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Nombres 21
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et le Cananéen, roi d’Arad, qui habitait le Midi, apprit qu’Israël s’avançait par le chemin d’Atharim. Et il attaqua Israël, et lui fit des prisonniers.

L’attaque du roi d’Arad (1-3)

Le Cananéen, roi d’Arad. Arad est mentionnée comme ville royale (Josué 12.14) à côté de Horma, dans le Négueb, le midi de Juda (Juges 1.16). On en a retrouvé l’emplacement sur la colline de Tell-Arad à vingt-six kilomètres au sud de Hébron, à cent kilomètres au nord-nord-est de Kadès.

Apprit qu’Israël s’avançait… Même fait rapporté Nombres 33.40, sans le récit qui suit.

Le chemin d’Atharim. Atharim : chemin tracé ; c’est le chemin des caravanes ; ce mot n’a rien de commun avec celui de tharim : les espions (Nombres 14.6).

2 Et Israël fit un vœu à l’Éternel, et dit : Si tu livres ce peuple entre mes mains, je vouerai ses villes à l’interdit.

À l’interdit : voir Lévitique 27.28-29. Le vœu fait en ce moment ne fut probablement exécuté que plus tard ; voir Josué 12.14 et Juges 1.17. Le récit actuel renfermerait ainsi une anticipation.

3 Et l’Éternel écouta la voix d’Israël, et [lui] livra les Cananéens. Et on les voua à l’interdit, eux et leurs villes ; et l’on donna à ce lieu le nom de Horma.

Les Cananéens : la tribu qui habitait cette région. Cette contrée formait une portion considérable du Négueb car il y a plus de cinquante kilomètres d’Arad à Horma.

Le roi d’Édom ayant refusé de laisser passer Israël de Kadès directement à l’est pour arriver dans la Terre promise par la région à l’orient de la mer Morte, Moïse voulut probablement, essayer de prendre la direction nord-est qui le conduisait au but en passant entre le midi de la mer Morte et la frontière septentrionale des Édomites. Mais, ayant rencontré le roi d’Arad qui lui fit des prisonniers, il reconnut à ce signe que ce n’était pas le chemin qu’il devait suivre, et, retournant en arrière, il revint et longea dans le désert la frontière occidentale du pays d’Édom, jusqu’à la mer Rouge ; et ce fut là seulement qu’il put passer à l’est du territoire des Édomites, afin de remonter au nord par la contrée à l’orient de la mer Morte.

4 Et ils partirent de la montagne de Hor, par le chemin de la mer Rouge, pour tourner le pays d’Édom. Et le peuple perdit patience dans ce chemin,

Les serpents brûlants (4-9)

Par le chemin de la mer Rouge. Le récit ne dit plus, comme Nombres 14.25, au désert, car il ne s’agit plus d’y demeurer pendant des années, mais seulement de le traverser pour en sortir au plus tôt. Partis de la montagne de Hor, ils tournèrent à l’occident le plateau de l’Azazimât et se dirigèrent de là vers la mer Rouge ; c’était un voyage de deux cents kilomètres, d’une dizaine de jours seulement pour une caravane ordinaire. Sur Deutéronome 2.1-8, voir à ce passage.

Le peuple perdit patience. Il était dur de reprendre le chemin du désert après avoir touché aux confins de la Terre promise. Il est impossible de dire en quel point de cette route eut lieu le fait ici raconté.

5 et le peuple parla contre Dieu et contre Moïse : Pourquoi nous avez-vous fait monter d’Égypte, pour que nous mourions dans le désert ? Car il n’y a point de pain, et il n’y a point d’eau, et notre âme a pris en dégoût ce misérable aliment.

Pourquoi nous avez-vous…? Il est remarquable qu’Israël associe ainsi étroitement Dieu et Moïse dans l’accusation.

6 Et l’Éternel envoya contre le peuple les serpents brûlants ; et ils mordirent le peuple, et il mourut beaucoup de gens en Israël.

