales, XIII, 39, où nous voyons les Romains s’emparer d’une forteresse parthe et en massacrer toute la garnison sans perdre un seul homme, ou celui de la bataille racontée par Strabon, XXI, 1128, dans laquelle les Romains tuèrent mille Arabes en ne perdant que deux hommes. D’après le témoignage de Henri Arnaud, chef des Vaudois dans leur glorieuse rentrée en 1689, ces sept cents hommes, dans dix-huit attaques qu’ils firent ou soutinrent, ne perdirent que trente personnes et cependant ils avaient à lutter contre une armée de 22 000 hommes bien disciplinés et armés et commandés par d’excellents généraux (Catinat), dont 10 000 furent tués. Arnaud raconte une circonstance particulière dans laquelle les Vaudois anéantirent un détachement de cinq cents hommes qui s’était avancé contre eux et dont il n’échappa que dix à douze, tandis que les Vaudois n’eurent ni mort ni blessé.

50 Et nous apportons, comme offrande à l’Éternel, chacun ce qu’il a trouvé en objets d’or, chaînettes et bracelets, bagues, boucles d’oreilles et colliers, pour faire propitiation pour nos personnes devant l’Éternel.

Objets d’or. Les Madianites paraissent avoir eu une prédilection spéciale pour les bijoux d’or (voir Juges 8.26).

Chaînettes. Ce mot qui ne se retrouve que 2 Samuel 1.10 désigne peut-être une espèce de bracelet qui se portait à l’avant-bras.

Pour faire propitiation. On se demande pour quelle faute. Se sentent-ils coupables pour avoir massacré tant d’ennemis ? Mais le massacre était ordonné et ils s’étaient déjà purifiés de leur souillure lévitique. Ou bien serait-ce pour avoir épargné les femmes ? Mais rien ne suggère cette explication. Ou bien est-ce en raison du dénombrement qui venait d’être fait (verset 49 ; voir Exode 30.11) ? Mais il n’avait eu lieu que pour s’assurer d’un fait. Peut-être faut-il penser aux péchés particuliers dont chaque membre de l’armée avait pu se rendre coupable dans une pareille expédition et au sentiment de leur indignité qui devait s’emparer d’eux en présence de la grâce signalée dont ils avaient été les objets.

51 Et Moïse et Éléazar le sacrificateur reçurent d’eux cet or, tous ces objets travaillés. 52 Et tout l’or prélevé qu’ils présentèrent à l’Éternel fut de seize mille sept cent cinquante sicles, de la part des chefs de milliers et des chefs de centaines.

Seize mille sept cent cinquante sicles. Environ 268 kilogrammes d’or, quantité qui ne représente encore que la part des officiers supérieurs ; car les autres soldats gardèrent leur butin (verset 53).

53 Les hommes de la troupe eurent chacun leur butin pour eux. 54 Et Moïse et Éléazar le sacrificateur prirent l’or des chefs de milliers et de centaines et l’apportèrent dans la Tente d’assignation, comme mémorial des fils d’Israël devant l’Éternel.

Comme mémorial. Cette somme fut déposée dans le trésor du Tabernacle, sans doute pour servir, comme l’impôt du recensement (Exode 30.16), au service de la maison de l’Éternel.