Les serpents brûlants : ceux que l’on rencontre au désert (Deutéronome 8.15). Il s’agit probablement du céraste, qui se trouve dans tout le nord-est de l’Afrique ainsi que dans l’Arabie Pétrée et dans l’Arabie Heureuse.

Brûlants : ainsi nommés soit à cause de leur couleur (on trouve dans ces régions et particulièrement dans l’Araba des serpents de couleur jaune avec des taches d’un rouge brun), soit plutôt parce que leur morsure cause une vive inflammation et une soif ardente. Pour donner une idée de l’état d’angoisse où l’arrivée de ces animaux peut jeter une caravane, nous citerons les passages suivants des voyageurs Brehm et Dumichen.

C’est le soir, le moment du repos. Tout à coup quelqu’un s’écrie : Un serpent ! Tout le monde s’éveille, chacun grimpe sur une caisse ou sur un ballot et attend. Les vipères cornues arrivent par douzaines. On ne sait d’où elles sortent… J’avais dessiné, creusé, fouillé au milieu des ruines sans voir un seul céraste. La nuit était-elle venue, le feu était-il allumé, que ces horribles bêtes arrivaient de tous côtés, rampant et dardant leurs langues. Il ne reste qu’à chercher à les saisir avec une pince de fer et à les jeter dans le feu.

7 Et le peuple vint à Moïse, et dit : Nous avons péché, lorsque nous avons parlé contre l’Éternel et contre toi ; intercède auprès de l’Éternel, afin qu’il éloigne de nous ces serpents. Et Moïse intercéda pour le peuple.

Nous avons péché. Cette repentance était plus sincère que celle qui suivit l’affaire des espions (Nombres 16.10) puisque Dieu écoute aussitôt l’intercession de Moïse.

8 Et l’Éternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant, et place-le au haut d’une perche ; et quiconque aura été mordu, qu’il le regarde et il vivra.

Fais-toi un serpent brûlant. On a voulu retrouver ici l’idée de plusieurs peuples de l’antiquité, Égyptiens, Phéniciens, Grecs, d’après laquelle on faisait du serpent le symbole de la santé ou de la guérison ; mais cette idée est complètement étrangère à notre texte et à l’intuition de l’Écriture en général ; comparez Genèse 3. Ce serpent élevé sur la perche était l’image du fléau actuel, mais de ce fléau comme vaincu ; il figurait l’ennemi réduit à l’impuissance. Et il était élevé bien haut afin que tous les Israélites pussent voir comme à l’œil le triomphe de Dieu sur le mal qui les dévorait. Le peuple avait demandé l’éloignement des serpents (verset 7) ; mais la délivrance accordée par l’Éternel n’est pas celle que le peuple pensait. Elle exige une participation de l’homme lui-même à la guérison ; l’Israélite doit témoigner de sa confiance en Dieu en dirigeant un regard suppliant et confiant vers ce signe de pardon et de délivrance. Par ce trait comme par tout l’ensemble du fait, ce miracle devient l’emblème le plus parfait que nous fournisse l’histoire israélite de l’œuvre de la rédemption future (Jean 3.14).

Nous savons par 2 Rois 18.4, que ce serpent d’airain fut conservé par les Israélites, que, sous le nom de Néhusthan, il devint dans la suite l’objet d’un culte superstitieux et qu’Ézéchias le fit mettre en pièces pour ce motif.

9 Et Moïse fit un serpent d’airain, et le plaça au haut d’une perche ; et si quelqu’un était mordu par un serpent, il regardait le serpent d’airain, et il était sauvé. 10 Et les fils d’Israël partirent et ils campèrent à Oboth.

Arrivée dans les contrées de l’est

Si nous comparons ce récit de voyage avec celui du chapitre 33, nous reconnaîtrons aisément que le verset 4 de notre chapitre correspond au verset 41 du chapitre 33 et qu’ainsi toute la longue liste de stations versets 19 à 37 qui dans ce dernier chapitre précède le verset 11, comprend les stations des Israélites durant les trente-sept années précédentes de châtiment. À partir de notre verset 10 les deux récits marchent parallèlement et coïncident en général. Toutefois l’itinéraire du chapitre 21 ne nous donne aucune station entre Hor et Oboth, tandis que celui du chapitre 33 nomme Tsalmona et Punon. Nous ignorons où il faut chercher Oboth et les deux stations suivantes ; il est probable que la scène des serpents avait encore eu lieu à l’ouest de l’Araba et qu’après cela les Israélites tournèrent autour de la montagne de Séir et se dirigèrent vers le nord. Ce serait dans ce dernier trajet qu’ils auraient campé à Tsalmona, puis à Punon, dont le nom se retrouve dans celui d’un prince édomite (Genèse 36.41). On l’a identifiée avec une localité du nom de Phénan, qu’Eusèbe et Jérôme placent à l’est de la mer Morte. Mais cela nous conduirait évidemment trop au nord.

Le rédacteur de notre récit l’a puisé à des sources diverses, comme on le voit à la variété des formules employées. Les versets 10 et 11 du chapitre 21 et le verset 1 du chapitre 22, soit le commencement et la fin de ce récit, sont empruntés littéralement au catalogue des stations du chapitre 33, avec omission des stations de Tsalmona et Punon et sans que nous sachions d’où sont partis les Israélites pour arriver à Oboth, puis à Ijjé-Abarim (à l’est du pays de Moab). Sur le rapport entre les stations indiquées ensuite versets 12 à 20 et celles qui sont mentionnées au chapitre 33 et Deutéronome 10.6-7, voir à ces passages.

Nous insérons ici le tableau de la liste de ces dernières stations d’après les chapitres 21 et 33.

Chapitre 21 Chapitre 33
Versets Lieux Lieux Versets
4 Montagne de Hor Montagne de Hor ; Tsalmona 41
Punon 42
10 Oboth Oboth 43
11 Ijjé-Abarim Ijjé-Abarim 44
12 Vallée de Zéred
13 Au-delà de l’Arnon
Dibon-Gad 45
Almon-Diblathaïm 46
16 Béer
18 Matthana
19 Nahaliel ; Bamoth
20 Mont Pigsa Mont Abarim devant Nébo 47
22.1 Plaines de Moab Plaines de Moab 48

Voyage depuis Oboth jusqu’au mont Pisga (10-20) (21.10 à 22.1)

Oboth, les outres ou abreuvoirs, localité inconnue.

11 Ils partirent d’Oboth et ils campèrent à Ijjé-Abarim, dans le désert qui est vis-à-vis de Moab, vers le soleil levant.

Ijjé-Abarim. Localité située sur la frontière orientale de Moab (Nombres 33.44 ; Juges 11.18).

Ijjim : monticules, ruines ; abarim : gués, passages ou pays d’au-delà. Ce nom ne peut désigner ici la chaîne située à l’est de la mer Morte ; à moins que ce ne soit un bras de cette chaîne s’étendant au loin à l’est dans l’intérieur du pays. Notre Ijjim est appelé Ijjé-Abarim pour le distinguer d’un Ijjim de Juda (Josué 15.29). Sur le refus du roi de Moab de les laisser passer, les Israélites continuèrent leur marche par le désert à l’est de Moab.

12 De là ils partirent et ils campèrent dans la vallée de Zéred.

La vallée de Zéred. On applique d’ordinaire ce nom au Wadi-el-Ahsa qui formait la limite entre Édom et Moab et qui vient du sud-est aboutir à l’extrémité méridionale de la mer Morte ; mais cette vallée-là porte dans Ésaïe 15.7 le nom de Torrent des Saules et dans Amos 6.14 celui de Torrent du Désert. La vallée de Zéred est donc plutôt le Wadi Kérak qui se jette dans la mer Morte au nord du Wadi-el-Ahsa et que les Israélites durent traverser dans son cours supérieur (voir à Ésaïe 15.1 et Deutéronome 2.13-14).

13 De là ils partirent et ils campèrent au-delà de l’Arnon, qui est dans le désert et qui sort du territoire des Amorrhéens ; car l’Arnon est la frontière de Moab, entre Moab et les Amorrhéens.

Au-delà de l’Arnon. Ce terme doit être compris comme le : au-delà du Jourdain (Nombres 22.1), c’est-à-dire au point de vue des Israélites une fois établis dans le pays ; par conséquent : au sud de l’Arnon. L’Arnon, aujourd’hui Wadi Modjib, est la plus importante des rivières qui se jettent dans la mer Morte sur son bord oriental ; son cours supérieur traverse le désert où cheminaient les Israélites, à l’orient de Moab ; il est formé de deux bras, l’un venant du sud-est (Seib-es-Saïdeh), l’autre beaucoup plus important, le Wadi Enkheïleh, venant du nord-est, du pays occupé par les Amorrhéens. L’Arnon formait au temps de Moïse la limite entre les Moabites au sud et les Amorrhéens au nord (voir verset 26). Au moment de quitter le désert et de franchir l’Arnon, Moïse envoya au roi des Amorrhéens une députation pour demander le libre passage qui fut refusé (Deutéronome 2.26).

14 C’est pourquoi il est dit dans le Livre des guerres de l’Éternel : … Valieb en Soupha, et les vallées de l’Arnon,

Le rédacteur attache de l’importance à établir qu’au temps de Moïse c’étaient les Amorrhéens et non les Moabites qui habitaient le pays au nord de l’Arnon (comparez Juges 11.14-24) et il appuie son assertion d’une citation tirée du Livre des guerres de l’Éternel. Ce recueil n’est mentionné sous ce titre qu’ici ; nous ignorons si les citations poétiques qui vont suivre en étaient tirées.

Les guerres de l’Éternel sont celles où l’Éternel combat pour son peuple et détruit ses ennemis (comparez 1 Samuel 18.17 ; 1 Samuel 25.28). Ces mots désignent sans doute ici les temps héroïques de Moïse et de Josué, de la sortie d’Égypte et de la conquête de Canaan. Voir Exode 17.14, note.

Vaheb en Soupha, noms de lieux inconnus. Soupha en arabe signifie une terre molle. D’autres donnent ici à soupha le sens d’ouragan, tourbillon, d’où assaut (Nahum 1.3). Le verbe qui manque (c’est ici un simple fragment) était peut-être : Nous avons conquis ou traversé. Le livre étant israélite, le sujet était Israël, non les Amorrhéens.

Les vallées de l’Arnon : les vallées des torrents qui en se réunissant forment l’Arnon.

15 et la pente des vallées, qui s’étend du côté d’Ar et s’appuie à la frontière de Moab.

La pente des vallées : troisième complément du verbe sous-entendu ; ce sont les versants de montagnes qui forment la vallée de ce fleuve.

Du côté d’Ar. Ar ou Ir-Moab, proprement : la ville de Moab, est située immédiatement au sud de l’Arnon. Voir Ésaïe 15.1 et Jérémie 48.4, notes.

S’appuie à la frontière de Moab. C’est là le mot essentiel de la citation ; il prouve qu’au moment de la composition du cantique les vallées de l’Arnon formaient la frontière septentrionale des Moabites et que par conséquent le pays au nord de l’Arnon ne leur appartenait plus. Ce cantique, composé sous l’impression immédiate de l’événement qui y est célébré, est cité ici comme preuve de ce fait que les Israélites ne prirent rien aux Moabites, qui descendaient, comme les Ammonites, de Lot et qu’ils ne firent de conquête que sur les Amorrhéens (cananéens). On peut voir dans cette citation un indice de la composition plus ou moins postérieure du récit ; on peut l’envisager aussi comme une annotation placée primitivement en marge et qu’on a introduite plus tard dans le récit. Nous trouverons de nombreux exemples de semblables notes marginales dans le Deutéronome. On se les explique facilement si l’on se rappelle que le Pentateuque était un livre employé dans la lecture publique et que de pareilles remarques explicatives étaient à l’usage du lecteur qui devait les reproduire librement.

16 Puis, de là, à Béer, ce puits à propos duquel l’Éternel dit à Moïse : Assemble le peuple, et je leur donnerai de l’eau.

Béer signifie puits ; nom très fréquent. Ce puits marque sans doute la limite du désert que les Israélites venaient de traverser et qu’ils quittèrent à cette station ; voir les derniers mots du verset 18 et Ésaïe 15.8, note.

Assemble. L’Éternel souhaite rendre le peuple témoin du jaillissement de l’eau. C’était un moment solennel dans son histoire, car ce fait prouvait qu’il sortait des conditions extraordinaires de la vie du désert pour rentrer dans celles de la vie normale. Aussi l’Éternel ne fait-il pas ici un miracle proprement dit, tel que celui par lequel il avait fait sortir l’eau du rocher ; il emploie comme intermédiaire l’activité humaine.

17 Alors Israël chanta ce cantique : Monte, puits ! Acclamez-le !

Ce cantique. Il est remarquable qu’en ce moment pour la première fois jaillisse de nouveau du sein du peuple la fraîche source du chant, tarie, semble-t-il, depuis Exode 15. C’est l’indice de l’ère nouvelle qui commence pour Israël.

Monte : que ton eau jaillisse ! Peut-être s’agissait-il d’un puits artésien. Les peuples de l’antiquité connaissaient cette manière d’obtenir de l’eau.

18 Ce puits que des princes ont creusé, Que les grands du peuple ont foui Avec le sceptre, avec leurs bâtons ! Puis du désert à Matthana ;

Avec le sceptre, avec leurs bâtons. Ce dernier mot désigne ici non le bâton de voyage, mais l’insigne de la dignité des princes et des grands. Ils n’ont pas foré le puits avec leurs bâtons, mais ils ont présidé au forage.

Du désert, c’est-à-dire de Béer, dernière station du désert.

Matthana : don, localité inconnue.

19 de Matthana à Nahaliel ; de Nahaliel à Bamoth ;

Nahaliel : le ruisseau de Dieu. Inconnu.

Bamoth : les hauts-lieux, probablement identique avec Bamoth-Baal (Nombres 22.41), endroit élevé sur les hauts plateaux à l’est de la mer Morte (voir Ésaïe 15.2, note).

20 de Bamoth à la vallée qui est dans les champs de Moab, au haut du Pisga, qui domine le désert.

Les trois localités indiquées dans le verset 19 se trouvaient déjà dans le territoire du roi Sihon comparez Deutéronome 2.31. Ce verset est placé ici comme conclusion du récit du voyage. Il anticipe déjà sur l’envoi des messagers qui va être raconté au verset 21.

La vallée… au haut du Pisga : la vallée qui conduit par les plateaux orientaux jusqu’à la crête du Pisga, d’où l’on descend brusquement dans l’étroite plaine qui forme le bord de la mer Morte. Le Pisga est le bord des monts Abarim à leur extrémité nord.

Les champs de Moab comprennent toute la partie du plateau qui avait appartenu aux Moabites avant la conquête amorrhéenne ; ce sont des plaines ondulées, appelées aujourd’hui Belka, s’inclinant doucement vers l’est depuis la chaîne qui domine la mer Morte jusqu’au désert de Syrie. Un voyageur moderne, Tristram, l’appelle un océan d’herbe et de blé. Les Arabes ont coutume de dire : Tu ne peux rien voir de pareil au Belka. Il ne faut donc pas confondre ces champs de Moab avec les plaines de Moab (Nombres 22.1), région basse et stérile à l’est du Jourdain, au-dessus de son embouchure.

Le désert. Le terme hébreu n’est pas midbar employé dans le récit précédent. C’est un mot nouveau désignant la plaine stérile dont nous venons de parler.

21 Et Israël envoya des messagers à Sihon, roi des Amorrhéens, pour lui dire :

Conquête des deux royaumes amorrhéens (21-35)

Nous trouvons ici le récit d’une double conquête que fit Israël à ce moment-là et avant de passer le Jourdain, sur les peuplades amorrhéennes établies à l’est de ce fleuve : d’abord celle du territoire au nord de l’Arnon, dont Hesbon était la capitale ; puis celle du pays de Basan, beaucoup plus au nord.

L’envoi des messagers avait précédé la conquête ; il avait eu lieu, d’après Deutéronome 2.26, depuis Kédémoth, ville située beaucoup plus à l’est que les champs de Moab et l’on pourrait traduire quant au sens logique : Et Israël avait envoyé. Cette circonstance est rapportée ici pour montrer que cette guerre et cette conquête furent provoquées par le roi des Amorrhéens lui-même.

22 Je veux passer par ton pays ; nous ne nous répandrons ni dans les champs, ni dans les vignes, et nous ne boirons pas l’eau des puits ; nous suivrons la route royale, jusqu’à ce que nous ayons passé la frontière. 23 Et Sihon ne permit pas à Israël de passer sur son territoire ; et Sihon rassembla tout son peuple, et sortit à la rencontre d’Israël, vers le désert ; et il arriva à Jahats, et livra bataille à Israël.

Jahats (voir Ésaïe 15.4, note) : ville située dans la partie sud-est du pays vers lequel s’avançaient les Israélites venant du désert.

24 Et Israël le frappa du tranchant de l’épée, et conquit son pays depuis l’Arnon jusqu’au Jabbok, jusqu’aux fils d’Ammon, car la frontière des fils d’Ammon était forte.

Les frontières du royaume de Sihon dont s’emparent les Israélites sont nettement indiquées : l’Arnon au sud, le Jabbok au nord et le pays des Ammonites à l’est, au nord du désert par lequel arrivait le peuple.

La frontière des fils d’Ammon… Le but de cette remarque est obscur ; l’auteur veut sans doute expliquer pourquoi les Amorrhéens avaient été empêchés de s’étendre plus à l’est.

25 Et Israël prit toutes ces villes, et Israël s’établit dans toutes les villes des Amorrhéens, à Hesbon et dans toutes les villes de son ressort.

Les villes de son ressort, littéralement : ses filles.

26 Car Hesbon était la ville de Sihon, roi des Amorrhéens, qui avait fait la guerre au précédent roi de Moab et lui avait enlevé tout son pays jusqu’à l’Arnon.

Ce verset sert à confirmer le fait que les Israélites n’ont pas enlevé le pays aux Moabites, mais aux Amorrhéens ; voir verset 20, note.

Hesbon, aujourd’hui Hesbân, ville située dans une très forte position, à quatre mille pieds au-dessus du niveau de la mer Morte (Ésaïe 15.4, note).

27 C’est pourquoi les poètes disent : Venez à Hesbon ! Que la ville de Sihon soit élevée et fortifiée !

Les poètes : les auteurs des poèmes sentencieux qui portaient le nom de maschal. Le maschal comprend des genres très divers ; c’est le nom donné dans les chapitres suivants aux discours de Balaam ; les Proverbes de Salomon sont aussi des maschal. Le chant dont le rédacteur cite ici trois strophes, a été parfois attribué à des poètes amorrhéens. Mais il est impossible à ce point de vue de rendre compte de la totalité de ce cantique qui s’explique au contraire facilement s’il s’agit de poètes israélites. Il est d’ailleurs naturel de penser que l’auteur cite un écrit israélite plutôt qu’une poésie amorrhéenne. Ce cantique prouve que les Amorrhéens s’étaient emparés de toute la partie du pays de Moab qui est au nord de l’Arnon et que, par conséquent, c’est sur eux et non sur les Moabites que la conquête a été faite.

Venez à Hesbon ! Invitation adressée aux Israélites vainqueurs de rebâtir la capitale des ennemis qu’ils venaient de conquérir.

La ville de Sihon : celle que Sihon avait lui-même bâtie ou conquise sur Moab.

28 Car un feu est sorti de Hesbon, Une flamme de la ville de Sihon ; Elle a dévoré Ar-Moab, Les maîtres des hauteurs de l’Arnon.

Un feu est sorti de Hesbon. C’est de cette ville qu’était parti le roi des Amorrhéens pour faire la conquête du territoire des Moabites jusqu’à l’Arnon. Sihon avait même envahi Ar-Moab, sur les hauteurs qui dominent l’Arnon au sud.

29 Malheur à toi, Moab ! Tu es perdu, peuple de Camos ! Il a livré ses fils fugitifs,
Et ses filles captives Au roi des Amorrhéens, à Sihon.

Ce verset reproduit le chant de triomphe des Amorrhéens à la suite de leur victoire sur les Moabites.

Peuple de Camos : voir Jérémie 48.7, note.

Il a livré. Le sujet est sans doute Camos. C’est là une raillerie à l’adresse du dieu des Moabites, trop faible pour défendre ses enfants et dont le poète dit ironiquement qu’il les a lui-même livrés aux Amorrhéens.

30 Et nous leur avons lancé des traits, Hesbon est détruite, jusqu’à Dibon ; Nous avons dévasté jusqu’à Nophach,
Et le feu est allé jusqu’à Médeba.

Et nous : Nous Israélites, nous sommes survenus à notre tour et avons vaincu le vainqueur.

Les mots : Hesbon est détruite, sont une parenthèse : Nous avons (une fois Hesbon détruite), poussé notre conquête jusqu’à…

Dibon, aujourd’hui Dibân, la ville la plus méridionale du territoire qu’avaient conquis les Amorrhéens.

Lancé des traits : étendu notre conquête. Dibon est devenue récemment célèbre par la découverte qui y a été faite de la fameuse stèle de Mésa.

Nophach, inconnue.

Médeba, aujourd’hui Madéba, à 8 kilomètres au sud de Hesbon. Comme Médeba est moins éloignée de Hesbon que Dibon, le poète parait dire que le ravage du pays (le feu est allé) ne s’est étendu que jusqu’à Médeba, dans le voisinage de Hesbon. Voir Ésaïe 15.2, note.

31 Et Israël s’établit dans le pays des Amorrhéens.

Israël s’établit… L’établissement définitif n’eut sans doute lieu que plus tard (Nombres 22.1), après la fin de la conquête. L’accent du verset est sur les mots : dans le pays des Amorrhéens et non dans celui des Moabites.

32 Et Moïse envoya explorer Jaézer ; et ils prirent les villes de son ressort, et chassèrent les Amorrhéens qui y étaient.

Jaézer : ville importante de Galaad, au nord de Hesbon. Elle n’était point sur l’itinéraire des Israélites ; ce fut une expédition accomplie par un corps de troupes particulier (Ésaïe 16.8, note).

33 Puis ils se détournèrent et montèrent du côté de Basan. Et Og roi de Basan, sortit à leur rencontre, lui et tout son peuple, pour leur livrer bataille, à Edréi.

L’itinéraire naturel des Israélites les aurait conduits à l’ouest jusqu’au Jourdain, en face de Jéricho. L’expédition contre les Amorrhéens du nord les détourne pour un moment du but principal de leur voyage.

Basan. C’est proprement le pays montagneux situé entre le lac de Génésareth à l’ouest, le Hauran à l’est et l’Antiliban au nord. Du récit détaillé de Deutéronome 2.31-3.17 nous devons conclure que ce royaume comprenait aussi à ce moment-là tout le pays de Galaad allant au sud jusqu’au Jabbok.

Edréi, aujourd’hui Dérât, à l’est du lac de Génésareth, était l’une des deux résidences du roi Og (Deutéronome 1.4).

34 Et l’Éternel dit à Moïse : Ne le crains point, car je le livre entre tes mains, lui et tout son peuple et son pays, et tu le traiteras comme tu as traité Sihon, roi des Amorrhéens, qui habitait à Hesbon.

Comme tu as traité Sihon. Voir Deutéronome 2.33.

35 Et ils le battirent, lui et ses fils, et tout son peuple, sans lui laisser de reste un survivant, et ils s’emparèrent de son pays.

Un survivant : dans le pays.